Un bien curieux abattement

Lorsqu’un patient dépressif qui remonte la pente semble rechuter, la cause est parfois plus étonnante qu’on ne le pense…

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Un bien curieux abattement

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Publié le 14 février 2015
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Marrant ça ! Tout n’avait pas été facile mais on avait eu de très bons résultats ces derniers temps avec ce jeune patient. En le rencontrant, j’aurais pu croire qu’il s’agissait d’une personnalité limite mais très vite, j’avais constaté qu’il s’agissait d’un SSPT issu de maltraitances durant l’enfance.

Plutôt que de faire comme la plupart de mes confrères et de lui faire ressasser ce qu’il avait vécu dans l’espoir d’une hypothétique guérison, j’avais pris le problème à contrepied. J’avais imaginé que ce qu’il avait vécu de traumatisant durant l’enfance était comme une tumeur. Et plutôt que de m’y attaquer, j’avais pris le pari de l’assécher en la contournant. Plutôt que de toujours regarder le passé, j’avais pris le parti de songer à son avenir professionnel et affectif.

Ma foi, même si rien n’était gagné, les résultats étaient là, plutôt encourageants. On sentait semaine après semaine, une pente légèrement ascendante certes, mais d’une rare constance. Sans doute pas de quoi crier au miracle mais des progrès certains qui me donnaient confiance en l’avenir. J’espérais qu’un jour, le présent serait si bénéfique que se retourner sur le passé n’entraînerait plus aucun stress.

Et puis voici que la semaine passée, le voilà qui arrive un peu triste et abattu dans mon cabinet. Alors certes, il y a des hauts et des bas considérés comme normaux, et il ne faut pas s’alarmer de tout. Mais là, j’étais dubitatif devant ces symptômes d’abattement. Pas normal du tout ça, compte tenu de l’environnement qui n’avait pas varié, du moins pas que je sache.

Et puis, je l’ai vu prendre sa vapoteuse et tirer dessus une taffe de cow-boy. Ça a fini par m’alerter parce que voici quelques années j’avais eu un cas semblable. Un médecin m’avait appelé pour savoir si je pouvais prendre en urgence un de ses patients très mal en point, un fils de people mondialement connu. J’avais accepté et reçu le type en question. Il était très abattu, anxieux et fébrile. Et pourtant selon ses dires, rien n’avait changé dans son existence.

Rien, sauf l’arrêt de la cigarette, fait à l’ancienne, à l’arrache, sans aide aucune. Parfois ça marche, parfois non et on se tape un syndrome de sevrage tabagique. Généralement, ce sevrage à la nicotine, n’entraîne que des symptômes un peu désagréables, variant de quelques jours à un mois, mais bénins. Toutefois, sur un terrain sensible, l’arrêt brutal de la nicotine peut créer des troubles importants. La nicotine se fixant sur les récepteurs cérébraux à l’acétylcholine, son arrêt brutal amenant une baisse de dopamine, peut entrainer un état anxio-dépressif important.

Je ne me souviens plus combien de temps j’avais mis à invoquer le sevrage nicotinique comme responsable de l’état de ce patient. Toutefois, je me souviens qu’une pharmacie restant ouverte jusqu’à 22h00 dans la rue, il avait eu le temps de s’y rendre et d’acheter des substituts nicotiniques. Le lendemain, il m’avait prévenu que cela allait mieux.

J’ai fait de même pour mon jeune patient. Constatant qu’il prenait des liquides dosé à 12mg, je lui ai dit que ce n’était sans doute pas suffisant compte tenu, et de son état psychologique encore trop fragile mais aussi de sa consommation de cigarettes habituellement très élevée.

À moins d’en consommer une dose élevée, la nicotine n’est pas dangereuse pour la santé. Il est donc important lorsque vous arrêtez la cigarette, que vous passiez par la cigarette électronique ou non, de songer qu’un sevrage à la nicotine n’est pas toujours sans danger et qu’un arrêt trop brutal peut s’assimiler à la descente d’un consommateur de cocaïne en manque.

Et oui, l’arrêt de la clope peut révéler un état psychologique anxio-dépressif sous-jacent.

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