Faire Simple : le crowdsourcing très encadré de l’administration française

Avec « Faire simple », le gouvernement vous propose de suggérer des réformes de simplification. Mais si elles sont trop audacieuses, attendez-vous à les voir censurées de façon malhabile.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Faire Simple : le crowdsourcing très encadré de l’administration française

Publié le 11 juin 2014
- A +

Par Victoria Melville.

Comme vous le savez, le gouvernement travaille à simplifier la vie quotidienne des Français. Pour ce faire, il dispose d’un Secrétariat général de la modernisation de l’action publique lequel a dégainé à la fin de l’année dernière l’initiative Faire simple qui a pour vocation de demander au public de contribuer à la simplification des démarches, notamment en formulant des propositions devant donner lieu ensuite à des ateliers menant à des propositions concrètes d’amélioration selon le schéma ci-dessous.

fabrique

Nous avions déjà parlé de ce dispositif pour évoquer ses ambitions et sa mise en place quelque peu opaque. Plusieurs mois plus tard, le projet a suivi son cours et de nombreuses propositions sont apparues et des soutiens ont été ajoutés à celles que nous avions évoquées la dernière fois. On notera également au crédit du SGMAP qu’aucune des propositions soumises à l’époque n’a été supprimée, si j’ai bien suivi.

Je vous suggère donc d’aller faire un tour à la liste des propositions formulées par le public. Pour les trier, vous pouvez choisir celles qui concernent les particuliers et celles qui concernent les professionnels. C’est tout. Il n’est aujourd’hui plus possible de les trier par popularité. Elles ne sont pas non plus triées par ordre chronologique.

fairesimpleaccueil

Pourtant, il est très instructif de se livrer à une analyse des propositions les plus populaires parmi les 614 affichées ainsi que de leur position dans la liste. Si l’on peut admettre que notre premier article a suscité une vague de soutiens pour les propositions que nous avions sélectionnées, de nombreux mois plus tard, cela ne peut plus suffire à expliquer la situation.

Le top 20 en nombre de soutiens (chiffres retenus en date du 13 mai 2014) et leur position dans l’ordre d’apparition :

  1. Supprimer le RSI : 328 soutiens, 542e position,
  2. Fin du monopole de la sécurité sociale  : 228 soutiens, 126e position,
  3. Simplifier le droit du travail : 99 soutiens, 386e position,
  4. Mettre en place le chèque éducation : 87 soutiens, 512e position,
  5. Laisser les salariés gérer leurs assurances chômage, retraite et santé : 84 soutiens, 109e position,
  6. Simplifier les bulletins de salaire : 76 soutiens, 579e position,
  7. Payer aux salariés leur salaire brut : 67 soutiens, 167e position,
  8. Ouvrir les administrations le samedi : 60 soutiens, 199e position,
  9. Supprimer la TVA pour les opérations entre entreprises : 60 soutiens, 466e position,
  10. Simplification des statuts des travailleurs : 55 soutiens, 537e position,
  11. Dématérialiser les diplômes : 53 soutiens, 492e position,
  12. Journal d’annonces légales : 51 soutiens, 405e position,
  13. Passage au logiciel libre : 50 soutiens, 298e position,
  14. Carte d’identité au format carte de crédit : 46 soutiens, 336e position,
  15. Avoir la carte européenne d’assurance maladie au dos de la carte vitale : 46 soutiens, 351e position,
  16. Choisir ce que finance la redevance TV : 45 soutiens, 226e position,
  17. Etendre le statut d’autoentrepreneur : 44 soutiens, 568e position,
  18. Gratuité de la dissolution d’une entreprise : 43 soutiens, 398e position,
  19. Création du compte unique citoyen : 42 soutiens, 247e position,
  20. Simplifier la création d’entreprise : 42 soutiens, 454e position.

Autant le dire, pour arriver à la suppression du RSI ou au statut d’autoentrepreneur, il faut vraiment se livrer à l’exercice avec une certaine conscience. On ne se posera donc pas la question de l’ordre d’affichage des propositions car, n’est-ce pas ? Poser la question, c’est déjà y répondre.

