L’homme est un loup pour l’homme. Bientôt un chien ?

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Homme loup (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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L’homme est un loup pour l’homme. Bientôt un chien ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juillet 2014
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L’une des plus grandes avancées humaines, réalisée en plusieurs endroits de la planète, est la production alimentaire. Quand ils ont trouvé des plantes et conditions adaptées à l’agriculture, les hommes les ont domestiquées ; ils ont également domestiqué des animaux pour divers usages.

Pour ce faire, ils ont eu recours à divers procédés. En sélectionnant au fil du temps les plus dociles, les plus calmes, les plus aptes à obéir, les hommes ont transformé le loup en chien. Ils ont utilisé certaines caractéristiques naturelles du loup, comme son instinct grégaire et son organisation hiérarchique naturelle, pour s’en rendre maître et faire de lui un animal de compagnie dont les diverses races se prêtent à différents usages.

img contrepoints476Certaines des caractéristiques qui permettent au loup de gagner dans la sélection naturelle se sont estompées, comme les sens ; en revanche, la sélection artificielle pratiquée par l’homme en a développé d’autres ; les critères qui font qu’un chien gagne au grand jeu de la nature ne sont plus les règles qui le font gagner dans la nature. Le chien docile est préféré au chien agressif, le chien confiant au chien méfiant, le « bon caractère » à l’instinct.

L’éléphant, lui, est plus simple à capturer qu’à élever. Mais il faut le capturer tôt, car il faut lui faire croire très tôt qu’il est incapable de se libérer de ses liens en l’enchaînant à de lourds objets. Adulte, il pourrait rompre ses liens facilement, mais il a intégré sa propre servitude ; on peut le manipuler avec une corde car, tout petit, on lui a fait intégrer des limitations qui le suivront toute sa vie. Il peut alors suffire d’une cordelette reliée à une chaise pour tenir l’éléphant en place.

Et de la même façon, on peut domestiquer les hommes, les apprivoiser. On peut récompenser les plus obéissants et punir les plus rebelles, modifier les règles du jeu pour modifier les facteurs de succès. En cela, on peut même espérer modifier la nature humaine, en poussant les hommes à développer leurs relations plutôt que leurs talents, surtout si on est la relation que tout le monde voudrait avoir (par exemple le maire pour obtenir les bonnes autorisations et les bons contrats). En changeant les facteurs clés de succès, on peut changer le sort des hommes, transformer vice et vertu, détruire le beau et le vrai, tuer l’amour et l’estime de soi. On peut changer une culture, changer les esprits, changer les hommes.

Et les apprivoiser. Créer en eux des limitations, les enchaîner dès la naissance à des certitudes qu’ils ne tenteront par la suite que rarement de renverser. On peut les convaincre qu’il faut subir l’injustice ou la commettre, et qu’il faut pour réduire l’injustice ne pas laisser faire les hommes par nature mauvais. On peut les convaincre que le changement est mauvais, que tout est relatif ou que tout est certain. On peut les convaincre que la vertu n’existe pas et qu’il faut la simuler de toute pièce en contraignant les hommes.

Leur faire croire qu’ils ne pourront jamais se passer de lois et réglementations pour négocier un contrat de travail ou acheter des lasagnes, ni d’agences pour trouver un emploi et mettre sur le marché des médicaments non mortels. Qu’ils ne peuvent anticiper eux-mêmes les étapes et risques de la vie.

On peut les convaincre que le bien n’existe pas et qu’en son absence, mieux vaut choisir le moindre mal. Leur faire accepter même l’idée que le mal fait partie de la vie, alors qu’il la détruit. On peut les rendre méfiants les uns des autres. On peut leur faire accepter l’idée que leurs vies seront toujours limitées, qu’il faut de soi-même se restreindre et qu’on ne peut avoir de succès qu’en se spécialisant à outrance, gardant pour soi les bénéfices et le pouvoir qu’il y a dans l’intégration.

