Les baisses d’impôts au Kansas : un échec ?

Le Kansas démontre-t-il que la politique d’austérité n’est pas un moyen efficace pour relancer l’économie ?

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Les baisses d’impôts au Kansas : un échec ?

Publié le 4 mai 2015
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Par le Minarchiste

Dr Laffer's Trickle Down Austerity Elixir - DonkeyHotey  (CC BY 2.0)
Dr Laffer’s Trickle Down Austerity Elixir – Credits : DonkeyHotey via Flickr (CC BY 2.0)

 

kansas2La gauche (menée par Paul Krugman) mène présentement une offensive contre la courbe de Laffer en prenant le Kansas comme contre-exemple. En 2012, le gouvernement de cet État mené par le Républicain Sam Brownback a instauré des réductions d’impôts dans le but de stimuler la croissance. Ces réductions seront mises en place entre 2013 et 2018. Jusqu’à maintenant, le Kansas a continué de tirer de l’arrière en ce qui concerne notamment la création d’emplois comparativement à la moyenne nationale. Est-ce là une preuve que les réductions d’impôts ne sont pas un moyen efficace de relancer une économie ?

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L’emploi

Tout d’abord, il est intéressant de comparer le Kansas à son voisin le Missouri. La ville de Kansas City est d’ailleurs à cheval sur les deux États. Dans cette ville, depuis 2012, la création d’emplois a été supérieure du côté du Kansas à ce qu’elle a été du côté Missouri. Par ailleurs, le taux de chômage a diminué significativement plus dans l’État du Kansas que du Missouri, à un niveau enviable de seulement 4,4% actuellement (versus 5,9% au niveau national).

On peut d’ailleurs comprendre que comme le Kansas avait un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale (et à la Californie qui est à 7,3%), il est normal que la création d’emploi en reprise économique y soit inférieure aux États où la récession a été la plus sévère. Le taux de chômage du Kansas est aujourd’hui nettement inférieur à ceux de la Californie et de New York, qui ont des taux d’imposition beaucoup plus élevés.

D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’en observant l’emploi total, on inclut la fonction publique, qui au Kansas a été réduite de -1,4%, alors que le nombre de fonctionnaires a augmenté au niveau national. L’emploi privé (excluant la fonction publique) a mieux fait au Kansas depuis les réductions d’impôt.

Loin d’un paradis fiscal

Même après la première vague de réductions d’impôts, le taux d’imposition du Kansas demeure relativement élevé, surtout comparativement à certains de ses voisins. Le taux actuel de 4,9% demeure plus élevé que celui du Colorado (4,6%), alors que le Texas, le Dakota du Sud et le Wyoming n’ont pas d’impôt sur le revenu. Donc, ces réductions d’impôts ne font que réduire l’écart entre le Kansas et ses voisins, sans toutefois rendre cet État soudainement attrayant d’un point de vue fiscal. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la taxe de vente a été augmentée.

Autres indicateurs

Depuis le quatrième trimestre de 2012, le revenu personnel a augmenté de 2,92% au Kansas versus 2,85% pour la moyenne nationale, ce qui est supérieur à tous les États voisins excepté le Colorado. Concernant les salaires moyens hebdomadaires, ils ont augmenté de 4,82% au Kansas, plus de 4 fois plus qu’au Missouri, 7 fois plus qu’au Nebraska et 4 fois plus qu’en Oklahoma.

Baisse des revenus de taxation

En conséquence des baisses d’impôts, les revenus de taxation ont diminué comparativement à 2012. Ceci dit, il ne faut pas oublier que 2012 avait été une année exceptionnelle. En raison d’une augmentation de l’impôt sur les gains en capitaux au niveau fédéral, les contribuables se sont empressés d’encaisser ces gains en 2012 plutôt qu’en 2013 pour réduire leur facture fiscale, ce qui a généré une grande entrée de fonds en 2012. La baisse de revenus en 2013 n’est donc qu’un redressement de cette anomalie.

Laissons leur un peu de temps…

Les baisses d’impôts viennent à peine d’être mises en place et ne le seront complètement qu’en 2018. Est-il vraiment raisonnable d’avoir espéré des résultats spectaculaires après seulement 2 ans ? Les gens auront davantage d’argent dans leurs poches, qu’ils pourront utiliser pour rembourser leur dettes, mais aussi pour consommer et investir, ce qui créera éventuellement des emplois. C’est plutôt en 2020 ou même 2025 que l’on pourra vraiment évaluer l’impact économique des baisses d’impôts de Sam Brownback.

Kansas - René Le Honzec - Contrepoints433Par ailleurs, l’économie du Kansas n’est pas un vase clos. Il se peut qu’une part de ces économies d’impôts soit utilisée pour consommer des biens produits ailleurs aux États-Unis ou investir dans des entreprises situées hors du Kansas, contribuant ainsi à l’économie nationale. Il serait d’ailleurs normal que ce capital aille dans les États où le taux de chômage est plus élevé et où la main-d’œuvre est possiblement moins chère, d’autant plus que le taux d’imposition des entreprises demeure plus élevé au Kansas que la moyenne nationale. Dans cette perspective, il est logique de ne pas assister à une embellie significative seulement deux ans après ces mesures.

Cependant, on peut questionner la manière utilisée pour financer ces baisses d’impôts. À cet égard, il semblerait que l’administration Brownback ait coupé dans l’éducation plutôt que dans la bureaucratie, ce qui pourrait s’avérer contre-productif.

Ceci dit, les chiffres à plus long terme sont éloquents. Au cours des deux dernières décennies, les 9 États qui n’ont pas d’impôt sur le revenu ont bénéficié du double de croissance de population et plus du double de croissance des revenus comparativement aux États ayant les taux d’imposition les plus élevés. Entre 1990 et 2014, le Texas et la Floride, les deux plus gros États sans impôt, ont observé une croissance de l’emploi de 65% et 45% respectivement, ce qui se compare favorablement à la Californie (+24%) et à New York (+9%), dont les taux d’imposition sont très élevés.

En somme, la gauche devrait mettre les choses en perspective avant de tirer des conclusions aussi hâtives…


Sur le web.

Références :

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  • Bonjour
    Peut-être aussi qu’en baissant les impôts, l’état du Kansas a licencié des fonctionnaires, donc dans un premier temps le taux d’emploi a chuté.

  • J’ai beaucoup suivi cette expérience au Kansas, il faut d’ailleurs signaler que le gouverneur qui les a mis en place a été réélu malgré les attaques contre lui.
    Il est clair qu’il faut laisser le temps au Kansas d’en voir les effets, surtout qu’il s’agit d’un Etat démographiquement assez âgé et à la croissance démographique modérée.

    Le Kansas suit la voie du Texas et de la Floride, lentement, et en sera récompensée à long terme.
    Il est vrai que couper dans l’éducation n’est par contre pas très intelligent, au moins le nombre de fonctionnaires a baissé !

    • Le Texas et la Floride ce sont deux états complètement différents du Kansas.
      Il faut quand même prendre en compte que le Kansas n’est pas un état avec un fort potentiel de croissance. Il ne fera probablement pas de miracles.

      • C’est un peu ce que je disais, il peut néanmoins faire mieux que ce qu’il fait maintenant. Une croissance modérée un peu au-dessus de 2% l’an + chômage bas serait plus que suffisant 🙂

    • Sans les ressources énergétiques ou un positionnement sur la mer du Texas ou une attractivité touristique et un positionnement au sud sur la mer de la Floride qui attire les retraités on voit mal comment le Kansas pourra faire les mêmes chiffres.

  • j’aime la fin , en effet je crois dur comme fer que l’impôt est une imbécilité contre productive quelque soit son taux .

  • En même temps à part Piketty qui écoute encore Krugman ?? Le seul au monde pour vanter encore le modèle français….

    • Si j’étais conspirationiste, je dirais que Krugman est un libéral qui troll délibérément pour faire passer les keynésien pour des imbéciles profond.

  • On ne le verra jamais ici. 9 millions de pauvres 8 millions de chômeurs, 300 à 400 000immigrés légaux qui arrivent au dessus de tout cela, chaque année, 2 200milliards de dettes…
    Il faut être logique…

  • Enfin prendre le Texas et la Floride comme exemples nécessitent de préciser les choses.

    Sur la Floride:

    Une économie qui dépend principalement du tourisme et des retraités pas forcément reproductible dans les états au climat moins intéressant et sans plage
    http://www.politifact.com/florida/statements/2014/jul/23/nan-rich/nan-rich-says-tourism-and-retirees-dominate-florid/

    Sur le Texas:
    Une économie qui dépend des ressources énergétiques et une immigration de main d’oeuvre pas chère
    http://www.cbpp.org/research/the-texas-economic-model-hard-for-other-states-to-follow-and-not-all-it-seems

    Autant dire que ce n’est pas reproductible partout dans le pays. Une fiscalité basse attire les riches et les investisseurs et favorise certains pays qui la pratiquent. Si tous les pays la pratiquent alors l’avantage des premiers pays disparait car les riches et les grosses entreprises n’auront plus besoin de se déplacer. Les chiffres souvent cités pour montrer l’avantage de taxer moins ne marchent que parce qu’une grosse partie du capital étranger vient sur peu de pays. Si ces capitaux peuvent aller partout dans le monde alors ces chiffres de croissance seraient dérisoires.

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