L’Ukraine est l’artisan de ses malheurs étatistes

On parle beaucoup des problèmes de politique étrangère en Ukraine ces derniers temps. Mais ses problèmes économiques sont tout aussi inquiétants.

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L’Ukraine est l’artisan de ses malheurs étatistes

Publié le 8 mai 2014
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Par Daniel J. Mitchell, depuis les États-Unis.

J’ai récemment comparé Singapour et la Jamaïque pour démontrer que la croissance devrait prendre le dessus sur l’inégalité. En résumé, une économie grandissante sert nettement mieux les pauvres – leur part de tarte grandit même si elle a la même proportion – que des programmes redistributifs qui emprisonnent les gens dans un cercle de dépendance et tuent les incitatifs.

Ou si vous préférez, les pays avec un État limité moins interventionniste obtiennent de meilleurs résultats que ceux avec un État obèse et interventionniste.

Cette relation s’observe en comparant la Jamaïque et Singapour, mais aussi les autres nations. C’est encore frais dans ma tête car j’ai récemment participé au Kyiv Stop on the Free Market Road Show. J’ai montré à l’auditoire les réformes que devrait mener l’Ukraine pour fortifier sa performance économique. Toutefois, j’aurais simplement pu lire le récent avis d’un expert, Alliston Heath au sujet de l’Ukraine et de la Pologne :

Au faîte de l’oppression communiste, l’Ukraine et la Pologne avaient le même niveau de pauvreté. La première faisait partie de l’Union soviétique alors que la seconde était un pays satellite de l’URSS, liée par le Pacte de Varsovie. En 1990, les deux pays avaient un PIB par habitant et une économie sinistrement semblable. Un quart de siècle plus tard, tout a changé. La Pologne s’est tournée ver le libre-marché, a réduit la taille de son État, a jalousement respecté la primauté du droit et les droits de propriété, a privatisé intelligemment, a pu éviter la kleptocratie et la corruption, contrairement aux régimes en place à Kiev, et a embrassé le capitalisme à l’occidentale le plus largement possible.

Heath cite des chiffres de la Banque mondiale montrant que le PIB de la Pologne est 3,3 fois plus important que celui de l’Ukraine. Personnellement, je préfère les données d’Angus Maddison. Bien qu’elles ne montrent pas une différence aussi dramatique, elles montrent néanmoins un changement extraordinaire dans le niveau de vie des deux pays.

ukraine-v-poland

Ces chiffres sont ahurissants. Même avec les données Angus Maddison, l’on peut voir que la Pologne (ligne bleue) dépasse rapidement l’Ukraine (ligne rouge) après l’effondrement du communisme et profite maintenant d’un PIB par habitant deux fois plus grand – et probablement trois fois plus grand si les données de 2014 étaient disponibles.

N’allez toutefois par croire que la Pologne est un paradis du libre-marché. Comme Heath le rappelle, le pays n’est ni Hong Kong, ni Singapour :

Le système fiscal polonais est encore trop étouffant, la paperasse et la bureaucratie rappellent encore les mauvais jours du communisme, le marché du travail est réglementé à l’excès et une partie de la population rejette des éléments du nouvel ordre économique, laissant ainsi le pays relativement pauvre. Cela explique pourquoi les gens les plus ambitieux se sont exilés au Royaume-Uni et ailleurs. Malgré tout, la Pologne demeure une belle réussite de l’ère post-communiste. L’Ukraine, malheureusement, a été un des pires échecs.

Pour preuve, l’Indice de liberté économique de l’Institut Fraser classe la Pologne au 59e rang ; son score est passé de 3,9 en 1990 à 7,2. Ce n’est pas le Pérou, mais c’est nettement mieux que l’Ukraine, qui se classe au 126e rang (derrière la Russie !) sur 152, et son score n’a augmenté qu’à 6,16.

Tel que je l’ai déjà mentionné, le principal problème de l’Ukraine est la « Putinomics », pas Poutine comme tel. Si le pays veut rattraper l’Occident, il lui faut plus de libre-marché et moins d’État. D’ailleurs, en regardant les cinq principaux facteurs de l’Indice de liberté économique, l’Ukraine a de bons résultats en matière de politiques fiscales – elle a un taux unique d’imposition –, mais ses politiques monétaires sont misérables et sa performance sur les autres indicateurs n’est guère meilleure.


Sur le web. Traduction : Pierre-Guy Veer pour Contrepoints.

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  • « Si le pays veut rattraper l’Occident, il lui faut plus de libre-marché »

    Il lui faut surtout comprendre que ça n’est pas l’assistanat de l’UE qui mène vers le libre-marché, ni vers la croissance. Pour s’en sortir, il faut éradiquer la connivence et la corruption, c’est ça que veut dire « libre-marché », et ça ne se fait pas par percolation à travers les frontières.

    • Pour des raisons évidentes l’Ukraine ne deviendra pas une deuxième suisse, donc elle sera rattachée soit à l’union russe soit à l’UE.
      Bien sur, je suis contre toutes les politiques keynésiennes que l’UE mènerait en Ukraine pour la sortir de la crise, mais cela reste une meilleur chance que la Russie pour les Ukrainiens.

      • La meilleure chance pour l’Ukraine serait une quasi-partition. Les Ukrainiens de l’est, où le salaire moyen est le double de ce qu’il est dans la partie ouest, ne croiront jamais que l’UE est une meilleure chance pour eux que l’actuelle dépendance envers la Russie. Et leur avis compte plus que le vôtre ou celui des pays dont les banques sont noyées jusqu’au cou dans des affaires louches là-bas.

        • Il faut casser une idée reçu.

