Qu’est-ce qu’un Peuple ?

Quelle conception libérale du peuple peut-on défendre ?

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Norman Rockwell Mosaic credits Shannon (CC BY-NC-ND 2.0)

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Qu’est-ce qu’un Peuple ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 avril 2015
- A +

Par Gabriel Lacoste.

Norman Rockwell Mosaic credits Shannon (CC BY-NC-ND 2.0)
Norman Rockwell Mosaic credits Shannon (CC BY-NC-ND 2.0)

 

Les idéologies politiques modernes sont largement des récits de la société qui placent notre Peuple au centre de l’attention. Les élites justifient leur pouvoir par les bienfaits qu’ils ont sur Lui. Les élections, les sondages, les journalistes, les animateurs de radio, les enseignants, les syndicats et les associations citoyennes prétendent Lui donner une voix. Les dangers qui Le menacent en vrai ou en imagination déclenchent des guerres. Comme une divinité, Il est partout et Il légitime tout, même s’il n’y a pas d’accord sur ce qu’Il pense et sur les frontières qui le définissent. Les mystères de la foi démocratique sont impénétrables… Dans tout ce charabia, posons-nous la question qui tue : qu’est-ce qu’un Peuple ?

Les différentes réponses

  • Les libéraux : c’est une abstraction dangereuse. Les Peuples ne sont pas des êtres conscients d’eux-mêmes, alors que c’est l’ingrédient fondamental de la valeur. Ce sont les individus qui possèdent cet attribut sacré et qui ont donc des droits.
  • Les socialistes : c’est une foule de combattants solidaires contre l’oppression monétaire de quelques grands propriétaires fourbes. L’étendue du Peuple dépasse la frontière des cultures et des États. Il y en a un seul dans le monde. Cependant, les élites Le gavent de préjugés aliénants qui Le divisent.
  • Les nationalistes : c’est un Être dont les contours sont tracés par une langue, une culture, des coutumes et une origine communes. Par analogie avec les personnes, le Peuple lutte pour sa survie. Il entretient une relation fusionnelle à son territoire, à son État et à ses industries. La présence d’étrangers chez Lui est une menace qui nécessite une surveillance.
  • Les conservateurs : c’est un ensemble de gens normaux menacés par des déviances. Le Peuple travaille dur, paie des taxes, bâtit des familles, est ordonné et s’exprime poliment. Sans autorité, Il est tenté d’être criminel, drogué, enfant roi, lunatique, libertin et paresseux.
  • Les démocrates : c’est un artifice politique dont la forme est flexible. Ce sont les élections, les sondages, les décisions de ses représentants, le jeu médiatique et les résultats de divers mécanismes légaux qui Le définissent. Dans ce cadre, le Peuple peut légitimement choisir d’être libéral, nationaliste, socialiste ou conservateur.

Les failles

Ce bref portrait met en lumière des lacunes majeures dans le concept de Peuple.

La position classique des libéraux n’est pas si évidente. Elle s’appuie sur l’intuition de l’âme en affirmant que les Peuples n’en ont pas. Cependant, des métaphysiciens laïques ne pensent pas que les individus en ont davantage. La capacité de se reconnaître soi-même comme étant le même à différents temps et lieux (la définition de personne selon J. Locke) fluctue d’une situation à l’autre et donc son unité est plus imaginée que réelle. (Voir à cet effet les réflexions de D. Parfit et D. Dennett.)

Les socialistes s’appuient sur des superstitions économiques. Selon eux, les ressources sont distribuées aléatoirement par le destin en quantité fixe et limitée. Le commerce se concentre entre les mains des plus chanceux. Le reste doit devenir un Peuple afin de rétablir l’équilibre. Or, ceux qui vendent pacifiquement des services n’enlèvent rien à qui que ce soit, mais offrent simplement des solutions mutuellement gagnantes. Pire, ceux qui s’unissent derrière une bannière politique détruisent ces réseaux d’affaire bénéfiques pour y substituer leurs préjugés, leurs envies et leurs ambitions personnelles.

Les conservateurs ont une vision trop étroite de ce qui est normal. De plus, ils surestiment la capacité du pouvoir d’apporter la moindre émulation des Peuples. À travers la libre-commerce, les individus se facturent entre eux les conséquences néfastes de leurs choix. Ils se responsabilisent. Ce sont les institutions autoritaires qui assouplissent ces mœurs en taxant plutôt la collectivité.

Les nationalistes imposent aux Peuples des frontières en contrôlant les entrées et les sorties des individus sur un espace donné, en programmant leur éducation et en protégeant des industries. Or, les Peuples réels désirent souvent avoir un voisinage diversifié, établir des réseaux d’échanges avec l’extérieur, se débarrasser des modèles d’affaires archaïques et/ou migrer. Les États les emprisonnent ainsi dans des identités factices beaucoup plus que les protéger contre les étrangers.

Les démocrates surestiment la capacité des institutions politiques de nous informer des préférences fédératrices des individus. Les élections, les médias, les sondages, les manifestations, l’enseignement, la recherche et les syndicats sont des outils de communication biaisée, incomplets et même déformants pour déterminer ce que chacun pense. Ce qui résulte de la vente et de l’achat dans un libre-marché exprime beaucoup plus directement ce que de larges groupes d’individus veulent, et surtout à quel prix.

