Entrepreneuriat : comment encourager les entrepreneurs à créer plus d’entreprises ?

L’OCDE considérait l’entrepreneuriat comme créateur de richesse en 2007. Mais depuis, plus rien.

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Entrepreneuriat : comment encourager les entrepreneurs à créer plus d’entreprises ?

Publié le 18 octobre 2015
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Par Valérie Pascale.

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Nous ne pouvons que féliciter l’OCDE pour un remarquable rapport publié en 2007 sur le rôle des entrepreneurs dans la création de richesse dans les pays développés. Ce travail a été fait sous la direction de Jean-Philippe Cotis, alors chef économiste de l’OCDE, avant son départ à la tête de l’Insee jusqu’en 2012, et actuellement à la Cour des comptes. D’autres études sur les entreprises à forte croissance et les gazelles ont été également réalisées par l’OCDE à la même époque mais, à notre grand regret, aucune n’a été poursuivie dans le temps.

Le rapport 1 nous rappelle des résultats importants sur les entrepreneurs et les créations d’entreprises que nous connaissions déjà par ailleurs, notamment grâce aux travaux fondamentaux de la Kauffman Foundation, organisme de recherche américain spécialiste de l’entrepreneuriat, et nous sommes très heureux de retrouver ces résultats dans le discours officiel de l’OCDE.

L’entrepreneuriat est devenu le sujet phare de nos jours, comme le rappelle l’OCDE. Il est le seul moyen de création de richesse dans les pays développés et c’est pourquoi il doit être encouragé par les politiques. Il existe une évidence scientifique au fait que l’entrepreneuriat contribue à la création d’emploi, à la productivité et, par conséquent, à la croissance économique.

L’OCDE a eu pour objectif de se concentrer davantage sur l’entrepreneuriat comme source de la croissance économique. Nous résumons ci-après les principaux résultats du rapport OCDE de l’époque.

  • Il existe un écart important entre les États-Unis et les autres pays de l’OCDE, notamment en termes de PIB par habitant.
  • À l’exception de quelques pays nordiques et anglo-saxons, il n’y avait pratiquement aucun effet de rattrapage entre les pays de l’Europe continentale et les États-Unis depuis les 15 dernières années.
  • Après plusieurs décennies de déclin technique, les États-Unis et quelques petits pays de l’OCDE ont enfin connu une reprise importante, mais cela n’est pas le cas dans la plupart des pays européens qui sont toujours en train de stagner.
  • Les innovations sont très importantes pour les gains en productivité. Les pays européens sont nettement en-dessous des États-Unis sur ce point de vue.

Ce sont les entreprises nouvelles qui produisent et fournissent les innovations aux entreprises existantes. Mais elles ont tendance à croître beaucoup plus vite aux États-Unis qu’en Europe. Aux États-Unis, même si les nouvelles entreprises naissent petites, elles grossissent et augmentent rapidement leur productivité grâce aux innovations et à l’optimisation des processus de travail. Il faut noter que 8 sur les 25 plus grandes entreprises américaines n’existaient même pas ou étaient très petites en 1960, alors qu’en Europe les 25 plus grandes entreprises étaient déjà grandes cette même année.

Le mécanisme qui crée le lien entre l’entrepreneuriat, l’innovation, la productivité, et enfin la croissance, est connu sous le nom de la « destruction créatrice», introduit tout d’abord par Joseph Schumpeter et vérifié ensuite dans plusieurs travaux de la Kauffman Foundation.

  • La « destruction créatrice » se manifeste par le fait que dans la plupart des pays de l’OCDE entre 20 et 25% des entreprises sortent et entrent chaque année sur le marché.
  • Entre 15 et 30% des gains de productivité dans les pays de l’OCDE s’expliquent par la turbulence des entreprises. Il a fallu 20 ans pour remplacer un tiers des entreprises de la liste Fortune 500 en 1960. Il a fallu seulement 4 ans pour remplacer celles qui faisaient partie de cette même liste en 1998.

