Arabie Saoudite : on ne change pas de chef en pleine bataille

Le nouveau roi d’Arabie Saoudite Salman a été extrêmement rapide en confirmant le jour même du décès du roi Abdullah à son poste de ministre du pétrole Ali al-Naimi.

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al naimi credits CSIS (licence creative commons)

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Arabie Saoudite : on ne change pas de chef en pleine bataille

Publié le 27 janvier 2015
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Par Aymeric de Villaret.

al naimi credits CSIS (licence creative commons)

Tel pourrait être le message donné par le nouveau roi d’Arabie Saoudite Salman après le décès du roi Abdullah. En effet, c’est une véritable guerre des prix qu’a engagé le ministre du pétrole Ali al-Naimi en maintenant inchangés, lors de la dernière réunion de l’OPEP du 27 novembre dernier, les quotas de production de l’organisation.

Décision rapide du maintien à son poste de Ali al-Naimi

Le nouveau roi d’Arabie Saoudite Salman a été extrêmement rapide en confirmant, le jour même du décès du roi Abdullah (vendredi 23 janvier), à son poste de ministre du pétrole Ali al-Naimi. Et cela alors que certains annonçaient son départ à la mort du roi.

Peu de réaction des marchés au décès du roi Abdullah

De ce fait, en pleine guerre des prix, le décès de l’ancien roi n’a eu que très peu d’impact sur les cours du baril. Comme l’indique l’évolution des cours du brut vendredi 23, après une hausse à l’ouverture consécutive aux craintes quant à des changements éventuels de politique, le Brent a fini la journée en léger repli (-0,92%).

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Le roi Salman pouvait-il faire autrement ?

En effet, c’est une véritable guerre des prix qui est déclenchée depuis l’automne dernier à l’initiative de l’Arabie Saoudite avec en première ligne le ministre saoudien du pétrole et des ressources minérale Ali-al-Naimi.

C’est lui le responsable de la politique actuelle et changer le Général en pleine campagne serait revenu à « désavouer » plus ou moins cette politique. Dans ce cadre, il est difficile d’imaginer un successeur à Ali al-Naimi avant d’en voir les premiers fruits.

Ali al-Naimi : quatrième ministre du pétrole de l’Arabie Saoudite

Ses prédécesseurs furent :

  1. Abdullah al-Tarihi (1960-1962)
  2. Ahmed Zaki Yamani (1962-1986)
  3. Hisham Nazer (1986-1995)

Naimi est ministre depuis 1995 alors qu’il était le PDG de Saudi Aramco qu’il avait rejoint à l’âge de 12 ans. Force est de constater que même en ne faisant pas partie de la famille royale, il a survécu à deux chutes du baril (1998 et 2008).

Déjà quelques signes des conséquences de sa politique

Comme nous l’avions déjà écrit en début du mois, le nombre de rigs de forage de pétrole aux États-Unis commence à décliner :

AV2

Selon une dernière estimation de Wood Mackenzie publiée en fin de semaine dernière, le nombre de puits onshore aux États-Unis devrait même baisser de 26% en 2015 de plus de 37 000 en 2014 à 27 000 en 2015.

Conclusion

La guerre des prix déclenchée par l’OPEP pour contrer la montée en production de l’huile de schiste américaine implique d’ores et déjà des conséquences sur la prospection américaine. Certes, il faudra un certain temps pour que le baril rebondisse mais la confirmation d’Ali al-Naimi à son poste de ministre du pétrole montre s’il en était besoin que le nouveau roi soutient cette décision d’une guerre des prix.

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  • bonjour, d’où sortent donc ces Rois ? J’ai juste entendu parler de chefs de caravanes enrichis qui seraient directement tombés de leurs chameaux dans le siège d’une Rolls , mais de Rois point ! Il y eu bien une Reine de Saba ! Seraient-ce des descendants ?

  • L’hypothèse que l’Arabie Saoudite vise à ralentir l’industrie du pétrole de shiste aux États-Unis ne tient pas la route. L’arabie Saoudite vise plutôt à faire augmenter la valeur des monnaies fiduciaires.

    Le système financier international a éliminé les monnaies sonnantes et fonctionne depuis 1972 à 100% sur la base de devises fiduciaires. Les devises ne se traduisent plus en ressources réelles et utiles, mais purement en offre/demande. Tant qu’on accepte une tel bout de papier comme paiement en échange d’une richesse réelle, la monnaie a de la valeur.

    Le « choc Nixon » est survenu en pleine guerre du Vietnam, 10 ans après que deux présidents aient consécutivement sonné l’alarme concernant un complexe militaro-industriel qui s’était financièrement lié aux services secrets et aux médias.