La liberté des peuples

people rené le honzecPour ma part, je m’inscris dans le courant de pensée libéral, mais je crois que le Peuple existe et qu’il est une entité moralement significative. Contradictoire ? Non. Je m’explique.

Les libéraux n’ont pas besoin de nier l’existence et la valeur des Peuples, mais simplement leur transcendance. C’est l’idée qu’un groupe puisse vouloir quelque chose au-delà de ce que veulent ses membres individuellement qui est absurde. Si un million de téléspectateurs sont unis par une partisannerie sportive, il y a bien un groupe qui se manifeste à travers eux. Cette expérience donne effectivement à la vie humaine une dimension plus riche. Ce qui n’a pas de sens, c’est de supposer qu’ils veulent individuellement regarder le hockey ou le football pendant qu’ils veulent collectivement faire la révolution sans en être tout à fait conscients.

Cette nuance est liée à la liberté économique. Lorsque les individus circulent sur des marchés et y choisissent leurs loisirs, leurs produits culturels, leurs occupations lucratives, ils forment des grands ensembles conscients collectivement d’eux-mêmes. Donc, des Peuples y naissent, s’y déploient et meurent librement. Si nous voulons comprendre leurs frontières et leurs préférences, observons les agir sans intervenir. Or, lorsque les amateurs de politique s’en mêlent, ils n’ont aucun respect pour ces communautés, car ils veulent les forcer à changer de trajectoire, les réduisant à un projet. Ils en appellent à des Peuples transcendants qui ne sont pas ceux que nous avons devant les yeux, mais qui existent dans un univers platonicien d’idéaux qui illuminent les ombres de nos cavernes. De mon point de vue libéral, les Français ou les Québécois existent, mais le prolétariat mondial, les citoyens du monde, le Québec progressiste ou la race des meilleurs, non.

Cette précision permet d’effectuer un renversement de perspective. Les individualistes, ce sont les socialistes, les nationalistes, les conservateurs et les démocrates. Lorsqu’un individu se révolte contre les choix qui lui sont offerts sur les marchés, il se bat littéralement contre le Peuple qui y œuvre et il le fait au nom de son Ego blessé.

Au fond, les libéraux ne nient pas l’existence des Peuples comme entité méritant le respect. Ils affirment simplement que ceux-ci doivent naître, vivre et mourir librement. Cela signifie ne pas les clôturer par des douanes, des gardiens, des programmes scolaires uniformes et accepter ce qui en découle. De plus, ces collectivités s’expriment pacifiquement à travers le commerce et le respect de la propriété plutôt qu’à travers des institutions « démocratiques » et des États.

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  • Article très intéressant, le point de vue est intègre et intellectuellement objectif. J’aime beaucoup, ne m’étant jamais posé cette question « qu’est ce qu’un peuple », cette réflexion m’a enrichi. Merci.

  • Votre article est intéressant car ce type de question faussement simple amène toujours des réponses complexes.
    Tout d’abord il y a l’écueil de l’utilisation du mot « peuple » qui peut être à la fois un groupement selon certains critères ethniques, culturels etc… ce que j’appellerai le peuple horizontal, ainsi on parlera de peuple juif, français, Peul etc… dans cette acception les élites sont partie intégrante du peuple.
    Et puis il y a le peuple vertical qui dissocie justement l’élite économique et/ou culturelle d’une masse appelé peuple. Cette différence marque le danger du détachement de l’élite, son aristocratisation.

    Votre définition libéral du peuple lié à la liberté économique est une construction en chantier perpétuel.
    Je m’explique les peuples ne sont pas immuables par exemple nous pouvons dire qu’aujourd’hui il y a un peuple français mais avant l’invention du rail les peuples se définissaient comme régionaux. Le peuple breton n’était pas le peuple savoyard etc…
    Ce cloisonnement faisait que l’individu qui est à la base de la définition libéral des peuple n’était pas libre mais au contraire infiniment limité par son lieu de naissance, qui conditionnait sa langue, son économie, son horizon etc…
    Aujourd’hui un enfant né en Bretagne de parent d’origine auvergnate et alsacienne pourra faire ses études à Toulouse et travailler à Bordeaux ou à Londres.

    Et demain ?

    Le peuple français n’est pas le peuple allemand ou anglais mais le peuple français d’hier n’est pas le peuple d’aujourd’hui et votre définition libéral du peuple rend mieux cette mouvance lente mais irrésistible.

    Néanmoins les autres définitions du peuple rendent peut être mieux certains mécanisme, par exemple la définition nationaliste et/ou conservatrice parle des mouvement de résistance à ses modifications en parlant de traditions etc…

    Mais en tous cas voici un article enrichissant (ce qui me change de la colère que j’ai ressenti sur l’indigence des arguments d’un autre article écrit par un scientifique de renom)

  • Les concepts de peuple que vous évoquez sont des constructions mentales : elles n’ont d’existence que par leur définition, qui est comme vous l’avez très bien expliqué, différente selon les sensibilités.

    Comme toutes les constructions mentales, le grand danger est d’en faire une vérité, un axiome de réflexion, à partir duquel le raisonnement sera intellectuellement très satisfaisant, mais se trouvera toujours en décalage avec la réalité à un moment donné.

    Comment 6 lettres peuvent-elle être suffisantes pour décrire in extenso le comportement de millions d’individualités ?

    Votre article est très intéressant, parce qu’il caractérise assez bien les travers que peuvent prendre la raison : une construction mentale n’est clairement pas définie pas elle-même, mais par le contexte qui l’entoure.

    Le sens originel, romain de Peuple est lui très intéressant, car concret.

    Cette phrase de Cicéron que l’on trouve dans Wikipédia devrait être ressortie systématiquement à tous les manipulateurs sémantiques qui utilisent les constructions mentales, les abstractions …

    « Par peuple, il faut entendre, non tout un assemblage d’hommes groupés en un troupeau d’une manière quelconque, mais un groupe nombreux d’hommes associés les uns aux autres par leur adhésion à une même loi et par une certaine communauté d’intérêt. »

    Le Peuple est l’ensemble des ‘signataires’ d’un contrat social, contrat qui peut clairement prendre des formes diverses (tradition, nation …)

    Le Peuple se définit par ce qu’il est, pas par ce qu’on lui prête d’être.

    Il apparait donc clairement que toutes les définitions que vous donnez ont une part de vérité … dès lors que l’on définit ce qui compose la communauté d’intérêt qui uni le Peuple … d’où la manipulation, le décalage entre concept et réalité : dès que l’on prête au Peuple des intentions qui en quelque sorte sont les nôtres.

    Le Peuple est donc bien un artifice politique, constitué par des gens partageant des valeurs communes et menacé par des déviances … bref : une abstraction extrêmement dangereuse, non pas parce qu’elle n’a pas d’âme, mais parce qu’on fait d’elle ce que l’on veut.

  • « Quelle conception libérale du peuple peut-on défendre ?’

    Aucune. Le libéralisme n’a pas à répondre à toutes les questions qui se posent.

    • c’est pas faux dans l’absolu conceptuel, mais en pratique certaines conceptions du « Peuple » que certains veulent imposer impliquent une négation de certaines libertés, et pas des moindres. Et donc, inversement, être libéral implique de s’opposer à ces conceptions.

      • Votre remarque resume bien ma réflexion. J’ai été tenté de nier la pertinence de cette question, mais le faire prete flanc à des démagogues qui auront le haut du pavé en discourant sur notre indifférence « libérale » du Peuple. Autant jouer le jeu et les battre sur leur terrain.

        • Oui, les gens s’en foutent de savoir ce qu’est le Peuple.

          Le peuple, c’est le fantasme de Calimero : tous les opprimés, les sans nom, les normaux, les oubliés… Ce côté de moi qui veut qu’on le plaigne et auquel je m’identifie. Ce côté « seul je ne suis rien, en groupe je peux tout. »

          Activer le Peuple, c’est le socialisme, c’est réduire les gens en esclavage, en moutons, en veaux ..

          Pour les libéraux il n’y a pas de Peuple, mais des Citoyens libres et responsables unis par la Nation, le contrat social, l’idéal qu’ils partagent.

          On ne peut obliger les gens à ne plus être esclaves …

          • Pour quelqu’un qui nie l’existence du Peuple, le fait que vous écriviez « les gens s’en fouttent » ou « pour les libéraux, il n’y a pas de Peuple » est plutôt paradoxal. Si les groupes n’existent pas, nommez les noms de ceux dont vous vous faites le porte-parole pour être conséquent avec vous-mêmes et j’irai enquêter pour voir s’ils ressentent des émotions d’attachement à la vue d’un autre français. Pour ma part, je suis libéral et je me réjouis d’appartenir aux québécois, donc il m’apparaît que vous vous faites une idée du libéralisme qui me transcende et en transcende plusieurs.

            • @Gabriel Lacoste :

              Vous appartenez à la Nation Québécoise : vous partagez les coutumes, les traditions, la langue, la morale, les habitudes, les joies, les peines …

              Mais faites-vous partie du Peuple Québécois, du Peuple de la ville de Québec, du Peuple Canadien, ou bien du Peuple Américain ? Du Peuple de droite ou de gauche, du Peuple populaire ?

              Sans Québec, seriez vous toujours un membre du Peuple Québécois ?

              Le Peuple est un sophisme de l’Etat, qui s’appuie dessus pour affirmer sa mainmise sur la Nation. Nation qui appartient aux Citoyens, avant d’appartenir à l’Etat qui le gérerait par délégation du ‘Peuple’

              « Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. » DDHC 1789

              Par nul corps, nul individu, s’entend également le Peuple : la démocratie, le pouvoir populaire sur la Nation est un holdup socialiste.

              • Vous exagerez la relativité des identités collectives. Je vous assure qu’ un Quebecois se reconnaît clairement comme un Quebecois et non comme un Canadien ou un Américain. Il peut autre fier de former une alliance avec les Canadiens, mais il concevra clairement cette situation comme une cohabitation heureuse entre deux peuples et non une identité confuse. Ensuite, lorsque je parle des Quebecois, je ne parle pas des citoyens du Québec. Il y a d’autres Peuples qui vivent au Québec, meme si c’est en plus petit nombre. Une partie du peuple Français vit au Québec. Cependant, je vous assure qu’ il se voit comme Francais et non Quebecois et ce, jusqu’à leur mort.

                • @Gabriel Lacoste

                  Nous sommes d’accord !

                  Les gens se reconnaissent comme membre d’une Nation, pas comme membre d’un Peuple.

                  Les Français qui vivent au Québec se reconnaissent Français et non Québequois.

                  Un peuple n’a aucune identité : c’est juste un ensemble de gens. Ce qui donne l’identité aux gens est la Nation : le passé, le présent et le futur, la langue, la culture, l’histoire, les valeurs, les coutumes …

                  Il y a deux visions opposées : celle de Rousseau : le Peuple est souverain et tout les éléments constitutifs de la Nation forment l’Etat, c’est la base du socialisme.

                  Et celle de Jefferson ou de l’abbée Seyes, des rédacteurs de la DDHC de 1789 : la Nation est souveraine et le Peuple n’est qu’une vue de l’esprit : il n’existe que des Citoyens qui contribuent, participent à la Nation : au projet National.

                  L’Etat est un élément minimal, qui organise les instances de la Nation et s’assure qu’aucune ne prend le pouvoir de façon exclusive : il y a séparation des pouvoirs, aucune instance de la Nation ne concentre de pouvoir souverain.

                  • Il y a alors entre nous confusions entre les termes. Je ne distingue pas Peuples et Nations comme vous le faites. Sur le plan sémantique, la Nation est une forme de Peuple centre sur la culture. C’est pourquoi les socialistes parlent du Peuple mais non de la Nation parce qu’ils referent à une collectivité unie non pas par la culture, mais par une condition commune d’oppression. Lorsque vous parlez de Peuple, vous entendez à mon avis citoyens. Je suis citoyen du Canada, mais mon Peuple ou ma Nation est Québécoise. Cela dit, ce ne sont que des mots. Si vous définissez vos termes, nous pouvons nous accorder.

                    • En effet, la confusion vient de là, mais elle date du XVIII eme et a déterminé la naissance du socialisme.

                      La nation est une entité abstraite qui est composée de l’ensemble de gens vivant au moment présent et de son histoire : son passé, son futur, sa culture, sa langue, ses traditions, coutumes, son patrimoine.

                      A partir de là, il existe deux conceptions opposées : l’une qui sépare le Peuple et l’Etat, Etat qui est le réceptacle de toute la partie culturelle, de l’histoire, du futur…et du pouvoir qui est l’émanation du Peuple : son modèle ultime est la démocratie directe et son objectif l’intérêt général. L’état est en charge de la Nation.

                      L’autre qui considère qu’il n’existe que des Citoyens qui s’associent pour former une Nation : un projet et un héritage commun qui appartient à chaque citoyen, aux ancêtres et aux descendants futurs. Son modèle est la séparation des pouvoirs et la préservation des intérêts privés (liberté, propriété, sécurité, résistance à l’oppression). Chaque Citoyen est ‘actionnaire’ de la Nation.

          • Bonjour M. Boulot,
            Vous m’avez habitué de plus hautes réflexions. La notion de peuple existe depuis un tout petit peu plus longtemps que l’apparition de concept de nation, de contrat et de libéralisme, vous avez cité Cicéron et c’est bien, on peut remonter plus loin.
            Il y a des époques (en fait la grande partie de l’histoire) où l’individu n’a pas eu la liberté de se poser la question d’être où ne pas être partie du peuple qui l’a vu naitre, ni même la place qu’il occupe en son sein. C’est encore le cas dans beaucoup de contrées du monde.
            Un indien des grandes plaines d’avant la colonisation européenne ne pouvait se lever le matin et dire « je ne fais plus partie de la tribu car je n’accepte plus nos us, coutumes et contrat social, bye et à la revoyure », en fait la simple idée ne pouvait lui venir.
            Cela peut et doit interloquer la position du libéral que vous êtes mais une grande majorité des humains qui sont nés n’ont eu que l’importance que le groupe leur accordait. C’est ainsi.
            Ainsi quand vous écrivez :
            « Pour les libéraux il n’y a pas de Peuple, mais des Citoyens libres et responsables unis par la Nation, le contrat social, l’idéal qu’ils partagent. »
            On voit que vous êtes dans un cadre temporel et géographique bien particulier car tous les hommes et femmes sur Terre ne sont pas des « citoyens », quant à l’idée de « nations » quand on regarde une mappemonde elle est bien peu partagée. En fait ce dont vous parlez ce n’est pas une réalité mais une aspiration.
            L’idée de peuple que ce soit un village d’Amazonie, une tribut de nomade Touareg ou une nation comme la France est un concept qui nait spontanément, n’oublions pas que nous avons évolué à partir d’espèces grégaire car pas spécialement bien doté par la nature et effectivement cette émergence vient du fait que « seul je ne suis rien, en groupe je peux tout. ». Et le « je peux tout » s’est longtemps limité à survivre chichement.
            Il ne faut pas s’étonner que les millénaires durant lesquels le « peuple » a été une « option » obligatoire pour la survie de l’individu ait encore des répercussions sur notre façon d’appréhender les groupes humains.
            La position de M. Lacoste me semble plus sensée, il n’y a pas lieu de se « foutre de savoir ce qu’est le peuple », il existe et savoir ce qu’il recouvre n’est pas inutile. Par contre on peut se méfier de l’instrumentalisation de cette idée car justement du fait des millénaires passés est un puissant outil d’assujettissement de l’individu.

            • @Montaudran:

              Je refuse complétement cette notion selon laquelle les « Peuples » émergeraient par génération spontanée de gens qui ne savent pas de qui, ni de pourquoi ils lui appartiennent.

              Sitting Bull appartient à la Tribu des Lakotas qui forme avec 6 autres tribus la Nation Sioux. Il s’y reconnaît et dit qu’il est Sioux, Sioux Lakota, Sioux Lakota Hukpapas. Il peut en définir les coutumes, la hiérarchie sociale, l’histoire, la langue, les légendes, les traditions, les alliances … Il ne sera jamais un Cheyenne ni un Cherokee.

              Il n’y a pas de Peuple chez les Lakotas Hukpapas, il y a des braves, des médecins, des squaws, des papoose, des sages … mais pas de peuple Lakotas, pas de peuple Sioux, pas de peuple amérindien …

              Enfin, il n’y en avait pas avant que l’Homme Blanc n’étiquette les ‘Etres Humains’.

              Cette petite histoire juste pour expliquer qu’il y a deux façon de grouper les gens : celle qui consiste à considérer les gens de l’extérieur, à leur trouver des similitudes, à en faire un groupement intellectuel, scientifique, une catégorisation – et celle qui consiste à ne prendre en compte que ce que les gens estiment être.

              Sitting Bull est uni avec les autres Lakotas Hukpapas, avec les autres Nations Sioux, il s’y reconnait, il a des devoirs envers ses frères. Même s’il partage des choses avec les Cheyennes, il dira jamais qu’il est un Cheyenne, il mentirait s’il disait qu’il est autre chose qu’un Sioux Lakotas Hukpapas.

              De lui même, librement, il dira qu’il est Sioux, et il en assumera toutes les conséquences.

              C’est ce que j’entend par ‘libres et responsables unis par la Nation, le contrat social, l’idéal qu’ils partagent.’

              Le Peuple est un sophisme que l’on a fait croire aux gens en le divinisant : le Démos trouverait son bonheur par la Démocratie … alors que Platon écrivait déjà il y a 25 siècles que les démocraties tournaient toujours mal.

              Vous êtes Français, si ca ne vous plait pas : vous râlez, vous partez, vous vous indignez, vous subissez, mais si on vous demande ce que vous êtes : vous êtes Français.

              Que pouvez-vous dire quand à votre appartenance au Peuple ? A part peut être une identification à une classe sociale qui n’existe que par comparaison avec d’autres ….

              • Ah ! M. Boulot il s’avère que nous sommes souvent de part et d’autres du mur des idées 🙂

                Et pourtant… des générations d’hommes et femmes sont nés et n’ont pas décidé du lieu et du temps de leurs naissances. Ces hommes et femmes ne sont pas nés citoyens, libres et conscients mais enfants qui se sont construits de la matière culturelle du lieu et du moment.

                Une fois ces individus adultes et construit :
                La plupart ne voudront pas remettre en question leur forme culturelle car il ne sauront même pas qu’il y a construction, ils accepte leur état.
                D’autres bien plus rares verront la construction mais l’ignoreront ou même la magnifierons.
                Qu’importe … ils seront et se reconnaîtront comme un peuple.

                Vous le voyez bien je défini le peuple non pas par une vision extérieure mais bien par le ressenti des individus mais peut être, contrairement à vous je ne crois pas les individus soient libres au point d’être libre de leur propre histoire. Ou du moins cette liberté ne peut s’acquérir que par une lutte qui n’est pas goût de tous, c’est fatiguant et déstabilisant.

                Réellement pensez-vous que Sitting Bull quand il regardait les femmes et hommes de sa tribu autour de lui ne se disait pas « ils sont miens, je suis leur, ils sont mon histoire et mon avenir, nous partageons, nous sommes un peuple… »
                Où est la liberté de Sitting Bull ou de quiconque dans la même situation ?
                Est on libre d’être autre chose que Sioux si on naît Sioux au 19eme siècle et aux siècles qui ont précédés ?

                Le peuple n’est pas un sophisme car il n’est pas issu d’un raisonnement, Il n’est pas issu d’un « ON » indéfini qui nous ferait croire on ne sait quoi. Certains le divinise (Ein Reich, Ein Volks… on connaît la chanson ici et ailleurs) mais la plupart simplement l’accepte.

                Comme vous le dites je suis né français, j’ai été élevé et éduqué parmi des français, je n’ai pas le choix d’être autre chose que français, je fais parti de ce peuple, je pourrai partir, fuir aux antipodes, je resterai un français.
                Je peux juste me définir comme individu dans ce cadre et LA est la vrai question. Je suis français et je ne peux ni le renié ni le rejeter mais il m’appartiens de dire qu’est ce qu’être français pour moi ici et maintenant. Car à notre époque où nous connaissons une grande liberté (prométhéenne ah j’y reviens), il serait navrant de penser que nous nous limitons à être une part de ce peuple ; à être défini uniquement par une définition souvent fantasmée d’immuabilité appelant des traditions inexistantes ou réécrites.

                Mes parents, mes grands parents, mes arrières grands parents étaient aussi français mais pas d’un peuple français différent, d’un autre tempérament, plus loin peut être mes aïeux ne se définissaient pas comme français mais comme provençaux, tarnais ou alsaciens.
                Et nos descendants à trois, quatre, cinq ou dix générations comment se définiront-ils ? Toujours comme français ? peut être mais qu’est ce cela recouvrera à cette époque ?

                Personnellement je ne place pas au pinacle ce peuple auquel j’appartiens. Il est ce qu’il est à l’instant donné, il a ses racines que j’apprends à connaître en étudiant l’histoire et il a son avenir qui contient sa transformation et qui sait sa disparition, j’y participe et cela est tout.

                PS : Je ne comprends pas très bien votre citation « le Démos trouverait son bonheur par la Démocratie »

                • Le Peuple est l’ensemble des individus répondant à un critère. C’est une entité collective concrète déterminée par un critère abstrait.

                  La Nation est une entité abstraite correspond aux individus passés, présent et futurs qui se reconnaîtront d’un projet, de traditions et d’actions communes.

                  • Le Peuple est l’ensemble des individus répondant à un critère. C’est une entité collective concrète déterminée par un critère abstrait.
                    La Nation est une entité abstraite correspond aux individus passés, présent et futurs qui se reconnaîtront d’un projet, de traditions et d’actions communes.

                    On peut travailler à partir de ces définitions.

                    Je commencerai par tout de même mettre au pluriel le mot « critère » définissant les peuples on peut penser à une langue, une religion, des coutumes, une histoire (réelle ou fantasmée) et je dois en oublier …
                    Pour le citoyen romain par exemple c’était la langue, le mythe de la création de Rome par Romulus et des coutumes qui ont variées dans le temps.
                    Pour le peuple français c’est sans doute la langue (la IIIeme république ne s’y est pas trompée) et l’histoire (la aussi fantasmée comme « nos ancêtres les gaulois » et réelle comme l’épopée napoléonienne ou la guerre de 14-18).

                    La nation n’est pas ou pas complètement une entité abstraite, car elle comprend le territoire et l’organisation de ce territoire (qui est jusqu’à aujourd’hui l’objet d’un Etat plus ou moins fort). De plus les individus comme je l’ai dit n’ont pas nécessairement la liberté de se reconnaitre ou pas dans le projet de la nation. Il faut une certaine liberté de mouvement pour rejeter sa nation et il faut une terre d’accueil. On peut penser aux huguenots français qui sont partis pour diverses destinations dont les Amériques et qui ont participés à la fondation à la fois d’une nouvelle nation et d’un nouveau peuple.

                    J’insiste sur le territoire car les nations ont des problèmes avec les peuples nomades. Ces derniers ont par définition bien d’autres projets, traditions et d’actions communes que les sédentaires qui s’insèrent plus aisément dans le concept de nation.

                    Il arrive que la nation recouvre sur son territoire des individus qui se définissent comme peuples différents comme par exemple les kurdes en Turquie et Irak. Ce peuple a une aspiration lui aussi de créer une nation mais les nations limitrophes n’y trouvent par leur compte. On le voit les kurdes malgré qu’ils ne se reconnaissent pas (je simplifie) dans les projets, traditions, et actions communes turques ou irakiennes sont embrigadés d’office dans la nation.
                    Je pourrais parler des berbères (peuple) à l’histoire complexe qui régulièrement font savoir qu’ils ne sont pas tout à fait dans la lignée de la république algérienne (nation). Je pourrais continuer avec les touaregs et bien d’autres.

                    On le voit votre définition de la Nation est un idéal rarement atteint. En fait en dehors de l’Europe et ses « spin off » le concept de nation n’a pas trouvé son équilibre et est rarement l’idéal de projet que vous définissez, c’est d’ailleurs ce qui fait la fragilité des nations.
                    Regardons la Belgique est-ce une nation ? Si oui pour encore combien de temps alors que les forces centripètes que sont les langues et économies différentes tendent à faire exploser le petit royaume ?

                    • On approche !

                      Le peuple juif de la diaspora (déterminé par la religion) est devenu une Nation avec le sionisme (un projet politique) qui a fondé un Etat Israël sur un territoire.

                      Certaines Nations n’ont aucun Etat, c’est le cas des Sioux, des Tziganes … ou se bâtent pour en avoir un, comme les Kurdes.

                      Les Nations indiennes des plaines n’avaient aucun Etat et partageaient le même territoire (pas forcément sans heurts.

                      Le Peuple d’un Etat désigne, comme l’explique Gabriel Lacoste un ensemble de gens en fonction de leur rapport avec l’Etat, donc suivant le cas : les membres de la Nation, les prolétaires, les citoyens ayant le droit de vote, ou ne l’ayant pas etc… Bref ce que la doctrine politique de l’Etat fixe comme critères.

                      Le libéralisme ayant une vision minimaliste de l’Etat ne considere pas le peuple comme un élément déterminant : les citoyens sont égaux en droit et différencier un Peuple revient à nier cela, à moins de considèrer que la Nation est le domaine réservé de l’Etat.

            • Montaudran +1,

              Le peuple est bien l’extension de la tribue qui a permis à l’humanité de survivre. L’individu et son individualisme sont apparus dans la « pax romana » acquise par la stratégie tribale.

              • Cela fait longtemps que l’on sait que cette théorie développée par Marx et Egels est completement fantaisiste et absoluent fausse.

                Le Peuple est apparu dans les civilisations antiques lors des premières tentatives de formalisation de la vie politique, et meme plus précisément à Rome, les grecs (y compris les Athéniens) distinguaient le peuple ‘de sang’, du peuple ‘de culture’, du peuple ‘de masse, du peuple ‘citoyen’ – ce dernier le Demos etait le seul habilité à participer à la Republique – la notion de Peuple est apparue avec le socialisme centralisateur : l’Etat Romain qui séparait le Peuple du Sénat, la représentation de l’Etat.

                • J’en arrive à me perdre on parle du Peuple ensemble d’individus unis par une histoire, une langue etc… et qui se reconnaissent différent d’autres peuples et qui au cours du temps peuvent se rejoindre et se fondre ou du peuple qui se défini par rapport à une élite patricienne ou aristocratique.
                  Parce que personnellement je ne traite pas dans mes commentaires du peuple « populaire »…

    • A quelle question doit il répondre alors ?

  • bonjour, si vous autorisez une description simple ;vous pouvez dire simpliste ; je ramènerais cela à la notion d’identité nationale ;dans mon esprit et pour ce qui concerne la France, elle se résume ainsi : Une communauté de même souche -un territoire -une langue -une culture-des valeurs-une histoire commune .

    • La communauté française dont vous parlez est une construction.

      Ainsi la langue savez vous quand le français est devenu la langue réellement véhiculaire disons en Bretagne ? en 1914 seule la moitié des bretons parlaient français.

      Un territoire ? le dernier territoire métropolitain ajouté à la nation c’est la Savoie en 1860. Et l’Alsace Lorraine qui nous a fait un aller retour avec la Germanie. Notre bel hexagone est récent !

      Une culture ? Quand pensez vous que le breton, l’alsacien, le provençal ont commencé a avoir une culture commune ?

      Et enfin une même souche ? Les Alsaciens n’ont ils pas des accointances avec leur cousins germanique ? les basques qui ont une langue très particulière sont ils d’une même souche que le Chti ? Un truc que j’ai appris la momie Otzi que l’on a retrouvé dans les Dolomite italienne et mort il y a 5000 ans est le plus proche génétiquement de corse et sarde, cela fait une trotte.

      Comme l’a dit M. Boulot le peuple se défini uniquement quand à un moment un ensemble d’individu se dit « Je suis du peuple français » sans qu’il y ai de raisons sinon le courant historique.
      Ainsi si les choses avait tourné autrement les bordelais pourrait se dire anglais, les alsaciens allemands, les savoyard italiens etc… et en définitive ne se dirait français qu’un petit rogaton autour de Paris et Orléans.

      • bonsoir Montaudran ,sans doute ,mais comme la généalogie de ma famille l’indique ;justement composée de Bretons de Berrichons ,de Nivernais, de frontaliers Espagnols et Allemands ,ce depuis fin 15ème siècle ,je considère que cet ensemble sur un même territoire à l’élaboration de cette construction .
        Bien entendu ,ça n’est que mon point de vue ainsi que celui de la plupart de mes ancêtres ,du moins ceux dont j’ai pu consulter quelques écrits personnels , retraçages de leurs métiers ou carrières ,patrimoines acquis puis hérités .

      • Dans notre cas, les Quebecois, c’est clairement plus complexe. Avons-nous la même origine que vous ? Simmes-nous un seul Peuple ou deux ? Aujourd’hui, la reponse est evidente, mais elle ne l’etait pas en 1763. La grande charte britannique fait pourtant plus partie de notre identité que la révolution. Alors ?

        • Bonjour M. Lacoste,

          Si c’est bien à moi que vous répondez je ne peux qu’aller dans votre sens. L’Histoire a séparé (assez tot) le Québec de la France, les expériences sont différentes et nous sommes effectivement devenu deux peuples.
          Je ne vois pas en quoi c’est plus complexe que la France et ses régions qui se sont aggrégées lentement, que l’Allemagne qui a aggrégé des principautés antagonistes, la Belgique avec ses deux parties de langues différentes etc…

          Cordialement

          • C’est aussi complexe. Je me suis mal exprimé. C’est seulement que la question des origines se pose différemment, car la France origine d’une fusion entre des Peuples, alors que le Québec origine d’une separation d’avec un Peuple suivi d’une union ambivalente avec un autre Peuple.

  • Voici une question interdite de débat par l’idéologie socialisante, au risque de se voir acculer par le procédé de reductio ad hitlerum ou de se faire lyncher médiatiquement quand on a un peu de notoriété (comme ce fut le cas pour certains à l’occasion du débat sur l’identité nationale).
    Le risque est d’ailleurs maintenant aussi d’ordre juridique, comme l’a appris à ses dépens A. Finkielkraut il y a peu de temps.

    Les choses se compliquent encore un peu, car cette notion est aussi contestée par certaines personnes qui croient devoir, pour se réclamer du libéralisme, juger toute chose en ce bas monde à l’aune d’un principe exclusif, le principe des principes, à savoir la liberté individuelle.
    Ainsi, ces deux tendances s’accordent pour contester toute identité spécifique à la nation, au peuple, etc. Les uns au nom de l’universalisme, les autres au motif que seul l’individu existe.
    On assiste alors à une surenchère d’arguments de nature à expliquer que la France est composite, que son histoire est une succession de modifications substantielles, etc.
    Le relativisme bat son plein. Bizarrement d’ailleurs, peut-être l’avez-vous remarqué, au moins pour l’idéologie socialisante, le concept de peuple reprend de la consistance lorsque l’on parle d’autres peuples, d’autres traditions…

    « Et nier. Toujours nier. Même les évidences… La robe ! Quelle robe ? Sous mon bras ? Quel bras ? … » DP

    Personne (enfin ça dépend … ) ne conteste les faits historiques, personne ne conteste que la notion de peuple évolue et peut évoluer. Il est d’ailleurs à noter qu’il y a bien peu d’exemples dans l’histoire où des hommes ont librement consenti la dissolution de leur culture au profit d’autre chose ; ce qui limite la portée de l’argument suivant lequel il ne faut pas craindre les changements. Certains citeront l’Europe politique. Qui peut affirmer sérieusement qu’il y a une identité européenne partagée par un grec, un français, un allemand et un polonais… ? Peut-être arrivera-t-elle un jour lointain, mais si les hommes l’ont voulu.
    Faire un sophisme (les peuples changent, le changement interdit l’identité, donc il n’y a pas de peuple) et nier les évidences est une démarche bien dangereuse.
    Quel Breton soutiendrait aujourd’hui qu’il ne se sent pas Français, qu’il ne vit pas Français (bien qu’il revendique sa culture bretonne)? De quelle culture serait-il plus proche ? A moins qu’il ne soit sans culture ?

    Je pense, avec d’autres, que l’anomie dont certains pays, notamment la France, sont victimes est le résultat direct de cette négation. On peut même s’avancer à penser que la haine que suscite l’occident aujourd’hui trouve en partie ses racines dans cette négation principielle.
    Vouloir le bien des gens contre leur gré, « combattre tous les déterminismes » (notamment historiques), comme l’annoncent les Menguelés qui nous gouvernent conduit, au désastre.

    Nous sommes tous membres du grand peuple des humains (et cela devrait nous conduire à plus de fraternité). Mais ce grand ensemble est sans conteste constitué de sous-ensembles multiples, jusqu’à la cellule familiale.
    Que cela ait évolué ? Oui, évidemment. Que cela puisse évoluer ? Oui, bien sûr, premièrement par la « force des choses », parce que le monde devient un village. Aussi, on se surprend à rêver, avec une école qui autorise l’élévation des individus en leur permettant, suivant leur libre arbitre, de décoder le monde à partir de concepts qui transcendent leur condition.
    Mais tout cela doit se faire gentiment, par consentement mutuel, par décision unanime (du peuple ‘=), sans heurts, sans contrainte, sans frustration, sans politique (désastreuse) du « fait accompli ».
    Avez-vous regardé la réforme du collège proposée par NVB, particulièrement pour le programme d’histoire ? C’est un ethnocide.
    Pour ma part, mais il s’agit d’une position purement personnelle, je dénie le droit à quiconque de réinventer mon passé et de définir mon avenir.

    • « On peut même s’avancer à penser que la haine que suscite l’occident aujourd’hui trouve en partie ses racines dans cette négation principielle. »

      +1

      La Russie avait désespérément besoin de faire oublier au pays d’occident leur histoire de liberté et le fait qu’ils appartiennent à la même civilisation pour pouvoir faire progresser son empire socialiste. C’est de la que vient tout ce mal. Au début du siècle dernier la gauche française défendait les valeurs de notre civilisation, aujourd’hui il ne reste que le parti républicain US et quelques courageux pays de l’est.

    • « Je pense, avec d’autres, que l’anomie dont certains pays, notamment la France, sont victimes est le résultat direct de cette négation »

      Absolument ! La volonté de vouloir transformer la Nation en deux entités distinctes et séparées : le Peuple et l’Etat conduit à la complète deresponsabilisaton de ce « peuple » réduit au status de consommateur infantilisé, d’oisillons attendant la becquée.

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