Le révolutionnaire, l’expert et le geek, par Gaspard Koenig

Dans son dernier ouvrage, Gaspard Koenig prête à l’État un rôle positif pour protéger les libertés individuelles. Discutable.

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Le révolutionnaire, l'expert et le geek, par Gaspard Koenig (Crédits Plon, tous droits réservés)

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Le révolutionnaire, l’expert et le geek, par Gaspard Koenig

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 mai 2015
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Par Alexis Vintray.

Le révolutionnaire, l'expert et le geek, par Gaspard Koenig (Crédits Plon, tous droits réservés)
Le révolutionnaire, l’expert et le geek, par Gaspard Koenig (Crédits Plon, tous droits réservés)

Révolutionnaire, planiste ou geek, voici les trois faces des influences que l’histoire française feraient sommeiller en chacun d’entre nous selon Gaspard Koenig, essayiste bien connu de nos lecteurs. Entre ces trois influences, il nous invite, dans Le révolutionnaire, l’Expert et le Geek (Plon, 2015) à choisir pour rejeter la servitude volontaire dans laquelle nous sommes aujourd’hui tombés : « Gérard Oury, le créateur de Rabbi Jacob, passerait devant les tribunaux pour incitation à la discrimination. Joseph Oller, l’inventeur du pari mutuel, serait sommé d’arrêter ses activités pour cause de concurrence déloyale vis-à-vis des bookmakers. Haussmann abandonnerait ses projets incompatibles avec le Plan Local d’Urbanisme », etc. « De protecteur des libertés, l’État s’est mué en surveillant général ».

Pour expliquer ce déclin des libertés, l’auteur, philosophe, rejette l’économie et s’intéresse plutôt à l’histoire, moderne ou contemporaine : d’où sa décomposition, radicale, en trois étapes-clef, illustrant trois archétypes de la pensée française, le révolutionnaire, l’expert (ou technocrate, ou planiste) et le geek.

Après la dérive planiste des experts, léguée par le régime de Vichy et largement poursuivie depuis, il est temps selon l’auteur de revenir au modèle révolutionnaire qu’il qualifie de « jacobinisme libéral » et incarné par le député du Tiers-État Isaac Le Chapelier, père de la loi sur les corporations. Un libéralisme certes, mais marqué par l’héritage français et plus modéré que celui que les plus radicaux de nos lecteurs pourraient désirer, mais qui vise le même but dans un « combat pour l’autonomie » individuelle. Enfin, au retour à cette source, Gaspard Koenig ajoute la « maîtrise de l’utopie numérique, en imaginant un nouvel humanisme qui réponde aux défis de la Silicon Valley et un État 2.0 qui nous redonne le contrôle de notre destin numérique ». Un tableau de la révolution qui vient, et des risques qu’elle peut aussi faire peser sur l’individu et sa liberté, avec un message de vigilance face aux trop grands espoirs que cette révolution en cours pourrait faire naître.

Au travers de l’ouvrage, l’auteur explore ces trois facettes de l’héritage français, de 1789 à aujourd’hui, en essayant de distinguer ce qui pourrait être la spécificité d’une voie française, libérale et non libertarienne, pour revenir à notre liberté perdue. À nous aussi de retrouver la « révolution libérale » qui fut celle d’une partie de la Révolution Française de 1789. Une révolution éminemment française, comme Gaspard Koenig le rappelle justement, avec de grandes figures comme Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat ou Alexis de Tocqueville.

La thèse de l’auteur et le livre sont servis par un style agréable et facile à lire, comme les précédents livres de l’auteur. Si la thèse est intéressante, l’on ne peut s’empêcher d’y voir toutefois une limite non négligeable : dans sa défense d’un « jacobinisme libéral » (assez paradoxal dans les termes si l’on écarte le cas Le Chapellier), l’auteur prête à l’État un rôle bénéfique, positif, pour protéger les libertés, au lieu de mettre cette responsabilité dans la société civile, face à un État menaçant. Un choix à la base de tout le livre, qui pourtant sera très loin de faire l’unanimité, en particulier chez les libéraux. Cela n’en rend pas moins le livre intéressant, mais le principe de base mériterait d’être discuté et contredit car il est tout sauf évident et acquis, justement au vue de l’histoire française…

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  • Révolutionnaires, experts et geeks procèdent du même mal Français : celui de croire que l’on peut expliquer et donc changer le monde sans lui donner de sens.

    8% des bacheliers seulement sont issus de la série L, 92% de filières techniques, technologiques ou scientifiques : futurs experts ou geeks, aux cerveaux farcis de propagande révolutionnaire.

    Combien sont les jeunes Français vraiment capable de comprendre l’esprit des Lumières ?

    Alors oui, la société civile, le scientisme et le Droit, éléments si chers aux libertariens sont des sous marins socialistes, des sophismes introduits avant même 1789 dans la réflexion des Lumières en grande partie par Rousseau, par cette volonté de rationaliser la morale, le magique et la joie, de rationaliser le bonheur.

    Mais il y a un immense travail à faire pour réussir à détricoter tous les mythes qui sont à leur origine : mythes qui sont la cause de l’arrogance extrême et de l’absence totale de pragmatisme de ce pays : ces mythes qui empêchent les gens d’envisager l’avenir autrement.

    Ca pays n’est pas foutu, mais ce pays croit dur comme fer le contraire et s’enfonce dans le déni.

    • Il n’y a pas besoin d’être en L pour comprendre la philosophie des Lumières. Surtout vu l’état de l’éducation nationale aujourd’hui.

      • Non, m’ai ce n’est pas en devenant des champions des intégrales triples et des transformées de fourrier que cela risque de s’améliorer.

        Ces chiffres traduisent bien la ‘mode’ scientiste qui sévit dans ce pays : tant que dans ce pays on pensera qu’il faut être fort en math pour savoir faire la part des choses … on n’est pas près d’avancer.

        • Je ne peux pas être d’accord avec vous. Il faut plus s’en prendre à la mentalité de ce siècle — et peut-être des siècles passés, car je n’ai pas l’impression qu’il y ait plus de cancres aujourd’hui que par le passé —, que de regretter que les étudiants sortent de filières techniques. Les intellectuels c’est bien beau, mais c’est encore plus beau quand ils servent à quelque chose. Peut-être est-ce à l’école qu’il faut s’en prendre de ne pas dispenser comme l’aurait voulu Condorcet une culture générale pour tous, peut-être est-ce regrettable, mais ce n’est pas la littérature et l’Histoire qui font tourner nos entreprises et qui créent l’innovation de demain. Vous devriez vous féliciter d’avoir de grands mathématiciens en France, car c’est aujourd’hui tout ce qui reste à votre pays, car le monde c’est aujourd’hui que ça se passe. La France ne manque pas de lettré — qui sont majoritairement de bons socialistes —, la France manque d’entrepreneurs et de créateurs de services.

          • Je ne pense pas que la technique soit l’élément déterminant à la création d’entreprise : le commerce, l’organisation, les rapports humains, la culture etc… sont largement plus importants.

            Le problème est que ces domaines sont considérés sous un angle purement scientifique dans ce pays, et sont donc au mieux négligés, au pire instrumentalisés (le lettré intello gaucho), alors qu’une approche pragmatique et culturelle est absolument nécessaire.

          • et elle manque de bouchers, de bucherons , de conducteur de travaux , de mécaniciens , de boulanger …

            les français ne sont ni en train de devenir des technitiens , ni des scientifiques, mais des burocrates pétris d’obscurantisme distillée par les médias à longueur de semaines et d’années :

            quelques jours en arrières, pujadas faisait dans son journal, l’éloge d’un rebouteux savoyard , qui prétendait guérir par l’apposition des mains … MDR , on y voyait un éleveur, qui l’avait appelé pour une hémorragie sur une vache, expliquant que le vétérinaire était trop loins … quand on est un éleveur compétant, on a pas besoin d’un vétérinaire pour arrèter une hémorragie et m’est avis que cette dernière c’est arrêtée toute seule plutot que sous l’effet du marabout ! dans cette affaire, ce qu’on reproche au vétérinaire, c’est surtout d’avoir bac + 8 et d’etre un homme des lumières …

            ayant un BTS agricole, je peut certifié que le niveau technique des français du milieu rural est effrayant est qu’il baisse d’année en année … l’ombre noire de mai 68 n’est pas prête de d’obscurcir le ciel de france.