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • Ce truc est ridicule.
    Les « solutions » affichées en premier ne correspondent pas à l’objectif (« accompagner le handicap », point, « assistante d’école », point : va appliquer ça…), existent depuis longtemps (guichet unique pour embaucher un salarié), ou sont manifestement inapplicables par les politicards (déclaration d’une embauche 2 semaines après celle-ci : vive le travail au noir !).
    Les vraies solutions, faciles à appliquer, sans effet indésirable et qui ne coûtent pas un rond sont au contraire enterrées (voir « Journal d’annonces légales », pour en faire publier une trentaine par an, je connais bien le problème).

  • Édifiant ! ça laisse présager ce que serait une démocratie plus directe en France, comme elle se pratique en Suisse !

  • Très intéressant de voir que la proposition de suppression du RSI fut déposée le 3.10.13, c’est à dire le même jour que celle sur le logement social (http://www.faire-simple.gouv.fr/vos-idees/logement-social), qui elle est en première page. Ce pays est foutu.

  • Vous remarquerez également qu’ils sont passés à la phase 2: « La fabrique de solutions ».

    Un petit nombre d’élus (qui?) a été choisi (comment?) pour discuter (où? quand?) d’une sélection parmi les proposition faites (pas les plus populaires bien sur).
    J’ai envoyé un mail via le formulaire de contact pour avoir ces infos, en vain, évidemment…

    Je n’ose imaginer ce que sera la phase 3: « Les mesures engagées ».

    Je relis en ce moment La Grève, j’ai l’impression d’être en plein dedans:
    – faisons semblant de consulter le peuple
    – faisons semblant de réfléchir à ses solutions
    – faisons semblant d’agir

    • Avatar
      victoria.melville
      12 juin 2014 at 8 h 52 min

      Effectivement et ça mérite qu’on en parle aussi tant la déconnexion est importante entre ce qui ressort de la consultation et ce que le gouvernement a choisi de poursuivre. C’est totalement fou.

  • C’est faux, j’ai fait une proposition le 30/10/2013 qui s’intitulait Heures Supplémentaires.

    Elle avait été validé et avait reçu au moins 7 soutiens dont le dernier, le 26/05/2014, maintenant lorsque j’essaie de la consulter, Erreur 403…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de Philbert Carbon.

L’IREF le clame depuis sa création en 2002 : une réglementation excessive nuit à la croissance économique. Nos collègues danois du think tank CEPOS montrent qu’en limitant l’inflation réglementaire, le PIB pourrait augmenter d’environ 14 % en dix ans.

 

Une réglementation débordante

CEPOS déplore la croissance de l’État réglementariste au Danemark. En 1989, il y avait 7,5 millions de mots dans l’ensemble de la législation. Il y en avait 19,3 millions en 2022. Le volume a presque triplé ... Poursuivre la lecture

Gaspard Koenig.
0
Sauvegarder cet article

Par Nils Baudoin.

Le mouvement politique Simple créé par le philosophe Gaspard Koenig tenait hier soir son premier meeting. La belle salle du Théâtre des Variétés qui compte plus de 900 places, boulevard Montmartre était pleine.

Gaspard Koenig est bien connu des lecteurs de Contrepoints et nous a accordé récemment un entretien.

Parmi les personnalités annoncées dans la salle, on comptait les anciens ministres Alain Lambert et Hervé Noveli, le créateur du statut d'auto-entrepreneur, simplification majeure pour les petits c... Poursuivre la lecture

Gaspard Koenig, président du think tank Génération libre, lance le mouvement SIMPLE pour alimenter le débat à quelques mois de l'élection présidentielle. La rédaction de Contrepoints a voulu en savoir plus sur le projet.

Entretien réalisé par Alexandre Massaux pour Contrepoints.

Quelle politique générale souhaitez-vous impulser avec le mouvement SIMPLE ?

SIMPLE est né d’un constat de terrain après plusieurs mois de voyage et déplacements à travers la France : celui d’une inflation normative galopante qui entrave les Franç... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles