La baisse du pouvoir d’achat des retraités, une certitude

Selon les chiffrages de l’INSEE, le pouvoir d’achat des retraités continuera de se réduire très significativement par rapport aux actifs.

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Personnes âgées mangeant des glaces (Crédits : rev stan, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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La baisse du pouvoir d’achat des retraités, une certitude

Publié le 4 novembre 2014
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Par Nicolas Marques.
Un article de l’Institut économique Molinari.

vieux mangeant des glaces credits rev stan (licence creative commons)

Depuis la fin des années 1980, les retraites par répartition ont été réformées à plusieurs reprises afin de limiter l’ampleur des déficits et de ralentir la progression des dépenses. Avec l’ensemble des modifications intervenues jusqu’à présent, la part des pensions représenterait entre 12 et 15% du PIB en 2060 selon les derniers chiffrages de l’INSEE, soit un niveau proche d’aujourd’hui.

Ces réformes sont loin d’être anecdotiques. En effet, si l’on avait conservé l’intégralité des règles en vigueur au milieu des années 1980, les retraites par répartition auraient représenté plus de 20% PIB en 2060.

pouvoir d'achat retraite rené le honzecCette relative stabilité du poids des retraites dans le PIB s’explique, pour partie, par trois mesures fortement médiatisées. Il s’agit de l’augmentation du nombre d’années prises en compte pour le calcul du salaire de référence (25 suite à la réforme de 1993), de l’augmentation de la durée de cotisation requise pour atteindre le « taux plein » (réformes de 1993, 2003 et 2014) et du relèvement de l’âge minimal d’ouverture des droits à retraite (réforme de 2010). C’est sur ces mesures, dont l’effet est relativement simple à appréhender par tout un chacun, que s’est focalisée l’attention. Pourtant elles ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, l’essentiel des économies étant ailleurs.

Une étude récente de l’INSEE montre en effet que c’est avant tout le changement des règles de revalorisation de la répartition, initié dès la fin des années 1980, qui explique la relative stabilité des dépenses de retraite. Le choix de l’indexation sur les prix, étendu depuis aux retraites de la fonction publique en 2003, a un impact majeur. En 2010, il aurait permis de réduire les dépenses de retraite de 1,2% du PIB, alors que les autres modifications opérées depuis 1993 représenteraient une économie équivalente à 0,8% du PIB. Les projections de l’INSEE montrent que cet écart va subsister dans le temps. L’indexation sur les prix permettrait d’économiser entre 4 et 6% du PIB en 2060, soit plus que toutes les économies résultant des modifications des autres paramètres.

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Lecture : en 2010 les dépenses liées aux retraites par répartition représentaient 14% du PIB. S’il n’y avait pas eu de réformes, il aurait fallu consacrer 16% du PIB pour servir les prestations prévues. Les 2% d’économies se décomposent en 1,2% au titre de l’indexation sur les prix et 0,8% au titre des autres évolutions intervenues depuis 1993. Sources : Contribution à l’histoire financière de la Sécurité sociale, sous la direction de M. Laroque, DREES et projections INSEE

Cette modification des règles d’indexation, plus difficile à appréhender, pénalise à deux niveaux le pouvoir d’achat des retraités. D’une part leur première pension est calculée à partir des cotisations versées, réévaluées en fonction de l’évolution des prix. Cela donne un résultat moins favorable qu’à l’époque où les cotisations étaient réévaluées selon la progression des salaires. D’autre part les pensions distribuées sont réévaluées, elles aussi, en fonction de l’indice des prix. Cela explique l’appauvrissement relatif des retraités par rapport aux actifs, ces derniers bénéficiant d’augmentations de salaires supérieures à la progression des prix.

Cette évolution est loin d’être neutre. En 2060, la pension moyenne représenterait entre 48 et 57% du salaire moyen, contre 66% aujourd’hui. Et attention à ceux qui pensent qu’un retour de la croissance améliorerait la donne. En effet, les chiffres de l’INSEE montrent que plus la croissance serait forte, plus l’écart entre retraités et salariés se creuserait, les salaires progressant sensiblement plus vite que les retraites à venir ou déjà liquidées.

molinari_2

Fort heureusement il existe un moyen d’amortir ce choc, en se constituant un patrimoine. On constate d’ailleurs que les ménages retraités accumulent en moyenne plus de patrimoine que les actifs. Pour autant, comme le souligne l’INSEE, le patrimoine accumulé à ce stade ne permet pas de compenser la baisse des retraites par répartition. Le pouvoir d’achat des retraites continuera donc de se réduire très significativement par rapport aux actifs, même en faisant l’hypothèse d’une stabilité à long terme des revenus du patrimoine.

Sources : Contribution à l’histoire financière de la Sécurité sociale, sous la direction de M. Laroque, DREES et projections INSEE


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  • entre constat et variable d’ajustement, c’est la récession, c’est l’effondrement, c’est la précarité, c’est l’Europe etc……
    Quand les français vont ils sortir de cette crise politique ?

