Une neutralité du Net pas très nette

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Une neutralité du Net pas très nette

Publié le 2 mars 2015
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Ça y est, sur internet, tous les petits paquets IP naissent désormais libres et égaux en droit. Ou tout du moins, la FCC américaine (Federal Communications Commission) vient-elle de déclarer qu’il en est ainsi et qu’à ce titre, nul opérateur ne peut discriminer méchamment entre un paquet de flux vidéo et un paquet de flux texte.

Et c’est donc une nouvelle réglementation de la FCC, expliquée dans un modeste document de plus de 300 pages dans lequel il n’y aura aucune surprise (mais si, mais si), qu’on apprend que tout prestataire de télécommunication qui fait transiter ces petits paquets tous égaux n’a plus le droit de les trier en fonction de la source, de la destination ou (surtout) du contenu de ces paquets. Il est désormais interdit aux fournisseurs d’accès de bloquer arbitrairement des contenus légaux, de ralentir ou d’accélérer les flux de données sans justification ou de prioriser certains contenus transitant par leur réseau moyennant paiement.

Ouf, nous voilà rassuré – ou, en tout cas, les Américains le sont à présent : grâce à ce gros morceau de bravoure, la neutralité du net est en marche aux États-Unis, le consommateur et le citoyen américain seront dorénavant protégés contre les intentions méchantes des corporations internet turbo-capitalistes, et le ciel de l’avenir, chargé de nuages gris, vient de voir percer un rayon de lumière régulatrice. Gloria in excelsis déhohoooooho et tout le tralala.

Internet : Serious bizness

En France, la technicité du sujet et la polarisation de la presse sur les palpitantes aventures de Mr Bean aux Philippines n’auront guère permis à la population de fêter dignement cette avancée majestueuse du droit et de l’égalité jusque dans le monde des octets tendrement empaquetés par le protocole internet, mais on peut facilement lire quelques soupirs de contentement ici ou par exemple.

Mais voilà : cette belle unanimité laisse pensif. En effet, ce qu’on voit et ce qui est vendu sur le papier, c’est une neutralité pour le consommateur, une protection de la liberté de parole, et internet vu comme un service de base sans lequel vivre n’est plus guère possible. Chouette, du chaton mignon pour tous, à parts égales !

chaton youpi encore une mission réussie

Ce qu’on voit moins, c’est qu’un groupe de lobbyistes a gagné contre un autre groupe de lobbyistes. Ce qu’on voit moins, c’est qu’Amazon, Netflix et d’autres grosses corporations qui produisent du contenu ont gagné le droit de continuer à prendre une part croissante de la bande-passante sans s’acquitter du prix et en reportant les coûts d’infrastructure aux fournisseurs. Par analogie, c’est comme si l’industrie de la fabrication de meuble arrivait à se débarrasser presque complètement du coût de livraison de ces meubles et à la faire intégralement supporter par l’industrie de la livraison, en payant la même chose qu’il s’agisse d’une chaise ou d’une cuisine complète au prétexte d’une « neutralité de l’ameublement ».

Parallèlement, l’introduction de cette nouvelle « neutralité » permet de créer une barrière artificielle à l’entrée sur internet : pour Comcast et Verizon (les opposants affichés, mais en réalité fort modérés à cette neutralité), cette nouvelle réglementation impose un coût d’infrastructure important, certes, mais permet de saborder tout nouvel entrant, toute nouvelle startup qui, se plaçant non sur le câble ou la fibre (où l’un et l’autre sont déjà largement dominants), doit maintenant être capable de délivrer un contenu de façon neutre. On imagine sans mal que toutes les petites entreprises qui voulaient fournir un contenu spécifique par une technologie donnée (radio, typiquement) en faisant un traffic shaping innovant s’en retrouve d’autant empêchée. D’un coup, la concurrence aux majors de l’infrastructure vient de se prendre un gros taquet.

Oh oui, on a, sur le papier, régulé internet, c’est-à-dire garanti que des startups de contenu pourraient bénéficier de cette neutralité. Les stratups d’infrastructure, elles, vont se retrouver gravement pénalisées. Régulation qui, en outre, considère internet comme un service public au même titre que l’eau, le gaz ou l’électricité, et qui aboutira donc (les mêmes causes ayant les mêmes effets) aux mêmes cartels que ceux qu’on trouve dans l’eau, le gaz ou l’électricité.

Bien joué.

Quand quelque chose n’est pas cassé, on ne devrait surtout pas le réparer.

Lorsqu’on constate que c’est, précisément, l’État qui vient avec de nouvelles régulations « réparer » internet qui marchait jusqu’à présent et jusqu’à preuve du contraire fort bien, on ne peut que s’inquiéter énormément du chemin que va prendre le réseau mondial. Lorsqu’en plus, cette « réparation » ressemble comme deux gouttes de bave à la myriade d’autres régulations destinées, elles aussi, à « réparer » les intertubes de toutes les crasses pédonazies qui y sévissent terriblement, l’inquiétude prend des allures d’angoisse… D’autant plus lorsque cette « réparation » a été poussée par le même président que celui qui aura, avec une efficacité redoutable, poussé à la « réparation » de l’assurance maladie américaine. Quand, de surcroît, on note que cette magnifique « réparation » est largement poussée par des corporations typiquement capitalistes comme Facebook, Netflix, Amazon ou Yahoo, qui ont toute l’oreille (rémunérée ?) du législateur, toutes les alarmes se déclenchent sur le mode « Capitalisme de Connivence », celui-là même qui a toujours fait tant de bien à la liberté en général et à internet en particulier… Enfin, s’imaginer que les États, et les États-Unis en particulier dans la question qui nous intéresse, seraient subitement en train de prendre parti pour leurs citoyens, c’est faire preuve d’une naïveté confondante !

Faut-il être aveugle pour constater que cette neutralité du net est mise en place, avec les applaudissements du public, par ce même État qui a mis en place la surveillance la plus massive et la plus profonde de la plus grande quantité d’être humains sur Terre, toutes époques confondues ? Faut-il se réjouir qu’un État régule encore un peu plus internet, lui qui a déjà largement prouvé ne pas s’embarrasser ni des droits de l’homme, ni de l’intérêt collectif, ni même de la liberté ou de la paix ? Faut-il réellement trouver admirable ce pas supplémentaire dans la mise en coupe réglée du réseau des réseaux ? Et faut-il oublier que l’État qui met tout ceci en place n’a, depuis 20 ans, pas passé une seule loi qui vise ni à ralentir sa propre obésité et sa propre mainmise, ni à donner plus de liberté à ses citoyens ?

cat facepalm

Autrement dit, parce que le nom « neutralité du net » est sympathique, parce que le concept, aussi vaporeux soit-il, comporte ce délicieux côté égalitariste, et parce que l’idée qu’on puisse payer en fonction de son usage défrise certains consommateurs, il faudrait d’un coup oublier que l’État qui met en place cette idée n’a jamais autant mis ses gros doigts dans les libertés et la vie privée de tous, n’a jamais montré autant de collusion avec les puissances financières, et croire – youpi, youplaboum – qu’il le fait pour notre meilleur intérêt… Cela nous a un petit côté 3615 Bisounours délicieusement suranné.

Beaucoup voulaient la neutralité du net. Ça tombe bien, elle est en train de se mettre en place et tout indique que les Européens ne seront pas en reste. La gourmandise avec laquelle la Commission Européenne et l’ensemble des États membres l’implémenteront en dira très long sur l’impact réel pour le citoyen.

Mais une fois qu’elle sera là, ne venez pas vous plaindre.

cat enough internet

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  • Voir aussi ce que dit Louis Pouzin sur la « neutralité du net ».

  • La neutralité du net est un grand principe un peu fourre-tout qui caresse le consommateur dans le sens du poil. L’internaute de base paye sa connexion et ne voit pas les investissements phénoménaux nécessaires pour lui assurer une bonne qualité de service.

  • encore un discours de lobbyiste caché… Je tiens a rappeler a l’auteur que le consommateur paye un connections donc une bande passante si le fai n’est pas en mesure de lui fournir alors c’est de la publicité mensongère … Cette réglementation a pour but d’éviter les bricolages et autre entente des FAI afin de ne pas investir dans les réseaux. Le point négatif pour les consommateurs et que leurs connections risque d’être de meilleur qualité et donc plus chère a terme . PS: rien n’interdit au fai de faire des interconnexion avec OTT pour avoir un meilleur service sans restriction de la concurrence.

