Le poison des taux négatifs

Dans un contexte de taux négatifs, l’épargne perd toute raison d’être, ce qui amène des conséquences terribles pour l’avenir économique d’un pays.

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Argent Euro Credit Alexander Stein (Creative Commons)

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Le poison des taux négatifs

Publié le 5 mai 2015
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Par Stéphane Montabert

Argent Euro Credit Alexander Stein (Creative Commons)
Argent Euro Credit Alexander Stein (Creative Commons)

 

Les taux négatifs constituent la dernière recette en date concoctée par nos élites financières pour résoudre la crise. Depuis qu’une banque centrale a marqué le pas, ils se sont répandus comme une traînée de poudre. Sont-ils la panacée, ou le dernier soubresaut d’un système à l’agonie ? Cette modeste explication vous aidera peut-être à vous faire une idée de la question.

Déconstruction de la monnaie-dette

Pour faire simple, deux écoles de pensées s’affrontent concernant la monnaie : l’école autrichienne dans laquelle la monnaie est une convention sociale longuement construite et destinée à faciliter les échanges de biens et services, et les autres pour lesquelles la monnaie est un outil manipulable à loisir afin de servir des intérêts politiques.

Puisque sans intérêt pour lui, l’école autrichienne est méprisée de l’establishment ; les leviers de la finance mondiale, banques centrales et organisations financières internationales sont donc réservés aux Keynésiens et autres doctes manipulateurs de la monnaie. Ils ne sont jamais à court de théories pour expliquer pourquoi leurs manœuvres échouent.

Dans le monde réel, un prêt correspond à une privation que le prêteur concède en échange d’une indemnité ; sa valeur par rapport à celle du bien prêté détermine ce qu’on appelle le taux d’intérêt. Le taux dépend d’énormément de choses comme la relation entre le prêteur et l’emprunteur, le risque que la chose louée soit dégradée, détruite ou volée, ou encore le degré de privation ressenti par le prêteur. Les taux d’intérêt sont donc éminemment variables. Ils peuvent être élevés ou au contraire faibles lorsque « tous les voyants sont au vert » ; mais ils ne sauraient être négatifs puisque cela reviendrait à dire que le prêteur paye pour voir quelqu’un d’autre utiliser ses propres biens, ce qui est absurde (ou au moins masochiste).

Si pareille situation serait ubuesque avec n’importe quel bien matériel, elle est désormais appliquée dans le monde de la monnaie-papier dans lequel nous évoluons pour l’instant. Au lieu de louer une voiture pour un an, louez un million de francs pour un an et voilà, les taux sont négatifs. Comment est-ce possible ?

La monnaie-papier est une monnaie-dette. Formellement, un billet de 10 euros est une reconnaissance de dette de 10 euros que la Banque Centrale Européenne signe en faveur du détenteur du billet. À une époque, ce genre de billet aurait pu être retourné à la banque centrale émettrice en échange d’une certaine quantité d’or ; on disait que la monnaie était adossée à l’or ou encore qu’il en était le sous-jacent. Cette épée de Damoclès pesant sur les banques centrales les empêchaient de faire n’importe quoi, comme créer des billets à tort et à travers. Aujourd’hui ce n’est plus le cas et si quelqu’un vient au guichet de la BCE pour demander ce qu’il peut obtenir en restituant des reconnaissances de dettes libellées en euros (autrement dit, nos billets de banque) on lui adressera un sourire gêné tout en lui indiquant la porte.

Nos monnaies-papier, dollar, yen, livre sterling, franc suisse ou euro ne sont adossées à rien. Ce sont des dettes émises en contrepartie de rien. On peut les échanger les unes contre les autres, mais rien n’empêche les banques émettrices d’en pondre quasiment à l’infini ; et depuis quelques années, c’est exactement ce qu’elles font.

La monnaie-papier n’a de valeur que par la force de la loi qui en impose l’usage. En outre, son caractère abstrait et manipulable permet toutes les entourloupes. Par exemple, que représente le sacrifice de la privation d’une somme d’argent purement imaginaire ? Question un peu absurde, n’est-ce pas ! Elle est pourtant totalement d’actualité, puisque c’est en répondant à cette interrogation que les banquiers centraux déterminent le taux directeur.

