Décés du vigneron bourguignon Hubert de Montille

Hubert de Montille est mort comme aimeraient mourir tous les amateurs de vin.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
mondovino_02_hubert_de_montille Credit Damien POIRIER

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Décés du vigneron bourguignon Hubert de Montille

Publié le 17 novembre 2014
- A +

Par Jean-Baptiste Noé

mondovino_02_hubert_de_montille Credit  Damien POIRIER

La France devrait pleurer ses vignerons comme elle pleure ses écrivains, tant il est vrai que les lettres et les verres sont ce qu’elle donne de meilleur au monde, avec les parfums, les produits de l’épicerie fine et son impertinence.

Ce mois de novembre 2014 a vu disparaître le vigneron de Volnay, Hubert de Montille, 84 ans. Il avait fait carrière comme avocat, et avait notamment plaidé dans la terrible affaire Grégory. Le vin était un domaine plus consensuel, plus à même de réconcilier des Français qui s’étaient partagés lors du procès. Connu des amateurs il avait rencontré le grand public dans le pamphlet viticole que Jonathan Nossiter a produit en 2004. Là, en quelques secondes, au milieu de ses vignes, il avait dressé en peu de mots et quelques gestes sa philosophie des vins : les vins larges et les vins droits, disant sa préférence pour les seconds. La faconde bourguignonne rejoignait la vision paysanne. La Bourgogne a toujours eu le chic pour faire passer ses aristocrates pour des paysans, quand Bordeaux camoufle ses bourgeois en nobles. Effet de culture et d’histoire.

Hubert de Montille est mort comme aimeraient mourir tous les amateurs de vin : au cours d’un repas entre amis, son verre de vin préféré à la bouche : un Pommard Rugiens. Comme Molière mort sur scène, le gastronome est mort sur sa scène à lui, celle de la table. De quoi rajouter de la poésie au mythe et de l’anecdote savoureuse à la truculence rabelaisienne. Il est mort en poète, alors que la relève s’est déjà faite et que ses enfants poursuivent la destinée du vignoble familial.


Sur le web.

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • Ça me rappelle le décès de mon grand-oncle Charles Viénot, vigneron à Premeaux qui mourut aussi un verre à la main en dégustant un repas pantagruélique dont il avait le secret arrosé d’un Richebourg vieilli dans ses caves … Nostalgie, nostalgie. Aujourd’hui les temps ont changé. Beaucoup de maisons de vin de Bourgogne appartiennent à des investisseurs et sur place les employés ne sont plus que de vulgaires ouvriers agricoles payés à la petite semaine sous les ordres de gérants qui n’y connaissent souvent rien à l' »élevage » du vin.

    • En même temps, s’il est un particulier l’héritier d’un grand clos de Bourgogne aura-t-il les moyens de payer les droits de succession qui lui permettront de poursuivre l’œuvre de ses parents…?

    • Vigneron à Premeaux ou PremeauX Prissey ?

    • oui Jacques Henry, ce monsieur de Montille n’était pas viticulteur. Il était propriétaire et avait l’orgueil d’avoir un domaine. Lui aussi faisait travailler des ouvriers agricoles. Ce monsieur avait une grande culture.

  • Bel article pour ce grand monsieur !

    RIP

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Six cents, soit presque deux par jour : c’est le nombre d’agriculteurs qui se suicident chaque année en France. Ce nombre en augmentation illustre tristement une condition agricole faite d’isolement, un isolement qui n’a d’égal que la dépendance des exploitants aux subventions publiques en tous genres. À titre d’exemple, en 2019, ces aides représentaient en moyenne 74 % des revenus des agriculteurs, et jusqu’à 250 % pour les producteurs de viande bovine.

Isolés socialement mais fonctionnaires de fait, les agriculteurs ont tout récemmen... Poursuivre la lecture

Par Gérard-Michel Thermeau.

[caption id="attachment_252000" align="alignleft" width="235"] Alexandre Colcombet, Dictionnaire biographique Lire 1899[/caption]

Un fabricant de rubans qui l’a bien connu l’évoque dans ses Mémoires : « C’était un lutteur formidable, une sorte d’empereur qui faisait honneur à son prénom, un véritable conquérant. Il donnait la sensation d’une force sans cesse en mouvement, à laquelle il n’était pas bon de vouloir résister, et le fait est que la plupart des gens ne l’abordaient qu’avec crainte. Il faisa... Poursuivre la lecture

Par Gérard-Michel Thermeau

[caption id="attachment_241811" align="aligncenter" width="660"] Jules Chagot[/caption]

 

S’il est fréquent de voir des provinciaux monter faire carrière à Paris, il est plus rare de voir un Parisien effectuer le trajet inverse. Jules Chagot (Paris 29 mars 1801 – 30 avril 1877) et son neveu Léonce Chagot (Le Creusot, 30 août 1822 – Saint-Vallier, 18 août 1893) illustrent deux moments de l’âge industriel : l’ère triomphale des grandes exploitations minières sous la Monarchie de Juillet et le... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles