Côte d’Ivoire : climat tendu à la veille des présidentielles

Côte d’Ivoire : l’environnement politique inadapté aux élections présidentielles à venir.

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Le président ivoirien Alassane Ouattara (Crédits CSIS, licence Creative Commons)

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Côte d’Ivoire : climat tendu à la veille des présidentielles

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 août 2015
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Par Berthe Bognini.
IMANI Francophone – Côte d’Ivoire

 

Le président ivoirien Alassane Ouattara (Crédits CSIS, licence Creative Commons)
Le président ivoirien Alassane Ouattara (Crédits CSIS, licence Creative Commons)

À la veille des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, de nombreuses questions tendent à refaire surface, de l’éligibilité du Président sortant, Alassane Dramane Ouattara à la composition de la Commission Électorale Indépendante. Ainsi, l’environnement politique apparaît inadapté aux élections présidentielles à venir.

Se basant sur l’article 35 de la Constitution ivoirienne qui avait invalidé la candidature d’Alassane Ouattara en 2000, certains partis de l’opposition ivoirienne estiment que la Constitution n’ayant subi aucune modification référendaire, elle demeure d’actualité. En effet, selon l’article, le candidat à la présidentielle doit remplir plusieurs critères dont :

  • être ivoirien d’origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine
  • n’avoir jamais renoncé à la nationalité ivoirienne
  • ne jamais s’être prévalu d’une autre nationalité

Par conséquent, « Alassane Ouattara n’est pas éligible pour l’élection présidentielle de 2015 », affirment-ils. Selon eux, le Président Alassane Ouattara n’a pu participer aux élections de 2010 qu’après l’application de l’article 48 de la Constitution qui l’autorisait « à titre exceptionnel » à se présenter. De ce fait, ils demandent une transition politique qui mènera le pays vers des élections transparentes.

Quant au président du parti d’opposition LIDER (Liberté et Démocratie pour la République) Mamadou Koulibaly, il semble se désolidariser des requêtes de ses camarades de l’opposition qui pourraient ramener le débat sur l’ivoirité. « Ouattara a voté en Côte d’Ivoire. Il est donc détenteur d’une carte nationale d’identité et d’une carte d’électeur », martèle-t-il.

Le Chef de l’État ivoirien, lui, a estimé que la transition réclamée par son opposition peut être assimilée à un appel à l’insurrection. Il a tenu à être ferme sur la question : « il n’y aura pas de transition en 2015 ».

En plus de l’article 35 qui semble diviser la classe politique ivoirienne, il y a également la question de la composition de la CEI. Le maintien de Youssouf Bakayoko à la tête de l’institution n’est pas du goût des adversaires d’Alassane Ouattara. En effet, le président de la CEI était déjà à ce poste lors des élections de 2010.

Selon l’opposition, il est peu crédible et a une grande part de responsabilité dans le déclenchement de la crise post-électorale qui a endeuillé le pays. La recomposition de la CEI et la démission de Youssouf Bakayoko sont des conditions préalables à la tenue d’élections crédibles dans le pays, soutient l’opposition. Le Gouvernement ivoirien semble ne pas partager cet avis. Lors d’un meeting à Séguéla (Nord Ouest de la Côte d’Ivoire), le Président ivoirien a lancé à l’endroit de ses opposants :

« Tous ceux qui veulent des élections transparentes et apaisées savent qu’avec l’expérience et l’intégrité de Youssouf Bakayoko, c’est l’homme qu’il fallait à la place qu’il faut. Donc il est à sa place ».

L’intransigeance est de mise dans chaque camp, de sorte que la classe politique ivoirienne semble marcher dans les sillons du schéma électoral de 2010, une élection qui a provoqué la mort de plus de 3000 personnes et fait des milliers de déplacés. Le pays tout entier retient son souffle.

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  • Article intéressant mais qui met en avant des questions secondaires alors que les tensions viennent d’une réelle impréparation volontairement organisée par le président sortant, Ouattara qui a un bilan catastrophique mais que tous les observateurs donnent pour gagnant et cela parce qu’il a déjà verrouillé la tricherie qui ne peut conduire qu’à cette issue. Regardez.
    1) Le code électoral est inchangé alors qu’il est établi que les crises post électorales de 2000 et de 2010 sont liées à la mauvaise qualité institutionnelle de ce code. Le décompte des voix, la transmission et la proclamation des résultats sont mal organisés par le Code et sont totalement défaillants.
    En outre ce Code donne tous les pouvoirs règlementaires de la Commission Électorale au president de la République en exercice à travers des décrets de validation. Une question importante comme celle de savoir s’il faut-il proclamer les résultats le jour même des élections comme le souhaite l’opposition ou bien s’il faut le faire dans les 5 jours comme le voulait le code contesté a été tranchée par le gouvernement qui a récemment modifié le Code pour se donner un délais plus long de 8 jours.

    2) La Commission est Inféodée à un candidat qui est PR et qui en exerce le pouvoir réglementaire. Les autres candidats en sont exclus. Dès lors, cette CEI contrairement à la prescription constitutionnelle n’est pas du tout indépendante ni du PR, ni du gouvernement, ni des partis politiques qui sont à la fois dans les tribunes et dans le défilé. Cette forme organisationnelle transmet directement les tensions entres les concurrents au sein de la CEI qui s’en trouve bloquée.

    3) La liste électorale est volontairement amputée de 3 millions de votants qui n’ont eu que 42 jours arbitrairement décidés par le président sortant Ouattara, au lieu des 5 ans constitutionnels pour s’enrôler.

    4) Les médias de services publics de la radio et de la télévision sont encore, à deux mois des élections, exclusivement dédiés à la campagne électorale du PR sortant contre tous ses adversaires qui eux en sont censurés.

    5) Le débat sur la sécurisation du processus électoral n’a pas encore eu lieu. Ouattara organisant cette sécurité autour de ses milices armées devenues depuis les Forces Républicaines de CI en remplacement de l’armée officielle. Combien de policiers, de gendarmes ou d’éléments de forces onusiennes seront déployés pour sécuriser les campagnes, les électeurs, les urnes et les résultats? Personne n’en sait rien. Et les populations vivent dans la peur à deux mois des élections organisées par l’ancien Directeur Adjoint du FMI.

    De nombreux autres soucis entourent ces élections qui dans l’état actuel des choses n’auront rien de démocratiques. Une autocratie qui bénéficie de la négligence bénigne des donneurs traditionnels et officiels de leçons de démocratie.

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