Microfinance et microcrédit : outils alternatifs d’investissement social et de performance économique

Le microcrédit permet à des personnes exclues du système bancaire traditionnel d’accéder à des prêts.

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Microfinance et microcrédit : outils alternatifs d’investissement social et de performance économique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 avril 2015
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Par Thomas A. Harbor
Un article de Trop libre

Muhammad Yunus - Credits University of Salford Press Office (CC BY 2.0)
Muhammad Yunus – Credits : University of Salford Press Office (CC BY 2.0)

 

Le microcrédit, d’un faible montant et avec peu de garanties, permet à des personnes exclues du système bancaire traditionnel d’accéder à des prêts. La microfinance correspond à une offre plus générale, qui comprend le microcrédit, mais aussi la microépargne ou encore la microassurance ; elle est également destinée à des personnes ne pouvant accéder aux circuits bancaires. Nicolas Blondeau1 estime à 90 millions le nombre de clients de la microfinance, qui a distribué en 2006 4,5 milliards de dollars de crédits. Esther Duflo2 évalue à 150 millions le nombre de bénéficiaires du microcrédit en 2010. Ce mouvement a été initié par Muhammad Yunus (Grameen Bank) au Bangladesh et qui trouve des représentants en France avec Jacques Attali (PlaNet Finance). Il convient toutefois de noter des antécédents historiques à ces expériences plus récentes comme les Irish Loan Funds3 qui apparaissent comme l’ancêtre des institutions de microcrédit et qui ont joué un grand rôle dans la gestion des famines irlandaises. À cet égard, la fin du XIXe et le début du XXe siècle représentent une période propice à ce genre de développements en raison de la très forte concurrence de monnaies différenciées avant l’apparition de devises standardisées4.

Un mode de financement alternatif répondant à une réelle demande

Le fait de pouvoir emprunter à des Instituts de Micro Finance (IMF) représente une baisse considérable du taux d’intérêt débiteur demandé aux individus. Cette baisse est d’autant plus significative : il faut bien avoir en tête, en effet, la vulnérabilité des populations les plus pauvres aux chocs exogènes, sachant que le salariat y reste peu développé et le poids de l’endettement y demeure très important. La réussite  des IMF est d’autant plus probante que les politiques sociales des pays en développement, effectuées par des canaux bancaires traditionnels marqués par la collusion entre le privé et le public, se sont surtout distinguées par la corruption et les non-remboursements. Les IMF ayant émergé et réussi sont généralement le fruit d’un travail de terrain au contact des besoins des acteurs concernés, là où des projets de plus grande échelle menés par des banques traditionnelles ou soutenus par des autorités publiques ont failli.

Des investissements à fort impact social

Dans la lignée des implémentations concrètes mises en place par Muhammad Yunus au Bangladesh, il apparaît très clairement que l’accès au capital est la clé du développement pour ces régions5. À cet égard il faut mentionner les corrélations très fortement négatives entre indices de performance économique et taux de bancarisation. L’accès à des capitaux par des canaux non-traditionnels représente une forte plus-value sociale, en particulier pour les femmes. Par exemple, sur les 28 millions de clients que compte Oikocrédit, une IMF mondiale représentant 735 millions d’euros de capitaux en circulation, 81% sont des femmes. Les études locales sur les effets du microcrédit à impact social positif confirment l’entrelacement entre croissance et développement. L’accroissement des revenus permis par le crédit et la capitalisation de ressources est investi en priorité par les familles dans l’éducation et la santé, notamment des enfants. On mesure ainsi des évolutions notables dans l’urbanisme local des zones ayant eu accès au microcrédit à la faveur d’une transformation du commerce informel vers des activités plus pérennes, avec un développement des centres de soin ou d’éducation.

Certaines voix sont beaucoup plus réticentes, à l’image d’Esther Duflo qui soutient que « le microcrédit a un faible impact sur la pauvreté, qu’il soit mesuré en termes de consommation par tête ou de revenu »6. La mesure des impacts de la microfinance peut poser des soucis méthodologiques, comme le soulignent Pierre Jeanning et Mariam Sangare7. Pour reprendre l’expression de Marc Nabeth qui l’emploie à propos de l’assurance : à la microfinance sont associés des macro-enjeux8.


Sur le web.

  1. Nicolas Blondeau, « La microfinance. Un outil de développement durable ? », Études, 2006.
  2. Esther Duflo, « Microcrédit, miracle ou désastre ? », Le Monde, 11/01/2010.
  3. Voir les travaux de Aidan Hollis et Arthur Sweetman : « Microfinance and Famine: The Irish Loan Funds during the Great Famine », 2003, www.microfinancegateway.org et pour une étude plus détaillée « The Evolution of a microcredit institution: the Irish Loan Funds, 1720-1920 », Institute for Policy Analysis (workin paper), University of Toronto.
  4. Viviana A. Zelizer, The Social Meaning of Money, 1994.
  5. Muhammad Yunus, Banker to the Poor, New-York, Public Affairs, 2003.
  6. « Esther Duflo règle son compte au microcrédit », Challenges, 14/10/2013.
  7. Philippe Jeannin, Mariam Sangare, « La microfinance. Quels impacts économiques et sociaux ? », consulté sur www.microfinancegateway.org.
  8. Marc Nabeth , « Micro-assurance : Macro-enjeux? », Revue d’Économie Financière, n°80, 2005.

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