COP 21 : « circulez, il n’y a rien à dire ! »

Au nom de la protection du climat, la loi de transition énergétique accumule des promesses excessives, ruineuses et inefficaces.

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Éolienne (Crédits Lollie-Pop, licence Creative Commons)

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COP 21 : « circulez, il n’y a rien à dire ! »

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 juillet 2015
- A +

Par Michel Gay

Éolienne (Crédits Lollie-Pop, licence Creative Commons)
Éolienne (Crédits Lollie-Pop, licence Creative Commons)

 

La loi de transition énergétique (LTE) votée le 22 juillet 2015 par l’Assemblée nationale est destinée à préserver (au moins en apparence) les engagements électoraux du gouvernement. Elle s’efforce également de donner une image environnementale exemplaire de la France en prévision de la 21e conférence internationale sur le climat1 (COP 21) qui se tiendra à Paris en décembre 2015.

L’objectif principal de cette conférence est de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre, et notamment du gaz carbonique (CO2), au niveau mondial. Mais, le gouvernement français continue à soutenir le développement des énergies renouvelables (EnR) électrogènes intermittentes et aléatoires, aux dépens de la production d’électricité nucléaire décarbonée et compétitive pour réduire la consommation des combustibles fossiles.

Or, il est mensonger d’attribuer une réduction des émissions de CO2 au déploiement des EnR électrogènes en France.

L’analyse des productions actuelles des énergies intermittentes montre que les gigantesques programmes de développement de l’éolien et du solaire photovoltaïque prévus par la LTE (environ 10 milliards € d’investissements par an) augmenteront les émissions de CO2, comme en Allemagne.

Ces programmes conduiront aussi à une forte augmentation du coût de production et de distribution de l’électricité. Ce surcoût sera payé par le consommateur via une taxe, la contribution au service public de l’électricité (CSPE), qui finance désormais principalement le solaire et l’éolien. Si la LTE est mise en application sans modification des prix d’achat des productions intermittentes, cet « impôt innommé« 2 s’élèvera à près de 13 milliards € par an en 2025, et plus de 16 milliards € en 2030.

De plus, ce programme perturbera gravement la stabilité du réseau et amplifiera le déficit commercial du pays en augmentant les importations d’équipements (éoliennes, panneaux photovoltaïques), de gaz et même de charbon pour faire face aux fluctuations de la production.

Par ailleurs, les conséquences économiques et sociales de cette loi ont été largement masquées dans sa présentation.

Elle se caractérise par :

  • un gaspillage de la production nucléaire,
  • une gabegie à cause du développement non maîtrisé des énergies renouvelables électrogènes,
  • une ambition d’amélioration de l’efficacité énergétique techniquement irréaliste.

Au nom de la protection du climat, la LTE accumule des promesses excessives, ruineuses et inefficaces, alors que la France est déjà une des nations les plus performantes d’Europe en matière d’émission de gaz à effet de serre. Nos émissions de CO2 du secteur électrique sont seulement d’environ 40 g/kWh3.

À titre de comparaison, l’Allemagne a émis 477 g/kWh (en 2013), soit… 12 fois plus de CO2 que la France pour produire son électricité ! Elle a pourtant déployé un vaste parc d’énergies renouvelables électrogènes intermittentes et… elle a diminué sa production nucléaire. Mais elle a compensé ses choix par des centrales à gaz et au charbon pour répondre à la demande. L’essentiel de sa production électrique provient du lignite et de la houille (43,6% en 2014), mais une subtilité allemande consiste à séparer la production d’électricité à partir de lignite et de houille pour faire croire que les productions des renouvelables électrogènes sont en tête avec 25,8%…

La loi de transition énergétique ne donne que des objectifs généraux pour 2030. L’étude4 d’impact qui l’accompagne manque de justifications et sa faiblesse est flagrante. Pourtant des députés et des sénateurs ont voté cette LTE sur ce fondement. La faisabilité technique et l’estimation du coût de cette loi pour la collectivité sont tout simplement impossibles à établir.

Attendre de cette loi une réduction des émissions de CO2 en même temps qu’une contribution à la défense du niveau de vie du consommateur est illusoire. Cette loi « idéologique » nie sciemment les réalités techniques et économiques pour plaire à une frange écologiste alliée du gouvernement, et aussi pour pouvoir « briller » à la COP 21, mais elle ne peut conduire qu’à un échec retentissant. « Circulez, il n’y rien à dire ! »

  1. Organisation de la 21ème conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques à Paris début décembre 2015.
  2.  Rapport de la Cour des comptes janvier 2012.
  3. RTE, Bilan électrique 2014 : 19 MteqCO2 pour 540 TWh produits (35g/kWh), ou pour 465 Twh consommés (41 g/kWh).
  4. « Quand la science ignore certains faits pour servir une idéologie, ce n’est plus de la science, c’est de la propagande pour un dogme ». Keneth Hilborn, 1996.
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  • Et ceci confirme cela dans les faits :
    Lire l’étude sur 20 ans de panneaux solaires aux USA qui vient de paraître:

    Conclusion:
    “Le solaire n’est en fait pas une solution d’approvisionnement électrique en réseau si on se base sur le coût, la superficie requise des terrains, les dépenses de fonctionnement, et le court cycle de vie.”