Le taux directeur est le taux d’intérêt de base, totalement arbitraire, que la banque centrale décide d’appliquer aux reconnaissances de dettes qu’elle émet. Puisque cette monnaie ne repose sur aucune contrepartie matérielle, rien n’interdit en pratique de lui assigner un taux d’intérêt négatif, même si cela heurtera les gens avec un peu de sens commun. Cette décision s’avèrera lourde de sens lorsque la monnaie-papier se confrontera au monde réel, comme nous allons voir.

Mais avant, demandons-nous pourquoi nous sommes passés à la mode du taux négatif.

L’inflation sans l’inflation

Inflation en MarkL’inflation est un mécanisme bien connu lié à une création monétaire excessive sans lien avec l’économie sous-jacente. L’inflation est l’effet d’une trop grande abondance d’argent. Elle a pour conséquence d’éroder le pouvoir d’achat de l’unité monétaire. Elle « rapetisse » l’argent. Les prix donnent l’impression d’augmenter alors qu’en fait ils ne bougent pas – c’est simplement la puissance de la monnaie dans laquelle ils sont exprimés qui diminue.

L’inflation est activement recherchée par les gouvernements puisqu’elle permet à la fois de diminuer le poids de la dette publique (exprimée dans une monnaie valant de moins en moins) et d’augmenter les impôts (les contribuables glissant dans des tranches de plus en plus « progressives » du barème d’imposition). Le mantra d’une « inflation à 2% » ne correspond à aucune démonstration économique mais seulement à un compromis permettant aux politiciens d’atteindre leurs objectifs sans provoquer trop de grogne de la part d’une population dont les salaires font du sur-place.

L’inflation a toutefois le fâcheux défaut d’être incontrôlable. De nombreux pays l’apprirent à leurs dépens comme l’Allemagne, le Zimbabwe ou l’Argentine. L’emballement de l’hyper-inflation est effrayant, mais en Europe aujourd’hui il s’agit exactement du contraire. Malgré tous les efforts pour la déclencher depuis 2008, l’inflation ne vient pas. La faute à une économie moribonde et à des perspectives encore pires. Les gens se retiennent de dépenser et les entreprises d’investir. Le circuit économique, à l’arrêt, ne permet pas au surplus monétaire de circuler.

Comment obtenir les mêmes effets que l’inflation lorsqu’il n’y a pas d’inflation ? Par les taux d’intérêt négatifs, pardi !

Des taux d’intérêts négatifs représentent une taxe sur les comptes bancaires. Même faiblement négatifs, ils s’appliquent souvent sur de gros montants et provoquent une addition douloureuse. La valeur détenue sur le compte s’étiole avec le temps, mais aussi la valeur des dettes contractées par l’État puisque les intérêts de la dette publique sont calqués sur le taux directeur du moment !

Un taux d’intérêt négatif permet donc théoriquement de :

  • pousser les gens à consommer, dans le plus pur style de la relance keynésienne, puisqu’il vaut mieux brûler son argent en achetant n’importe quoi plutôt que de le laisser pourrir sur son compte ;
  • diminuer la charge de la dette publique puisque l’entretien de cette dette est tout d’un coup beaucoup moins cher.

Les deux effets rappellent sensiblement les conséquences de l’inflation. De plus, à l’inverse de l’inflation, les taux d’intérêt (négatifs ou non) sont contrôlables : la Banque Centrale peut décider quasiment n’importe quand de réviser sa politique de taux. Rien à voir avec le mauvais génie de l’inflation si difficile à faire retourner dans sa boîte.

Malheureusement pour nos brillants expérimentateurs économiques, la pratique risque d’être un peu moins sympathique que la théorie.

Le cerveau des acteurs économiques

Les hommes ne sont pas des pions. Leurs aspirations et leur libre-arbitre contreviennent au planisme et à l’approche mécanique de l’économie pratiquée par les banquiers centraux. Les taux d’intérêt négatifs ne poussent pas la majorité des gens à consommer de manière effrénée, pas plus que la hausse illusoire des cours boursier ne mène à l’euphorie. Les politiques monétaires des banques centrales peuvent susciter des bouffées d’optimisme mais celles-ci n’affectent pas durablement la réalité.