L’homme est parvenu à domestiquer de nombreux animaux, mais n’est pas à l’abri de sa propre domestication. Dans les deux cas, un animal a voulu se rendre maître d’un autre, et dans un cas, il y est parvenu. Dans l’autre, il y parviendra si (ou tant que) l’idée qu’un maître est toujours nécessaire prévaudra.

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  • Si jamais vous êtes coincés sur une île déserte, voici un truc de survie épatant inspiré par le génie humain:
    Trouvez un endroit dégagé accessible aux cochons et si possible entouré d’arbres solides.
    Placez-y un peu de maïs ou de pommes de terre (ou équivalent), chaque jour.
    Une fois que les cochons sauvages ont l’habitude de venir manger gratuitement à cet endroit, construisez un premier pan de clôture.
    Une fois que les cochons ont l’habitude de tolérer ce pan de clôture pour venir manger gratuitement, ajoutez-en un autre.
    Répétez encore une fois.
    Une fois que les cochons ont l’habitude de tolérer cette clôture presque entière, ajoutez-y le dernier pan avec une porte que vous pouvez fermer à l’ide d’une simple corde.
    Une fois que les cochons ont l’habitude de tolérer cette porte et votre présence à distance, enfermez-les dedans.
    Une fois que les cochons ont l’habitude d’être enfermés et ne savent plus survivre dans les bois, vous avez des cochons domestiques.

  • Une parfaite description du totalitarisme que nous vivons actuellement en France.

    J’ai particulièrement aimé la phrase « en poussant les hommes à développer leurs relations plutôt que leurs talents » qui s’applique à mon domaine, celui des arts, de la musique. En effet aujourd’hui, place est faite à des personnalités aux faibles talents mais qui peuvent compenser par leur capacité d’entregent, de séduction, de relationnel, de médiatisation (un bon exemple typique du sportif qui a beaucoup de succès en tant qu’artiste grâce à sa présence incessante dans les médias mais qui résoud la quadrature du cercle de son niveau artistique quasi nul en travaillant sur son image « engagée »… on se marre toujours d’un artiste qui travaille pour le régime dictatorial). Car nous faisons désormais partie d’un monde de communication, la méthode utilisée partout par le socialisme pour étendre son grand mensonge universel et mettre à bas les plus récalcitrants ou les plus talentueux. En général ce sont les mêmes !

    En effet, l’on constate systématiquement dans les organisations humaines modernes l’augmentation des dépenses de communication dans des proportions halluciantes (plus de 50%) quand une majorité de gauche est au pouvoir. Ni les médias, ni les professionnels de la communication, ni les journalistes, ni les « artistes de gauche » ne s’y trompent en se déportant massivement idéologiquement vers cet endroit pour recevoir plus de subsides et vivre confortablement en acceptant sans broncher les nouvelles normes de ce totalistarisme souriant et bienveillant, qui nous dit sans cesse dans ses beaux discours creux et insipides ce qu’il faut faire ou penser quand dans le même temps il nous enlève de plus en plus de libertés, économiques, civiles, politiques (le vote ne sert plus à rien, le tyran fait le contraire de celui-ci et les médias nous disent quoi penser, le politiquement correct), et finalement que « Le monde est (plus) beau sous le socialisme que sous un régime de liberté ».

    En effet la nomenklatura sélectionnée comme on le fit des espèces animales décrites ci-dessus fait un peuple heureux et souriant de celui qui accepte les nouvelles normes socialistes puisqu’il bénéficie pratiquement seul désormais des subsides. Charge à l’Etat socialiste d’augmenter de plus en plus ses pauvres, ses débiteurs, selon la formule consacrée « Le socialisme consiste à augmenter de plus en plus le nombre de pauvres ». Les désobéissants étant de plus en plus parqués dans la pauvreté ou en marge de la société, dans les prisons, dans les zones (matérielles et physiques, des zones de sauvages par opposition aux villes aseptisées et bunkerisées par le régime) de l’indifférence et du mépris, à l’instar de la société décrite dans « La planète des singes ».