  • J’essaie de faire un effort, mais je ne vois pas très bien ce qui différencie Gaspard Koenig des socio-démocrates market-compatible et des social-libéraux welfare-compatible.

      • Merci, l’interview est très intéressante, il reste certes pas mal de sujet encore en friche, mais Gaspard Koenig semble avoir avec ce livre fait un grand pas en avant.

        Le réflexion sur l’Etat est toujours autant en friche, mais sa réfutation de l’argument libertarien fait extrêmement sens : les sociétés sans Etat sont des sociétés communautaires oppressives.

        • L’ouest américain à été communautaire et NON oppressif. Et puis entre des communautés oppressives et un état oppressif (il l’est toujours) mon cœur balance comme dirait l’autre…

          • L’Etat était extrêmement présent dans l’Ouest américain : l’Etat et non les services publics, pas le gouvernement : la langue commune, la monnaie, le modèle d’organisation politique, la voie de recours suprême, la constitution et les amendements qui servait de base au common law…

            Je rejoint entièrement Koenig : ce n’est pas parce que les socialistes ont fait un hold-up sur l’Etat qu’il faut refuser sans creuser de se poser là question de l’Etat.

            Cela est valable pour presque tout en politique : les socialistes ont le don pervers de renverser tout et d’en faire des machines à voix, à dépense publique et à fonctionnaires : ne viennent-ils pas de faire voter une loi qui renforce le contrôle et les moyens de surveillance au nom de la liberté ?

  • Ce que je n’aime pas dans le « jacobinisme libéral » c’est que le jacobin impose à tout le pays et à tous (l’Hisoire a montré qu’il savait faire) ce qu’il croit être libéral. La Révolution fourmille d’exemple d’ « affranchisements » libéraux prélude à une centralisation sans contre-pouvoirs.

    Charles Beigbeder a développé une réponse à Gaspard Koenig
    http://www.lefigaro.fr/vox/economie/2015/04/21/31007-20150421ARTFIG00133-peut-on-etre-liberal-et-conservateur-la-reponse-de-charles-beigbeder-a-gaspard-koenig.php

    • Après avoir lu l’interview de Koenig référencé par Brian plus haut, de nouveau un excellent niveau de débat : A la fois Koenig et Beigbeder ont des arguments qui font extrêmement sens … Comme un sentiment que ce qui manquait au libéralisme en France : le niveau de débat et d’idées est en train de faire de gros progrès : on semble enfin sortir du nivellement par le bas de la politique politicienne populiste binaire et autiste.

      • Franchement, ça dépend. C’est quoi leur volonté d’inventer de nouvelles écoles libérales ? Il y en a pas déjà assez ? D’un côté, Beigbeder qui nous parle de conservatisme libéral — et de libertarisme, aka libéralisme libertaire ; Clouscard, où te caches-tu ? —, de l’autre Koenig qui nous parle de jacobinisme libéral et qui visiblement ignore que les jacobins étaient avant tout des républicains pas très libéraux. Notez que je n’ai pas lu le livre, et bien que je trouve les deux articles intéressants, que je sois ravi de voir le libéralisme revenir dans le débat politique — mais l’avait-t-il vraiment quitté, n’est-ce pas, hashtag néo-turbo-ultra-libéralisme —, je suis pour le moins dubitatif quant aux connaissances historiques de ces deux garçons…

        • Il y en a clairement trop et elle sont clairement trop cloisonnées, voire limite sectaires.

          Mon analyse est que le libéralisme a été largement perverti, transformé, décrié, manipulé etc… Tout Français se réclame de la DDHC de 1789, mais n’a jamais pris 10 minutes a analyser dans le détail ces articles et se contente de sophismes et d’anachronismes.

