Anxiolytiques, somnifères et pourquoi pas l’hypnose ?

Qu’est-ce que l’hypnose ? Et comment agit-elle sur notre état cérébral ?

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Anxiolytiques, somnifères et pourquoi pas l’hypnose ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 5 février 2015
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Par Bénédicte Cart.

hypnose credits malavoda CC BY-NC-ND 2.0
hypnose credits malavoda CC BY-NC-ND 2.0

 

L’hypnose est une technique qui revient sur le devant de la scène scientifique, dans un monde où le sommeil est d’or mais plus vraiment de plomb. Cette technique est ancienne et n’inspire pas une grande confiance au premier abord, et pourtant…

Pour faire un peu d’histoire, elle est développée par Charcot à la fin du XIXème siècle, pour traiter les hystéries, puis par Freud qui inventera ensuite la cure psychanalytique (ou par la parole), Erickson et d’autres. Par la suite, elle n’avait été considérée que comme une pratique parapsychologique, pseudo-médicale, bref tout sauf de la science.

Et depuis une quinzaine d’années et grâce au progrès de l’imagerie médicale, il est possible d’étudier la « carte cérébrale » d’un état hypnotique. C’est ainsi que quelques préconisations thérapeutiques voient le jour notamment dans le traitement des acouphènes et des insomnies.
Tout cela commence donc à devenir intéressant et mérite un petit topo :

Les insomnies touchent 28%, voire plus, de la population et le marché est dominé par l’industrie pharmaceutique. Or, il paraîtrait que quelques séances d’hypnose suffiraient à éradiquer le mal.
Alors qu’est-ce donc que cette pratique ? Et comment agit-elle sur notre état cérébral ?

Le but des recherches scientifiques a été de montrer que l’état hypnotique est en fait un état de vigilance modifiée. Pour faire simple, il existe plusieurs états qui vont du coma à l’état d’éveil en passant par les différents stades du sommeil. Chaque état est spécifique et repérable sur un EEG. On y observe aussi une modification de l’afflux sanguin et des zones actives de notre cortex.

Pendant l’hypnose, certaines zones cérébrales sont inactivées, un peu comme dans le sommeil, alors que d’autres, au contraire, sont toujours actives. Ce sont le sillon précentral, les régions occipitale et pariétale qui sont activés. C’est à dire les régions qui gèrent les perceptions (ouïe, odeur, goût, vue) et la motricité. Alors que le cortex cingulaire gauche et le précunéus sont désactivés. Ainsi les patients sous hypnose perçoivent, mais leur état de conscience est altéré. Comme s’il pouvait ressentir mais pas analyser ce qui se passe.

Par exemple, si on demande à un patient sous hypnose de se remémorer un souvenir de vacances, ce sont les perceptions et non le souvenir en lui-même que le patient va réactiver.

Une fois que cela a été démontré, des médecins ont commencé à l’utiliser dans le domaine de la prise en charge de la douleur, dans le traitement des insomnies, des phobies…

Qu’est-ce qu’une insomnie et comment agit l’hypnose ?

L’insomnie est un trouble de l’endormissement, qui entraine irritabilité, difficulté de concentration, trouble de la mémoire, troubles visuels, hallucination, amnésie du futur ainsi que des manifestations physiologiques comme l’hypothermie relative ou l’hyperphagie.Elle se concrétise par une hyperactivité des centres de l’éveil, liée à un trouble somatique ou psychiatrique, un réveil prématuré avec déphasage horaire.

Le but de l’hypnose est double, d’abord diminuer l’état d’hypervigilance et ensuite le stress lié à la peur de l’insomnie. L’hypnose permet d’accéder à un état de lâcher-prise qui, avec un peu d’entraînement, peut s’effectuer seul. Cela s’appelle l’auto-hypnose.

Le patient, grâce à la voix du thérapeute va focaliser son attention sur un seul objet et avec la répétition de ce message, il va atteindre un degré de conscience modifiée, un peu comme dans la relaxation en TCC, ou par exemple, la méditation. À partir de cet instant, le thérapeute induit chez le patient des pensées positives, ou agréables, qu’il va ressentir et non se remémorer comme un film, et de cette manière il va diminuer son état de vigilance et son anxiété.

Le patient se présentera dans de meilleures dispositions pour dormir, et le sommeil sera associé à quelque chose d’agréable.

Les recherches sur le sommeil ont un poids financier important en pharmacologie. La médecine préconise d’abord un changement comportemental (modification de l’hygiène de vie, réduction du stress, du surmenage). Mais le plus souvent, s’en suit une petite pilule pour aider, soit de la famille des anxiolytiques, soit un somnifère, dont la dépendance et l’accoutumance restent élevées.

Alors oui, utiliser l’hypnose pour se soigner, ou comme anesthésique peut faire peur, peut en décontenancer plus d’un, le recours à la bonne vieille molécule est rapide et sécurisant.

Mais à bien y réfléchir, il s’agit d’un enjeu plus important ici, celui du fonctionnement de nos cerveaux, de leurs grandes capacités et adaptabilité ; ce n’est pas pour rien que nous parlons de plasticité cérébrale. Peut-être bien que notre cerveau, seul, peut retrouver un équilibre si on lui en laisse le temps. L’hypnose vaut la peine de se découvrir et d’apprendre à ne dépendre que de soi… et au pire mon petit billet vous aura endormi !

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Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Si il faut lire un livre c’est hypnose d’Olivier lockert. (Sur Amazon 🙂
    Freud etait tres mauvais pour l’hypnose. Il n’a jamais pu y arriver.

    L’on peut se faire hypnotiser tres facilement, le mieux est d’utiliser le sommeil d’une personne et de lui parler ! C’est ainsi plus simple. Curieusement c’est dans le formatage d’un livre bien connu.

    Mais, cela n’est pas dangereux, au contraire. Connaitre c’est se protéger. Et notamment de l’Etat, ou de l’influence de gens pas recommandables.

  • Les commentaires sont fermés.

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