    • Quand il y a une garantie de bande passante (rare, lisez votre contrat) c’est uniquement jusqu’au DSLAM qui est le premier équipement sur la ligne, mais pas au-delà.

      Si les FAI n’investissent pas dans les réseaux c’est soit que ce n’est pas une demande de leurs clients, soit ils se feront expulsés du marché et ce n’est pas leur intérêt.

      Conclusion : laissez faire le marché, il s’est bien débrouillé seul jusqu’à maintenant.

      • Les garanties de bande passante n’existent que pour les contrats professionnels et les tarifs ne sont pas vraiment les mêmes que pour le grand public. Le débit annoncé par les FAI est en fait « le débit qu’on vous garantit que vous ne pourrez pas dépasser » 😉

      • Le problème de la neutralité se situe au niveaux des switch des FAI, en limitant arbitrairement certaine provenance il s’assure de moins payer d’interconnexion ou privilégier leurs propre service. Par exemple Je ne vois pas en quoi ca aide le marché que les FAI bloque par exemple le trafic VoIP pour s’assurer que leurs clients utilise leurs service de téléphonie… Il faut sortir du pays des bisounours, le marché pur et parfait ça n’existe pas il faut un minimum de regulation.

        Sans neutralité du net c’est un peu comme si la sncf vous interdisait de boire et manger autre chose que ce que le rayon bar propose…

        • La neutralité du net dérégule le marché.

        • C’est l’opérateur historique et les opérateurs mobiles qui bloquaient la VoIP mais pas les FAI ADSL.
          Il n’y a pas eu besoin de légiférer, le déblocage s’est fait tout seul par la seule concurrence mais aussi parce que le service s’est amélioré.

          « il s’assure de moins payer d’interconnexion ou privilégier leurs propre service. »
          Idem que pour la VoIP : le client ira vers celui qui lui fournira le service dont il a besoin.

    • Cette réglementation a pour but d’éviter un problème qui ne se posait pas en faisant intervenir l’Etat là où il n’a rien à faire. Gageons que ce ne sont pas les intérêts de l’internaute lambda que défend l’Etat. Néanmoins, je serais curieux de savoir ce qui vous fait penser le contraire, que l’internaute aurait besoin de l’intervention de l’Etat pour améliorer le service qu’il reçoit. Sans doute l’exemple du courrier ou des trains !

      • « un problème qui ne se posait pas »

        Ben si, justement, il y a un problème. Les opérateurs télécoms sont pris entre les consommateurs qui veulent toujours plus de bande passante au même prix (ce qui est bien normal) et les fournisseurs de services qui produisent des contenus toujours plus volumineux (ce qui est très normal aussi).

        De plus, le contraintes de temps sont très différentes: les opérateurs télécoms doivent faire des investissements lourds amortis dans la durée; les grands fournisseurs de service ont une croissance très rapide de leur activité sur les réseaux.

        Bref, le rapports de forces entre ces différents acteurs du marché n’est pas facile à gérer pour les opérateurs. La neutralité du net leur enlève degré de liberté dans les négociations avec les fournisseurs de service.

      • Ah bon, l’Etat n’a rien à faire concernant les monopoles?

        Alors il va y avoir des agences qui vont sauter!

    • Pouzin aussi est un lobbyiste ?

  • Encore des lois, toujours des lois, les mêêêêmes lois …

    Même pour ne pas réguler, il faut interdire de réguler !

    Pour le consommateur final, ça veut dire qu’il faudra surveiller sa facture et le débit réel par rapport à ce qu’on vous a vendu. Car celui qui vend du Tera-FantasiGiga-bit à ses clients doit aussi payer les Mega-Tera-FantastiGiga-bit pour les tuyaux vers les fournisseurs de contenu. Soit il assure et il doit faire payer la bande passante au client, soit c’est de l’arnaque.

    • Il faut des lois contre les abus de monopole et de position dominante.

      Il y a peu de concurrence entre les FAI et parfois pas du tout sur le haut débit.

      Les FAI ont une position dominante.

      Maintenant, vous allez peut être nous dire que l’ARCEP ne devrait pas réguler la TA, pendant que vous y êtes?

