Budget 2015 : l’hypocrisie ne connaît pas la crise

Le dialogue franco-allemand reprend. Mais en ces temps de débats budgétaires, Bruxelles pourrait ne pas se laisser convaincre par les piètres efforts des gouvernants français.

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Budget 2015 : l’hypocrisie ne connaît pas la crise

Publié le 23 octobre 2014
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Par Luc Tardieu.

mendiant licence Creative Commons, crédits Mark HardleLe volet recettes du projet de loi de finances pour 2015, a été approuvé à une faible majorité par les députés français, lors de la session du 21 octobre.  Mais entre une opposition virulente et une majorité éparpillée, le vote du budget s’annonce très tendu pour le gouvernement, empêtré depuis une semaine dans un débat avec la Commission européenne, sur fond de reprise du dialogue franco-allemand.

L’année 2014 ne déroge point à la règle calendaire en matière budgétaire, selon laquelle l’automne voit les parlementaires français s’égosiller et se quereller au sujet du projet de loi de finances. Afin de le présenter à l’Assemblée nationale, le ministre des Finances et son délégué au budget insistent d’ailleurs sur la notion de « responsabilité », alors que les voix s’élèvent à gauche pour dénoncer un budget basé essentiellement sur les économies. « Cette responsabilité est considérable, d’après Michel Sapin, car ce budget s’inscrit aussi dans un contexte européen où se joue une grande partie de notre avenir ». Pas sûr pourtant que l’Union européenne (UE) partage notre définition de la responsabilité.

Le soudain renouveau du dialogue franco-allemand

C’est dans ce cadre légèrement houleux que le ministre des Finances et Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, étaient lundi dernier à Berlin pour rencontrer leurs homologues allemands, Wolfgang Schäuble et Sigmar Gabriel. Alors que certains signes négatifs émergent et grèvent l’économie allemande de prévisions alarmantes, il règne des deux côtés du Rhin un désir partagé de voir le dialogue franco-allemand renforcé. Comme c’est étonnant ! Si les prévisions susmentionnées ne sont pas surprenantes – de l’avis général des experts, la consommation atone des ménages allemands était annonciatrice de ce revirement de situation –, davantage l’est la soudaineté de cet appel au dialogue. Peut-être l’Allemagne ne se souvient-elle faire partie d’une communauté d’États que lorsqu’elle est dans le pétrin…

Toujours est-il que la France est en train de lui manger dans la main. Incapable d’agir comme l’a fait pendant des années la rigoriste patrie d’Outre-Rhin, l’Hexagone vient de perdre, semble-t-il, une occasion en or de s’affirmer comme la Nation-pilier d’une zone euro en perte de vitesse. Si encore ledit dialogue était constructif et potentiellement fructueux. Mais tandis que M. Macron déclarait que « 50 milliards d’euros d’économies chez nous, 50 milliards d’investissements chez eux, ce serait un bon équilibre », les échanges franco-allemands se résument apparemment plus à une loterie qu’à un réel plan pour relancer la croissance européenne. Tout le monde est invité à jouer et les récalcitrants iront s’expliquer auprès du Trésor Public.

Des mises en garde européennes platoniques ?

La France ferait-elle preuve d’un angélisme patent face à son voisin allemand ? Peut-être ne convient-il pas d’aller jusque là. Mais si elle ne peut assumer le rôle qu’on aimerait la voir jouer sur le devant de la scène européenne, c’est précisément qu’elle n’en a pas les moyens. Bruxelles le lui a d’ailleurs rappelé, alors que son budget prévisionnel pour 2015 était étudié par la Commission, en lui intimant de trouver plusieurs milliards d’euros d’économies d’ici à fin octobre. Les raisons de cette mise en garde ? L’agacement à peine dissimulé de fonctionnaires européens qui voient d’année en année les déficits publics français constamment au-dessus de la barre des 3 % assignés par Maastricht.

Les mots employés par la Commission sont d’ailleurs sciemment marquants. Ainsi le projet de loi est-il, en l’état actuel, « inacceptable », la seule question posée étant « de savoir comment la France peut encore éviter de voir son texte repoussé d’ici la fin du mois ». Cependant, on peine à croire Bruxelles dans ses menaces sans arrêt proférées ; José Manuel Barroso ne souhaitera sans doute pas terminer son mandat sur une algarade avec la France, et Jean-Claude Jüncker, qui le remplacera à la tête de la Commission en novembre, voudra débuter le sien sur des bases apaisées et saines.

C’est la raison pour laquelle UE et France arriveront à un accord tombé de nulle part. Pourtant, les mises en garde européennes ont bien un fondement ; un réel fondement. Bruxelles n’est que la voix de plusieurs nations qui ont accepté la rigueur budgétaire – parfois depuis quelques années –, comme l’Espagne, l’Irlande, le Portugal ou encore la Grèce, et qui ne comprennent pas que tous ne soient pas logés à la même enseigne. Alors avant de jeter son dévolu outre-Rhin, peut-être la France devrait-elle se regarder en face et assumer l’imminence de réformes nécessaires et arrêter de faire de la communication politique sans envergure.

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