Ces écolos qui refusent le french bâchage

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Ces écolos qui refusent le french bâchage

Publié le 27 mars 2015
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Bon, les départementales furent un désastre pour le pouvoir en place, le chômage augmente encore (ou plutôt, comme on dit maintenant, « se stabilise en hausse »), et un avion se plante salement entre les deux tours, certes certes, mais au moins, le gouvernement et les parlementaires ont-ils pris les décisions qui s’imposaient à tous : un amendement écologiste interdisant l’utilisation de bâches publicitaires sur les monuments historiques a été adopté.

Ouf, il était temps.

En effet, qui ne s’est pas déjà étonné que certains monuments historiques, en pleine réfection, se cachent derrière une bâche et que cette dernière, au-lieu d’être de ce gris terne qui, seul, sied à la naturelle beauté des sites historiques en ravalement, est souvent couverte de l’une ou l’autre publicité colorée vantant les mérites (généralement tout relatifs) du dernier gadget rigologène d’une de ces marques bobophile ?

Eh bien en fait, c’était parfaitement normal : en France, rappelez-vous, tout est régulé, tout est contrôlé par la puissance publique, tout est codifié, codé même et le patrimoine aussi. Et depuis 2007, un décret modifiant ce code autorise les monuments historiques à recourir à ce type d’affichage publicitaire pour constituer une source de revenus en cas de travaux extérieurs nécessitant la pose d’échafaudages.

Ça tombe bien, en plus, parce que ces publicités génèrent des recettes qui permettent de financer de 20 à 100% des travaux, selon le cas. Comme l’indique un récent article du Moniteur sur la question, le Groupement Français des Entreprises de restauration de Monuments Historiques (GMH) rappelle dans un communiqué du 23 mars que :

« Grâce à ces bâches temporaires, 92 millions d’euros de travaux de restauration ont pu être réalisés générant 1,6 million d’heures de travail ‘non-délocalisables’ pour des compagnons spécialisés. »

Le Monde indiquait quant à lui que la campagne d’Apple sur le Palais de Justice l’année dernière avait généré 103 000 euros en mai et selon le Figaro, la vente d’espaces publicitaires pendant les deux années de la rénovation de la Conciergerie à Paris avait rapporté à l’État près de deux millions d’euros.

Mais voilà, il ne faut pas oublier un paramètre très important : toutes ces publicités, c’est tout de même fort laid et puis ça gâche la beauté de nos villes, alors qu’abroger le décret, ce serait véritablement une façon simple « de maintenir et d’embellir nos paysages urbains », comme le caquette avec finesse la député écologiste du Val-de-Marne, Laurence Abeille, qui sont, selon l’aveu même du député Bertrand Pancher, « défigurés » par ces publicités qui forment une « pollution visuelle insupportable », et puis d’ailleurs zut à la fin, comme il l’explique dans le verbatim lisible ici,

« Est-ce que l’on a besoin d’appeler autant l’attention du consommateur par des campagnes de publicité aussi importantes ? Enfin, on ne peut plus déjà supporter ce qui se passe à la télé. On va en ville on en voit tout autant… Je soutiens vraiment l’amendement de Laurence Abeille. Vraiment ça suffit. »

plancher et abeille - chatons tristes de mars 2015

Et d’un « zut alors » à un « vraiment ça suffit », on en vient gentiment à voter l’amendement proposé. Il faut dire qu’avec seulement 28 représentants du peuple à ce moment à l’Assemblée, une telle prouesse législative n’a eu aucun mal à passer. Au passage, repensez-y si vous persistez à voter ce dimanche, hein …

Moyennant quoi, c’est encore une partie du financement de la réfection de nos monuments historiques qui disparaît. On pourrait trouver ça triste si, heureusement, le pays ne roulait pas sur l’or et si le ministère de la Culture dont dépendent justement ces monuments et ces réfections n’avait pas actuellement un copieux budget sans la moindre volonté de faire des économies. Un peu plus, et on aurait été obligé d’instaurer l’austérité en France. Mais rassurez-vous, ce ne sera pas nécessaire et d’autant moins que nos députés écolos, dressés comme un chien de prairie cocaïnomane à l’écoute du prédateur qui finira, tôt ou tard, par lui croquer un bout, ont agi d’une main ferme pour bouter hors de nos villes la moche publicité qui rapporte des thunes.