  • 300 pages pour définir la liberté.?

  • Nous devrions avoir le détail des taxes sur les factures.

  • Lorsque vous allez faire vos courses dans un magasin, vous mettez dans votre panier les biens qui vous intéressent en quantité que vous souhaitez et n’y mettez pas les biens que vous ne voulez pas acheter.

    Si le gouvernement venait en disant que pour la neutralité du magasin il va faire une loi qui vous forcera à payer un panier moyen prédéfini contenant tous les produits même ceux qui ne vous intéressent pas, libre à vous de ne pas les prendre, mais vous payez quand même un forfait général pour le tout, que répondriez-vous? On imagine qu’une masse écrasante de gens hurlerait à la mort si on les contraignait de la sorte à payer pour un panier contenant des biens qu’ils ne veulent pas.

    Maintenant, on a sur le net des gens qui proposent comme pour le panier que vous composez vous-même de mettre à disposition des bouquets par contenus ou types de sites avec des tarifications variées, de sorte que ceux qui veulent par exemple uniquement youtube et wikipedia puissent ne payer qu’un accès réduit, et que ceux qui veulent avoir accès à plus de choses payent par contre plus cher que ces premiers.

    Là tout le monde hurle. Ils ne veulent pas qu’on puisse avoir le choix de ce qu’on prend ou pas et une variation de prix qui lui correspond. Voyez-vous l’absurdité? ils hurlent parce que mutatis mutandis ils veulent maintenir le panier général identique pour tous qu’ils auraient considéré comme despotique et absurde si on le leur avait imposé dans la grande surface.

    Notez que par contre les mêmes ne voient aucun problème à avoir des connexions à débit différent ou des connexions à nombre de giga limités par jour, semaine ou mois selon les abonnements avec des tarifications différentes. Avec le même principe de neutralité ils devraient contester ces différences, parce qu’il est clair que si on peut downloader seulement un giga par mois, on n’a pas pris un abonnement pour regarder des vidéos mais juste pour lire du texte; mais non, là ces différences d’accès à tarifs différents leur semblent tout à fait normales.

    Ce qu’on comprend de tout cela c’est qu’en fait les gens ne raisonnent pas avec des principes ou des logiques, ils défendent le status quo. Ils l’ont l’habitude de pouvoir composé eux-même leur panier personnalisé au magasin, ils ont par contre l’habitude de l’exact contraire sur internet où ils payent pour un accès global à tout le panier, même à ce qu’ils ne consomment pas. Qu’à cela ne tienne, ils défendent l’un dans un cas et son contraire dans l’autre, selon ce dont ils ont l’habitude.

    Ceci n’est pas du tout étonnant, un psychologue du nom de Crandall a montré dans une série d’étude que lorsqu’on propose aux gens entre deux situations A ou B et qu’on leur a fait croire que la situation qui existe préalablement c’est A, ils préfèrent A. On trouve l’exact inverse si on leur fait croire que la situation qui existe préalablement c’est B. Là il préfèrent B.

    Quand les gens commenceront à être un peu cohérent, on pourra sérieusement et sereinement commencer à parler des bienfaits et des méfaits de la « neutralité » du net. Avant cela, c’est comme de pisser dans un violon.

    • Don il faut faire croire aux gens qu’on est dans un monde libéral… :mrgreen:

    • non dans un magasin il est possible de procurer ce que le magasin laisse comme choix, sans la neutralité du réseau c’est la meme chose.
      amusant de lire un tel article ici, sans la neutralité du réseau la société qui héberge le site devrais payer les fai pour pouvoir etre accessible aux lecteurs ou aux lecteurs de payer le fai.

      • Sans la neutralité du net, les fournisseurs de contenu et les FAI ne pourraient pas s’entendre. Ce serait la WW III et les internautes seraient privés d’oxygène et mourraient comme des punaises. Tandis que là, c’est garanti, même si vous êtes webmaster du site des collectionneurs de cloportes unijambistes avec 6 consultations par mois, vous paierez exactement le même prix qu’Amazon, pas un euro de plus !

    • Expliquez-nous par quel miracle un accès vers moins de sites pourrait coûter moins cher.