Si elles ont un effet, c’est bien au contraire sur les politiciens – en particulier les politiciens au pouvoir. Bien qu’ils prétendent perpétuellement le contraire, les politiciens professionnels travaillent essentiellement à court terme. Leur horizon se limite le plus souvent à l’échéance électorale suivante. Pour ceux-là, l’embellie temporaire des comptes de l’État suite à l’application des taux négatifs (obtenue essentiellement parce que le boulet de la dette est tout d’un coup moins lourd) leur permet de plaider que le pays vit une embellie économique dans son ensemble.

Alors que l’introduction des taux négatifs serait au mieux un répit à court terme qu’il faudrait mettre à profit pour engager des réformes courageuses, les politiciens font exactement le contraire : ils en tirent de merveilleuses excuses pour ralentir le rythme poussif des réformes et passent plutôt leur temps à s’attribuer les mérites de l’embellie temporaire des comptes de l’État. Pire, ils sont enclins à s’endetter encore plus puisque, clament-ils, les crédits n’ont jamais été aussi abordables !

Comme on le comprend aisément, pareille attitude a peu de chance d’arranger la trajectoire catastrophique qui a amené les banques centrales à adopter des taux négatifs comme mesures de dernier recours.

Les taux directeurs négatifs affectent de fil en aiguille toutes les perspectives de rendement liées au crédit – parmi elles, les fruits de l’épargne. Or, l’épargne est indispensable pour permettre la constitution de capital qui permet à son tour de financer une activité économique. Pour reprendre la limpide formule de Charles Gave, l’épargne représente le capital de demain et la croissance et l’emploi d’après-demain.

Dans un contexte de taux négatifs, l’épargne perd toute raison d’être, ce qui amène des conséquences terribles pour l’avenir économique d’un pays.

La bascule

La plupart des gens n’ont pas un compte courant suffisant pour réellement souffrir des taux négatifs, mais il suffit de peu de choses pour que la situation se détériore jusqu’à un point de non-retour.

Taux négatif - René Le Honzec - Contrepoints436Pour des raisons légales, de nombreuses organisations (comme les gestionnaires de fonds ou les caisses d’assurance-maladie) ont l’obligation de disposer de grandes réserves fiduciaires directement disponibles. Elles sont donc frappées de plein fouet par les pénalités dues aux taux négatifs – et donc indirectement, leurs clients.

Un gestionnaire raisonnablement compétent ne peut pas accepter de perdre de l’argent sur de simples raisons techniques. La tentation sera donc grande de retirer ces énormes montants des comptes bancaires, par exemple pour les mettre dans un coffre comme argent liquide. Or, pour une banque, un million de francs sur un compte ou sous forme d’une liasse de billets déposée dans un safe n’ont pas du tout la même signification : le premier est compté comme masse sous gestion, le second n’a aucune existence au bilan.

Autrement dit, si tous les clients (et en particulier les gros clients, ceux qui ont le plus d’argent en banque) retirent leurs avoirs sous forme d’argent liquide pour éviter les taux négatifs, les banques feront faillite.

Ce comportement rationnel s’avérant fatal aux banques, les banquiers et les politiciens travaillent main dans la main pour l’empêcher. Nous assistons donc au développement d’une guerre contre le cash et d’un contrôle des capitaux de plus en plus marqué – et c’est assez tristement que l’on voit la Suisse aux avant-postes de cette nouvelle offensive contre la liberté économique, cherchant à empêcher chacun à disposer de son compte en banque comme il l’entend.

Le mouvement a déjà commencé et prendra de l’ampleur, les capitaux migrant naturellement vers des lieux où les taux sont plus favorables. Pour ceux qui restent sur place, il y a encore la possibilité de convertir son argent en métal précieux ; l’or est souvent décrié comme étant quelque chose d’inerte voire inutile – « l’or ne se mange pas » nous assène-t-on – mais cette inertie devient une qualité extrêmement recherchée lorsque le simple fait de posséder du cash en billets de banque amène votre fortune à s’étioler. Bien sûr, toutes ces manœuvres de la clientèle assècheront progressivement les banques en les poussant à la faillite.