          Je suis également dubitatif sur les connaissances historiques de ces deux garçons, mais faut-il les blâmer pour cela, cela semble d’une telle banalité, pour ne pas dire plus…

  • Nous sommes tous plus ou moins libéraux, mais peut-être pas d’accord sur tout … Quand on lit dans le bouquin de Gaspard qu’il est pour l’interdiction de l’enseignement privé, « une réforme brutale, (qui) entrainera des résistances, que l’Etat jacobin devra briser sans état d’âme », on comprend que son « jacobinisme libéral »est en réalité totalitaire.

    Au contraire, les libéraux doivent s’attacher à promouvoir la vraie liberté, celle de l’individu, et moins l’Etat se mêle de ses affaires, mieux il se porte. Non, il n’est point besoin d’une « centralisation puissante pour émanciper l’individu de ses tutelles ». Les Etats décentralisés comme la Suisse, pays de la démocratie directe, du gouvernement modeste, sont ceux qui assurent le mieux la liberté de l’individu.

    Voici ma réponse à son article d’hier soir: http://libertarien.overblog.com/2015/05/debat-avec-les-liberaux-mediatiques.html

    • Je me suis fait la réflexion. Au fond, Koenig est un républicain qui s’ignore. Bien qu’il y ait eu des républicains libéraux, tous les républicains n’étaient malheureusement pas des libéraux. Le jacobinisme c’est la centralisation. Les penseurs libéraux ont toujours été plus favorables à la décentralisation. Le jacobinisme c’était la haute administration. Les libéraux ont toujours été plus ou moins méfiants vis-à-vis des hommes d’Etat et de ce que l’on pourrait qualifier soit bureaucratie, soit technocratie. C’est un drôle de mariage qu’il essaie d’arranger. Jacobinisme et libéralisme ont moins en commun qu’ils ont en différences. Mais ma foi, c’est un aussi drôle mariage que celui arrangé par les conservateurs qui se disent aujourd’hui libéraux.

      • Vous voulez dire que le libéralisme sert de cache sex faire valoir pour ces deux courants d’oppression politique?

        • Non que le libéralisme été transformé en doctrine sectaire par des courants intellectuels.

          Certains pour ne pas dire beaucoup de libertariens sont extremement sectaires et intolérants et transpirent de dogmes socialistes, dont en tête de liste un rationalisme athée intransigeant.

    • C’est effrayant.

      Mais les propos de G. Koenig sont tout de même légèrement nuancés. A strictement parler, il ne veut pas interdire l’enseignement privé en général, mais « seulement » celui hors-contrat (i.e., le véritable enseignement privé).

      A vrai dire, en matière d’éducation, GK semble étonnamment proche de Vincent Peillon. Je cite :

      « Car les enfants ne sont pas la propriété de leurs parents [ok] : ce sont des individus en puissance, qu’il appartient à l’Etat de rendre autonomes et de sevrer des liens qui les ancrent dans telle ou telle tradition [pas ok]. » (Koenig)

      « l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen » (Peillon)

      « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel » (Peillon)

      (V. le billet de h16 sur le sujet : http://h16free.com/2013/10/11/26393-peillon-la-reference-education)

      • Polpot et toute la horde des pires dictateurs communiste applaudissent des deux mains…

      • Koenig fait beaucoup parler de lui, avec cette espèce de charme libéral conservateur fougueux très médiatique qui le différencie avantageusement de la jeunesse socialiste… C’est un personnage d’action libérale, mais son inconsistance historique et psychologique le rendent parfois extrêmement difficile à suivre. Un peu comme un Sarkozy libéral.

        On sent qu’il a parfois raison mais les chemins qu’il utilise pour le démontrer sont si tortueux qu’il pourrait cent fois nous perdre. Sans doute est-il trop intelligent.

        L’idée de faire remonter l’esprit de planification et de déresponsabilisation à Pétain est aussi frappante que caricaturale, en ce qu’elle ne signifie rien à l’extérieur de France. Ceci devrait nous dnner un indice de sa manière de penser.