    “Permettre au public de développer un faux sentiment de sécurité, en croyant que le solaire va répondre aux besoins énergétiques du pays, n’est ni prudent ni responsable.”

    “Google doit fournir au public et aux politiciens des informations qui soient honnêtes, précises, non-utopique et apolitiques, afin que nous puissions prendre des décisions éclairées qui serviront au mieux les besoins vitaux et complexes de notre nation tout entière”.

    Rien que de regarder les images et les graphiques est impressionnant.

    http://wattsupwiththat.com/2015/07/29/the-green-mirage/

    Mais chez nous c’est pas pareil… (of course, lol).

  • Bonjour,

    Il est important de préciser que le nucléaire est aussi électrogène (afin d’éviter que les lecteurs pensent que c’est seulement le renouvelable. Sinon on pourrait penser que le nucléaire est la plus propre des énergies….

    De plus le cout de l’énergie fossile (nucléaire y compris) ne cesse de monter alors que les énergies renouvelables de ne cessent de baisser. Il y a donc un moment ou cela sera compétitif (et dans peu de temps). J’ai vu plusieurs articles mettant en avant des couts déjà compétitif dans de nombreux pays.

    Par exemple, avec l’arrivée des voitures électriques (consommant comme des radiateurs) et un réseau électrogène centralisé, un renforcement sera nécessaire (câbles et transformateurs), il faudra donc aussi l’intégrer dans le cout….

    Une solution multi énergie sera certainement l’avenir.

    • Les énergies fossiles dans lesquelles vous n’hésitez pas à classer le nucléaire, n’augmentent pas, elles baissent au contraire pour les hydrocarbures et ne montent pour le nucléaire que pour deux raisons:
      1/ Les normes ahurissantes imposées suite à Fukushima (0 mort…)
      2/ La politique suicidaire de l’industrie nucléaire français dont on se demande si par hasard les dirigeants qui ont sévi depuis quelque temps n’avaient pas été nommés en tant que syndics de faillite.

    • Le prix baisserait à terme ? A voir…
      – les meilleurs sites ont été utilisés, une éolienne de mer est plus cher
      – la multiplication des sites font que les subventions vont diminuer
      – le PV est extrêmement cher, la diminution du coût ne sera pas suffisant, et sera compenser par les efforts de stockage
      – la gratuité de la production d’électricité (vent soleil) est trompeuse : vous achetez un service d’électricité constante. Quid du coût de l’intermittence ? (gaz, lignes électriques à poser entre sites de production et consommation)

      Les études les plus optimistes mais réalistes (ademe) reconnaissent que la rentabilité (avec forte contribution de l’usager) serait atteinte dans 30ans si les recherches de stockages aboutissent. En attendant, l’effet des EnR, c’est l’Allemagne (lignite donc CO2, dépendance de l’étranger, coût et subvention importantes, gaz…) c’est supportable pour l’Allemagne (l’industrie lourde doit jouer un rôle de soutien), mais pour la France, c’est une hérésie !

    • consommant comme des radiateurs

      Pourtant, des Suisses voulaient interdire les radiateurs… Sur l’air des … lampions…

      Une solution multi énergie sera certainement l’avenir.

      C’est déjà le cas…

  • Il est incompréhensible qe les politiciens n’aient pas relevé la supercherie qui consiste à vouloir diminuer les émissions de CO2 ET stopper le nucléaire. Ou alors, ils ont fait semblant d’ignorer qe ce qui est visé, c’est la décroissance. On y arrive à grand pas…

  • Bill Gates, qui est intelligent et pragmatique, a déclaré que les EnR intermittentes ne servent à rien. La bonne solution pour l’énergie du futur, c’est la surgénération 238U et 232Th. Du coup, il investit 1Md$ en R&D pour la surgénération 238U, en partenariat avec le MIT.

    https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/07/12/bill-gates-mise-sur-lenucleaire-de-quatrieme-generation-et-il-a-bien-raison/

    Nos gouvernants feraient bien d’en prendre de la graine, et d’arrêter cette gabegie des énergies intermittentes. Evidemment les verts, dont le pouvoir de nuisance est sans limites, vont tout faire pour que la surgénération ne soit pas développée en France, car lutter contre le nucléaire, quel qu’il soit, c’est leur combat historique.

