Victoire des sociaux-démocrates en Suède sur fond de forte poussée de l’extrême droite

Progression de l’extrême droite et victoire du social-démocrate Stefan Löfven après 8 ans de conservatisme en Suède.

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stefan Löfven credits socialdemokrateria (licence creative commons)

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Victoire des sociaux-démocrates en Suède sur fond de forte poussée de l’extrême droite

Publié le 17 septembre 2014
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Par Vincent Delhomme.
Un article de Trop Libre.

stefan Löfven credits socialdemokrateria (licence creative commons)

Le décor change, mais le scénario reste le même. Une nouvelle fois en Europe, c’est l’extrême droite qui sort grand vainqueur des élections législatives en Suède tenues ce dimanche, en doublant son score par rapport aux dernières élections. C’est néanmoins au social-démocrate Stefan Löfven qu’il revient de former un nouveau gouvernement après huit ans de gouvernement conservateur, son parti arrivant premier avec 31,2% des voix.

La tâche s’annonce difficile, le bloc rouge-vert (réunissant les sociaux-démocrates, les écologistes et la gauche radicale) ne réunissant que 43,7% des suffrages et 158 sièges, pas assez pour disposer d’une majorité absolue au Riksdag, le parlement suédois. À peine plus élevé qu’il y a quatre ans, c’est un résultat en demi-teinte pour la gauche suédoise. De plus, de nombreuses divergences de vue existent entre les partenaires, notamment les sociaux-démocrates et la gauche radicale. Pour Stefan Löfven, il s’agira de ramener à lui certains des partis les plus centristes de la coalition sortante afin de constituer une majorité, ou bien de constituer un gouvernement minoritaire comme cela arrive régulièrement en Suède.

Pour les Démocrates de Suède, l’extrême droite, le succès est total. Ils poursuivent leur rapide progression déjà entamée il y a quatre ans et confirmée aux dernières élections européennes. Avec 12,9% des voix, ils s’installent confortablement comme le troisième parti de Suède, réalisant parfois des scores de près de 30% dans certaines communes de Scanie, au sud de la Suède, leur fief. Lissant volontiers son image, le parti s’est concentré sur la dénonciation de l’immigration, dans un pays où la tradition d’accueil des demandeurs d’asile est très ancrée et où la pression migratoire se fait de plus en plus forte. La politique d’intégration suédoise est très critiquée et l’accès des immigrés au marché du travail se révèle très difficile.

Pour la coalition sortante du premier ministre Fredrik Reinfeldt, la défaite, avérée, est loin d’être infamante. Avec 39,3% des voix, l’Alliance pour la Suède, regroupant quatre partis, n’échoue pas si loin de la coalition victorieuse. Elle perd néanmoins près de dix points par rapport aux dernières élections, signe de la lassitude des électeurs après huit ans de gouvernement conservateur. Cela vient sanctionner un bilan économique mitigé, avec une croissance relativement stable et forte, mais un chômage toujours élevé, surtout chez les jeunes. Cela témoigne aussi des interrogations de la société suédoise sur son école, dont les derniers tests PISA ont montré les faiblesses, sa politique d’intégration, et plus globalement l’orientation libérale prise par le pays depuis deux décennies.

Si l’on ne sait précisément aujourd’hui les décisions qui seront celles du futur gouvernement suédois, il y a fort à parier qu’elles ne reviendront pas sur les orientations fondamentales prises par le pays après la crise des années 1990 pour adapter son modèle à la nouvelle donne économique.


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Lire aussi : Suède : Manuel pour une révolution libérale

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  • Je crois que l’essentiel à retenir de cette élection c’est le résultat incroyable et encourageant de Feministiskt Initiativ.

    • tiré de Wikipedia à propos de Feminstiskt Initiativ : »
      L’idéologie et le programme d’Initiative féministe s’inspirent de la notion sociologique de l’intersectionnalité des rapports sociaux de domination, et se trouvent donc à la jonction entre le mouvement ouvrier, le black feminism, l’écoféminisme, le militantisme LGBT et queer, ainsi que celui en faveur des personnes handicapées. »
      on peut craindre le pire 🙂

      • Umberto Eco, reprenant Baudrillards, appele cela l’hyperréalité. Quelques théories étranges et reposant sur un fort contenu d’émotion l’emporte sur la « vraie » réalité.

        Par exemple, le FI se targue de la succession du mouvement ouvrier, probablement à cause de la mystique commune de l’oppression. Déjà les ouvriers forment un milieu totalement masculin, par la démographie mais aussi dans l’esprit, assez macho. Pour ces gens, la mystique de l’oppression est plus forte que les véritables revendications ouvrières. D’ailleurs les ouvriers mordent rarement à l’hameçon : partout en Europe, ils se tournent vers l’extrême droite et constituent une part importance de la récente poussée de celle ci.

