« Jours adverses » de Julien Sansonnens

Peut-on vraiment changer de vie pour tout recommencer ?

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« Jours adverses » de Julien Sansonnens

Publié le 8 novembre 2014
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Par Francis Richard.

richardQui ne connaît pas de jours adverses ? Ils surviennent souvent de manière inopinée, mais ce n’est pas toujours le cas. Ils peuvent aussi être la conséquence plus ou moins directe d’actions commises ou de comportements insensés.

Sam, trente-cinq ans, le narrateur de Jours adverses, le roman de Julien Sansonnens, a déjà fait plusieurs tentatives pour réussir sa vie, une idée folle selon lui. À l’issue de ses études secondaires, il choisit d’abord la photo, grâce à laquelle il compte bien faire sa place dans le journalisme ou le documentaire. Puis il bifurque vers la photo indépendante et parvient à en vivre. Le soir, il suit des cours de graphisme, ce qui le conduit au marketing. Au début de cette histoire, qui se déroule de la fin 2011 au début 2013, Sam est employé dans une agence de pub de Lausanne, Partners and Associates :

« Chez Partners mon travail consistait, pour le dire vite à inventer un nouveau lexique, une novlangue publicitaire d’une vacuité abyssale destinée à capter l’attention des clients potentiels. »

Sa vie privée est quelque peu mouvementée. C’est un homme couvert de femmes, avec lesquelles il entre en contact via un site de rencontres sur Internet. Les femmes lui apprennent, chacune à leur manière, quelque chose « de ce qu’éprouver le monde [peut] signifier ». En apparence cette existence creuse semble lui convenir. Évidemment elle n’est pas compatible avec la fondation d’une famille. Cela tombe bien. Il ne désire pas être père :

« Je refusais de combler le creux de ma vie par l’ajout d’une existence supplémentaire dont j’aurais été responsable. »

Et il ne désire pas vivre trop longtemps avec la même femme, sans endosser pour autant la responsabilité de la rupture :

« J’imaginais des stratagèmes pour me faire quitter. »

C’est bien pourquoi il ne peut comprendre que son ami Marco – « s’il y en avait eu d’autres, j’aurais dit de Marco qu’il était mon meilleur ami » – veuille construire quelque chose avec Naïla et renoncer par là même à faire, comme naguère, les quatre cents coups ensemble. Tandis qu’il continue à mener une vie de bâton de chaise – boire et baiser -, Sam poursuit, parallèlement, une relation plus solide avec Séverine, qu’il a connue pourtant via le site de rencontres où il a ses habitudes, et qui lui demande de promettre qu’il ne jouera pas avec elle. Il n’en continue pas moins à mener sa vie dissolue, qui n’est pas davantage compatible avec une activité professionnelle qu’avec un épanouissement familial. Cela finit par avoir des conséquences sur son travail chez Partners et lui fait penser qu’il devrait faire tout autre chose.

Une dispute violente éclate entre Sam d’une part et Marco et Naïla d’autre part. Cette dispute va être le catalyseur de son changement complet d’existence. En effet, il va se considérer dès lors comme en « état de fuite », choisir de devenir tenancier à l’année d’une buvette au Crêt-Meuron dans le Jura neuchâtelois et rompre avec Séverine qui a pris connaissance de ses vagabondages par Marco.

Sam a un père, mais il ne l’a jamais appelé papa, il l’a toujours appelé par son prénom, Claude. Ils mènent tous deux l’un contre l’autre une drôle de guerre depuis longtemps. Claude et sa mère ont divorcé quand il avait neuf ans. Ils se sont vus de plus en plus épisodiquement. Mais surtout, pour Claude, qui nourrissait de grandes ambitions pour son fils, Sam est un raté, le sera toujours et il le lui a asséné le jour de la remise de son diplôme…

Sam et Claude se sont revus au Café Romand, à Lausanne. Claude a annoncé à Sam qu’il était atteint d’un cancer. Leur rencontre s’est mal passée, alors que les hostilités auraient dû être interrompues. Sam a provoqué son père en évoquant l’hypothèse qu’il ne guérirait pas… Cela ne s’est pas arrangé quand un peu plus tard, au téléphone, Sam a annoncé à Claude qu’il avait tout abandonné pour devenir cafetier dans un coin perdu…

Au printemps 2012, une vie nouvelle commence pour Sam au Crêt-Meuron. Il semble bien que les jours adverses soient derrière lui et qu’il mène désormais une vie rangée et saine. Il fait même la rencontre d’une enseignante, Carole, adepte de randonnées pédestres, avec laquelle il commence une belle histoire. Les affaires semblent marcher juste comme il faut, sans emballement, et le monde lui sourire. Mais est-il complètement possible d’échapper à son passé ?

Au fil de la narration, le lecteur se doute que l’éclaircie dans la vie de Sam ne peut être que de courte durée et que les jours de traverse seront de retour. Mais il ne peut se douter de ce qui va réellement lui advenir. Même si Sam est pour une grande part responsable de ce retour et qu’il va en payer le prix fort – le roman se termine cependant sur une note d’optimisme improbable -, il n’en demeure pas moins qu’il a également des circonstances atténuantes dans ces adversités persistantes.

Alors que rien n’est encore joué, à l’été 2012, Sam révèle un des aspects de sa vraie nature – ce qui ne va pas l’aider -, quand, ne souhaitant pas trop développer son commerce, il se dit: « On n’est tout de même pas obligé d’avoir de l’ambition ! Et certainement pas obligé de récolter les emmerdes qui vont avec ! »

Le récit désenchanté de Julien Sansonnens est d’autant plus crédible qu’il est écrit dans un style direct, sans fard, qui rend compte de la réalité de l’époque avec acuité, qu’il s’agisse des réflexions qui occupent l’esprit du narrateur, des observations qu’il fait de ce qu’il voit, des dialogues qu’il a avec les différents personnages. En dépit des manques, des défauts et des fautes de Sam, l’auteur parvient à faire souhaiter au lecteur que son narrateur ne soit pas détrompé dans son dernier fol espoir.

Julien Sansonnens, Jours adverses, éditions Mon Village, 256 pages.

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