Bientôt impuissants face au paludisme ?

Le paludisme a fini par devenir résistant à l’ultime parade que les laboratoires pharmaceutiques avaient trouvé pour stopper sa progression.

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Piqûre moustique (Crédits dr_relling, licence Creative Commons)

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Bientôt impuissants face au paludisme ?

Publié le 6 août 2014
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Par Jacques Henry.

Piqûre moustique (Crédits dr_relling, licence Creative Commons)Si l’épidémie de fièvre Ebola intéresse les médias alors qu’elle progresse et continue à tuer dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, au compteur environ 700 morts depuis le début de l’épidémie, le paludisme (malaria) à Plasmodium falciparum, la forme la plus meurtrière de la maladie, fait toujours autant de ravages dans le monde. Elle intéresse moins les mêmes médias, préoccupés par Gaza, le Donbass et l’Irak. Pourtant, depuis l’Asie jusqu’à l’Afrique, environ 2000 personnes meurent chaque jour, en particulier des enfants. Les laboratoires pharmaceutiques avaient trouvé une ultime parade avec l’artémisinine, une molécule présente dans une herbe (Artemisa annua) connue de la pharmacopée traditionnelle chinoise. La molécule est beaucoup trop complexe pour être synthétisée à un prix abordable et son extraction à partir de la plante reste encore la seule source disponible. Pourtant, malgré tous les efforts, le Plasmodium a fini par devenir résistant à cette molécule comme il l’est déjà à la plupart des autres médicaments connus pour le combattre.

Résistance accrue du Plasmodium

Une souche de Plasmodium super-résistante originaire de l’ouest du Cambodge a déjà atteint le Bangladesh et l’Inde avec les dégâts prévisibles qui font frémir les autorités locales. Il suffirait en Afrique d’un cas de malaria à falciparum résistant à l’artémisinine et aux autres anti-paludéens pour que la situation devienne catastrophique. Rien à voir avec le virus Ebola qui tue plus vite que son ombre et ne se transmet donc que de manière limitée, fort heureusement d’ailleurs, même si plus de la moitié des personnes atteintes en meurent. Pour la malaria à falciparum, le moustique vecteur, l’Anophèle, reste contrôlable, mais jusqu’à quand ? Sa progression est endiguée à l’aide d’applications massives d’insecticides car les autorités sanitaires sont vraiment prises de panique. Il semble qu’il y ait mise en commun des intérêts du moustique et du parasite qui deviennent progressivement tous deux résistants aux quelques armes qui restaient encore disponibles pour les combattre !

Une progression alarmante

Les analyses d’ADN qui mettent en évidence les changements spécifiques liés aux résistances du Plasmodium ne permettront que de cartographier la progression de la maladie à titre documentaire. La progression attendue du désastre reste vraiment alarmante. La multi-thérapie déjà adoptée par les personnels soignants risque de voir son efficacité disparaître par l’apparition rapide des résistances. Pour organiser une réelle campagne d’éradication, les volontés politiques sont absentes et les moyens financiers également car le challenge consiste à contrôler la progression du parasite dans de vastes régions essentiellement rurales, objectif quasiment impossible à atteindre. Si la fièvre Ebola tue toujours en Afrique de l’Ouest, quand le falciparum résistant à pratiquement tous les composés chimiques arrivera en Afrique, ce seront des dizaines de millions de personnes qui risqueront presque instantanément leur vie. La malaria à falciparum est la première maladie dans le monde en terme de décès, et elle a encore de beaux jours devant elle… Et si la théorie du réchauffement climatique s’avérait exacte, alors tous les pays dits « tempérés » seraient atteints de plein fouet !

Source : The Guardian


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  • Quand je pense qu’on nous gave avec le sidaction alors que le paludisme est une maladie bien mieux identifiée et tellement plus dangereuse. Le grand public n’a vraiment aucune notion des priorités sanitaires. C’est effarant.

  • Il y avait des études en cours, dont l’objectif était de modifier l’ADN de moustiques mâles, pour que leur progéniture ne puisse être que mâle. L’idée étant d’exterminer les vecteurs de la maladie, probablement plus efficace que de tenter de la guérir.

