Mer de Chine : réponse américaine aux ambitions chinoises

La « fabrication d’îles » par la Chine va-t-elle provoquer un point de basculement dans les relations sino-américaines ?

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Mer de Chine : réponse américaine aux ambitions chinoises

Publié le 28 mai 2015
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Par Sophie des Beauvais et Valentin Weber.

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Les ambitions territoriales chinoises en mer de Chine méridionale ont pris une nouvelle dimension lors de la découverte d’une île de plus de 63 000 mètres carré, par le centre d’intelligence stratégique IHS Jane en février dernier. Cette construction pourrait servir à d’éventuelles opérations militaires, dans le cadre des disputes territoriales en mer de Chine méridionale entre la Chine, la Malaisie, le Vietnam, le Brunei, Taïwan et les Philippines.

L’île construite sur un récif à peine plus haut que le niveau de la mer, appelé Hugues Reef, contient notamment un héliport et deux jetées. Trois autres îles de ce type ont  été construites par la Chine dans des zones où ses requêtes territoriales se superposent à celles de ses voisins.

Les requêtes territoriales maritimes sont régies par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, qui précise les notions et délimitations des mers territoriales, zones économiques exclusives et plateaux continentaux de chaque État côtier, ainsi que les conditions d’agrandissement territorial. En vertu de cette convention, les Philippines ont porté plainte auprès des Nations Unies contre la Chine, concernant la mer de Chine méridionale. La Chine ignorerait probablement le verdict du tribunal ; peu de recours légaux seraient à la disposition de ses opposants pour l’empêcher d’agrandir de facto son territoire par ces constructions.

Cette pratique inquiète d’autant plus que le gouvernement chinois avait pourtant signé un accord avec l’ASEAN, s’engageant à ne pas entreprendre d’activités provocatrices en mer de Chine méridionale, comme l’occupation d’îles et récifs précédemment inhabités. Peu d’observateurs sont convaincus : plusieurs experts et hommes d’État américains ont affirmé que ces infrastructures étaient de nature exclusivement militaire, et qu’elles pourraient servir à la mise en place d’une Zone d’Identification de Défense Aérienne, comme celle mise en place en 2013 au-dessus de la majeure partie de la mer de Chine méridionale, où les requêtes territoriales chinoises se superposaient aux japonaises. Ces infrastructures vont probablement servir à « faire respecter les requêtes territoriales et juridictionnelles chinoises, et faire pression sur les navires de guerre, garde-côtes et autres vaisseaux des autres requérants », ajoute Ian Storey, expert de mer de Chine méridionale à l’Institut d’études asiatiques du sud-est à Singapour.

En conséquence, le 28 avril, les dix chefs d’États membres de l’ASEAN ont qualifié l’initiative chinoise de menace pour « la paix, la sécurité et la stabilité de la région ».

L’audace croissante de la Chine inquiète tous les acteurs du pacifique. Pendant longtemps, les États-Unis sont restés formellement impartiaux dans le conflit de la mer de Chine méridionale. La « fabrication d’îles » par la Chine va-t-elle provoquer un point de basculement dans les relations sino-américaines, comme l’a formulé David M. Lampton, professeur à l’université Johns Hopkins ?

Récemment, des fonctionnaires américains ont maintenu qu’ils envisageaient d’affermir leur position sur les îles artificielles de Spratley revendiquées par Pékin. Après avoir envoyé un avion sur zone, ils réfléchissent à éventuellement utiliser d’autres aéronefs et navires militaires pour pénétrer dans le périmètre de 12 milles, constituant la mer territoriale des îlots contestés. Il s’agit de signaler le rejet des revendications territoriales chinoises. Ces mesures ne seraient pas inédites : les mesures américaines, si elles se réalisaient, ressembleraient aux manœuvres employées par Pékin envers Tokyo. En effet, des garde-côtes chinois naviguent systématiquement dans les 12 milles nautiques des îles Senkaku, contrôlées par le Japon, mais revendiquées par la Chine, qui les appelle Diayou.

En 2013, l’État-major américain avait expédié des bombardiers B-52 sur les îles contestées dans la mer de Chine orientale, en pénétrant dans la zone de défense aérienne chinoise. Similairement, l’exécutif américain a augmenté la pression diplomatique sur la Chine, pour arrêter le développement des îlots dans la mer de Chine méridionale. Cette semaine, les États-Unis ont annoncé leur intention de stationner des bombardiers B-1 en Australie, ce qu’ils ont nié postérieurement.

Il sera intéressant de voir la réaction de la Chine sur les mesures offensives de la part des États-Unis, mais aussi de suivre si Washington a décidé de pivoter définitivement vers l’Asie pour y défendre prioritairement ses intérêts stratégiques.

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  • La prochaine guerre Mondiale viendra des Spartleys….

  • Bof …
    Les faucons U.S. après l’Ukraine et tous les dégâts du moyen orient sans oublier la Yougoslavie, Macédoine, Georgie Libye, et à suivre à coup sûr l’Iran pourquoi pas la Chine …. puisqu’il faut que la planète entière soit asservie à leur délire hégémonique …..

    • Que des accusations sans aucune démonstration… On a bien au contraire encore une foi des petits pays qui demandent aux USA de les aider face à une menace impérialiste.

      Plus sérieusement sur le sujet de l’article il faut tout d’abord regarder une carte, les revendications de la Chine sur cette mer sont aussi ridicules que si la Turquie revendiquait la souveraineté sur toute la méditerranée. Ensuite il est triste de voir que tout les pays concernés par ces ambitions s’en remettent exclusivement aux USA plutôt que de se coaliser et en menant des opération conjointes (en gardant une alliance avec les USA quand même).

      • Qui peut, aujourd’hui, rivaliser avec la Chine si ce ne sont les USA ?

