1975 – 2015 : Être vietnamien, hier et aujourd’hui ?

Commémoration des 40 ans de la diaspora vietnamienne.

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vietnam drapeau par Patrick M. Loeff (CC BY-NC-ND 2.0)

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1975 – 2015 : Être vietnamien, hier et aujourd’hui ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 juillet 2015
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Par Francis Richard

etre-vietnamien-hier-et-aujourd-huiPour commémorer les 40 ans d’exil de la diaspora vietnamienne, le cercle culturel Làng Viêt édite un magnifique recueil de témoignages de jeunes Vietnamiens de Genève, de Lausanne et de Paris sur le thème « Être vietnamien, hier et aujourd’hui ? ».

Âgés de 14 à 31 ans, aucun de ces jeunes n’a vécu au Vietnam. Si certains d’entre eux y sont nés, ils n’en ont pas gardé de réels souvenirs. Ce sont des « secondos », des enfants de la deuxième génération, nés en Suisse ou en France.

Ce qu’ils savent du Vietnam, c’est, pour la plupart d’entre eux, ce qu’en ont dit leurs parents, ou même leurs grands-parents, ou ce qu’ils ont pu découvrir en s’y rendant. Là-bas, ils ont pu se rendre compte, d’ailleurs, qu’ils étaient considérés comme des « Viêt kiêu », c’est-à-dire des Vietnamiens de l’étranger…

Tous sont d’abord, aujourd’hui, de nationalité suisse ou française, mais ils sont heureux de bénéficier d’une double culture, une culture européenne et asiatique. Ils en sont heureux parce que cette double culture leur permet d’avoir « une plus grande ouverture d’esprit », dont ils sont fiers et qui les enrichit.

Quasiment tous n’ont eu aucun mal à s’intégrer, qui en Suisse, qui en France. L’un d’eux, un jeune homme de 30 ans, a pourtant souffert, quand il était petit, de sa différence : « J’étais le différent, le ‘bridé’ ou encore le ‘chintok’. » Mais cette différence, qui l’a tant fait souffrir, est, maintenant, pour lui, devenue une force.

Une jeune femme de 24 ans, qui se sentait chez elle en Suisse, n’a connu de rares moments de confusion que lorsque des personnes bien intentionnées lui tenaient ces propos : « Cela doit être difficile d’être étranger partout ». Ou, lorsque d’autres lui demandaient d’où elle venait et qu’elle avait envie de leur répondre : « De Crissier, dans la même commune que le meilleur restaurant de Suisse »

vietnam drapeau par Patrick M. Loeff  (CC BY-NC-ND 2.0)
drapeau vietnamien par Patrick M. Loeff (CC BY-NC-ND 2.0)

Leur double culture, ils la doivent à leurs parents. Ceux-ci ont grandi dans la culture vietnamienne. Ils la leur ont transmis et la leur transmettent en fêtant le Têt en famille ou avec des amis, en parlant vietnamien avec eux à la maison, en y mangeant aussi bien des plats vietnamiens que des plats européens et en se montrant attachés à leurs racines et aux traditions séculaires du Vietnam.

Le « Têt », ou Nouvel An vietnamien, est en effet « l’une des fêtes les plus importantes pour les Vietnamiens ». L’autre fête importante, moins connue, est la fête de mi-automne, le « Têt Trung Thu » ou fête des enfants.

La langue vietnamienne « est un aspect très important de la culture » : elle permet de communiquer avec tout le monde et surtout avec la famille, ce qui « permet de rester unis et de perpétuer la lignée familiale »

Pour un Vietnamien, le moment du repas est sacré : « Tout l’esprit familial se retrouve même dans le repas : respect des aînés, devoir des parents, partage et hospitalité […], hiérarchie familiale, culte des ancêtres. »

Le culte des ancêtres ? « Les Vietnamiens ne considèrent pas la mort comme une rupture définitive mais seulement une non-présence physique » : « La grande majorité des Vietnamiens ont un autel dans leur maison où dessus se trouvent des photos des parents, des grands-parents et ancêtres disparus ainsi que des offrandes »

Le cercle culturel vietnamien Làng Viêt, qui a organisé une belle fête populaire, le 28 février dernier, à l’occasion du Têt, aux Avanchets à Genève, s’est donné pour but de renforcer également « certains aspects culturels de la société civile notamment littéraires, pédagogiques, musicaux, affaires publiques et historiques », pour toutes les générations. Ce qui devrait répondre à l’attente de celle des « secondos », attente exprimée maintes fois dans ce recueil.

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  • Et voilà! 2d article sur des « étrangers », cette fois, pourtant citoyens français, qui ne recueille aucun commentaire!
    Il y a des questions à se poser, à la direction / rédaction de Contrepoints!
    Si et seulement si mon témoignage vous intéresse (sachant pourtant pertinemment qu’un Français se réserve le droit exclusif de critiquer son pays, actuellement, quotidiennement, dans ces pages), je me permettrai d’apporter mon témoignage
    Il y a, en effet, en France, un sentiment d’orgueil national, appelé chauvinisme, et donnant par la naissance sur le sol national, et de parents de type caucasien et de nationalité française, une supériorité innée, fruit du fait que la France se prend depuis 2 ou 3 siècles comme distributrice de toutes « Les Lumères » du monde! Faut-il dire que ce n’est pas l’impression d’un étranger croisant dans un bistrot l’un de ces chauvins gratinés dont la voix exécute un trémolo chaque fois qu’il prononce bien fort le teme « Français » ou « République » ou « Révolution » (toujours avec majuscule, car bien sûr, il n’y a de vraie « République » que Française, même celles qui lui sont antérieures (Cromwell) ne sont que de mauvaises copies.

    Bien que tout cela ne soit que mythes nationaux, ces termes reviennent chaque semaine dans un propos télévisualisé dans un J.T. à heure de grande écoute! Franchement, ce genre de solennité n’existe pas ailleurs! Qu’est-ce que ce pays où il n’existe pas de gens car ils sont nommés « Français ».

    J’ai habité 2 pays où, manifestement, on a recueilli des orphelins de l’époque « boat-people »: ces gens sont sans histoire (dans leur vie actuelle) et s’intègrent facilement.

    Ce que je reproche à ce chauvinisme français, c’est son complexe de supériorité, actuellement sans aucun sous-jacent qui le soutienne, et cette façon de penser que les « Français » actuels peuvent tirer un mérite quelconque de ceux qui ont vécu bien AVANT eux! On peut être fier de sa descendance (et être heureux, c’est mieux, sans s’en tirer tout le mérite, tout de même!) mais être fier de gens qui ont vécu dans le même pays 2 siècles avant, c’est risible!

    Et c’est pourtant un sacré « chausse-pied » vers la xénophobie (vécue personnellement comme « travailleur immigré » (pourtant citoyen U.E., donc de plein droit, et avec bac + 12). Il es, nais j’étais là en « coopération » puisqu’aucun « Français ne s’était proposé à ma place! Je n’en fus pas considéré pour autant comme un égal par mes confrères. Il est pourtant arrivé que l’un d’entre eux me dit, un jour, que j’étais en mesure de demander ma naturalisation! Me maitrisant bien, je n’ai rien laissé voir que mon sourire, mais éclatant de rire en mon for intérieur, naturellement!).

    Et la xénophobie conduit fatalemen au racisme ceux qui ont arrêté de réfléchir et ont décrété que quiconque n’est pas Français comme « moi », est forcément méprisable!

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