  • tous les pays dits « tempérés » SERONT atteints, réchauffement climatique ou pas. Le palu était endémique à Londres pendant le « petit âge glaciaire ». Il suffit que des moustiques puisse vivre, et on en trouve jusque dans l’arctique…

  • normal que le palu soit maintenant difficile à soigner. Par expérience pour avoir vécu en Afrique il est difficile de faire comprendre aux patients que le traitement préventif doit être pris sans interruption (un comprimé par semaine, ce n’est quand même pas le bout du monde d’autant qu’ils étaient en vente libre dans les super marchés et moins cher qu’un « loaf of bread) de même que les traitements curatifs.
    Mais, dès qu’ils se sentaient mieux, ils arrêtaient les prises. De plus il y a toujours en milieu rural la croyance que le « sorcier » ou la « chamane » est mieux à même de soigner que le médecin et le dispensaire, la clinique ou l’hopital ne sont que le tout dernier recours.
    On a beau faire des campagnes de sensibilisation, la tradition a la vie dure.

  • Une précision.

    « Et si la théorie du réchauffement climatique s’avérait exacte, alors tous les pays dits « tempérés » seraient atteints de plein fouet ! »

    La malaria n’est pas une maladie tropicale, même si elle est surtout présente dans les pays tropicaux. Cette maladie était très présente en France (paludisme = maladie des paludiers) un épisode épidémique des plus importants a eu lieu à Arkhangelsk (mer Blanche) dans les années 20 en URSS, la Russie est toujours le pays le plus touché d’Europe.
    Pour ceux qui ont eu la chance de voyager au delà du cercle polaire en été, vous savez que les moustiques sont un désagrément bien plus important que sous les tropiques.

  • J’avais lu, je ne sais plus trop où, à vrai dire c’était peut-être un de mes profs de fac qui m’en avait parlé, que les populations de moustiques pouvaient être contrôlées en relâchant des mâles stériles dans la nature. Je n’ai aucune idée de combien ça coûte cela dit, mais si cette option s’avère intéressante cela pourrait nous laisser un peu de répit pour trouver un nouveau « remède ».

  • Heureusement Oxitec travail la dessus avec ses moustiques OGM !

  • Bnojour
    Je suis septique sur le retour du paludisme dans les zones tempérées. Le paludisme été éradiqué en france métropolitaine et le dernier cas était en 1972 en corse.
    La lutte contre le paludisme est connu et efficace, lutte contre le vecteur (moustique) et lutte contre le réservoir (humain).
    Je ne vois pas pourquoi si le réservoir (humain) n’existe plus comment le paludisme peut réapparaitre, à part quelques cas sporadique de paludisme d’importation, qu’il faut en effet surveiller. Les anopheles existe tjs.
    Regardez les antilles, l’anophele existe mais pas de réservoir, pas de réservoir à cause d’une bonne couverture sanitaire.

  • Eh oui, le palu a été eradiqué par le DDT dans les pays développés, et depuis sa quasi interdiction, il se redéveloppe, ailleurs. On a coutume de dire que les écolos sont des pastèques vertes à l’extérieur et rouges dedans, mais ils sont rouges aussi à l’extérieur du sang des millions de morts du palu.
    ht tp://www.notre-planete.info/actualites/actu_1004_OMS_DDT_paludisme.php

  • On oublie aussi très souvent qu’on doit une bonne partie de l’erradication de la malaria à l’assèchement des marais (merci Mussolini).

    • Le développement de la Corse-côte Est s’est fait grâce à la dispersion massive de DDT par les forces américaines débarquées en 1945.

      Ils ont eu aussi l’intelligence de planter un extraordinaire répulsif naturel de miasmes, l’eucalyptus, dont l’essence des arbres se répand partout dans la nature et a l’heureuse influence de purifier l’air.

      Qui plus est, respirer cet air parfumé est divin.
      Les moustiques ne le supportent pas.

  • En lisant cet article, je pensais à une seule chose… Et la dernière phrase de l’article m’a ôté le besoin de faire un commentaire à ce sujet.

    Il va falloir généraliser les moustiquaires et les bombes aérosol personnelles, les crèmes voire les mécanismes électroniques répulsifs très efficaces, qui sont déjà tous très développés dans le cadre de la navigation en mer.

    On se demandait à quoi étaient liées certaines extinctions massives des espèces. Voilà déjà un paramètre identifié pour notre époque et notre espèce.

  • Les commentaires sont fermés.

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