  • On se demande pourquoi l’Etat ne garantirait pas alors la neutralité du courrier à La Poste. Lettres vertes, prioritaires, suivies, distinguées, c’est pas très neutre, hein ?

    • La poste applique les même règles pour toute les lettre verte: elle est neutre, il est tout a fait imaginable que des utilisateurs aient une priorité différente sur le réseau en fonction de leur plan tarifaire tant que toutes leurs requêtes ont la même priorité (ca ne veut pas dire que toutes les pages et services marcherons aussi bien car ça dépendra toujours des « chemins » a parcourir).

    • La Poste garantit la non-ouverture du courrier ce qui est la définition précise la neutralité.

      En fait vous combattez quelque chose auquel vous ne comprenez rien et même dont vous ne savez rien, comme tous les « libertariens » en carton.

  • Plusieurs points

     » tout prestataire de télécommunication qui fait transiter ces petits paquets tous égaux n’a plus le droit de les trier en fonction de la source, de la destination ou (surtout) du contenu de ces paquets. Il est désormais interdit aux fournisseurs d’accès de bloquer arbitrairement des contenus légaux,  »

    Une réaffirmation du droit à la liberté d’expression et contre la discrimation de contenu… Jusque là rien de choquant. Ça évite certains dérapages comme il y a pu en avoir outre-atlantique ces dernières années.

     » [Il est désormais interdit aux fournisseurs d’accès de bloquer] de ralentir ou d’accélérer les flux de données sans justification ou de prioriser certains contenus transitant par leur réseau moyennant paiement.  »

    En clair, la quantité d’information transitant par unité de temps doit être équitablement réparti entre tous les connectés au réseaux. On comprend l’intérêt par rapport à ce qui est dit au-dessus, mais surtout cela ne veut pas dire que tous accède au réseaux en supportant les mêmes frais. Les compagnies gérant l’infrastructure internet peuvent moyenner l’emprunt de son réseau au volume de donnée transmis, ou le temps de connexion comme ça se fait souvent dans la plupart des pays. En clair, c’est moins à Amazon d’assumer le coût de ses contenus transitant par le réseaux, alors que la demande émane du client. C’est au client de payer, faut pas inverser les rôles. Est-ce que vous payez l’appel quand on vous appelle (hors roaming) ? Non… Internet c’est pareil. Ce qui se tramait c’était de faire payer deux fois le service.

    Donc en clair, pas de quoi gueuler, on réaffirme des principes de la DUDH 1948, et on laisse une marge de manœuvre au marché pour mener ses activités. On élargira la route pour en faire une autoroute au lieu d’aristocratiser la départementale. Le volume de donnée coûtera plus cher à l’unité, c’est vrai, mais n’est-ce pas un moindre mal compte tenu de l’enjeu démocratique ?

    Je me considère comme libéral, mais je suis très souvent consterné par la réaction des libéraux dès qu’il s’agit de poser un peu de régulation dans une activité commerciale, certaines analyses confinent parfois à la mauvaise foi, à chercher la petite bête. Soyez pas si buté ! Entre le tout dirigisme et le marché totalement libre il y a un monde…

    • « Entre le tout dirigisme et le marché totalement libre il y a un monde… »

      C’est bien le problème. Il faut de la réglementation pour éviter les abus, mais trop de réglementation (ou une réglementation mal pensée) produit des effets secondaires indésirables.

      Dans ce cas précis, il est clair que « la neutralité du net » (concept très flou car le net c’est vaste!) peut être vue comme un frein à la création de nouveaux services… au profit des acteurs en place.

      Notre ami h16 ne cherche pas la petite bête, il souligne simplement les effets pervers d’une réglementation naïve.

      • Quel type de « nouveaux services »?

        • Les services en question sont innombrables. Prenez Skype par exemple. En l’absence de toute garantie de qualité de service, les communications Skype sont souvent très bonnes et quelquefois pourries.

          De même Netflix est comdamné à s’associer avec les FAI. Sinon, sans garantie de débit, la qualité de la vidéo sera aléatoire.

          • La qualité de la vidéo sera bonne si le réseau du FAI transmet bien les paquets. Ce qu’il pourrait faire s’il est bien dimensionné.

            Ce que vous proposez : que les FAI gèrent la pénurie en fonction des primes payés par les fournisseurs au lieu de correctement dimensionner le réseau.

