Redéfinir et réinventer : les limbes de l’idéalisme libéral

L’idéaliste libéral tend à redéfinir de manière purement déracinée les mots pour qu’ils rentrent dans les belles cases de l’analyse libérale.

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Redéfinir et réinventer : les limbes de l’idéalisme libéral

Publié le 7 mai 2014
- A +

Par Aurélien Biteau.

Un récent article paru sur Contrepoints a suscité mon attention : Conservatisme, progressisme et libéralisme.

Dans mon dernier article, j’avais essayé de démontrer l’existence d’une idéologie libérale voilant la réalité et l’histoire de la philosophie par d’intenses efforts de traduction et de réflexion par un miroir d’idées : convertir les philosophies non libérales en des philosophies potentiellement libérales ou irrémédiablement antilibérales, au lieu de les prendre pour ce qu’elles sont vraiment, telles qu’elles s’exposent. Or l’article qui me motive à écrire me semble souffrir de ce travers.

J’apprécie les efforts de son auteur de donner aux mots un sens bien défini, qui puisse permettre d’y voir clair dans le tourbillon des idées politiques qui assaillent continuellement notre esprit. Malheureusement, le résultat me semble fortement décevant, et pour cause : il s’agit davantage d’une tentative de redéfinir dans le langage libéral des mots qui avaient déjà un sens suffisamment déterminé pour ne pas mériter le supplice d’une transformation aussi brutale.

Je ne veux pas accabler l’auteur. L’article m’apparaît comme un exemple, parmi d’autres, du désastre des effusions de l’idéalisme libéral : plutôt que de prendre pour ce qu’elle est la réalité philosophique et historique du langage, on redéfinit de manière purement déracinée les mots pour qu’ils entrent si bien dans les belles cases de l’analyse libérale. À coup sûr, une telle méthode ne nous rendra jamais défaillants devant nous-mêmes, et nous risquons bien de nous satisfaire seuls entre les murs de notre délicate raison. Le libéralisme a raison parce qu’une fois traduites en des termes libéraux, les philosophies non libérales ont nécessairement tort. Avons-nous besoin de ce genre de raisonnements bavards ? Nous jettent-ils dans la lumière de la vérité, ou bien dans les limbes ?

Rétablissons donc quelques vérités philosophiques.

 

Le libéralisme ne considère pas l’État comme étant inutile

Contrairement à ce que laisse penser l’article critiqué, le libéralisme a été un grand producteur et concepteur d’État durant ses premières longues heures.

Les premiers libéraux (Hobbes, Locke, etc.) ont été des producteurs de l’État moderne, ils ont refaçonné l’État à leur guise, non pas pour le restreindre, mais pour que l’État nouveau ne soit pas l’État imparfait, mal construit, mal pensé, voire pas pensé du tout jusqu’alors sur le plan de la philosophie. L’État carré, bien dessiné, fondé géométriquement, distinct de la population qui constitue l’objectif de ses politiques de sécurité et de justice, possédé par le gouvernement ; plutôt que cet État réel s’étant développé de manière anarchique, peu distinct, diffus, non institué, ordre de la souveraineté, encore si proche parfois de la Cité antique ! Instituer l’État, instituer la société civile, penser les rapports de l’un à l’autre à travers la gouvernementalité naissante : on est si loin de la philosophie politique classique ! Mais nous sommes bien dans une production positive de l’État moderne, fruit véritable du libéralisme classique.

Ce ne sont que les libéraux modernes qui s’opposeront à l’État, pourtant fruit historique du libéralisme. La rupture entre le libéralisme classique et les divers libéralismes modernes (néolibéralisme, libertarianisme, etc.) est beaucoup plus importante que ne le pensent les libéraux

 

Le conservatisme

Les libéraux se plaignent souvent que leur philosophie est très mal connue par le public, mais que dire alors du conservatisme ! On entend sur ce mouvement tout et n’importe quoi, et beaucoup de libéraux en disent surtout n’importe quoi.

Conservatisme est un champ immense de sens, signifiant grosso modo soit l’attitude de celui qui est attaché à ce qui est et est peu favorable au changement (voir Oakeshott), parce que ce qui est est familier, soit de multiples courants de philosophie politique issus de la seconde modernité (post-Révolution).

Ce qui caractérise ces mouvements, ce n’est certainement pas le désir de « conserver la société en l’état ».