Le système financier s’effondrera-t-il ?

Éthique et priorités

Les taux négatifs ne sont pas intenables à proprement parler ; ils le sont seulement dans une économie ouverte. De fait, les dirigeants de la zone euro et de tous les pays à taux négatifs sont face à un dilemme : soit ils renoncent aux taux négatifs, soit ils renoncent à l’économie ouverte.

Comme on peut s’attendre au pire de la part de cette caste, toute une série de mesures seront donc probablement prises pour mettre un terme à la liberté économique. Ces mesures seront de trois types :

  • le contrôle des capitaux ;
  • l’interdiction des paiements en cash (ou au moins leur plus sérieuse restriction) ;
  • le contrôle de l’or et des placements non-monétaires.

Les deux premiers points serviront à éviter que quiconque échappe à la dépréciation planifiée des avoirs bancaires ; l’urgence de la crise justifiera le premier objectif, la lutte contre le terrorisme le second. Quant au troisième, il servira à empêcher la conversion locale du cash en une autre forme de monnaie à l’abri des taux négatifs et on se réjouit de découvrir l’excuse qu’auront concoctées les autorités.

Et il faudra bien sûr mater les rebelles.

Les taux négatifs représentent le dernier acte du drame de l’agonie d’un système économique artificiel comme la monnaie-papier – en quelque sorte, le miroir de l’hyper-inflation, une autre forme d’explosion connue et spectaculaire. Reconnaissons tout de même que dans le cas présent il n’y a pas de précédent historique ; l’effondrement d’un régime de monnaie-papier par le biais des taux négatifs implique un degré de contrôle sur la société civile qui était impossible à atteindre à l’ère pré-informatique.

Nous ne sommes qu’au début de l’époque des taux négatifs, mais à moins de faire marche arrière immédiatement les dégâts qu’ils provoqueront marqueront notre génération.

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  • et c’est quoi la différence entre un taux négatif et l’inflation ..j’ai l’impression que c’est la même chose , les deux poussent a investir utile

    • Les deux obligent à investir, même inutile.

      • qu’entends tu par là , l’argent investi ne pourra pas être pris autoritairement par l’état comme a Chypre ou naguère en France par une emprunt obligatoire ?

        • Il faudrait que les gens soient stupides pour ne pas investir utile s’ils en ont l’occasion, quels que soient les taux d’intérêt. Donc en fait les chasser de l’option où ils conservent leurs fonds en liquidités en les pénalisant pour ça ne conduit pas à ce qu’ils investissent utile, mais bien à ce qu’ils aillent vers des placements où le risque, économique ou fiscal, devrait en toute logique être dissuasif. Vous semblez penser que le déficit d’investissement viendrait de raisons idéologiques de la part des investisseurs, pas du tout, il vient du manque de rentabilité des investissements potentiels en comparaison avec la conservation de liquidités. Si les investisseurs potentiels préfèrent conserver leur bien en liquidités à 0%, c’est signe qu’il n’y a plus sur le marché d’investissements qui fiscalité et risque déduits, rapportent plus que 0%. Si vous baissez à -0.5, alors vous allez épuiser les investissements entre -0.5 et 0. Et le problème est qu’un investissement dont le rapport est négatif a tendance à s’écrouler tout d’un coup et à ruiner celui qui l’a fait, tandis qu’un investissement qui devait rapporter 5% et n’en rapporte au final que 4 laisse quand même à l’investisseur ses chances de se rattraper.

        • c’est le mécanisme bien connu de l’hyperinflation : on achète tout et n’importe quoi pour ce débarrasser de sa monnaie. il y a une scène célèbre du film  » uranus  » , avec michel galabru qui, ayant fait fortune au marché noir, dit a son fils:

           » achètes ! achètes ! les prix vont monter …  »

          il sait que dans le grand tourbillon de la libération , la monnaie d’occupation va etre dévalorisée prochainement … alors il entasse tout ce qu’il peut dans sa maison.
          sous la révolution française, à la fin de la période des assignats, les gens qui avaient un peu d’argent stockaient tout ce qu’il pouvaient chez eux , d’autant plus facilement que la terreur était fini et qu’ils ne risquaient plus la guillotine pour  » agiotage « .

