Un CDI très cher payé

Le CDI est très protecteur pour les salariés ayant la chance de travailler sous ce contrat. Mais le prix de ce privilège est très cher payé par les autres.

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Un CDI très cher payé

Publié le 9 avril 2015
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Par Dominique d’Emploi 2017.

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Si les gouvernants communiquent beaucoup sur le stock net des emplois et des chômeurs, il n’est pas inintéressant pour autant de s’intéresser aux flux internes d’entrées et sorties dans les statistiques mensuelles de Pôle emploi publiées par la Dares. Lorsque l’on regarde ces chiffres, on est tout d’abord surpris par le flux extrêmement important d’entrées et de sorties dans les différentes catégories de demandeurs d’emplois. Ainsi si l’on regroupe les demandeurs d’emplois des catégories A, B, et C1, on constate qu’il y en a chaque mois 530.000 qui s’inscrivent à Pôle Emploi, tandis que 500.000 en sortent également chaque mois2.

Sur ces chiffres, on constate ensuite que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la part des licenciements est très faible, soit environ 50.000 demandeurs d’emplois rentrant. Si on ajoute les ruptures conventionnelles, on arrive à 80.000 par mois en moyenne. Le premier poste des entrées est en réalité celui des personnes arrivant en fin de mission de CDD ou d’intérim, à hauteur d’environ 150.000 par mois. Quand on sait que désormais, la durée moyenne d’un CDD est de 26 jours, ce chiffre n’est pas étonnant.

En réalité, ce sont donc les mêmes personnes qui tournent chaque mois, dans une situation finalement assez intenable, sans permettre par ailleurs une turbulence positive de l’économie. On a d’un côté 87% de travailleurs en CDI, très peu flexibles pour s’adapter aux besoins des entreprises, et de l’autre côté 13% de salariés obligés d’être ultra-flexibles, surcompensant la rigidité du contrat en CDI censé être la norme. En cause la fameuse « cause réelle et sérieuse » dont les tribunaux se sont arrogés le droit de juger, à la place de l’employeur, si tel était le cas ou non, en cas de licenciement d’une personne en CDI.

Ainsi, on peut se réjouir d’avoir en France 14 millions de salariés du privé en CDI, mais c’est au prix de 2 millions de personnes en CDD ou intérim, auxquels il faut ajouter 3 millions de chômeurs officiels et environ 2 millions de chômeurs découragés3, soit au total 7 millions de personnes qui peinent à vivre de leur travail.

Il est donc frappant de constater comment les politiques de protection du salarié, notamment à travers une jurisprudence de plus en plus dure, ont fini par produire l’inverse, à savoir un chômage et une inactivité persistants malgré la reprise, et un grand nombre de travailleurs précaires. Les chiffres de l’INSEE attestent par ailleurs que la situation ne cesse de se dégrader. En 2011, les CDD ou les missions d’intérim représentaient 9 embauches sur 10. Par comparaison, en 1982, c’était 1 embauche sur 3 :
emploi2017

Comme le mentionnait le prix Nobel Jean Tirole, la liberté de licencier – si elle s’accompagne d’indemnités – revient à un système paradoxalement plus vertueux car celui-ci « protège plus le salarié que l’emploi ».

Sur le web

  1. catégorie A : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi ;
    catégorie B : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e. de 78 heures ou moins au cours du mois) ;
    catégorie C : demandeurs d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, ayant exercé une activité réduite longue (i.e. de plus de 78 heures au cours du mois).
  2. Chiffres sur la dernière année glissante, de mars 2014 à janvier 2015.
  3. Nous avons d’après les statistiques Eurostat 500.000 inactifs qui aimeraient travailler mais ne cherchent pas d’emplois. Par ailleurs parmi ceux qui ne désirent pas travailler, nous avons à population égale entre un million et un 1,5 million d’inactifs de plus qu’au Royaume-Uni ou en Allemagne. S’ils ne désirent pas travailler, c’est vraisemblablement dû aux caractéristiques propres au marché français, qui les a découragés.
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  • Il faut mentionner aussi que seulement 11% des nouveaux contrats sont des CDI.