Il faut bien comprendre une chose : ces députés, tout comme le gouvernement, n’ont absolument rien à carrer des finances publiques. Ils se fichent comme d’une guigne des trous que peuvent occasionner les coûteux ravalements de monuments historiques. Ainsi, l’auto-financement des réparations n’est ni à leur ordre du jour, ni même un mot qu’ils comprennent. Pour eux, c’est gratuit puisque c’est l’État qui paye. Dès lors, autant le faire payer avec des bâches grisâtres. Et tant pis pour certains qui pourraient trouver nulle l’abrogation détendue de nos écolos de combat.

Notez bien que le raisonnement, anti-publicitaire primaire même (surtout ?) lorsqu’il rapporte de l’argent, est strictement inversé lorsqu’il s’agit de claquer des thunes. Si gagner de l’argent et équilibrer un budget est, véritablement, « insupportable » au petit Bertrand et si le résultat enlaidit le « paysage urbain » cher à la petite Laurence, le politicien moyen s’apaise et s’endort dès lors qu’il s’agit de dépenser sans compter.

C’est ainsi qu’on découvre en parallèle que pendant que le législateur bidouille de l’amendement à une grosse loi sur la biodiversité, le gouvernement ne s’embarrasse guère de principes lorsqu’il décide de cramer quelques deniers publics dans une magnifique publicité en ligne pour une Loi Santé logiquement fort controversée.

publicité pour la loi santé

Apparemment, cacher un monument avec une bâche Apple, ça ne passe pas, même si ça rapporte. Mais utiliser les placements AdSense proposés par Google, ça ne pose aucun problème, surtout si ça coûte.

À l’évidence, il y a dans ces pratiques une logique qui échappe au citoyen de base. À mi-chemin exact entre le choix d’une dépense toujours plus désinvolte de l’argent des autres dont tout indique que nos politiciens n’ont absolument rien à foutre, et l’envie, peut-être inconsciente, peut-être plus cynique, de se foutre ouvertement du monde avec des publicités pour leurs actions catastrophiques, nos gouvernants prouvent encore une fois que la cohérence d’ensemble est le cadet de leur souci.

Le petit problème, c’est qu’à la fin, agir sans direction, courir sans tête d’un mur à un autre, cela finit toujours mal.
—-
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  • Article très révélateur de la mentalité qui enfonce chaque jour notre pays.

    J’ajouterai cette précision que Filipetti, et donc le ministère de la culture sont dans le coup :

    http://www.leparisien.fr/paris-75/paris-filippetti-bannit-la-pub-geante-de-la-place-des-vosges-05-05-2014-3817663.php

    Déjà qu’ils fassent payer aux fonctionnaires du ministère de la culture l’entrée des musées ça fera un peu plus d’argent pour ravaler les façades.

  • Il aurait été, en effet, bien mieux d’emballer les monuments dans des gros préservatifs verts, avec des grosses boules sur le trottoir.

    Une petite étiquette annonçant:

    ATTENTION, œuvre d’art du célèbre Mr X qui coute des Miiiyards. Attention, uniquement un conn’oi’sseur, est capable d’en apprécier la beauté !

  • Comme toujours chez les écolos il y a le prétexte (ici la pollution visuelle), l’idéologie (ici la destruction de la société de consommation) et la méthode (toujours la manipulation sous toutes ses formes).

    La société de consommation qui est donc visée ici pose bien sur un problème. Mais uniquement comme pour toute chose dans son abus – et pas dans sa substance. J’admets volontiers qu’il y a des abus, mais quand on est en période de récession on peut quand même se demander si on est réellement dans l’excès. Et en tout état de cause, le fait de vouloir brider l’économie alors qu’il y a 6 millions de chômeurs est une véritable provocation et le fait d’alourdir la facture du ministère de la culture alors que celui-ci doit faire des économie montre que les écolos ne font partie d’un gouvernement que pour faire du sabotage.