            • Le dimensionnement du réseau ne concerne pas que les FAI. Entre les serveurs de Netflix et votre box il y a une douzaine d’opérateurs techniques différents que vous n’imaginez même pas. Internet n’est pas un réseau à dimensionner. C’est une interconnexion de plein de réseaux. Chaque opérateur de réseau décide de son dimensionnement (et de plein d’autres choses) en fonction de ce qu’il a promis a ses clients (entre autres). C’est beaucoup plus compliqué que « yaka bien dimensionner le réseau »…

              • « il y a une douzaine d’opérateurs techniques différents »

                Lesquels?

                • Bonne question. Voyons ça en partant de la box. D’abord il y a la box (fournie par le FAI), ensuite la boucle locale (Orange), ensuite il y a le DSLAM (le FAI), ensuite le réseau de collecte du FAI. Jusqu’ici c’est à peu près clair. Après on passe par un réseau de transit (partenaire du FAI), puis par autant d’opérateurs de transit qu’il faut (ex: Colt, Level3) pour atteindre un réseau de distribution de contenus (ex: Akamai). Entre Akamai et Netflix il y a encore autant des réseaux intermédiaires… Bien entendu tout ça c’est pour illustrer, je ne sais pas si Netflix travaille avec Akamai en France.

                  • Très bonne explication. Et c’est justement la là où le bât blesse. La réglementation ne concerne que la boucle locale et le réseau de collecte du FAI (l’opérateur réglementé est le FAI). Mas pas l’interconnexion avec les opérateurs de transit. Or comme vous le rappeler bien à propos, la qualité du service est également déterminée par tous les réseaux intermédiaires. Mais là, cela reste la « loi de la jungle », comme diraient nos amis collectivistes. Bizarre, non? Pourquoi deux poids deux mesures?A qui profite « le crime »?

                  • Je n’ai pas les détails techniques de la décision de la FCC. Néanmoins, si le principe de la neutralité du net est affirmé sur toutes parties du réseaux, et que tous les acteurs sont soumis à la même règle, et que leurs clients (FAI) leur pose des exigences techniques quant à la qualité et à la rapidité de la transmission, je vois pas pourquoi, à terme, le réseaux ne croîtrait pas suffisamment pour répondre à la demande généré par ce principe de la neutralité du net.

                    Regardez aux états-unis les réseaux de transport électrique. Laissé totalement au marché, les distributeurs ont construit plusieurs réseaux côte-à-côte, dont la capacité de transport de courant varie grandement d’une région à l’autre. Des mises à niveaux techniques n’ont pas toujours été faite, car il état plus rentable du coup que l’alimentation soit monnayé au plus offrant en fonction des heures de pointe, avec pour conséquence des particuliers qui ne peuvent pas toujours s’alimenter sur le réseau. Ce problème n’arrive pas vraiment dans les grandes villes, mais certains comté reculé subissent souvent cette situation. On peut voir se profiler la même chose avec internet et ce monnayage de la rareté.
                    En France, le réseau étant étatisé, on a eu la logique inverse de neutralité du réseaux. Certes, c’est allé jusqu’à l’absurde d’alimenter par une ligne triphasé, une ou deux habitations isolées. On tire une ligne, on place un transformateurs, comptez plusieurs k€, pour pas grand chose c’est vrai. En attendant, l’accès à l’électricité est démocratisé. N’est-ce pas là le plus important ?

                    • « je vois pas pourquoi, à terme, le réseaux ne croîtrait pas suffisamment pour répondre à la demande généré par ce principe de la neutralité du net. »

                      Euh. Je ne vois pas pourquoi, à terme, le reseau grandirait de manière harmonieuse et équilibrée pour tous les acteurs.

                      « En attendant, l’accès à l’électricité est démocratisé. N’est-ce pas là le plus important ? »

                      En attendant il faut bien que quelqu’un paye les infrastructures du net. N’est-ce pas là le plus important ?