    • …au contraire, les deux poussent à dépenser bêtement, puisqu’il n’y a plus de pression pour être sélectif dans les choix d’investissement des acteurs.

      • comprends pas , l’inflation oblige d’investir , de prendre des risques sinon l’argent s’évapore. , et on a aucune raison de ne pas être sélectif .
        a moins que vous pensiez qu’aucun investissement n’est possible et on ne peut que limiter les pertes..encore des choix il me semble

  • « Les hommes ne sont pas des pions. Leurs aspirations et leur libre-arbitre contreviennent au planisme et à l’approche mécanique de l’économie pratiquée par les banquiers centraux. »
    C’est aussi le cas en ce qui concerne l’immigration que les libéraux s’obstinent à ne considérer que sous le seul angle économique.

  • Tout ce que vous dites est juste mais la raison officielle (?!) est de limiter la hausse du franc.
    Comment faites-vous dans une économie globaliser pour ne pas que le franc suisse s’envole ?
    Le taux planché a déjà fait beaucoup de dégât avec plus de 500 milliards d’euro dans le bilan de la BNS.
    On est au milieu de banquiers centraux qui font joujou avec l’imprimante. Il est difficile de tenir un cap intelligent au milieu de cette mare d’escrocs.
    Officiellement la BNS n’intervient plus sur le cours du franc. Officieusement, on voit bien qu’elle intervient dès qu’il s’approche de la parité. A combien serait-il si on laissait faire ? 0.8 ?
    Contrairement à beaucoup de pays, nous avons encore beaucoup d’usines qui vendent à l’export.

    • J’ajouterai qu’il n’y a pas que des perdants au franc fort. Tous ceux qui importent se frottent les mains. On doit s’adapter à ces changements mais ils sont tellement rapides qu’aucune entreprise n’a la flexibilité pour adapter sa stratégie à un environnement monétaire aussi fluctuant.

    • Vous avez raison sur un point : ce sont des subventions occultes aux entreprises européennes.
      Il faudrait que les politiciens suisses se remontent les coucougnettes et déposent une plainte à l’OMC.

      Les gagnants le sont dans un premier temps. Faute de clients suisses qui risquent de disparaître, le marché juteux va s’amenuiser s’ils ne baissent pas leur prix et ils seront perdants à leur tour.

    • Rastapopoulos: « Tout ce que vous dites est juste mais la raison officielle (?!) est de limiter la hausse du franc. »

      Vous répondez vous-même à votre question: la raison officielle est fausse.

      Si la Suisse n’est pas sujette au surendettement à un degré équivalent à d’autres social-démocraties d’Europe, la BNS l’a délibérément arrimée à l’euro, d’abord par le peg, ensuite par les centaines de milliards d’euros de « réserves en devises » dont la valeur est dictée par la BCE.

      Pour résumer, la BNS a renoncé à une politique indépendante et agit désormais comme filiale de la BCE.

      « Nous avons encore beaucoup d’usines qui vendent à l’export. » Nous ne vendrons pas beaucoup à des clients ruinés de toute façon. De plus, comme le disait un entrepreneur, penser que la Suisse – ou l’Allemagne – doive se profiler sur le prix pour être compétitif avec la Chine, c’est se tromper de créneau.

  • Excellent article 🙂

    Effet de bord virtuel pour l’instant, c’est comme si la dette de l’état augmentait d’autant. Plus il verrouille, plus elle augmente. Plus le taux négatif est élevé, de même, elle explose.

    Amusant, non ❓

    • Et c’est vraiment con de retirer des fonds aux entreprises qui devront faire avec moins, alors que l’état n’en font pas une rame de plus. le privé part en déflation forcée, le public part en inflation grassouillette automatiquement.

      Et les salaires des fonctionnaires et politiciens ne baissent pas ❗

  • l’arme des taux négatifs ne peut ce concevoir uniquement dans une période de déflation. or, somme nous en déflation ?
    dans le secteur privé , peut-etre , mais dans le secteur public ? surement pas … or comme le secteur public est hypertrophié dans les économies occidentales, les taux négatifs ne servent qu’à ce que le secteur public pille un peu plus le secteur privé :
    grâce au taux négatif , l’état continue à s’endetter pour garantir les revenus de sa clientelle de fonctionnaires ( sans déflation ) et ses derniers en profitent pour s’enrichir en achetant au secteur privé qui baisse ses prix à cause de la crise…

    il n’y a effectivement pas de précédent historique à la période que nous traversons.

