Libre échange : le Pacifique en avance sur l’Atlantique !

Un accord de libre échange dans la zone pacifique a été signé à Atlanta. Qu’attend la zone atlantique ?

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Han shot first (crédits : Pascal, licence creative commons CC-BY 2.0). Publiée initialement sur Flickr. Licence CC-BY 2.0)

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Libre échange : le Pacifique en avance sur l’Atlantique !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 15 octobre 2015
- A +

Par Jacques Garello.

Han shot first (crédits : Pascal, licence creative commons CC-BY 2.0). Publiée initialement sur Flickr. Licence CC-BY 2.0)
Han shot first (crédits : Pascal, licence creative commons CC-BY 2.0). Publiée initialement sur Flickr. Licence CC-BY 2.0)

C’est fait depuis lundi 2 octobre : l’accord de libre échange dans la zone pacifique a été signé à Atlanta. C’est de bon augure pour la croissance mondiale. Par comparaison, la zone atlantique a du mal à trouver un accord. Tout est-il réglé pour autant ? La liberté du commerce n’élimine pas les formes plus subtiles de protectionnisme, ni les interférences politiques, ni les tentations dirigistes des partisans de l’harmonisation, notamment en matière fiscale.

Le libre échange garantit la croissance

Lorsque s’est déclarée en 2008 la crise financière, il était à craindre qu’elle entrainât une vague mondiale de protectionnisme. Le scénario aurait été le même qu’après le Jeudi noir de 1929 : les pays fermant leurs frontières, cherchant des solutions nationales, suscitant les sentiments nationalistes, puis xénophobes. La Conférence de Bretton Woods en 1945 a eu raison d’attribuer la paternité de la deuxième guerre mondiale à la surenchère protectionniste, qui a légitimé le national-socialisme et rompu l’alliance des pays libres de l’époque.

En 2008, au sein du G 20, la tentation était grande de suivre la pente souverainiste. Fort heureusement il n’en a rien été et le commerce mondial a survécu, même atteint, même accompagné de mesures protectionnistes, sous forme de normes certes dangereuses mais moins drastiques que les droits de douane et les quotas d’importation. Seul le secteur agricole demeure aujourd’hui encore en suspens mais l’affaire est récurrente et antérieure à 2008.

Peu ou prou, les flux commerciaux ont été maintenus, permettant la poursuite de la croissance et, pour beaucoup de pays, la sortie de crise ; les performances de l’Allemagne sont instructives et confirment l’étroite complémentarité entre productions du monde entier et la nécessité de marchés internationalement ouverts. Dans ces conditions, on ne peut que se réjouir de l’accord d’Atlanta.

Le Pacifique en avance sur l’Atlantique

Douze pays ont créé cette zone pacifique : États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle Zélande, Singapour, Brunei, Malaisie, Vietnam, Mexique, Chili et Pérou. Ils n’ont guère d’autre point commun que d’être aux rives du Pacifique. Les uns sont riches, d’autres ne le sont pas ; les uns sont acquis au capitalisme, les autres, comme le Viet Nam, ne le sont pas encore tout à fait.  À cause de la spécificité de son système économique, la Chine n’est pas partie prenante. La zone est-elle construite contre elle, ou la porte lui est-elle ouverte ? Cette question hypothèque la zone à plus ou moins long terme. Toujours est-il que ces douze pays représentent aujourd’hui 40 % de l’économie mondiale. Ils ont trouvé un accord sur des points délicats où les intérêts étaient considérables et opposés : liberté pour les Américains et les Néo-zélandais de vendre leur lait partout dans la zone, liberté pour les laboratoires pharmaceutiques de concurrencer les Américains et fin des restrictions sur les exportations d’automobiles japonais. Certes, pour la plupart de ces concessions majeures, des délais de mise en œuvre sont lointains, mais le principe est accepté, ce qui n’était pas arrivé depuis le début des tractations il y a sept ans.

La zone Atlantique, on le sait, a beaucoup plus de mal à s’affirmer, l’existence de l’Europe de Bruxelles, avec ses politiques de soutien et de redistribution, y est pour beaucoup. La France ne tire pas ses partenaires vers le libre échange. L’Europe veut bien de la concurrence à l’intérieur de l’Union, mais demeure une citadelle contre le reste du monde pour beaucoup de biens et services. De plus, la gestion de l’euro est un handicap pour la loyauté de la concurrence, la dévaluation récente a eu pour objectif de doper les exportations.

Pas de libre échange sans libéralisation globale

En fait, la libre circulation des biens et services est tributaire des politiques et réglementations financières, fiscales. Les Américains jouent sur le velours tant que le billet vert, même déprécié par la dette du Trésor, demeure la monnaie mondialement acceptée : leurs prix nationaux sont au plus bas. Les autorités européennes essaient de les imiter et de les supplanter à travers la gestion de l’euro. Le marché financier mondial doit également être flexible et les placements libres. Or, l’OCDE part en guerre contre les paradis fiscaux, ce qui ne manque pas de redistribuer les investissements et les localisations entre pays. Enfin, l’obsession de l’harmonisation habite toutes les instances nationales et les accusations de dumping se multiplient : dumping fiscal certes, mais aussi dumping social (voir le niveau des salaires dans quelques pays asiatiques signataires de la zone) dumping environnemental (dont on accuse en particulier le Mexique ou la Chine). En d’autres termes, ceux qui veillent sur le commerce mondial conçoivent la concurrence comme l’alignement de tous les producteurs sur une norme unique, établie par l’organisation commune, alors que la concurrence repose sur la diversité des normes et leur évolution immanquable et spontanée vers les normes les plus satisfaisantes. Enfin, le poids des lobbies est considérable et les enjeux électoraux sont importants. À quand le vrai libre échange ?