                    • hors sujet … la neutralité du net n’a rien à voir avecla démocratisation d’internet, Enfrance ca ne donnera pas la fibre, le VDSL ou même l’ADSL au maison paumé dans les bois … ni ne forcera les offre haut débits simplement le consomateur aura le droit de choisir comment il veut consomer sa bande passante sans que des entrave arbitraire soit mit en place par les FAI

                    •  » Euh. Je ne vois pas pourquoi, à terme, le reseau grandirait de manière harmonieuse et équilibrée pour tous les acteurs.  »

                      Ben p’têtre parce-qu’il est dans l’intérêt des acteurs de l’internet de répondre à la demande toujours croissante ?

                      « En attendant il faut bien que quelqu’un paye les infrastructures du net. N’est-ce pas là le plus important ? »

                      Mais elle est payé cet infrastructure, vous payez, je paye, les services comme Amazon, ou Netflix payent pour leur raccordement au réseau… Nous utilisateurs somme payés au volume de donnée descendante le plus souvent, mais les fermes de serveur sont payés en volume montant. C’est pas le fait de payer qui est remis en cause, c’est la priorisation des données qui l’est.

                       » hors sujet … la neutralité du net n’a rien à voir avec la démocratisation d’internet, Enfrance ca ne donnera pas la fibre, le VDSL ou même l’ADSL au maison paumé dans les bois … ni ne forcera les offre haut débits simplement le consomateur aura le droit de choisir comment il veut consomer sa bande passante sans que des entrave arbitraire soit mit en place par les FAI  »

                      Oui, parce-que la neutralité concernerait la boucle locale comme dit précédemment. Mais le débat n’est pas refermé quand à la neutralité pour le reste des éléments du réseau. Mon exemple n’est pas si HS de ça dans la mesure où plusieurs pays imposent aux FAI sur leur territoire un débit minimum de service. Par exemple la Finlande impose un objectif de 1 Mo/s à ses FAI pour bientôt (je sais si c’est dans 1, 2 ans ou à la fin de la décennie).

  • Il faudrait même être plus sévère dans la critique: l’initiative est de la pure manipulation. La régles sur la neutralité du net, n’ont rien à voir avec l’internet, mais seulement avec la gestion par l’opérateur concerné de la petite partie de son réseau entre ses répartiteurs principaux (réseaux fixes) ou installation équivalente pour les mobiles, avec la terminaison chez l’abonné. « la boucle locale », dans le jargon.

    Ce qui se fait en deçà n’est réglementé. L’autorité de la concurrence a ainsi permis en 2012 à Orange de limiter l’accès à ses abonnés à l’opérateur de transit Cogent, via lequel le contenu de notamment Megaupload pouvait être téléchargé. http://www.autoritedelaconcurrence.fr/user/standard.php?id_rub=417&id_article=1970
    L’internaute qui pense que les nouvelle règles vont lui permettre de télécharger sans discrimination sont des naïfs.

  • Beaucoup de commentaires à côté de la plaque.
    C’est du capitalisme de connivence. C’est tout.
    Quant à ceux qui doutent, il suffit pour s’en convaincre de savoir que le patron de la FCC appelé à témoigner devant le Congrès la veille de son annonce, a simplement refusé. Et qu’une fois de plus, comme pour Obamacare, ces bons et loyaux non élus demandent aux représentants du peuple de voter la loi en l’état pour « savoir ce qu’il y a dedans »…
    Comme s’il fallait 330 pages et plus pour définir une soit disant neutralité des réseaux.
    Dernier point de logique: neutralité du net telle qu’ainsi défendue, reviendra à faire payer par tous les infrastructures nécessaires à la diffusion large d’offres de certains fournisseurs comme Netflix, qui sinon auraient dû facturer la véritable consommation nécessaire ou investir dans le « dernier kilomètre »…
    Dernier point politique: en présentant ce texte comme servant les intérêts de la liberté (lol) gageons que notre bon Obama trouvera moyen de nous expliquer que cela ne peut se faire sans un bon échange de procédés, dont le terme se révèlera nécessairement liberticide, comme il l’a systématiquement fait pour tous les textes du même type qu’il a imposé.

    • Pourquoi ce serait à un fournisseur d’investir dans le réseau d’un FAI?

      Vous voyez l’absurdité de votre proposition ou pas du tout?