      • un commentaire d' »Adèle »…

        Pas à prendre au premier degré donc!

  • Espérons qu’ils ne feront pas dérailler l’économie suédoise, qui s’en sort bien en Europe.
    Pour l’extrême droite c’est surprenant quand même, la Suède est l’un des derniers endroits où je les aurais vu cartonner !

    • Faites une recherche sur « Elin Krantz » sur Internet et vous commencerez à comprendre.

    • la Suède a une politique d’accueil de 90 000 réfugiés par an, venant d’Afrique et du Moyen-Orient. Dans un pays de 9,5 millions d’habitant c’est une véritable immigration de peuplement qui entraine une transformation radicale de la société suédoise, et des problèmes de criminalité, de développement du radicalisme religieux et d’intégration économique. Rajoutez à cela que la gauche a promis d’augmenter les dépenses sociales et vous avez une bombe à retardement sociale à la clé. Imaginez à quoi ressemblera la Suède dans 20 ans à ce ryhtme-là.

      La question de l’immigration va devenir la question centrale dans toutes les démocraties européennes dans les années à venir. On peut faire le lien également avec la progression de l’AfD en Allemagne aux élections régionales.

      • Les instances de l’ONU ont prévu une chute drastique de la Suède dans les classements type HDI et compagnie.

        Bon, on sait tous ce que valent ces classements HDI et ce que valent ce genre de prédictions. Il n’empêche que la situation en Suède inquiète, et pour de bonnes raisons. La capitale est officieusement désigné comme « the rape capital of Europe » dans les cercles politiques. La criminalité a explosé, non seulement dans les chiffres officiels, mais bien plus encore dans la réalité. Pensez « La France Orange Mécanique » mais puissance deux.

  • La Suède a montré qu’on peut refouler l’État-providence.
    Montrera-t-elle qu’on peut refouler le relativisme et le droit du sol ?

    • Les pays scandinaves ont une tendance au consensus très forte. c’est à dire qu’ils condamnent tous les opposants aux consensus,jusqu’à ce que le consensus évolue. ça ne m’étonnerait pas que la suède soit le premier pays européen à arrêter l’immigration d’ici quelques années.

      • Sauf que d’ici « quelques années », le mal sera définitif.

        L’immigration n’est pas un « problème » classique qui pourrait se résoudre par une « réforme ».

        Car… on ne peut pas, et on ne pourra pas renvoyer les gens d’origine immigrée.

        Renvoyer où ?

        La bataille est déjà perdue, de ce point de vue.

        Donc même si la Suède changeait de politique à 180 degrès (ce qui est hautement improbable.) cela ne changerait rien à la réalité du terrain : une population profondément divisée, voire en guerre, factions contre factions.

        Les gens semblent s’en accommoder… Fort bien. L’extrême droite suédoise passe de 6… à 12 %.

        C’est dans l’absolu… pathétique, vu ce qui se passe déjà dans leur pays.

        Bref, et c’est valable pour de nombreux autres pays européens : nous sommes face à une sorte de dépression mentale collective. Un mal-être, associé à une haine de soi.

        On peut s’en réjouir. Ou se mettre en colère. Ce n’est pas important au fond.

        C’est simplement l’Histoire qui passe.

    • Avant de parler de droit du sol, on pourrait parler du devoir de subvenir à ses besoins…

      • Et du droit de propriété et de discriminer.
        Je suis parfaitement libéral sur le fond, mais réaliste.
        Ma solution privilégiée n’a jamais existé et n’existera pas de sitôt.
        Frédéric Bastiat a perdu contre Proudhon: La vérité du libéralisme est établie avec clarté depuis 150 ans, et depuis 150 ans l’erreur socialiste s’est imposée par la force.

        Abolir le droit du sol est possible, ce serait un simple retour à une situation antérieure pas si vieille.
        Le droit du sol date d’une époque de domination occidentale écrasante démographique, économique, militaire, scientifique, intellectuelle, morale; où l’occident avait des idées claires en confiance en lui.
        Mais où Charles de Foucauld prédisait déjà la perte de l’Algérie, même s’il ne pouvait imaginer l’effondrement de la France.
        Cette domination fut brève, et elle succédait à mille ans d’agressions constantes et de position défensive.
        Il est probable que cette domination aura causé paradoxalement notre perte, par l’oubli, à la faveur de la table de rase socialiste, voire la compromission du socialisme avec tout ce qui peut l’aider à faire table rase.

  • l’extreme droite n’existe pas en suède, il s’agit d’un parti de droite voulant des règles plus sévères concernant l’immigration. http://breizatao.com/2014/08/26/suedisme-affamer-les-vieux-pour-pouvoir-nourrir-un-million-dimmigres-supplementaires/

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