  • Vous avez dit :« En cause la fameuse « cause réelle et sérieuse » dont les tribunaux se sont arrogés le droit de juger, »
    Les tribunaux français jugeant à peu près en 3 à 5 ans les affaires de licenciement, l’employeur français n’est que peu gêné par les tribunaux, le moral de l’employé fait le travail à sa place.
    En Allemagne, c’est différent, un licenciement est suspendu si l’affaire est portée devant les tribunaux et l’employeur doit verser le salaire au licencié jusqu’à jugement définitif. Eh oui, là, ce sont vraiment les tribunaux qui jugent et l’employeur ne voit aucun intérêt a faire traîner le jugement puisque c’est lui qui paie au lieu que ce soit le salarié. Et le salarié est toujours en pleine forme jusqu’au jugement définitif.

  • A trop focaliser sur le CDI versus CDD dans le privé… On oublie l’essentiel, et c’est bien entendu voulu.

    Le contrat à vie, de la fonction publique ! Voilà le scandale, encore plus gros.

    C’est une véritable pyramide de privilèges qui recoupe parfaitement celle des pouvoirs.

    Au sommet, les fonctions « publiques » (les guillemets sont de rigueur, tant il s’agit de groupes d’intérêts bien privés qui parasitent tous les autres groupes)

    Ensuite, les CDI privés.

    Ensuite, les CDD privés.

    Et enfin, le reste, le tiers état, l’armée des ombres : chômeurs, pré retraités, découragés, sous employés, etc.

    Le bon sens commande d’abord de s’attaquer au sommet, et d’exiger le démantèlement total du fameux « statut » de la fonction publique.

    • Entièrement d’accord avec votre point de vue.
      Certes, il y a matière et urgence à réformer (totalement) le code du travail mais, pour un article écrit par un auteur dit libéral, il vise à coté de la plaque, comme l’état, il tape toujours sur le même clou.
      5.5 millions de fonctionnaires en France, sans compter les élus et divers empilements administratifs, une rente de situation qui sclérose l’emploi, eu égard à la cherté de la main d’œuvre, charges obligent, nourrissant un état gargantuesque et ses affidés.
      Le libéralisme a pour premier devoir de dénoncer les dérives financières de l’état, les privilèges des fonctionnaires sont effarants, sur tous les points.
      Commençons par refondre totalement le statut des fonctionnaires, le reste suivra.

    • Vous avez oublié en haut de la pyramide, enfin à vrai dire très haut dessus, en altitude, le cdd de pdg de grand groupe. 2 ans d’exercice, 3 millions d’euros d’indemnités de départ.

      • Oui ça concerne combien de PDG ? Quelques dizaines tout au plus. Et les 600.000 élus en trop et les 1.5 millions de fonctionnaires inutiles? Leurs privilèges se comptent en centaines de milliards d’euros.

    • Charles, excellent post qui met en évidence le principal problème français celui de l’hypertrophie du secteur public avec ses privilèges inouïs et ses sureffectifs (1.5 millions de fonctionnaires en trop).
      Aujourd’hui le problème du chômage serait résolu en supprimant 1.5 millions de postes inutiles de fonctionnaires qui entrainerait la création de 3 millions d’emplois dans le privé. Loi: un poste de fonctionnaire en plus détruit 2 emplois dans le privé (ratio variable suivant les pays de 2 à 5). Voir ce qui s’est passé au Royaume Uni sous Cameron, aux USA et surtout en Suisse.
      Le débat créé par l’oligarchie au pouvoir ne traitant que du secteur privé montre à l’évidence la manipulation qui vise à continuer à surprotéger le secteur public pour maintenir ses privilèges dignes de l’ancien régime. Logique, l’immense majorité de la classe politique est constituée de fonctionnaires. La conspiration du silence continue et le peuple dort, anesthésié par les 29.4% de fonctionnaires et assimilés présents dans toutes les familles qui ne demandent qu’à voir le système perdurer…..

    • @Charles
      Oui c’est un assez gros scandale que d’avoir un contrat à vie surtout quand on sait que le salaire MOYEN des fonctionnaires est supérieur à celui du salaire moyen du privé.