    Sur le plan démocratique, il faudra en outre se poser la question sur la différence entre les discours sur la qualité de la vie et les buts réels de casser la prospérité ou ce qu’il en reste.

    • bonjour pragmat, pour illustrer votre propos ,il vous suffit de visualiser bon nombre « d’œuvres d’art  » sises sur certains ronds-points de notre pays ,et de tenter d’en connaître le coût !

      • Tout à fait! Et y rajouter le coût des-dis ronds points et on commence a se faire de l’ampleur du désastre…

  • Cette décision est impressionnante de bêtise ! Je ne vois pas en quoi ces bâches publicitaires sont dérangeantes sur des bâtiments en réfection, au contraire elles rapportent de l’argent.

    Par contre en lisant le rapport verbatim en lien dans l’article, je note un illogisme dans le raisonnement de Mme Abeille et de M. Pancher. Si je comprends bien, ils considèrent que les bâches publicitaires défigurent le paysage urbain, par contre, avoir des bâches grises ne leur posera aucun problème ?
    À moins que ces derniers (ou l’État plus généralement) comptent utiliser ces emplacements pour faire de la communication (manger 5 fruits et légumes, etc…).

    • Bah, pas de publicité => moins de financement => moins de travaux => pas de bâches grises !

      En revanche on aura de magnifiques ruines ici et là dans quelques temps…

      • Et on aura plus à les restaurer …
        Mon dieu, quelle économie …
        On pourra alors installer des moulins à vents partout, la ça gêne pas du tout et ceux qui le prétendent sont de mauvaise fois :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

  • » Est-ce que l’on a besoin d’appeler autant l’attention du consommateur par des campagnes de publicité aussi importantes ? Enfin, on ne peut plus déjà supporter ce qui se passe à la télé. On va en ville on en voit tout autant… Je soutiens vraiment l’amendement de Laurence Abeille. Vraiment ça suffit. «

    Le « On » utilisé m’est insupportable.

    • Flo: « Le « On » utilisé m’est insupportable.[ …] Enfin, on ne peut plus déjà supporter ce qui se passe à la télé. »

      C’est clair.
      Un imbécile collé devant les messes-JT… quelle surprise.

    • Pareil, parler au nom de tous…Perso les publicités je ne les vois quasi pu en ville tant je m’y suis habitué, sauf s’il y a une superbe femme dessus, nature masculine oblige ^^ »

      • profitez-en, je ne suis pas certain que ça puisse durer encore longtemps… Au cas où ça inciterait les jeunes à violer.
        Au mieux, il faudra 243m entre un collège et le panneau, histoire de pas choquer l’ado devant une ombre de fesse.

  • « un avion se plante salement entre les deux tours »…
    Très bien H16, excellent.
    Le printemps vous sied bel éphèbe au teint gazé
    Fièrement planté sur ses membres amidonnés

    Satan vous habite!!!

  • Bah, on en arrive à un point où quelques millions jetés par la fenêtre est « juste » rigolo. On ne peut pas reprocher au gouvernement de ne pas faire tout son possible pour divertir le peuple. Valls appelle donc le peuple à plébisciter le gouvernement dimanche …

  • Dommage, des fois le gouvernement donne l’impression d’avoir compris mais la vraie nature revient au galop je suppose.

    • Et puis franchement, ils n’ont que ça a foutre quoi !

      Bon Dieu, où est le sens des priorités dans ce pays !
      Le bateau coule et pendant ce temps là, les entrepreneurs prennent les canneaux de sauvetage tandis que l’équipage leste le navire pour qu’il coule plus vite ou alors se demande pourquoi les poules n’ont pas de dents. C’est franchement affligeant…
      Et nous on se regarde couler en souriant… A-FF-LI-GEANT !

  • lorsqu’une loi est incompréhensible à une personne ‘normale’ il faut chercher a qui elle profite ,quel publicitaire perd des parts de marché avec ces bâches ou quel parti politique n’a pas eu son pot de vin .