      • Non, bien au contraire.
        Si le fournisseur de service veut donc que son produit atteigne effectivement son marché, ses choix se résument à:
        1. échouer. Le business model ne marche pas.
        2. payer plus cher (et donc vendre plus cher son produit et peut-être disparaître et revenir au point 1) pour obtenir la bande nécessaire à la diffusion de son offre
        3. racheter ou investir dans le dernier km en lieu et place du FAI et selon des modalités négociées ou non
        4. tordre le bras du législateur et de l’opinion publique en appelant neutralité ce qui est en réalité son contraire, bref en faisant du lobbying. Une autre voix consistant à s’introduire en bourse et mouiller capitalistiquement suffisamment de poids lourds pour que le rique sur le business model soit écarté politiquement ou réglementairement.

  • Il y a une bande de jeunes qui ont fait un petit film pour faire l’apologie du deal !
    L’État, n’est pas content content….

    Et pourtant, nous pourrions aller plus loin dans cette démarche:
    Faire l’apologie du socialisme par exemple, quand Hollande Président à le droit de dire: il faut voter PS !

    A t’il le droit de sortir de sa fonction ? Pas si sur, hein !!!

    On pourrait faire l’apologie du chômage. En effet, l’on a tout intérêt à rester chez soi quand travailler veut dire, se faire exploiter 6 mois par an par Maman l’État. Le chômage apparait comme une attitude responsable et réfléchi.

    On pourrait faire l’apologie du fonctionnariat. Quoi de mieux aujourd’hui que d’être officiellement du coté des winners ? Du côté des parasites qui n’en branlent pas une et en gagnent à max ?!

    Enfin l’on pourrait parler de la liberté. L’on pourrait faire l’apologie de la liberté, celle que nous offre l’Etat, bien entendu. Pas celle qui est écrite dans le marbre noir. L’apologie qui nous laisse la liberté de vivre dans sa maison et d’en payer quand même une rente à l’Etat. De payer le foncier, l’habitation, la TV…

    La liberté de consommer, de force si il le faut. De payer des impôts, de faire ses courses qui coutent une blinde. De changer de smart phone pour un plus plat, plus flexible, plus étanche.

    Bref, n’hésitons plus, il faut faire l’apologie de l’Etat.

    D’ailleurs celui ci s’en agace. Preuve qu’il a quand même des oreilles. Le petit peuple râle à ce qui se dit. Les gens n’aime plus l’État. Mince…c’est pas de bol !

  • Pour internet, je m’en contre fou !

    Il y a le VPN qui marche bien. Quand ils auront voté une loi interdisant officiellement le VPN, il y aura un autre système pour se protéger de cela. (Les millions d’entreprises risqueraient de râler….)

    L’on ne peut pas brider Internet, car par définition c’est un espace ouvert, sans cloisons.

    Le marché étant ce qu’il est, les tuyaux pour acheminer étant verrouillés et écouté, il y aura d’autres sous systèmes, d’autres tuyaux.

    Croyez vous que les terroristes sont incapables d’évoluer ?
    Ils évoluent plus vite que les lois et les rapports de 300 pages.
    Le monde commercial également.
    Le monde privé a aussi sa soif de liberté.

    Les felures Pélerin et autres batraciens ne sont que des cloportes de pots de fleurs.
    Les déjections ne servant même pas à nourrir des lombrics anémiques.

    C’est vous dire !

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Voilà maintenant quatre ans que le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Depuis le Brexit, la Grande-Bretagne a connu trois Premiers ministres, et d'innombrables crises gouvernementales. Néanmoins, malgré le chaos de Westminster, nous pouvons déjà constater à quel point les régulateurs du Royaume-Uni et de l'Union européenne perçoivent différemment l'industrie technologique. Le Royaume-Uni est un pays mitigé, avec quelques signes encourageants qui émergent pour les amateurs de liberté et d'innovation. L'Union européenne, qua... Poursuivre la lecture

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It has been four years since the UK formally left the European Union. Since Brexit, Britain has been through three prime ministers and countless government crises. Nonetheless, despite the chaos of Westminster, it is already becoming clear how differently regulators in the UK and EU view the technology industry. The UK is a mixed bag, with some encouraging signs emerging for fans of freedom and innovation. The EU, meanwhile, is pursuing a path of aggressive antitrust regulation on various fronts.

 

AI ‘Bletchley Declaration’

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Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté... Poursuivre la lecture

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