        Une flopée de petites nations n’en font pas une grande. S’ils veulent que leurs voix soient entendus, ils ont, donc, bien raison de demander l’aide des USA.

        • Je ne dit pas qu’ils ne doivent pas demander de l’assistance aux USA, je dis qu’ils ne doivent pas déléguer leur défense aux USA (comme l’Europe le fait contre la Russie). C’est en général ce que les USA appellent le « fardeau », ils sont détesté par tout les socialistes du monde car ils tentent de protéger des gens qui eux, si pour certains son reconnaissant de cet aide, se manifesteront beaucoup moins fort et ne feront aucun effort.

          C’est comme pour le nucléaire, on a rarement vu des manifestations pro-nucléaire alors que les gens qui souhaiteraient réellement en sortir si ils connaitraient les implications seraient une minorité. Les gens moyens se foutent même totalement de comment l’électricité est produite, il veulent juste qu’elle soit pas trop chère. Ainsi ces gens pour la plupart d’entre eux n’oseront pas exprimer clairement leur opinion devant un militant anti-nucléaire agressif qui se présentera comme informé et détenteur de la seule opinion possible qui ai valeur morale.

          De la même manière alors que les gens souhaitent la paix et la liberté, très peu vont défendre la situation géopolitique qui a suivit la chute du mur de Berlin. Ils ne se sont pas intéressé au sujet puisqu’ils sont satisfait de la situation actuelle. Inversement une petite minorité est prête à tout les sacrifices (enfin surtout celui des autres) pour changer une situation qui marche sous des prétextes aussi idéologiques que ceux qui veulent paver le monde de panneaux solaires.

          C’est pour cela que ces pays devraient d’abord se coaliser, acheter des équipements militaires ensemble, faire des exercices conjoints, avoir un commandement similaire à celui de l’OTAN… Pour montrer qu’ils se sentent impliqués dans leur propre sécurité et qu’ils ne mendiant pas juste un parapluie aux USA pour ensuite ne pas les soutenir dans des dossiers qui ne les intéressent pas.

          C’est tout à fait indispensable pour que l’alliance soit fiable, les américains n’entreront pas en guerre si ils estiment que les gens qui se disent être leurs alliés n’ont cependant jamais rien fait pour mériter le bouclier américain.

          On voit actuellement ces situations dans l’OTAN, ou certains pays ne soutiennent pas les sanctions contre la Russie car ils veulent économiser quelques pertes économiques dans leur calculs de cours termes alors que tous les penseurs russes tels que Alexandre Douguine ont clairement spécifié que le but est d’avoir toute l’Europe.

          Si l’Italie n’est pas capable de donner son vote aujourd’hui pour protéger la Pologne, ou bien le Vietnam pour les Philippines, pourquoi les USA viendraient sacrifier leurs hommes pour des alliés qui s’attirent leurs propres problèmes car ils semblent vouloir éternellement se tirer dans les jambes ?

  • il n’y aurait pas aussi du pétrole dans le coin ? ce qui expliquerait l’obligation d’aller défendre la démocratie.

    • Oui mais les US ne vont pas affronter la Chine pour un peu de pétrole.
      Ils n’ont pas précisément une armée constituée de 3 pouilleux.

      • Peut-être. Mais le budget du Pentagone représente toujours 50 % des dépenses mondiales d’armement. Et les armées des grandes puissances mondiales réunies restent un nain comparé au géant américain. Bref, techniquement, l’armée chinoise ne représente pas une grande menace pour les US.

        Mais même si les capacités militaires chinoises pouvaient représenter une menace sérieuse pour les américains, il ne faut pas pour autant oublier leurs capacités de nuisance: je chicote un peu l’Inde, je titille un peu le Pakistan, je fais comme en Europe et en Ukraine, j’agace un peu tout le monde pour provoquer un conflit régional à distance, et puis je laisse la Chine s’embourber et s’affaiblir dans cet emberlificotage magistral. Et de loin je tire les marrons du feu.

        C’est le meilleur scénario envisageable, les US ne sont pas assez fous pour se mettre à dos une des plus grandes économiques mondiales, qui a par contre de réels moyens de rétorsions économiques et financières.

        • L’armée américaine est juste à des années lumières des autres. Je ne serai pas étonné que 95% de la recherche militaire soit américaine.

          Bref, militairement parlant, personne ne peut inquiéter l’armée américaine.

          Et qu’on ne me parle pas des guerres de contre-insurrections type vietnam, irak, et compagnie. Les américains pourraient vitrifier ces pays en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

        • « Mais le budget du Pentagone représente toujours 50 % des dépenses mondiales d’armement. Et les armées des grandes puissances mondiales réunies restent un nain comparé au géant américain. Bref, techniquement, l’armée chinoise ne représente pas une grande menace pour les US. »

          Ce qui est plutôt rassurant. pendant un moment les USA possédaient 100 fois plus de bombes atomiques que l’URSS et ils n’ont pas tiré. Qui pourrait dire qu’il se serait passé la même chose dans la situation inverse. Depuis la fin de la WW2, le supériorité écrasante de l’armée américaine nous protège de la WW3 en rendant toute ambition impériale voué à un échec cuisant.
          C’est ainsi qu’affin de conserver la paix et la liberté dont l’ont joui il est nécessaire que les pays européens reconstruisent leur défense et que l’on consolide l’alliance. La politique étrangère n’est pas un domaine ou les expérimentations originales sont conseillées et il convient d’avoir une réflexion conservatrice et sceptique quand à la marche à suivre.

          Pour le reste de votre post, vous n’avez pas le moindre début de preuves de votre scénario. La seule chose que l’on peut observer actuellement, c’est que toutes les craintes de des petits pays asiatiques viennent de la Chine et celle des petits pays européens de la Russie.

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