  • Cet amendement est ce qu’on pourrait appeler un Angkar publicitaire…

  • Mais en France, dès que quelque chose fonctionne, dès que quelque chose a un effet positif, on l’anéantit … Mais en plus en quoi cela relève-t-il de l’écologie ?
    Ah j’oubliais ! c’est que pour les écolos les mots « rentabilité » , « bénéfice » sont des mots obscènes et « réduction des dépenses » un concept cauchemardesque

    • L’une des rares personnalités de gauche que j’apprécie a dit un jour des écologistes qu’ils ne sont que des khmers verts.

  • In fine, pour les écolos, il s’agit toujours de lutter contre le vilain capitalisme et éventuellement, tout ce qu’il peut engendrer comme progrès. Le reste est de la bouillie verte à faire avaler de force à la population.

  • Pas grave, les saoudiens/emiratis/chinois/russes rachèteront notre patrimoine et on viendra encore chialer sur le « vol de notre culture, de notre Histoire, de notre Heritage » 🙂

  • Le droit de propriété (droit énoncé dans l’Article 2 de la DDHC) est encore bafoué.

  • Rassurez vous, on n’aura pas des bâches grise.
    On aura des œuvres d’art éphémères à 1 M la pièce (prix d’ami). Payés par toi, ami contribuable.

  • Nos écolos-bobos-socialauds sont des artistes en matière de vol plané … souterrain :mrgreen:
    On ne risque plus rien…
    Tout va bien, madame la Marquise …

  • Il y a maintenant de plus en plus de bâches en trompe-l’oeil qui représentent le monument en dessous. C’est une bonne idée et plutôt joli 🙂

    • Très joli et très cher et payé par le contribuable qui lui n’a même plus assez d’argent pour visiter le monument en question une fois la rénovation achevée.

  • Après voté pour la couleur grise pour les bâches,

    il reste un épineux problème.

    Cette problématique nécessite la création d’une commission théodule , avec en préambule la constitution d’une sous-commission qui aura la charge de nommer ses représentants et les fonctions de chacun.

    Le gouvernement devant la tâche, a réquisitionné le sénat et la chambre des députés..

    L’heure est grave,

    Il s’agit de choisir la couleur officielle des papiers toilettes que devra utiliser chaque français.

    Pour une fois, les différents courants des écologiques se sont mis rapidement d’accord sur une couleur ; ce sera le vert !

  • Je me demande si l’aspect le plus grave de l’histoire n’est pas simplement qu’il est possible de faire voter ce genre d’ineptie avec seulement 28 personnes dans l’assemblée. Il faudrait peut-être imposer une presence minimale pour faire voter quoi que ce soit, cela permettrait peut-être de réduire la diarrhée législative que la gauche se plait à faire passer chaque fois qu’elle est au pouvoir qq part

    • Voir plus haut la solution verte contre la diarrhée…

    • Votre com me fait plaisir lorsque qu’ il y aura un sujet « démocratie » sur ce site je reprendrai cet exemple des 28

    • Cedric: « Il faudrait peut-être imposer une présence minimale pour faire voter quoi que ce soit »

      Oui, une loi= minimum 1000’000 de votes.
      La démocratie c’est « pouvoir du peuple » en grec et pas « Tenez Capone, voila les clés faites ce que vous voulez »

      En Suisse on peut voter par internet, 5 fois par année des packages de 3-4 lois, ça marche parfaitement.

    • Vous n’oubliez peut être qu’une chose c’est que plus de 60% des français n’est pas favorable aux bâches publicitaires

  • Pour faire plaisir à tous ces bobos qui refusent la publicité dans leur immeuble et dans leur boite à lettre.
    Ces richards, n’ont pas de petits enfants qui pour boucler leur budget étudiant distribuent ces publicités ? ou une soeur au chômage qui grace à la pub arrondi ses fins de mois de maigre RSA ? En période de crise la pub est une source revenus, ou dans le cas des immeubles voilés : une source de financement de travaux de réfection.. Cela dérange ceux qui vivent dans un immeuble où les publicitaires ne veulent pas financer la réfection ! Par jalousie, et empêcher les jeunes ou les chômeurs de distribuer de la pub : par méchanceté ?

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