Réfugiés : l’Union européenne va les trier à distance

Politique migratoire européenne : où en est-on ? Quel effet sur le référendum de sortie de l’Union européenne prévu au Royaume-Uni ?

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David Cameron (PM delivers speech on immigration at JCB Headquarters - Photo Arron Hoare - Credits Number 10 (CC BY-NC-ND 2.0)

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Réfugiés : l’Union européenne va les trier à distance

Publié le 9 mars 2015
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Par Richard North, depuis Bradford, Royaume-Uni.

David Cameron (PM delivers speech on immigration at JCB Headquarters - Photo Arron Hoare - Credits Number 10 (CC BY-NC-ND 2.0)
David Cameron (PM delivers speech on immigration at JCB Headquarters – Photo Arron Hoare – Credits Number 10 (CC BY-NC-ND 2.0)

 

L’immigration est redevenue une question de premier plan avec la publication du rapport de l’Observatoire de la Migration et ce rapport de Migration Watch qui replace les politiques des travaillistes dans leur contexte.

On fait grand cas d’une amnistie pour les immigrés clandestins, lorsque plus de 220 000 demandeurs d’asile ayant échoué, ou aux dossiers retardés, ont reçu l’autorisation de rester de façon permanente à partir de 2006. En 2010, les conservateurs ont ensuite hérité des travaillistes d’un arriéré de 368 100 cas. Cela fait à peu près un demi-million.

À rapporter aux sept millions d’immigrés durant la période dite porte ouverte de 1997 et de 2001, on atteint environ 7 % du total, et pourtant ce sont ces demandeurs d’asile qui retiennent l’attention, y compris dans les photos de presse. Ce gros plan sur eux est intéressant pour comprendre comment, bien qu’ils soient une petite partie du problème, le public voit souvent l’immigration comme une ruée d’immigrants traversant la Manche.

Dès lors, quand nous voyons se glisser dans The Guardian des fragments d’un discours sur l’immigration par Dimitris Avramopoulos, commissaire de l’UE aux affaires intérieures, c’est assez significatif de la prochaine étape du mouvement consistant à créer une Politique migratoire européenne globale, avec entre autres choses des plans visant à établir pour la première fois des centres de traitement d’immigrés hors de l’Union européenne. Ceci, nous dit-on, est un « point de départ radical en termes de politiques », ayant pour but d’endiguer le mouvement de centaines de milliers de personnes à travers la Méditerranée, avec la Commission faisant passer à toute vitesse un texte de politique sur la migration.

Si cela se concrétise, ce sera comme un écho au stratagème australien d’offshoring, qui contourne la convention de 1951 sur les réfugiés en bloquant l’obtention de leur droit de résidence en vue d’accéder à l’Espace économique européen (UE, Norvège et Lichtenstein).

Il est possible que se développent des bureaux de traitement de migrants dans des pays clés de transit comme l’Égypte, le Niger, la Turquie ou le Liban ; cette idée est en train de gagner du terrain en UE. Comme l’Italie, la France est aussi fervente partisane d’un tel programme, alors qu’il se dit que Thomas de Maizière, le ministre allemand de l’Intérieur, milite pour des installations dans des pays comme l’Égypte.

Les petits États membres affectés de façon disproportionnée par les flux de migrants, comme Malte, apprécient cette idée ; et on peut s’attendre à ce que des pays comme la Hongrie suivent de près de tels développements.

Selon The Guardian, la commission a auparavant résisté à des pressions de gouvernements d’États membres sur cette question. La déclaration d’Avramopoulos représente donc, dit-on, un revirement, bien que tous les aspects du plan ne seront pas traités avec le même enthousiasme par tous les États membres. Par exemple, il demeure une forte opposition de certains pays à l’encontre d’une proposition de répartition plus équitable du fardeau des réfugiés dans toute l’Europe. Des experts en migration précisent que, sur les 28 pays de l’UE, 18 ont de petites communautés d’immigrés, et peu d’entre eux ont envie que cela change.

Cependant, les détails sont moins importants que le timing, qui pourrait exercer une influence considérable sur le débat au Royaume-Uni et sur le chemin éventuel d’un referendum de sortie de l’UE. Ceci correspond certainement avec l’idée que la Commission travaille pour parvenir à un résultat en soutien à David Cameron, dans sa tentative de démonstration que la question centrale de l’immigration est traitée. De fait, le calendrier semble étrangement favorable.

Le premier vice-président de la Commission Frans Timmermans, présentera en mai « un nouveau programme sur la migration » avec « une meilleure gouvernance pour renforcer notre système d’asile, fixer un cap clair à la migration légale, agir plus vigoureusement contre l’immigration clandestine et assurer la sûreté des frontières ».

Ceci prépare magnifiquement le terrain de Cameron pour dérouler son programme de modification des traités européens, prêt pour une victoire qui tomberait à pic lorsqu’il en aura le plus besoin, juste avant son referendum de 2017, en offrant une solution européenne à un problème de dimension internationale, qui ne peut pas être facilement résolu par un seul État-nation.


Sur le web. Traduction Contrepoints.

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  • 1.La solution consistant à « externaliser » le traitement et la « résidence » des demendeurs d’asile peut etre une bonne solution si des controles stricts sont mis en oeuvr.En Australie de graves roblèmes se sont posés dans les états qui « hébergent » l »es immigrés demandant l’asile en Australie tel que des abus sexuels ou des privations de soins.

    2.Je ne comprends toujours pas que nous nous sommes toujours pas penché sur la solution de Garry Becker qui consiste à faire payer le droit d’immigrer soit par une redevance, soit pas une garentie financière soit par la mise au enchères des visas….

  • A quoi servent les trop nombreuses ambassades ? Elles devraient gérer le grave problème de l’immigration des papiers administratifs aux apprentissages de la langue du pays accueillant et d’un minimum d’instruction civique. Ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier est prendre l’éducation dite nationale pour la solution

    • Que voulez vous que les ambassades fassent pour gérer ??? Les ambassades sont à l’étranger, elle ne peuvent rien contre le clandestin dont le visa est expiré, ou qui n’a même jamais eu de visa …

      On peut faire pas mal de reproches aux ambassades, mais pas celui là.

      • Désolé, les ambassades ne sont pas à l’étranger mais sur sol Français à l’étranger. Le travail des ambassades et consulats qui nous coutent fort cher devrait traiter les causes de l’immigration et non les conséquences que vous décrivez. Avec notre administration obèse la réforme structurelle qui s’impose est de supprimer le statut public pour le non régalien afin de retrouver notre identité. Les PUBS et les SUBVENTIONS sont les ennemis de la Liberté. Pas de travail, pas d’argent.

        • Pour votre inforrmation, les ambassades sont bien en sol étranger. même wikipedia le sait (extraterritorialité)
          Et franchement, que voulez vous que les ambassades fassent pour traiter les causes de l’immigration ???
          Des maliens parlent français, savent qu’ils gagneront mieux leur croute en France qu’au Mali, ils migrent en France, c’est bien normal et toute personne censée et en capacité de le faire l’envisagerait à leur place. que voulez vous que l’ambassade de France au Mali y fasse ? Faire chier les maliens qui demandent un visa (déjà fait, soyez rassuré …) ? faire de la publicité pour l’émigration aux USA plutôt qu’en France ? donnée une image pénible de la France ? dissuader l’apprentissage du français au profit de l’anglais ou du chinois ?
          Là où je vous rejoins c’est sur la nocivité des subventions. Qu’on les suppriment, et les problèmes de l’immigration disparaissent.

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