Les innovations représentent un processus hasardeux. Les entrepreneurs créent de nouvelles entreprises et ainsi introduisent et propagent les innovations. Ces innovations poussent les entreprises existantes à innover à leur tour ou bien à quitter le marché. Les nouvelles entreprises sont donc très importantes d’un point de vue de la promotion de nouvelles technologies. Il peut s’avérer difficile pour les entreprises existantes de modifier leur organisation interne et de s’adapter aux nouvelles technologies, et pour cela les nouvelles entreprises sont indispensables.

Bien que l’entrepreneuriat existe depuis longtemps, pour les économistes c’est un phénomène récent qui mérite d’être étudié en profondeur. Mais comme le note l’OCDE, le manque de données pour la plupart des pays nécessite d’être résolu en urgence pour permettre des études comparatives sur les créations d’entreprises et l’entrepreneuriat au niveau international. Ces données permettraient aux chercheurs de l’OCDE de mieux comprendre les origines de l’entrepreneuriat et les politiques publiques propices à son développement. Comment encourager les entrepreneurs à créer plus d’entreprises ? C’est une excellente question que se pose l’OCDE dans cette étude.

À notre connaissance, plusieurs démarches ont été entreprises par l’OCDE dans la direction d’une recherche poussée sur l’entrepreneuriat. Il faut notamment citer la création d’une base sur la démographie des entreprises dans les pays de l’OCDE (« Structural and Demographic Business Statistics », SDBS), mais malheureusement cette base n’a été disponible que quelques années (2005-2007) et n’a pas évolué dans le temps.

Quelques rapports sont également sortis, notamment en coopération avec Eurostat 2, après le départ de Jean-Philippe Cotis, mais ils n’ont pas trouvé d’écho dans la presse.

On se demande ce qui s’est passé depuis à l’OCDE ? Pourquoi ce passage dans le camp des égalitaristes qui méconnaissent l’entrepreneuriat et les empêchent de créer la croissance ? Ne faut-il pas que l’OCDE en revienne à ses préoccupations entrepreneuriales ?

Sur le web

  1. Jean-Philippe Cotis, « Entrepreneurship as an engine for growth : evidence and policy changes », OECD, 2007.
  2. Eurostat-OECD Manual on Business Demography Statistics, 2008. « Enterpreneurship at a Glance », OECD, annual edition 2011-2015.
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  • Ne rien créer en France pour le moment pour asphyxier ce gouvernement et le mettre par terre . ne rien avoir pour que l’Etat n’ait rien . S’appauvrir volontairement pour ne plus être taxé ! ne plus rien posséder pour ne plus payer de taxes foncières , succession , mutations etc…. Souhaiter que le dette explose pour que l’Etat soit en défaut de paiement , que les marchés ne prêtent plus et soit contraint de ne plus dépenser .

    • Absolument, il faut dissuader tout créateur d’entreprise en France, pour qu’il n’aille pas servir de proie aux prédateurs (RSI, URSSAF…). Que ces gens là crèvent.

      A tous : réduisez votre « surface d’exposition administrative », réduisez la voilure sur tout ce qui est taxable à outrance.

      Ne cherchez pas à gagner plus, mais à vivre plus. N’économisez pas ! Ce que vous aurez épargné (et visible par l’Etat) vous sera confisqué. Prenez-vous une voire deux années sabbatiques, faites-vous plaisir, ca sera toujours ça de pris.

  • L’OCDE, 2500 personnes, et combien de créateurs d’entreprises ?

    • 2500 personnes pour accoucher d’une évidence …

      Et encore, je ne pense pas que le problème soit correctement posé : les entreprises sont vivantes, elles se créent et disparaissent. Il faut un niveau minimum de renouvèlement de l’entrepreneuriat et de création pour compenser la fin programmée et inéluctable de toute activité, parce que le marché a changé, que les dirigeants ont mal géré, ou que l’état a rendu l’activité non-rentable à force de ponctions et de législations obstructives.

  • En France aujourd’hui il ne faut pas entreprendre.
    Il faut ne rien faire. Ne pas consommer, ne pas se former, ne pas dépenser son énergie. Tout ce que vous faites vous sera retiré par le système collectiviste d’une manière ou d’une autre.
    Mieux vaut percevoir des aides qui, cumulées avec un logement subventionné, vous permettront de vivre dignement en disposant de beaucoup de temps libre.

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