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  • La zone Atlantique est une invention qui date de la 2e guerre mondiale. La zone Pacifique est une réalité commerciale et culturelle ancrée dans l’esprit des peuples qui en font partie. Bien que la flaque soit immense, ceux qui la bordent la voient comme la Méditerranée des Anciens, un moyen d’échanges (parfois guerriers), ce qui n’est pas du tout la conception qu’on a de l’Atlantique, qui est une barrière entre le familier et l’étranger.

  • Si ce traité atlantique est signé, l’Europe déjà inféodée aux USA sera tout bonnement sous le contrôle, le joug des Américains. Voila la vérité : nous devrons penser, manger, nous soigner, consommer, produire, et « prier » comme les Américains, sans que nous puissions contrecarrer les dérives de ce libéralisme anglo-saxon en raison des verrous mis en place par Bruxelles.
    Voila monsieur Garello la vérité.

    • Vous avez raison, à mon avis. D’abord l’U.E. représente 28 pays divers dans leur culture et dans leur mentalité.

      Ensuite, ce que proposent les U.S.A., c’est, comme le Royaume Uni de M.Tatcher à l’époque: réduire l’U.E. à une zone de libre échange alors que l’esprit de l’Union est bien plus ambitieux que le seul commerce de biens: M.Tatcher a bien enfoncer le clou en réclamant « my money back! », refusant ainsi toute autre tentative d’unité.

      Le but des U.S.A. est le même: l’argent, point à la ligne. Pour le reste, chacun pour soi. Et leur but n’est évidemment pas de perdre de l’argent!!!

      De plus, ce qui apparait très choquant dans ce traité, c’est que tout conflit d’affaires seront réglés par une commission administrative hors du domaine de la justice: de quel côté penchera la balance, à votre avis?

      Oh! Bien sûr, mon attitude n’est pas « libérale »! Mais l’ultra-libéralisme américain à la Goldman-Sachs ou à la Monsanto, ne me fascinent pas: quand la liberté se défait de sa responsabilité et du devoir de ne pas nuire, pour se cantonner à pouvoir gagner, sans règle du jeu ou avec des dés pipés, non merci!

      •  » l’ultra-libéralisme américain à la Goldman-Sachs ou à la Monsanto » comment confondre l’ultralibéralisme et le capitalisme de connivence (qui vient de l’étatisme et qui n’a pas grand chose de lbérale).
        En plus, ultralibéralisme n’existe pas. Il existe des libéraux et des libertariens. Les libertariens les plus extrémistes sont les anarchocapitalistes.
        En plus, le monde actuel (que ce soit les USA ou l’europe) n’est pas libéral c’est le modèle de la troisième voie (du socialisme où il est incorporé des éléments libéraux qui permettent de faire tenir notre modèle)

    • Je suis d’accord mais malheureusement les gens sont aveugles et n’ont pas su s’inspirer de la réussite de feu la RDA ou de la Corée du Nord … Saloperie de libéralisme …

    • n’importe quoi. C’est marrant mais j’ai tendance à penser que cet accord est une bonne chose quand je vois qui s’oppose à ce traité (extrême droite et extrême gauche) et surtout quand je vois les (non)arguments des opposants à ce traité. J’ai beau avoir cherché, je n’ai pas trouvé d’articles d’opposants à ce traité ayant une argumentation « sérieuse ». En général, les arguments à ce traité relèvent juste de l’anti américanisme.
      Je vous conseille de lire ceci: http://www.ifrap.org/europe-et-international/comprendre-les-enjeux-du-partenariat-transatlantique

    •  » libéralisme anglo-saxon » bcp de grands penseurs libéraux ne sont pas anglosaxons, il y a eu pas mal de grands penseurs libéraux francais. Il faut arrêter de dire que le libéralisme est anglosaxon.
      Oui les USA sont plus libéraux que la France (et que bcp de pays d’europe) mais cela ne fait pas pour autant des USA un pays libéral

  • Le TPP est juste la plus belle chose qui soit arrivée économiquement ces dernières années. Bien sûr il faut encore que les différents parlements le ratifient et ça va être difficile. Cependant cette volonté de pays si différents d’ouvrir leur marché et de se confirmer à de nombreuses règles communes dans des domaines variés est une bonne nouvelle pour l’Humanité. Les pays du TPP en profiteront grandement à très long terme, l’ouverture d’un pays assez fermé comme le Japon fait plaisir, le Vietnam représente un grand marché à long terme et ce TPP assurerait que le pays ne suivrait pas un modèle fermé à la chinoise.

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