    Un philosophe parlait récemment d’un goulag intérieur. Nul besoin de chercher plus loin, nous y sommes.

    Tant qu’il y aura des socialistes en France, nous n’y échapperont pas. Ces gens sont des criminels, ils ont déjà prouvé par ailleurs avec autant d’efficacité. Pourquoi leur idéologie changerait-elle parce qu’elle est appliquée chez nous ? Il ne faut pas croire en leur évolution mentale. Le poireau pourrit toujours par la tête. Aujourd’hui le pays s’appauvrit à grande vitesse sous leur joug, donc leur discours et leurs méthodes semblent évoluer sous la menace de la disqualifiaction nationale et de la banque mondiale. Ne croyons pas si rapidement à leur conversion. A nouveau quand il y aura de l’argent dans notre pays, ils s’y attaqueront avec la même morgue et les mêmes mensonges à celui-ci, à son peuple qu’ils veulent transformer par l’Education Nationale Socialiste.

    Dans la prochaine étape de la modernisation mentale de la France, il faudra détruire le socialisme et l’interdire d’exercer. Mais il faudra l’énergie de tout ceux qui auront été réduits en esclavage moins les nomenklaturistes qui se seront amplement gobergés et qu’il faudra déclasser drastiquement comme les nazis ou les bolcheviques pour cause de solidarité avec un régime d’apartheid qui n’a rien à envier à une éducation animale telle qu’elle est décrite ci-dessus.

    Si l’on veut éradiquer le cancer universel des sociétés, il faudra le faire avec courage et sans pitié, de manière chirurgicale.

    • Très bonne intervention, presqu’aussi bonne que celle de M. Créteur, qui était vraiment en forme pour produire ce billet !
      Le socialisme a réduit à la misère tous les pays qui l’ont essayé de manière poussée, pourquoi vouloir la même chose en France ? C’est la question que je pose à tous les socialistes, et aucun n’a de réponse. Ils repartent toujours sur les mêmes slogans, comme un disque rayé…

  • Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé.
    « Qu’est-ce là? lui dit-il. – Rien. – Quoi? rien? -Peu de chose.
    Mais encor? – Le collier dont je suis attaché
    De ce que vous voyez est peut-être la cause.

    Le Loup et le Chien (Jean De La Fontaine)

    La Fontaine était-il libertarien ?

  • Merci pour ce texte très juste !
    Et juste pas seulement pour la France, comme certains se bornent à le croire, mais sur la nature humaine en général.

    Merci encore !

  • Sujet vaste et interessant . J’y ajouterais certaines nuances .
    Tout d’abord la différence immense : nous ne sommes pas sélectionnés, nos gênes sont libres . C’est une différence de taille.
    L’histoire des hommes et des animaux est aussi longue et complexe que notre histoire. Lire à ce sujet B. Cyrulnik « La Plus Belle Histoire des animaux » http://www.amazon.fr/gp/product/2020551276/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2020551276&linkCode=as2&tag=liborg-21
    La réduire à une simple relation : maître esclave est assez réducteur , il s’agit plutôt de coopération plus ou moins habile il est vrai. Certaines espèces ont fait le choix de la coopération avec l’homme , d’autres non . Ainsi le cheval , le chien , l’oie , le chat etc ont préféré la coopération , d’autres l’ont refusée : le zèbre , le loup , au risque de l’extinction . Eh oui la liberté a un prix .
    Ne pas oublier que la plupart de ces animaux sont des êtres sociaux , et que certains vivaient la tyrannie dans leur propre clan animal . Tyrannie pour tyrannie , certains ont choisi la gamelle …
    Certaines especes ne semblent pas vraiment se plaindre de la coopération , vous avez sans doute tous en tête des exemple de chats /chiens/chevaux qui comme on dit se la coulent douce .
    Nous mêmes, n’en déplaise à l’auteur, sommes « domestiqués » : la longueur de notre éducation en témoigne qu’elle soit libérale ou non , nous sommes des êtres sociaux . Nous pouvons aussi le refuser , libres à nous .
    La coopération peut être extrêmement fructueuse aux especes ou membres si une véritable symbiose s’installe , le gagnant-gagnant cher à notre Sego nationale (!)
    Elle peut devenir une relation tyrannique insupportable si la relation est déséquilibrée .(bon on est en plein dedans)
    Tout individu peut faire le choix de la rompre. (plus difficile en tyrannie il est vrai)
    Mais la liberté à un prix , et il faut aussi être prêts à le payer .