          La CEI est en réalité bien moins contraignante que l’UE.
          Je sais dans la presse de l’Ouest la CEI serait presque une extension de la Russie.

          Voyez, la Russie a soutenu l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud quand cette dernière a subis l’invasion Armée de la Géorgie et aucun pays de la CEI à par la Russie n’a reconnue aucun de ses deux pays.

          Pour que l’UE fasse une convention il faut une majorité de son parlement, dans la CEI il faut l’unanimité, la Géorgie est sortie de la CEI, les putchiste de Kiev prétende sortir l’Ukraine de l’organisation, le Turkménistan a décidé de n’être plus qu’associé.

          Quelle pays a réussit à sortir de l’UE depuis le temps.

          L’UE a une politique agressive contre l’Ukraine pour la forcé à aller dans le sens du gouvernement mondial.

          Il faut reconnaître que si la Russie n’est pas parfaite, elle va dans le sens d’une resistance au gouvernement mondial.

          • Mais à quoi bon se prétendre Tea Party, si c’est pour soutenir les thèses des pro-russes les plus kremlinolâtres ? Appelez-vous « I love Poutine », et n’en parlons plus. Ou « I love Le Pen », puisque c’est désormais la même chose.

            • Tout simplement parce que je suis Tea Party et que je ne vois pas le monde comme un dualisme entre Obama et la Russie.

              Je suis par exemple hostile à la politique de la Russie vis à vis de l’Iran.

              Je suis hostile à la position « restrictiviste » de Poutine sur les armes à feu.

              Pour autant je ne considère pas qu’il faille pour être dans l’esprit américain sacrifié tout honnêteté intellectuel pour monter la Russie comme le grand coupable de tout les mots de la terre.

              Pour l’Amérique je sais que les salauds qui vont jetés à la rue des familles entières avec une augmentation du salaire minimum, qui on fait l’Obamacare, les lois sur les réquisitions d’armes et la surveillances digne du KGB, ne sont pas Russes.

              Pour ce qui est du prétendu impérialisme Russe, je vais même aller plus loin, ceux qui l’ont monté en épingle étaient des gauchistes américains qui ne voulaient pas passer pour des traîtres mais étaient insupportés par le fait que les ennemies soit des égalitaristes (compréhensible pour un homme de gauche).

              Donc c’est développée une thèse qui au fond dédouane le marxisme, l’URSS ne serait pas l’application du communisme mais simplement une suite de la politique Russe.

              Ainsi le Géorgien Staline, les Ukrainiens Khrouchtchev et Brejnev serait les artisans de la politique Russe. Excusez-moi on est dans le grand ridicule.

              Pour le reste il y a un territoire qui s’appelle l’Ossétie du Sud, la Géorgie ne reconnaissait peut être pas le pays mais l’envahir, était une action et les actions qui y ont étés commises ne sont pas excusables, je n’accepte pas de voir qu’on tuent des enfants après avoir contrôlé un territoire pour changer les donné démographique.

              Ceux qui soutiennent ce génocide ne sont pas dans l’esprit des pères fondateurs, je suis désolé. Je peux comprendre qu’on ne soit pas pour l’intervention (et si les USA avait été sauvé l’Ossétie de Sud des troupes géorgiennes ça aurait certainement été une des guerres les moins contestables) mais venir critiquer la Russie qui sauve un territoire sur sa frontière c’est le comble du cynisme.

              Parler de cela comme d’une question territoriale est risible, la Russie avec sa taille ferrait toute une histoire diplomatique pour deux territoires à eux deux grands comme la Slovénie.

              Et pour mémoire, le problème de ses deux République ne date pas de 2008, la Géorgie n’a jamais réussit à prendre le contrôle de l’Abkhazie et presque jamais de l’Ossétie, ceux malgré une armée moderne.

              En occident on aime parlé du problème « palestinien » c’est un grand problème pour lui, le Sahara occidental est un grand problème aussi pour lui, idem pour le Kossovo.

              Quand des groupes Djihadistes voulaient faire un émirat Islamique en Tchétchénie, (je rappelle qu’il n’ont souhaité envoyé qu’un sel ambassadeur et il est parti en Afghanistan Taliban) c’était un problème en occident puisque c’était contre la Russie, mais quand il s’agit de l’Abkhazie, de l’Ossétie, de la Transnistrie, de la Gagaouzie ou autre ça n’a jamais été un problème, soit parce que ça aurait gêné un pays potentiellement ennemi de la Russie, soit parce de peur que le pays soit trop proche de la Russie.

              Pour l’Ukraine, l’Occident est hypocrite, en Egypte il s’offusquait que 30 millions de manifestants pacifiques puisse provoquer la chute d’un président élu avec 51% des voix dans des conditions très douteuse et bloque toute aide au pays, mais en Ukraine, quelques centaines de milliers d’émeutiers pour la plupart ultra-violent renverse un président élu avec 64% des voix alors que le pouvoir est à un adversaire politique, mais là ont lui promet de suite plus d’aide et on signe avec une junte un traité pour enchaîner le pays à l’UE.

              Les massacrent que commet la garde National de Kiev sur le peuple Ukrainien n’est pas admissible, on ne peut s’indigné d’une chose en Centre Afrique et applaudir la même chose en Ukraine. Qu’on ai ou non des affinités avec les USA, la Russie, la Chine, l’UE, l’Inde ou que sais je.

  • C’est pas possible, « libre-marché », comme traduction. En-dehors du fait que c’est contraire aux règles du français, on dirait du Orwell de la pire espèce. Faut trouver une autre traduction, et plus vite que ça.

  • Tres bonne analyse, merci!

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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