Candidats à la présidentielle : le choc des piteux

L’offre politique est fragmentée en propositions incohérentes qui font du combat pour le pouvoir un affrontement entre nains.

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combat de nains credits randal hill (licence creative commons)

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Candidats à la présidentielle : le choc des piteux

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 novembre 2014
- A +

Par Serge Federbusch.

combat de nains credits randal hill (licence creative commons)

Affronter réellement les difficultés qui assaillent la France serait un combat titanesque. En lieu et place de cette geste digne de l’Antique, on veut nous vendre une lutte entre nains, réduite à des coups fourrés, des évitements, des redites, des petites ruses.

Le cas « Hollande » est définitivement jugé. Méfiance et manipulation sont les deux mamelles nourricières de sa méthode en politique. Il est l’illustration même du théorème d’Abraham Lincoln selon lequel on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une fois mais jamais tout le monde tout le temps. Englué dans ses mensonges permanents sur la fiscalité, le chômage ou la dette, il est devenu le principal adversaire du système qu’il est censé diriger.

Son unique objectif, dans l’année qui vient, sera d’éviter des primaires à gauche qui tourneraient à sa confusion immédiate et donc de choisir le bon moment pour dissoudre. Le désordre qui en résulterait serait en effet seul à même de redistribuer les cartes et le sauver. Hollande sait qu’il n’empêchera pas une défaite cuisante du PS aux législatives. Il ambitionne simplement d’éviter que la nouvelle majorité soit assez forte et unie pour le contraindre à la démission. Pour cela, un seul espoir : qu’un nombre suffisant de députés du Front national rende l’Assemblée difficilement gouvernable et justifie un gouvernement d’union nationale dont il serait le tireur de ficelles. Ce ne serait en réalité qu’un pas supplémentaire vers la dislocation de la Cinquième république et l’ultime étape avant la victoire frontiste.

Le cas Sarkozy est tout aussi déroutant. Revenu trop tôt dans la course en sac, son objectif est de reprendre le plus vite possible le contrôle d’une situation judiciaire qui risque de l’empoisonner. Pour cela, rien de mieux que s’abriter derrière le statut de chef du deuxième parti d’opposition. Toute procédure pénale sera perçue comme une manœuvre de déstabilisation. Malgré ses dénégations, Sarkozy veut comme Hollande éviter des primaires « ouvertes » qui donneraient Juppé vainqueur puisque tel est le résultat du conditionnement des masses par les médias. Le gros inconvénient de ce système de désignation des candidats est décidément qu’il privilégie les plus centristes et les plus manœuvriers, comme en 2011 à gauche. Ce n’est clairement pas le genre de beauté de Sarkozy.

Pour autant, l’ancien président n’a pas de projet précis autre que celui qui l’avait fait élire en 2007. Il en accuse les traits pour faire oublier qu’il ne l’avait que peu mis en œuvre. On tape donc sur l’immigration mais pas trop. Et on évitera, tout comme le fait Hollande, les deux sujets qui fâchent vraiment et dont la solution conditionne pourtant le sauvetage de la France : la renégociation ferme avec Berlin du fonctionnement de l’Euroland et la réforme drastique d’un État-providence victime d’une obésité morbide. Le problème est que ce qui n’est pas mûrement réfléchi et préparé, à défaut d’être claironné, est quasiment impossible à réaliser quand on vient au pouvoir dans un contexte de crise.

Le cas Juppé se présente comme le rêve d’un retour aux temps bénis du chiraquisme, de la droite dite sociale, celle qui réforme a minima pour ne faire de mal à personne. C’est aussi une resucée de la candidature de Hollande en 2012, l’espoir que les Français pourront une dernière fois passer entre les gouttes des pluies acides de la mondialisation. Juppé est malin, il a compris qu’il devait en dire et faire le moins possible et laisser les médias et l’oligarchie travailler pour lui. Au bout du compte, les deux problèmes précédemment évoqués, l’européen et le domestique, ne sont pas davantage pensés et traités que par le chaotique cheminement sarkozien.

François Fillon a sans doute travaillé avec plus de courage et d’honnêteté la question posée à la France, sans toutefois prendre vraiment la mesure de l’audace qu’il faudra pour imposer un nouveau cours en Europe. Mais il n’y a pas de place pour un troisième homme dans la compétition à droite : la logique du scrutin et plus encore celle des journalistes préférant les solutions binaires. Ce désarroi l’aurait-il conduit à solliciter Jouyet et Hollande pour qu’ils activent les procédures judiciaires contre Sarkozy ? On ne pourra jamais ni le dire ni le démentir avec force probante. Ce qui est certain, c’est que le voilà enferré dans une polémique de bas étage, alors qu’il n’était déjà pas sur les marches les plus hautes du pré-podium.

Nous ne mentionnerons que pour mémoire l’univers insondable des centristes où le mégalomane clientéliste Lagarde s’imagine président alors que ses concurrents n’ambitionnent que de vendre au mieux leur force d’appoint.

Reste donc Marine Le Pen qui, comme disait l’autre, pose de bonnes questions en y apportant des réponses erronées. Elle est la seule à avancer qu’il faudrait peut-être sortir de l’euro et desserrer les contraintes de change et monétaires absurdes qui nous suffoquent. Mais, héritière inattendue de Georges Marchais, elle ne veut le faire que pour mieux, à coup de protections, défendre le soi-disant modèle social français et éviter les réformes difficiles.

Plus que jamais, l’offre politique est fragmentée en autant de propositions incohérentes qui rapetissent ceux qui les portent et font du combat pour le pouvoir un affrontement entre nains. C’est bien le propre des systèmes en fin de vie : à une menace globale ils n’apportent que des réponses partielles, des illusions consolatrices et des méthodes désordonnées.


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  • raisons de plus pour tous les virer ;

  • Ce ne serait pas grave si le peuple avait le pouvoir législatif. Aka la démocratie participative.

    Je prêche dans le vide en France, vous aimez haïr les oligarques mais n’envisagez même pas que ce soit autrement. Dommage.

    CLASSEMENT DEMOCRATIE VS LIBERTE
    ——————————–
    Indice de démocratie vs liberté économique

    Démocratie participative (« Démocratie » )
    1-Norvège – Classement liberté économique: 32eme – Dette: 33%
    2-Islande – Classement liberté économique: 23eme – Dette: 99% (crise bancaire)
    3-Danemark – Classement liberté économique: 10eme – Dette: 46%
    4-Suède – Classement liberté économique: 20eme – Dette 37%
    5-Nouvelle-Zélande – Classement liberté économique: 5eme – Dette: 25%
    6-Australie – Classement liberté économique: 3eme – Dette: 22%
    7-Suisse – Classement liberté économique: 4eme – Dette 40%
    8-Canada – Classement liberté économique: 6eme – Dette 48%
    9-Finlande – Classement liberté économique: 19eme – Dette 38%



    Démocratie représentative
    29-France – Classement liberté économique: 70eme (« Modérément libre » ) – Dette 90%

    • bonjour IImryn,votre classement ressemble à s’y méprendre à la manière dont les différents peuples considèrent leur Etat .
      Ainsi pour l’Anglo-Saxon l’état est le peuple ,le Parlement sa voix ,la Bureaucratie son exécutif
      Tandis que pour nous Latins ,l’Etat est la chose publique qui n’a pas de rapport avec le peuple .

  • et bien Mr Federbush, au lieu de parler de tous ces incapables – qui ont de plus en plus de chances de finir en haut d’une pique ou pendus par le figuin – (et de leur faire de la pub gratuite) pourquoi ne parlez vous pas du PLD (parti libéral démocrate) ou de nous citoyens ? ou même des gens qui ont des réflexions sérieuses dans au sein de la droite ou du centre s’il y en a ?

    • En effet !
      Si pour les socialistes tout est de la faute à Sarko.
      Pour nombre de libéraux/libertariens (notamment sur CP) tout est la faute aux politiciens, à l’Etat, et aux medias
      C’est vrai que tous ces étatistes sont fautifs, pourtant…

      Où est le contrepouvoir que ces libéraux/libertariens se devraient d’organiser ?

      Les idées et expertises libérales, ne manquent pas, elles sont accessibles à tout public qui se donne la peine de lire la websphère libérale.

      Les catégories professionnelles et sociales lésées par le « modèle social français » surclassent nettement les avantagés du même système.

      La compétence des collectivistes est précisément de savoir agréger des catégories, des clientèles pour faire une majorité électorale, ou « sociale » (subversion par la rue)

      Rien n’empêche les libéraux d’agréger leurs clientèles : par exemple autour de chaque entreprise (accord patron-salariés contre la prédation d’Etat) (mais pour faire nombre ils seront obligés de faire appels aux outsiders du système (chômeurs, voire sdf) Ensuite l’arme des libéraux n’est pas sociale mais fiscale (qui va se fouler pour payer 75% d’IR ou 35% de plus-value ? ou encore 60% de donation ?

      La guerre n’est pas perdue…

  • Hollande conspué à son arrivée à Lille.
    Cette situation ne s’est jamais produite avec les précédents présidents de la République.
    Il doit démissionner ! ! !
    Il est inconcevable qu’il continue ainsi pendant encore 30 mois , comme si de rien n’était.

    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/11/22/97001-20141122FILWWW00070-hollande-siffle-et-hue-a-son-arrivee-a-lille.php

    • je verrai la démission de tous les dirigeants gauche droite de tous les échelons (gouvernement, assemblée nat, sénat, régions, départements, communes et communautés communes etc…)

    • Allons, tous les présidents ont à un moment ou à l’autre été conspués par les foules. Il n’y aura d’espoir que le jour où s’imposera le slogan : « Socialisme, dégage ! ». Ca n’est pas pour demain.

  • Dans cette liste des responsabilités vous oubliez le 4eme pouvoir : Les medias d’information !

    Notamment l’Immonde le journal de déférence !

    Quant au pouvoir judiciaire, n’est-il pas totalement perverti et décridibilisé ?
    Juge t-il toujours au nom du peuple français ?
    Je ne crois pas.

  • Il est clair que la France va mal et que la politique ne la sauvera pas sauf à rendre à la société civile les moyens d’une liberté de faire de ses moyens financiers d’aller là où chacun le choisira en cessant enfin de croire que seule « la République » (comme si les autres pays ne méritaient pas, souvent bien plus, la majuscule ou les idéaux de « liberté, d’égalité ou de fraternité »: allez voir!) est bien plus capable de gérer cet argent.

    A-t-on oublié que la Vième république est l’oeuvre de Ch. De Gaulle, militaire, dictateur démocratiquement élu et qui a travaillé au service de sa Patrie au mépris de son profit personnel et familial? Qu’après un référendum trop peu favorable à ses thèses, il a quitté le pouvoir en moins de 12 heures?
    Depuis, cette constitution est devenue le « Graal » de tout politicien ambitieux, flatté par les ors et privilèges, en le mettant, lui, enfin, hors de portée des autres pouvoirs (justice, partis, Assemblée Nationale …) sauf de la presse et de l’opinion qu’il peut d’ailleurs mépriser sans dommage.
    Qui ne voit clairement que les discours et les mots, dont l’importance est exagérée dans ce pays (pensons simplement aux « petites phrases » assassines) sont impuissants désormais à sauver la face!
    Qui ne veut pas entendre l’incontournable Angela Merkel qui n’acceptera pas facilement de nouvelles concessions à la France tant que les autorités centrales ou décentralisées s’arrogeront le droit de gérer 57% de P.I.B. sans même échapper à un déficit budgétaire et à une augmentation de sa dette, alors que l’Allemagne s’en tire avec 45%?
    Ce n’est vraiment plus aux entreprises et à la population civile de payer plus encore les délires politiques, administratifs, militaires et sociaux qui veulent tout réglementer du haut, dans les moindres détails dans un délire administratif, législatif ou réglementaire, occupant des millions de fonctionnaires au statut privilégié pour éviter toute rébellion?
    Qui peut trouver normale cette situation où des organisateurs coûtent plus cher que ce que ceux qu’ils gouvernent ne peut produire et rapporter?
    Qui n’a pas retenu l’Histoire qui a vu l’U.R.S.S. crouler « bêtement » sous un pouvoir à bout de moyens, tant il voulait tout contrôler?
    Si la France a un avenir (ce dont je suis persuadé), elle ne le trouvera que dans une liberté retrouvée d’inventer, d’entreprendre avec des citoyens qui auront le droit de choisir plus librement l’usage de l’argent qu’ils auront gagné, sans devoir écouter ces prêcheurs officiels qui prétendront mieux répartir ces sommes, soi-disant, pour le bien et la prospérité de tous!
    L' »administration » est bien, en France, le 4ième pouvoir, non élu, qui fait passer tous les « productifs » sous ses fourches caudines, bien avant la presse, souvent aussi univoque que partisane.
    Tous les libéraux d’Europe (patrons compris) sont à peu près d’accord pour reconnaitre qu’il faut un certain degré de solidarité établi par une sécurité sociale généralisée (chômage, maladie et soins de santé, retraite), vrai fleuron européen, envié partout dans le monde, mais dont la gestion, au départ bénévole, à l’époque des cagnottes ouvrières dans les entreprises, ne doit pas devenir un nouveau business se payant avec plus de 5 à 6 % des sommes en transit. De même, le politique n’a pas à toucher aux cotisations des patrons ou des salariés sans compenser des « allègements de charges » qu’il a décidés. Pour le reste, l’état devrait s’en tenir à ses taches réservées, réputées « régaliennes », toute exception devant rester conjoncturelles et limitées dans le temps.

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