    Depuis ce temps, les opérations étrangères des États-Unis et de leurs alliés visent à corrompre les élus ou à financer l’élection de candidats favorables à la vente des ressources des pays étrangers en monnaie fiduciaire. S’ils n’acceptent pas, on les dit « communistes ». On peut aussi organiser des renversements, sinon des assassinats.

    La planète fonctionne dans l’illusion de la liberté économique, mais le système financier international est un système plutôt féodal, avec les conseils d’administration des banques centrales en guise d’aristocrates au service des grands fonds propriétaires d’usines d’armements, de médias, de laboratoires… eux-mêmes liés aux services secrets et aux organisations de politique étrangère. Les politiciens ne sont que des pions dépendants du financement et des médias pour se faire élir.

    Ceux qui contrôlent la machine font des profits en milliards en forcant les peuples à vendre leurs ressources contre des monnaies de singe, puis ils laissent tomber quelques miettes sous la table pour les serviteurs corporatifs et politiques qui se gavent de salaires de dizaines de milliions, et ainsi de suite jusqu’à nous qui nous réjouissons de notre pouvoir de consommation au point de fermer les yeux sur le crime à la source du système.

    Ceux qui sont à la tête de ce système peuvent très bien sacrifier l’industrie du pétrole de shiste pour sauver la monnaie fiduciaire. Cette avenue est particulièrement plausible face à la montée des BRICS et à la menace de la diminution du dollar US et de ses matriochkas européennes, canadiennes, etc.

    • Je ne ferai que reprendre ce que j’écrivais en ce début du mois : il s’agit vraiment de parts de marchés. L’Arabie ne veut pas refaire les erreurs du passé.
      Le bras de fer engagé par l’Arabie Saoudite lors de la réunion de l’OPEP de fin novembre est clair et les déclarations de Ali al-Naimi fin décembre sont là pour en témoigner :
      « Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs de l’OPEP de réduire leur production, quel que soit le prix, qu’il soit de 20 dollars, 40 dollars, 50 dollars ou 60 dollars, cela n’a pas de sens », avait-il affirmé dans un entretien à la revue Middle East Economic Survey repris hier par l’agence de presse saoudienne.
      Comme il dit, l’Arabie Saoudite refuse de jouer le rôle de « swing producer » ou producteur d’appoint qui régule le marché en augmentant ou en réduisant sa production. Certes, dit-il, si l’Arabie Saoudite baissait sa production « les prix repartiraient à la hausse » mais les  » Russes, les Brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste prendraient notre part ».
      Ainsi en citant à la fois les Russes, les Brésiliens et les producteurs américains, Ali al-Naimi indique bien qu’il s’agit d’un problème de part de marché et cela alors que le Brésil et les Etats-Unis souffrent avec la chute du baril.
       » Ils seront blessés avant que nous ressentions la moindre douleur ». Une phrase qui en dit long sur la pensée de l’Arabie Saoudite ….
      Et nous ne serions pas surpris que pour l’Arabie, ce soient les Etats-Unis qui soient la cible prioritaire. N’oublions pas qu’il y eu des rencontres avec les Russes avant la réunion de l’OPEP du 27 novembre.

      • Je ne vois pas l’intérêt honnêtement.
        L’Arabie dispose d’une réserve finie. Indéterminée mais définitivement épuisable. Même si les autres nations développent des technologies pour accéder à de nouvelles sources d’hydrocarbures, les Arabes auront toujours un pétrole de bonne qualité facilement accessible.

        Un marchand disposant d’un stock fini d’un produit a intérêt à user de patience et à écouler son stock lentement au plus haut prix possible pour obtenir le maximum de profit sur son stock.

        Si le marchand vend son stock à bas prix, le jour où il aura épuisé ses réserves, il aura accumulé une somme moins importante que s’il avait été patient et avait écoulé son stock lentement à prix élevé.

        Donc ultimement, selon l’économie classique, il n’y a pas d’intérêt à écouler le stock rapidement.

        Mais il ne s’agit pas d’économie classique. Il s’agit d’économie néolibérale, construite sur des monnaies fiduciaires dont la valeur repose sur le pouvoir de coercition et de subversion.

        L’Arabie a des coffres remplis, non pas d’or, mais de dollars US et un territroire qui abrite plusieurs bases militaires américaines. Vendre de grandes quantités de pétrole en forçant les cliants à payer en USD revient à soutenir la valeur de leur trésor. En plus, face à l’extrémisme et aux révoltes au moyen-orient, la défense et la collaboration militaire avec une superpuissance a plus de valeur que tous les bouts de papier à promesses du monde.

        Honnêtement, je ne vois pas l’intérêt de l’Arabie à jouer contre les États-Unis.

  • Les commentaires sont fermés.

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