Pétrole : et si on parlait de la Libye ?

Les tensions mondiales jouent sur le prix du baril. Le pétrole est aussi politique !

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Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)

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Pétrole : et si on parlait de la Libye ?

Publié le 18 février 2015
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Par Aymeric de Villaret.

Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)
Pumpjack Pétrole en Alberta, au Canada (Crédits Jeff Wallace, licence Creative Commons)

Le chaos Libyen ! Oui, la Libye est membre de l’OPEP et produisait avant la chute de Mouammar Khadafi 1,4 Mb/j. En janvier, elle était à moins de 400 kb/j, et la compagnie nationale libyenne vient d’annoncer qu’elle serait peut être obligée d’arrêter toute production si la situation se dégradait encore plus. Le pétrole est aussi politique !

Le pétrole est aussi politique

Alors que depuis l’automne dernier, on ne parle plus que d’équilibre offre-demande, le chaos libyen est là pour nous rappeler que le pétrole est aussi politique. Rappelons-nous par exemple l’été 2013 avec d’abord le renversement en Égypte de Mohamed Morsi, suivi des tensions en Syrie…

Villaret1 (tous droits réservés)
Et alors que le baril était déjà à 100$/b, c’est à plus de 115 qu’il est monté avant la proposition russe de démantèlement des armes chimiques…
Et cela alors que l’Égypte et la Syrie ne produisent quasiment pas de pétrole…

Aujourd’hui on ne parle qu’offre/demande et guerre des prix

Villaret2 (tous droits réservés)

Et si on parlait de la Libye…

Car en janvier, c’est 1 Mb/j de production en moins pour la Libye par rapport à ce qu’elle produisait sur la période 2000-2010 :

villaret3 (tous droits réservés)
Après la chute de production de 2011, consécutive au printemps arabe et au renversement de Mouammar Khadafi, la production est remontée en 2012 quasiment au niveau de 2010.
La situation s’est de nouveau dégradée au cours de l’année 2013 de telle sorte que 2014 est ressorti au niveau de 2011 (environ 480 kb/j). Ainsi sur 2014, c’est 1 Mb/j qui manque à l’appel d’une production « normale » libyenne, c.-à.-d. celle qui de 2000 à 2010 était d’environ 1,4 Mb/j.

Depuis l’automne la situation continue de se dégrader

Le pays est dans le chaos et les combats entrent, en ce qui concerne le pétrole, dans une phase plus délicate dans la mesure où les belligérants visent de plus en plus les infrastructures pétrolières.
Même si la production est arrivée brièvement à atteindre 1 Mb/j en octobre 2014, les attaques sur les champs pétroliers et les ports ont dégradé les opérations, de telle sorte que depuis les plus hauts d’octobre, la production s’écroule :

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La situation est telle que l’AIE dans ses prévisions de production de pétrole libyen n’estime le pays capable de ne produire que 500 kb/j en 2015 avant de revenir progressivement à 980 kb/j.

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Encore voit-on bien que ces prévisions dépendent de ce qui se passe sur le terrain !

Villaret6 (tous droits réservés)

La fermeture de Es Sider et du terminal voisin de Ras Lanuf – qui, ensemble, permettent l’exportation de 560 kb/j de pétrole est un obstacle majeur à la production. La Société Waha Oil, le plus grand producteur du bassin de Syrte a fermé sa production qui était de 340 kb/j.
Et dimanche 15 février, l’Italie a décidé de rapatrier tous ses expatriés. Rappelons qu’ENI est le plus grand producteur de pétrole en Libye. La compagnie nationale libyenne vient d’annoncer qu’elle serait peut être obligée d’arrêter toute production si la situation se dégradait encore plus, alors qu’elle serait maintenant inférieure à 200 kb/j.

Conclusion

Depuis septembre dernier, les marchés pétroliers ne parlent plus qu’offre-demande. Est-ce que les tensions mondiales ont pour autant disparu ?
La situation libyenne vient nous rappeler que non…

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  • Certains membres de l’Opep ne manqueront probablement pas l’occasion de justifier une hausse de leur production destinée à compenser la perte du pétrole libyen.

    Côté demande mondiale, on observe la vigueur inédite du BDI… vers le sud. Pendant ce temps, les marchés financiers, ivres des QE, sont en orbite haute. Le bouclier thermique ne sera pas de trop lorsque les indices entameront leur rentrée dans l’atmosphère.

    http://www.bloomberg.com/quote/BDIY:IND

    • Tiens !? Sur Bloomberg TV, on peut voir une émission intitulée « Get ready for $10 oil ».

      Hmmm…

    • Vous pensez que les marchés vont chuter sec dans quelques mois ?
      Juste après la faillite de la Grèce ?

      • La cause du retournement des marchés en bulle n’a pas d’importance. N’importe quel événement fait l’affaire. Les cygnes noirs alimentent le storytelling des analystes et gestionnaires pour donner l’illusion à leurs clients qu’ils comprennent quelque chose aux évolutions des marchés.

        La réalité crue est que de nombreux marchés mondiaux s’achètent déjà plus de 20, 30, voire 40 fois leurs bénéfices, alors que ces bénéfices sont promis à la baisse. En effet, dans le même temps, l’économie mondiale accumule les signes de faiblesse. Nous planons très haut en orbite dans la seconde plus vaste bulle des 150 dernières années, bulle une nouvelle fois provoquée par l’action néfaste des BC pour financer encore et toujours les Obèses impécunieux aux dépens des populations. Nous sommes quelque part au troisième trimestre 1929, pour oser la comparaison historique. Plus prosaïquement, écoutez la publicité frénétique incitant à acheter au plus haut, histoire de refiler le mistigri au premier pigeon de passage. Soyez attentif aux incitations à « l’achat fort sur repli », et demain aux discours affirmant en substance qu’il est « trop tôt pour vendre » après une première jambe majeure de baisse. Quand vous entendrez ces conseils doctement assénées par les « experts », la messe sera dite.

        Chute brutale ? On verra bien. Il n’y a qu’une chose à mémoriser : une hausse sans contrepartie, quand il n’y a plus que des acheteurs tandis que les vendeurs ont disparu, implique une baisse à suivre sans contrepartie non plus, puisqu’il n’y a alors plus d’acheteur solvable en mesure de l’enrayer.

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