  • « La monnaie est une convention sociale longuement construite et destinée à faciliter les échanges de biens et services »

    Non, la monnaie est un report de confiance, qui apparait et disparait selon les besoins.

    Petite histoire :

    Je lance un jeu sur Facebook, qui consiste à échanger de maison avec celle de son choix… ca marche du tonnerre et 10 millions de maisons vont être échangées le 1° juillet.

    Pour cela, tout les ‘échangistes’ se mettent d’accord et l’un des deux fait un prêt à la BCE (à taux 0) pendant 2 mois, que son partenaire remboursera au bout de deux mois.

    10 millions de maisons à 100 000 euros chacune … un QE de 1 000 milliard d’Euros en 1 jour … suivi d’un feu de la Saint Jean monstrueux deux mois plus tard.

    Cela fait des années, des siècles mêmes que les politiciens de tout bord attribuent une valeur morale à la monnaie, alors qu’elle n’en a absolument aucune : la monnaie est un contrat.

    La monnaie n’est devenue une convention sociale que parce que quelqu’un (le prêtre, le seigneur, l’Etat …) s’est érigé en gardien du contrat : ce quelqu’un a décidé qu’aucun autre contrat monétaire ne serait valable sans sa toute puissance, qu’il était absolument impératif que la monnaie procède d’une convention sociale plutôt que d’une convention entre des individus, d’une loi morale plutout que d’un accord librement consenti.

    Ca permet à ces petits malins de se faire applaudir, de se faire élire, de vendre du papier … de vivre de sophismes, de culpabiliser les gens, de leur faire peur, de les rassurer … bref de les manipuler.

    • Très intéressant votre commentaire .

    • Vous avez tout à fait raison. La monnaie est une construction basée sur la confiance.

    • Assez d’accord et je pense que l’auteur se met le doigt dans l’oeil en indiquant « Nos monnaies-papier, dollar, yen, livre sterling, franc suisse ou euro ne sont adossées à rien »
      Ces monnaies sont adossees aux actifs des emprunteurs. Le metier des banquiers, centraux ou pas, est de connaitre ces emprunteurs afin de pouvoir reclamer la valeur due aux preteurs.

      Ceci dit, il y a effectivement un probleme dans le systeme actuel ou les plus gros emprunteurs sont les gouvernements qui n’ont pas finance des actifs liquides mais plutot des actifs intangibles comme l’education ou la sante : lorsqu’ils ne pourront plus rembourser, ils se tourneront vers leur peuple en disant « j’ai merdu », il suffit de regarder ce qu’il se passe en Grece.

  • Très intéressant,

    mais pourquoi investir en Europe ?

    Juste une chose que je ne comprend pas , j’avais pensé mais a tord que si les taux augmentaient style « grecs » ca serait notre chute, les taux baissent et ca sera quand même notre chute et pour éviter encore cette solution que peuvent il faire parcequ’il envisage toujours une solution de replis pour ne pas réformer donc ma question est :

    Quelle sera la prochaine ?

    • « Juste une chose que je ne comprend pas , j’avais pensé mais a tord que si les taux augmentaient style « grecs » ca serait notre chute, les taux baissent et ca sera quand même notre chute et pour éviter encore cette solution que peuvent il faire parce qu’il envisage toujours une solution de replis pour ne pas réformer donc ma question est  »

      Ils n’ont aucunes solutions, ni de solutions de replis, c’est ça le truc…Quand on a 2000 myards de dettes, que l’on a le record de taux des prélèvements obligatoires et qu’on est pas foutu de faire un budget en équilibre pendant 40ans, il n’y a pas de solutions.
      Ce que fait la banque centrale est juste une fuite en avant pour gagner du temps…quand on est au bord du gouffre chaque minute passée à se raccrocher au bord, c’est toujours ça de gagner avant un moment très déplaisant.
      Sinon un conseil ? et bien vous pouvez lire les écrits de Bruno Berthez, Charles Gave ou Charles Sannat là dessus, et planter des patates dans votre jardin