        C’est ce jeu avec la caricature qui fait dire à ses rivaux (merci pour le lien Figaro ci-dessus)
        qu’il crée des « déracinés ».

        Pétain évoque tout sauf un mouvement philosophique historique, mais Koenig l’utilise comme symbôle imparfait de l’esprit de planification pour ce qu’il a d’ambigu dans l’imaginaire collectif francais, non pour son rôle historique réel.

        A une époque, la pensée militariste a pu être interprétée comme symbole honorable de droiture et le moment d’après comme symbole d’aveuglement orgueilleux par effet d’extrême rigidité, sans que cet homme n’ait rien changé à sa manière de voir.

  • Autre (petite) chose qui me dérange dans l’ouvrage de G. Koening, et que j’ai déjà retrouvée plusieurs fois sous sa plume ou dans ses propos : son attaque contre les « systèmes ».

    Notre auteur écrit en effet (en se référant au Traité des systèmes de Condillac) :

    « Or, le libéralisme est une pensée complète, mais une pensée sans système. […] Au contraire, le philosophe « libéral », pour employer un terme qui n’existait pas encore du temps de Condillac, admet d’emblée le caractère indéfini de la connaissance. L’impossibilité de la catégorisation, le rejet de toute essence fixe impliquent des glissements constants entre les concepts. » (G. Koenig).

    L’accusation de « philosophie à système » pour discréditer un raisonnement m’a toujours paru relever de la paresse d’esprit. Certes, il existe des personnes dont on peut dire qu’elles pèchent par excès de système, parce qu’elles tirent des conclusions abusives là où on ne peut qu’être réduit à l’agnosticisme.

    Mais, en aucun cas, l’on ne condamner en bloc tous les systèmes. Il faut distinguer entre les bons et les mauvais systèmes, en montrant concrètement à quel endroit un auteur donné quitte le chemin de la raison pour s’aventurer dans l’abus de « système ».

    C’est dur, c’est fatigant, mais, si l’on veut raisonner sérieusement, il n’y a pas de d’autre voie.

    Contra G. Koenig, penser consiste – en grande partie, pas exclusivement – à « catégoriser » et « définir des essences ». Que bien des gens catégorisent à tort et définissent mal est une autre affaire.

    Bref, l’accusation d’« esprit de système », lorsqu’elle n’est pas accompagnée par une réfutation concrète des arguments adverses, mrelève de la facilité intellectuelle.

    Plutôt que Condillac, G. Koenig aurait dû citer Turgot :

    « La résistance que ces principes ont éprouvée a donné occasion à plusieurs personnes de représenter M. de Gournay comme un enthousiaste et un homme à système. Ce nom d’homme à système est devenu une espèce d’arme dans la bouche de toutes les personnes prévenues ou intéressées à maintenir quelques abus, et contre tous ceux qui proposent des changements dans quelque ordre que ce soit. […]

    Si les gens du monde condamnent aussi les systèmes, ce n’est pas dans le sens philosophique : accoutumés à recevoir successivement toutes les opinions, comme une glace réfléchit toutes les images sans s’en approprier aucune, à trouver tout probable sans être jamais convaincus, à ignorer la liaison intime des conséquences avec leur principe, à se contredire à tous les moments sans le savoir et sans y mettre aucune importance, ils ne peuvent qu’être étonnés lorsqu’ils rencontrent un homme intérieurement convaincu d’une vérité, et qui en déduit les conséquences avec la rigueur d’une logique exacte. Ils se sont prêtés à l’écouter : ils se prêteront le lendemain à écouter des propositions toutes contraires, et seront surpris de ne pas voir en lui la même flexibilité. Ils n’hésitent pas à le qualifier d’enthousiaste et d’homme à système. […]

    Il est cependant vrai que tout homme qui pense a un système, qu’un homme qui n’aurait aucun système ou aucun enchaînement dans ses idées ne pourrait être qu’un imbécile ou un fou» (Eloge de Gournay).

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