    • Étant donné que nous sommes dans une dictature administrative ou technocratique avec 80 % des politiques fonctionnaire ou dépendant de l’état il n’y a aucune raison pour que cela change.

  • Un code du travail de 20 pages suffirait largement. Au début pour les PME, puis on élargit.

  • L’inégalité n’est pas tant entre CDI et CDD qu’entre salarié du privé et du public qui eux ont l’emploi à vie avec augmentations et progression garanti plus possibilité de passer des concours internes … Et c’est d’autant plus vrai que les fonctionnaires sont payés par des prélèvements sur l’ensemble de français.

    J’ajouterais qu’en théorie, le licenciement d’un CDI ne pose pas de problème direct mais de graves problèmes directs. Dans une PME, le coût du licenciement sera très important vis-à-vis du CA de la société, ce qui aggravera le problème à l’origine du licenciement. Et si le coût monétaire et administratif est moins grand pour une plus grosse société, la difficulté vient qu’alors le besoin des pour des licenciements multiple alors qu’à parti de 9 licenciements, il faut faire un plan social ! On part alors dans des niveaux de complexité et de lenteur administratives sans commune mesure …

    • Un rappel d’un article de Jean Nouailhac dans le Point: Une autre particularité de la France étatique : sa recherche éperdue d’égalité, du moins dans l’attitude, les discours et les textes de nos politiciens nationaux, en majorité issus de la fonction publique. L’égalité, oui, mais pour les autres, pas pour les fonctionnaires qui sont l’exemple même d’un système social basé sur l’inégalité : les fonctionnaires sont mieux payés, travaillent moins, sont plus souvent malades ou absents, bénéficient de plus d’avantages et de privilèges, partent à la retraite plus tôt avec de meilleures pensions et surtout détiennent durant toute leur vie un vrai trésor : la sécurité de l’emploi. Ce qui ne les empêche pas, bien entendu, de critiquer en permanence « les inégalités », alors qu’ils en sont les premiers bénéficiaires.
      La vraie inégalité sociale en France n’est pas entre les riches et les pauvres ou entre les hommes et les femmes, mais entre les fonctionnaires et les autres.
      J’ajoute que leur système de retraite n’est absolument pas menacé car payé par nos impôts et par la dette, ce qui n’est pas le cas du privé qui va voir les pensions baisser avec la faillite des retraites complémentaires d’ici 3 ans…

  • Vous mentionnez les cdi du privé, et les causes de licenciement, mais que dire du fonctionnariat. Commençons par poser les vraies questions.

  • je suis pas sûr que les chiffres soient bons…!

  • Pour ce qui est de favoriser la croissance de l’économie marchande le post du 7 avril d’Emploi2017 était plus pertinent. Y était décrit ce qui enrichissait le Royaume Uni : fiscalité compétitive et attractive pour l’investisseur et l’entrepreneur, contrat collant à l’activité commerciale de l’entreprise, allègement des charges sociales sur le travail. Cet ensemble de mesures a le mérite de demander des efforts à tous, et notamment à la puissance publique pour être économe et mieux gérée.

    Ce post fait écho au Figaro du 9 avril(pages économie et champ libre) P. Gattaz réclame un contrat de travail avec clauses de rupture (l’an dernier il soutenait la « liberté de licencier »). Une officine patronale compare la juridiction prud’hommale à des soviets paritaires (sic). Plus avisé, B. Nouel de l’Ifrap propose d’élargir le motif de licenciement économique.

    Cette offensive pour obtenir du gouvernement un abandon du CDI pose une question d’équité :
    – le marché du travail est très déséquilibré dans de nombreux secteurs marchands
    – les causes premières sont d’abord l’action de l’Etat (dépenses, fiscalité, dette, règlementation) et vont demeurer
    – les rentes publiques sont préservées, l’entreprise sera davantage la vache à lait du régime
    – faute de CDI, de nombreux salariés seront perdants.

    Il nous faut une réforme de l’ensemble de la sphère publique vers plus de subsidiarité, de liberté et de concurrence. La liberté économique ne se divise pas.

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