    • La condition nécessaire et suffisante pour un vrai changement tient en 2 mots : « soupe popu ».

      Si l’on met de coté les 5,5 millions de chômeurs et de sous-employés… les Français ne connaissent pas la vraie « crise », la véritable « austérité », c’est à dire vivre selon ses moyens, sa production.

      Ils bénéficient depuis 30 ans du déficit budgétaire annuel, qui permet de distribuer du pognon gratuit.

      Certes, une frange est assez maltraitée (hauts revenus et classes moyennes sup)…. mais on continue de partir en vacances, d’être soignés, logés, d’acheter des Iphone, des bagnoles etc.

      Oui on paye davantage d’impôts… mais au fond tout continue d’aller à peu près correctement.

      Donc voilà. On vote un peu plus pour le FN (25 %…. au bout de 30 ans), on est un peu énervé de temps en temps. On déteste franchement Sans-Dent. Mais pas de quoi réveiller les années 30.

      Bref ça ronronne.

      Seule la « soupe popu », c’est à dire la vraie crise, un chômage multiplié par 2, la baisse des salaires (privé et fonction publique), la baisse des aides sociales, la baisse des retraites… seule la « soupe popu » rendra possible un changement politique.

      Une vraie rupture.

      Et il faut y aller franchement. Même en Grèce, où la crise pique un peu les yeux, le populo ne se révolte pas (on compte bien un parti néo nazi, mais là encore c’est du folklore le Système parvient à totalement verrouiller le pouvoir).

      Les libéraux de salon continuent de pérorer sur les « réformes » (il n’y en aura aucune), alors que seule une crise violente, sale, permettra de forcer l’ouverture du verrou.

      Les choses sont claires : d’un côté les collabos (par bêtise ou veulerie) qui font tout pour conserver le status quo, car ils en vivent (même sans le savoir) et de l’autre les vrais libéraux utilisant la crise comme levier pour changer réellement le monde.

      Le choix : le servage au long cours, qui peut durer des encore des décennies, de l’autre la vraie liberté, avec une prise de risque c’est à dire sans garantie de succès.

      Voilà. Le reste c’est de la littérature.

      • « Bref ça ronronne.

        Seule la « soupe popu », c’est à dire la vraie crise, un chômage multiplié par 2, la baisse des salaires (privé et fonction publique), la baisse des aides sociales, la baisse des retraites… seule la « soupe popu » rendra possible un changement politique.

        Une vraie rupture. »

        On reconnait bien dans ce désir de voir les choses se passer ainsi, le profil type du libéral aigri , du type qui jalouse les autres parce que lui est un minable, qu’il n’a pas su monter dans le bon wagon.
        Pourquoi voulez-vous que les Français souhaitent une catastrophe économique alors que tout reste possible sans le moindre chaos ?

        • Prends tes cachets Stanley. Je te rassure, tout va très bien pour moi.

          J’aime bien débusquer les collabos dans ton genre. Ceux qui prônent et se satisfont du status quo.

          Je te donne un devoir à faire : écrire pendant 30 ans (soit la période que nous venons de vivre) la phrase suivante : « tout reste possible sans le moindre chaos  »

          Ca devrait te remettre les idées en place.

          • Si tout va bien pour toi, je ne comprends pas vraiment pour quelles raisons tu souhaites le chaos ?
            Pour moi aussi , ma situation n’a fait que s’améliorer au cours des 20 dernières années; donc étant favorable au statu quo (car on ne souhaite pas la fin d’un système qui nous est globalement favorable) je suis tout simplement un conservateur et non pas un collabo comme tu le prétends.
            Si toi tu aimerais bien voir les Français dans la même situation de déchéance que les mecs qu’on peut voir actuellement autour de Calais, pendant que tu t’imagines assister à ça, tout en baffrant du pop-corn, pour moi ce n’est pas ma mentalité..

        • « Pourquoi voulez-vous que les Français souhaitent une catastrophe économique alors que tout reste possible sans le moindre chaos ? ». Vous appartenez au Bisounoursland vous? La catastrophe économique ne dépend plus des Français. Et ça, ça vous ne parle pas? : 2000 milliards de dette financées à 70% par des prêteurs étrangers, un déficit de 90 milliards par an pour payer les fonctionnaires et les dépenses sociales, une croissance zéro, 6 millions de chômeurs… Allez vraiment pour vous aider à revenir sur terre, écoutez cet enregistrement: http://www.youtube.com/watch?v=BNdPcHhYDx4&feature=player_embedded

  • la crise est du côté du pouvoir politique

  • Bon en ce qui me concerne, mon défunt mari enseignant avait cotisé pour une retraite complémentaire . Celle-ci a été largement écornée après le scandale de la MNEF/MRIFEN en 1998/99 . Après son décès, je percevais donc une partie de cette complémentaire au titre de la réversion oh ! pas énorme : 168 euros par mois eh bien je viens d’être informée qu’elle sera « écornée » de 30 % par « souci d’équité et solidarité entre les sociétaires » ! SUPER !
    Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule mes impots locaux ont fait un « tout petit saut » de 779 euros de plus
    En conclusion, comme mes revenus baissent, que mes impots augmentent , j’ai supprimé le petit voyage par an avec le 3ème age, je ne vais plus au cinéma (à 17 km), je ne vais pas au restaurant je n’achète plus de vêtements neufs (on trouve de très bonnes occasions dans les vide greniers) bref, je dépense moins par la force des choses et je crains que cela ne soit pas fini.