    •  » nous ne sommes pas sélectionnés, nos gênes sont libres . C’est une différence de taille. »

      les gènes des éléphants d’Asie en Thaïlande sont tout aussi libres. On capture les animaux en forêt et on les dresse. Le dressage peut donc marcher et transformer un animal sauvage en esclave docile.

  • Article bien écrit, mais à mon avis largement caricatural.

    Cela dit, le conditionnement par l’éducation existe bel et bien. Les incitations économiques aussi, ainsi que la pression sociale et le conformisme. Idem pour le fatalisme et le pessimisme ambiant (assez fortement présent sur Contrepoints en général et dans cet article en particulier).

    Mais tout de même en France on peut faire des enfants librement. Les êtres humains ne sont pas sélectionnés comme les animaux. De même les récalcitrants ne sont pas éliminés, ni physiquement ni socialement. Nous ne sommes pas enfermés. Chacun garde son libre arbitre.

    • « de même les récalcitrants ne sont pas éliminés, ni physiquement ni socialement »

      C’est faux pour l’élimination sociale, quand à l’élimination physique, on a le cancer, le suicide qui se charge de faire le travail à la place des goulags. Les socialistes théoriciens en sont même à l’euthanasie (état nazi) tant leur théorie de l’espèce est avancée.

      Goulags, laogaï, camps de concentrations et de redressement, divorce, IVG, euthanasie, économie à terre, cancers, suicides, crises à répétition, états en faillite, voilà joli un condensé de la philosophie socialiste.

      On a vu, on n’en veut plus.

  • Domestiquer l’homme?
    Tous les gouvernements ont essayé depuis le début de l’histoire de l’humanité, avec quelques résultats limités dans le temps, puis un retournement de situation, et une amélioration de la condition humaine en résultat final.
    Lorsqu’un gouvernement va trop loin dans ce domaine, il finit par recevoir un retour de bâton, et c’est ce qui va arriver à notre pays.
    Souvenez vous du symbole du pendule…
    Il suffit d’être patient.

    • Je tempèrerais un peu :

      « Lorsqu’un gouvernement va trop loin dans ce domaine, il finit par recevoir un retour de bâton, et c’est ce qui va arriver à notre pays. »

      Ca dépend à quelle vitesse il y va. Le passé à montré que c’est en y allant trop vite que retour de bâton il y a. Dans notre malheur, nous avons la « chance » de nous trouver face à des apprentis dictateurs qui veulent leur nom gravé dans l’Histoire et donc, vont trop vite. C’est à ce moment là que ça dérape.

      Mais à chaque dérapage, il en reste quelque chose que le prochain apprenti retient. Il modifie, peaufine la méthode, mais le but non avoué reste le même : la domestication.

  • Étrange analogie entre les bêtes que l’homme soumet d’un côté par la dressage et le Léviathan (une bête aussi, un monstre biblique) que les hommes ont créé et auquel ils se soumettent.

    Cela semble être une tension insurmontable et contradictoire : on justifie d’un côté la souveraineté sur le vivant, sur les bêtes ; on la réfute de l’autre quant au Léviathan sur les hommes. Pourquoi ? ou plutôt, pourquoi pas ?

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