On ne comprend pas le conservatisme si on ne comprend pas la modernité. À partir du XVIe siècle, la modernité s’est manifestée par des transformations profondes dans la rationalité occidentale, jetant à bas la dialectique antique et médiévale ainsi que le vieux réalisme philosophique et chrétien au profit du rationalisme, puis de l’un de ses fruits nécessaires, l’idéalisme. La réalité n’est plus un ensemble ordonné de choses qui sont à la fois un et multiple de par leur substance, mais un infini champ d’objets individuels qu’il faut nommer, et qui sont mis en rapport par des lois, ou bien que la raison découvre en recomposant le réel, ou bien qu’elle produit purement et simplement (qu’il s’agisse de la philosophie kantienne pour les sciences naturelles, ou bien de ce que nous appelons constructivisme en philosophie politique).

Du point de vue de la philosophie politique, rationalisme et idéalisme ont produit ces philosophies modernes que nous connaissons bien : l’absolutisme, le libéralisme, le socialisme, le communisme, etc. Esprits par trop modernes, nous avons malheureusement la fâcheuse habitude d’y voir là l’entièreté de la philosophie politique, son alpha et son omega. Mais c’est là la nécessaire pétition de principe du rationalisme, pourrait-on dire.

Or le conservatisme, né dans cette modernité, est une sorte de contre-balance des philosophies rationalistes et idéalistes, à divers degrés. Ce que le conservatisme conserve, ce n’est pas la « société en l’état », ce n’est pas la tradition, c’est surtout le réalisme philosophique et chrétien, dans la longue lignée d’Aristote et de Saint Thomas d’Aquin. Bien sûr, ceci n’empêche pas une grande diversité de pensée parmi les conservateurs, aussi bien dans les excès que dans la modération. Mais ce qui prime chez la plupart d’entre eux, c’est l’observation des choses qui se trouvent ordonnées dans la nature (au sens aristotélicien du terme).

Il y a sans doute un gouffre entre un Burke et un Maurras, et pourtant, chez les deux philosophes, on retrouve ce dégoût de l’idéalisme, des abstractions ridicules de la raison, et ils entendent tous deux faire la politique, au sens aristotélicien encore, à partir des réels autrement plus tangibles que des idées pures, mais terriblement naïves, tels que le contrat social ou les droits de l’Homme, et si dangereuses et sanglantes car elles ouvrent les appétits de la révolution. La réalité ne se façonne pas, elle ne se reconstruit pas, elle se respecte (vieux sens du mot conserver).

Pas de trace cependant, chez la plupart des conservateurs, d’une volonté de figer la société, ou bien de tout faire pour la maintenir en l’état ! Au contraire ! Les choses sont changeantes, de fait, et respecter les choses, c’est aussi respecter leur changement. Un Michel Villey a-t-il jamais dit le contraire ?

Il est malheureux de prétendre que la « doctrine conservatrice » (qu’est-ce que ce singulier ?) s’organise sur le maintien d’un ordre moral. C’est évidemment une grande erreur, il ne s’agit que de respecter l’ordre des choses politiques. Nulle question de morale là-dedans, le conservatisme est éminemment politique. On ne comprendrait pas sinon la rancœur virulente de certains conservateurs catholiques à l’égard des protestants, qui pourtant partagent bien une certaine morale chrétienne, mais se montrent trop rationalistes et idéalistes aux yeux de ces catholiques.

Enfin, le conservatisme ne se confond pas nécessairement avec l’étatisme, si décrié par des auteurs cent fois conservateurs tel que Jean Ousset qu’un libéral pensant bien prendrait pour pire qu’un monstre s’il lui venait l’horrible vision de sa philosophie catholique.

Oui, comme le dit l’auteur de l’article, les libéraux sont sans doute de farouches anti-conservateurs. Et les socialistes sont de farouches antilibéraux, on sait sur quelles bases. Je ne voudrais pas insinuer que libéralisme et conservatisme sont compatibles (et à vrai dire, on s’en moque bien, tant que triomphe le vrai) : je soutiens juste que l’ignorance béate de la philosophie conservatrice de la part des libéraux est le fruit pourri de l’arrogance libérale.

 

Le progressisme

Sur le progressisme, l’article donne une définition qui se pourrait satisfaisante : « Le progressisme correspond alors au cheminement vers ce but ultime, que l’on dit être du « progrès de la condition humaine, pour le plus grand nombre ». »

Toutefois cette définition ne met pas assez en avant la valeur idéologique du progressisme qui n’est pas seulement volonté de progrès, auquel cas il serait évident que toutes les philosophies politiques seraient progressistes. Le progressisme ne peut se concevoir que par rapport à la modernité, encore une fois, ne serait-ce que parce que le mot fait son apparition à la moitié du XIXe siècle, ce qui n’est nullement un hasard en plein siècle de la philosophie de l’Histoire.

Qu’il s’agisse d’Auguste Comte, d’Hegel ou encore de Marx pour ce qui est des grands noms philosophiques de ce siècle, tous ont représenté l’Histoire comme une grande dynamique suivant une loi de progrès : le présent, si ce n’est le futur, y est toujours meilleur que le passé. Sciences, liberté, communisme, autant d’accomplissement des lois de l’Histoire ! C’est cela le véritable progressisme : pas tellement la volonté du progrès, la volonté du meilleur, mais l’implacable foi dans une loi du progrès qui traverse l’Histoire. Le présent est toujours meilleur que le passé, ou pour le dire plus tristement, le passé est toujours disqualifié par le présent. Et pour cause, la philosophie moderne est en grande part un bavardage d’inventeurs de concepts. Chacun le sien, chacun sa définition des mots.

Ce qui caractérise essentiellement le progressisme, c’est sa vision du passé : obscurantiste, esclavagiste, débile, infernal, soit rien qui ne vaille la peine d’être regardé bien en face, si ce n’est qu’à seule fin de voir l’Histoire progresser par reflet du présent, c’est-à-dire se rapprocher pas à pas de notre époque plus heureuse, ou en tout cas, plus juste en raison. Je renvoie à mon précédent article pour toutes les implications néfastes du progressisme.

Le progressisme n’a rien d’une doctrine étatique : l’État ne l’intéresse pas en première main, son objet est l’Histoire, et plus encore le futur. L’État peut y être un moyen chez certains, un aboutissement chez d’autres, il peut tout aussi bien être invité à disparaître chez les communistes et les anarchistes.

Il devrait apparaître évident que le conservatisme n’est pas un progressisme et ne peut pas l’être – ce qui ne signifie pas du tout une opposition au progrès. À l’inverse, le libéralisme y semble baigner, et les libéraux plus encore, tant ils sont enclins à ne voir dans le passé que des bouts de libéralisme émergents.

La fin de l’article critiqué pour l’exemple nage donc dans un épais brouillard de confusions, donnant des prétentions injustifiées aussi bien au conservatisme qu’au progressisme, et semble montrer une vision extrêmement étroite, et contradictoire à son histoire-même, du libéralisme.

J’arrête donc ici cette critique pour passer à la conclusion, en quelques mots. Il est tout à fait vertueux, en philosophie politique, de donner une définition claire aux mots. Mais une définition claire n’est pas une définition inventée pour intégrer en toute aisance un système de pensée définie, qui ne fera pas trop grincer les mécanismes bien huilés. Cela signifie au contraire prendre le mot dans ses emplois réels, historiques et philosophiques, quitte à prendre des claques. Il n’y a rien à réinventer en philosophie politique, il n’y a donc rien à redéfinir. Redéfinir, ce n’est pas éclairer, c’est saboter, voire se saborder soi-même. L’idéologie libérale, ce voile sombre qui nous enferme entre quatre murs, est notre poison. Et pire que de tuer le libéralisme, celui-ci rend les libéraux stupides. Nous devrions donc nous montrer autrement plus prudents, aussi bien à l’égard de notre philosophie qu’à l’égard de celles des autres.

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  • @l’auteur.

    je partage votre critique du texte auquel vous faites référence.

    Par contre, il me semble que vous caricaturez un peu et le conservatisme ( qui ne serait pas opposé à ce que les choses changent) autant que le progressisme ( qui ne trouverait rien de positif dans le passé)

    Je pense que les conservateurs de notre pays feraient bien de prendre un peu de la confiance inébranlable en l’avenir des progressistes. Non, le mariage homo, la pma, ni meme la GPA un temps ou la dépénalisation du cannabis soit peu encadrées, ne vont mettre en péril notre société.