  • L’erreur de l’école Autrichienne est la même que celle de l’école orthodoxe (néoclassique). Toutes deux considèrent la monnaie comme seulement un facilitateur d’échange de marchandises. Toutes deux restent dans le paradigme de l’économie de troc : on échange une marchandise contre de la monnaie pour acheter une autre marchandise. La monnaie est uniquement un intermédiaire. Dans ce modèle l’échange monétaire ne diffère pas fondamentalement du troc, la différence étant qu’il y a une contrainte dans l’échange de troc : on est obligé de troquer contre une marchandise particulière (la monnaie). Dans une économie de troc (avec monnaie ou non), l’objectif de la transaction est l’obtention d’une marchandise, la monnaie n’est qu’un moyen nécessaire pour l’obtenir. Dans une économie monétaire, au contraire la monnaie est l’objectif de la transaction, pour sa simple possession. L’économie de troc est une économie qui ignore le temps, contrairement à une économie monétaire où le temps est fondamental, c’est pour cela que la monnaie est recherchée pour elle-même. Cette distinction peut paraître anodine mais elle est au contraire essentielle. Dans une économie de troc la loi de Say s’applique, dans une économie monétaire elle n’est pas valide. C’est d’ailleurs parce qu’elle n’est pas valide que le capitalisme est possible. Le capitalisme est possible dans une économie monétaire mais pas dans une économie de troc. Vous voyez à quel point cette distinction est fondamentale. Dans une économie monétaire, comme celle dans laquelle nous vivons, ce sont les crédits qui font l’épargne et non pas l’épargne qui fait le crédit. C’est le crédit qui est essentiel au, qui est le fondement du, capitalisme et non pas l’épargne comme vous le dites plus loin.

    Passons maintenant à la question des taux d’intérêts négatifs. Il est certain qu’en apparence cela semble absurde. Pourtant on peut tout de même trouver quelques justifications. Imaginez que vous gardez votre argent chez vous. Vous n’êtes pas rassuré car vous estimez que ce n’est pas assez sécurisé. Vous pouvez préférer prêter votre argent à une entreprise à un taux négatif plutôt que de débourser une plus grosse somme d’argent pour sécuriser votre maison. Dans le cas de biens c’est encore plus flagrant. Imaginez que vous partez pendant un an aux USA, votre voiture reste dans votre garage en Suisse. Vous pouvez préférer payer quelqu’un pour qu’il utilise votre voiture plutôt qu’elle reste un an sans rouler dans votre garage. Idem avec votre maison. Vous partez en voyage pendant deux semaines. Vous pouvez préférez payer quelqu’un pour que celui-ci loge pendant ces deux semaines dans votre maison plutôt qu’elle reste sans surveillance (cela s’apparente à un loyer négatif). Imaginons maintenant que vous avez de l’argent sur votre compte en banque, vous pouvez préférer prêter cet argent à une entreprise à un taux négatif si par exemple vous perdez confiance dans la banque dans laquelle vous conservez votre dépôt. Ou encore vous pouvez préférez prêter à un taux négatif à une entreprise parce que vous savez que grâce à ce prêt elle va pouvoir développer un produit dont vous avez envie, ou encore parce que vous savez qu’en prêtant à cette entreprise, cela va l’amener à investir et acheter des biens d’une autre entreprise dans laquelle vous avez des participations, ce qui va valoriser vos actions. Bien entendu, toutes ces situations sont extraordinaires (au sens littéral) mais elles montrent que les taux d’intérêt négatifs ne sont pas aussi impossibles, absurdes ou masochistes qu’ils paraissent.

    Concernant l’inflation. Vous prétendez que l’inflation est due à une « création monétaire excessive sans lien avec l’économie sous-jacente. » En réalité, c’est loin d’être évident. Les travaux de l’économiste d’entre-deux guerres A. Aftalion montrent une non corrélation entre inflation et création monétaire. Aftalion va plus loin et explique qu’en réalité, la création monétaire suit l’inflation, elle en est la conséquence et non la cause, la cause se trouvant la relation de confiance qu’entretient la société, l’ensemble des agents économiques (en tenant compte de leur hétérogénéité la confiance d’un banquier, d’un entrepreneur, d’un consommateur n’ayant pas le même poids) avec la monnaie. A propos de l’Allemagne, je rappelle que l’hyperinflation n’a pas grand-chose à voir avec une création monétaire excessive. La création monétaire excessive a au contraire était la conséquence de l’hyperinflation. Les causes de l’hyperinflation sont plutôt à recherchées dans la hausse du prix des importations puis la perte de confiance dans la monnaie ayant pour conséquence la hausse de la vitesse de circulation de la monnaie.

  • contentaez vous d acheter de l or du francs suisse ou vreneli du dollar ,du dollar or de la couronne norvegienne et si ca ne marche pas ,j ai 20m de corde tres solide …amen !!

  • J’entendais un ministre pester contre le taux d’hypothèque variable à l’Espagnol, qui tuerait les pauvres propriétaires de ce pays… Ma femme qui est Espagnole d’origine a acheté sa Maison, à taux variable,
    en 10 ans, son taux est passé en TAE de 3% à 1.45% récemment .
    Nos ministres sont experts et parlent et parlent ; ils ne savent même plus de quoi ; d’ailleurs ils peuvent dire n’importe quoi, les merdias serviles, ne les contrediront pas. Dès que Mélenchon ou MLP disent quelques chiffres : c’est tout de suite vérifié en salle de montage.
    Par contre le taux nul ou négatif pour l’épargne ou les Plans de pension…ce n’est pas l’idéal, l’épargne a besoin de bonnes rémunérations. De nombreux Français se font escroquer actuellement en cherchant des Taux de rémunération attractifs pour leur épargne.. C’est donc un besoin que des fins escrocs continuent à exploiter… Comme ils ne sont pratiquement pas punis en France(contrirement aux USA :cf. Madoff), alors ils continuent de plus belle.. Et ils ont le culot , une fois pris, de vendre leur fichier à d’autres escrocs, qui vont promettre aux victimes du 1er, de les aider à récupérer leur argent, contre honoraires… La France est unique—la dépénalisation, permet n’importe quoi, au moindre risques !

  • D’accord avec la plupart des idées de l’article sauf cette affirmation « la monnaie-papier est une monnaie-dette. » N’importe quelle monnaie est par définition une reconnaissance de dette. C’est l’invention de la dette devenant la monnaie qui permet la multiplication des échanges. Sans dette, sans monnaie donc, il reste le troc, aux échanges nécessairement limités par les contraintes physiques. Le problème n’est pas la nature de la monnaie (papier, physique, virtuelle…) mais l’absence de concurrence monétaire. La monnaie est un bien comme un autre. Le monopole monétaire détruit la finance comme n’importe quel monopole (public) détruit son secteur économique. Egalement, ce n’est pas la dette en soi qui pose problème mais bien la dette publique. La dette privée, à condition d’être émise en situation de marché libre, c’est-à-dire en pleine responsabilité, est vertueuse. En revanche, les Obèses étant par nature improductifs et irresponsables, leur dette n’a d’autre contrepartie que l’euthanasie de l’économie productive par le vol fiscal ou monétaire ultérieur.

    Les monnaies monopoles actuelles sont au domaine financier ce que les Trabants des anciens pays communistes étaient au domaine automobile : non fiables, non désirables, distribuées gratuitement en priorité à ceux qui ne les méritaient pas, déjà périmées le jour de leur production.

    Les manipulations de taux et les QE des BC n’ont qu’un but, gagner du temps pour retarder un peu l’effondrement à venir des Obèses impécunieux, peu importe les dégâts économiques collatéraux que ces manipulations insensées provoquent. Mais l’effondrement des Obèses est inéluctable. Dès lors, le sacrifice des Nations aux Molochs modernes est parfaitement vain.

  • La devise fiduciaire est une catastrophe et fini en guerre chaque fois…Il suffit de regarder l’histoire…

    • Toute forme de monnaie conduit à la catastrophe dès lors qu’elle est dévoyée par un monopole d’émission. C’est l’absence de concurrence, expression du mépris pour la propriété privée, qui finit en guerre.

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