    • Merci pour cet exemple de justice sociale.
      Ceux qui ont épargné sont devenus favorisés et doivent donner cette épargne à ceux qui n’ont pas épargné et sont devenus défavorisés.

      Les politiciens n’apprécient l’épargne que pendant le mandat de leur prédécesseur.
      Il s’emploient à la vider, et celle qui vous est volée sera plus sûrement dépensée de ce fait.

      Comme disait Frédéric Bastiat, le pillage n’est pas moins immoral pour être organisé et prévisible.
      Bon courage pour la suite.
      Votre situation ne vous expose pas trop semble-t-il.
      D’autres mieux lotis feraient mieux de fuir.

    • Le voyage, le cinéma et le restaurant sont un luxe aujourd’hui. Même lorsque j’étais informaticien (Bac+5) salarié je ne partais déjà pas en voyage, le cinéma c’était une fois par an et le resto à peine 1 à 2 fois alors aujourd’hui que je suis artisan c’est ZERO !! Vive la France !!

  • bonjour, le pouvoir d’achat des retraités va bien évidemment encore diminuer , puisque très bientôt ils resteront les seuls contribuables encore solvables ! Pas de quoi être étonnés , partant ils paient depuis leurs entrées respectives sur le marché du travail ,il y de ça 40 ou 50 ans périodes auxquelles ils commencèrent de cotiser ; ils n’ont pas cessés depuis lors ! Et c’est normal ; car l’économie ,la marche ,la gestion de ce pays à été conçue ainsi .
    Ce qui ne va plus , c’est qu’il y a de moins en moins de cotisants au prorata de ceux qui ne cotisent pas ,ne cotiserons jamais , de la pléthore toujours grandissante de ceux qui ne vivent qu’exclusivement des prébendes de l’état ,de la charité publique ,de la manne de l’assistanat érigé en principe .

  • Qui va pleurer sur le sort des retraités? Ce sont les nantis de la société, ils ont eu des carrières complètes sans bien souvent de diplômes, ils ont endetté les jeunes pour leurs dépenses courantes, les spolient pour l’accès a la propriete alors même qu’eux ont pu acheter a bas prix, bénéficient encore d’avantages fiscaux indus. Il est temps que ces gens passent a la caisse sérieusement.

  • Les retraités n’ont toujours pas compris qu’ils vont se faire euthanasier et ça a commencé tout doucement avec la non réévaluation des retraites versus l’inflation depuis un an et pour encore un an officiellement. Ensuite, avec la faillite des retraites complémentaires à l’horizon 2017 (dans 3 ans) il faudra procéder à des abattements d’office de 15 à 20% sur les retraites versées… Donc c’est très clair, l’état providence est en coma avancé et que l’on tire dessus ou qu’on essaye de le sauver ne sert plus à rien. C’est foutu: GAME IS OVER ! Préparer en conséquence……..

  • Les graphiques présentés laissent planer quelques doutes. Par exemple, les hypothèses de croissance faible et forte ne semblent pas cohérentes avec les chiffres du chômage indiqués. Plus important, la démographie étant ce qu’elle est et sauf événement imprévisible majeur, on tend vers un ratio de 1 actif pour 1 retraité à l’horizon prévu. Alors, on ne voit pas comment les pensions pourraient peser 12% du PIB (hypothèse de forte croissance du premier graphique) si elles représentent environ la moitié des salaires. En effet, la combinaison des deux graphiques impliquerait que les salaires ne représenteraient plus que 25% du PIB en 2060.

    Quoi qu’il en soit, cette étude a le mérite de démontrer que le système par répartition ne peut survivre, en toute hypothèse, qu’à la condition d’une amputation majeure du pouvoir d’achat des pensions. Voilà qui porte le coup de grâce à la prétendue solidarité entre les générations. En réalité, il y a une génération qui profite grassement du système et la suivante qui est sacrifiée sans pitié par la première. S’il ne fallait qu’un argument pour abandonner la répartition, ce serait celui-là.

  • Les inégalités entre générations sont les pires d’Europe. Les retraités Français sont les mieux lotis et ont un niveau de vie supérieur aux actifs… La génération des baby-boomers a été privilégiée (chômage, immobilier, taux d’impôts, etc) et a vécu largement à crédit (cf la dette de la France) et maintenant qu’il faut passer à la caisse, ça serait uniquement aux générations suivantes de payer la facture? Ces mêmes générations qui ont des taux de cotisation super élevés, des emprunts sur 25 ans pour un 2 pièces (quand ils ont un emploi stable…), etc…

  • Les commentaires sont fermés.

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