    • Intelligent et pragmatique, sans doute, mais l’intelligence et le pragmatisme, c’est d’éviter les EnR intermittentes à cause de leurs défauts, non de suivre un philanthrope auto-nominé aux motivations obscures. Il y a suffisamment de bons arguments sans devoir appeler Bill à la rescousse…

    • Le billet de Jacques Henri était truffé d’erreurs manifestes et d’imprécisions. Suite à des commentaires, il a été contraint de corriger sa version sur Contrepoints. C’est révélateur de constater qu’il n’a pas jugé bon de corriger aussi la version de son blog. L’éthique ? Plus tard.

      Mais ce qui est savoureux, c’est de voir Jean-Pierre Bardinet faire l’apologie de Bill Gates, parce qu’il vient d’investir 1 milliard de dollars supplémentaire dans du nucléaire … et du renouvelable, et qu’il enjoint les gouvernements à investir massivement dans la recherche et le développement dans le renouvelable.

  • c’est même pas vrai , pasque il va y avoir le negawattisme qui fera que les gens y vont consommer de l’énergie quand il en a, ou plutôt ils vont y z ‘en vouloir quand qui y ‘en aura ; mais moins en tout.
    et je rappelle ce que les consciences yz’y ont dit :
    Dans notre monde contemporain, il est rare d’être invité à exprimer ce qui fonde nos choix et oriente nos actes. Nous justifions plus souvent nos décisions en avançant des arguments qui paraissent légitimes : statistiques, données, tous arguments qui parlent rarement au cœur et à l’esprit de nos semblables
    et pi
    nous pouvons résoudre le changement climatique si nous nous soucions les uns des autres et si nous nous aidons les uns les autres.
    alors hein bon me que si c’est vrai qu’en l’an 3000 on consommera moins d’energie par 2 ou peut être deux fois moins d’energie en 2030

  • Jamais notre garage n’a été aussi froid fin juillet : 12 degrés alors qu’il y a quelques années, on dépassait largement les 20 degrés.

    Toujours quelqu’un pour souligner les pointes de chaleur, mais pour le froid … on peut toujours courir …

    • Le climat et la météo sont 2 choses différentes que les pro et les anti réchauffement ont du mal à comprendre. Il n’y a ni réchauffement ni refroidissement pour le moment à l’échelle du climat.

    • C’est une plaisanterie votre garage?
      Alors que juillet a été le 3e plus chaud jamais relevé en France vous osez nous raconter qu’il a fait que 12° dans votre garage. Vous voulez nous faire croire que le tout petit et éphémère rafraichissement que l’on a eu est comparable à la chaleur exceptionnelle des 2 premières décades?
      D’autant plus que il n’y a personne pour souligner les pointes de chaleur, sauf en été. En revanche une météo un peu fraiche (voire de saison tant les gens sont exigents) est pointée systématiquement.

      • Les gens n’ont que peu de mémoire, alors, tout les souvenirs se perdent, notamment d’une génération à l’autre. Heureusement, il y a les archives météo qui permettent de dire, qu’en matière de températures, si un record est battu ici ou là, cela ne veut rien dire; en France, depuis la guerre, il a fait aussi chaud sinon plus en 1947, 1952, 1976; entre les deux il y a eu un refroidissement marqué au point que les hystéro-climatique prédisaient un nouvel âge glaciaire (voir les 1ère de couverture des magazines de l’époque). L’hystérie actuelle sur le réchauffement procède des mêmes biais, et ce sont souvent les mêmes personnes.
        Quant aux chiffres publiés depuis quelques années, ils sont plutôt sujet à caution, et non exempts de bidouillages. Les satellites, depuis 79, ne montrent aucun réchauffement, qu’il s’agisse des données RSS ou UAH, et même un léger refroidissement depuis les 18 dernières années. Ce sont les seules données fiables car leur couverture est beaucoup plus complète et régulière que celles des stations de surface.

        • Aucun réchauffement depuis 1979? Allons allons..
          Toutefois vous avez raison sur la mémoire sélective en météo; c’est assez ahurissant. On vient d’avoir un bel exemple. Il aura suffit d’une ou deux journées fraiches pour lire en gros que juillet a été glacial et que personne n’en parle alors que lorsque’il a fait chaud ça a fait la une. C’est fou.

          • « Aucun réchauffement depuis 1979? Allons allons.. »
            Renseignez vous un peu mieux et surtout évitez les publications reconnues trafiquées du GIEC.

            • Le un peu mieux signifie croire à un autre « dogme ». Je suis objectif. En tout cas; l’interprétation de la météo par les gens est ce qu’elle est vraiment me suffit. Il y a assez d’idées reçues et d’erreurs à relever et corriger. Je laisse le débat de fond du RCA pour les véritables connaisseurs.

              • Djamal a déjà oublié que l’été 2014 a été historiquement froid. Le premier effet du changement climatique, c’est l’amnésie selective…

  • Les commentaires sont fermés.

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