    Mais ces sujets ne sont que des broutilles jetées en pâture à la foule.

    le Libéralisme s’étripe en permanence sur bien d’autres sujets plus fondamentaux :

    –> combien de libéraux sur ce site pour réellement diminuer le poids et l’interventionnisme de l’état ?
    – suppression de toutes les niches fiscales, allocations, subventions : pour les particuliers comme pour les entreprises
    – suppression de tous les monopoles ou professions réglementées
    – réduction à leurs plus simples expressions : normes, droits de la construction, droit du travail
    – privatisation des services publiques : santé, éducation, transport

    –> combien de libéraux sur ce site pour la responsabilité individuelle ?
    – fin des limitations de vitesse, au profit de la notion de vitesse recommandée
    – legalisation du cannabis
    – abandon de tout droit pour soi même, dès lors que l’on pénètre dans une maison sans y être le bienvenu, dès lors que l’on ne respecte pas l’intégrité physique d’une personne…
    – impot individualisé : flat tax pour tous
    – libre choix des individus pour le recourt au suicide assisté, à la PMA, la GPA
    – libre choix des individus pour la contrat civil à 2, 3 ou plus…

    -1
    • Combien de libéraux pour tout ça ? à peu près tous, je suppose, mais c’est une question vide et creuse. La réalité actuelle est si loin de cet idéal que pour y arriver vite il faudrait une grande opération de « tabula rasa », une révolution, c’est à dire une un désastre. Or un libéral ne souhaite pas un désastre.
      il est bien clair par exemple que légaliser le cannabis aura les mêmes effets que la libéralisation du commerce des grains par Turgot : des hurlements et des réactions terribles de la part de ceux que la mesure enrage (par intérêt ou par idéologie), et la fin de l’expérience dans le sang au premier prétexte, prétexte qui ne manquera pas survenir (par exemple un accident automobile mortel causé par un consommateur)

    • Le conservateur tel que le définissent A. Biteau & d’autres sera favorable à la dépénalisation du cannabis, à la généralisation de la PMA, à la fin des limitations de vitesse… si cela paraît conforme au droit naturel. Ce raisonnement ne se trouve pas à l’UMP, ni au FN, ni chez ceux qui veulent limiter la PMA aux couples hétérosexuels parce que cette structure leur est familière.

      En revanche, le mariage homosexuel relève du constructivisme, il y a aussi un aspect réactionnaire dans la volonté d’institutionnaliser un comportement marginal & qui souvent se revendique comme tel.

      La suppression des niches fiscales & la flat tax ne vont pas trop avec le conservatisme si ce sont des fins en soi, une recherche de la justice fiscale. Tout système fiscal est imparfait. Ce qu’il faut, ce sont des impôts peu élevés, assez neutres sur l’évolution de la société & de l’économie, qui couvrent les dépensent, qui sont étroitement contrôlés par les contribuables…

    • Cap2006,
      « –> combien de libéraux sur ce site pour la responsabilité individuelle ?
      – fin des limitations de vitesse, au profit de la notion de vitesse recommandée »

      Responsabilité ou irresponsabilité ? Parce que là vous évoquez avec légèreté la mort inéluctable de centaine d’hommes, de femmes et d’enfants.

      « – abandon de tout droit pour soi même, dès lors que l’on pénètre dans une maison sans y être le bienvenu, dès lors que l’on ne respecte pas l’intégrité physique d’une personne… »

      Et comme tout devient privé….la liberté véritable devient directement proportionnelle à l’étendue de sa propriété et quid pour ceux qui n’en n’ont pas.

  • « Il est tout à fait vertueux, en philosophie politique, de donner une définition claire aux mots »

    Sera-t-il jamais possible de donner des définitions claires aux mots libéralisme, conservatisme, progressisme ? Et tous les -ismes en fin de compte ? Les doctrines n’existent pas en dehors des têtes qui les construisent et/ou les diffusent. Le libéralisme n’existe pas, pas plus que le conservatisme. Ce qui existe, ce sont des personnes, qui ont des idées plus ou moins ordonnées et plus ou moins mouvantes. Si les gens articulent souvent leur pensée autours de quelques concepts clés, ils ne cherchent que très, très rarement à former et/ou se conformer à une doctrine. Et ceux qui le font ne sont que rarement des modèles.

    • Si le mot « libéralisme » n’a pas de définition, le mot « définition » non plus.

      Les idées ou les écoles de pensée n’ont pas besoin d’exister comme des tabourets ou des clés à molette pour être définissables. Vous confondez mots et choses.

      • « Les idées ou les écoles de pensée n’ont pas besoin d’exister comme des tabourets ou des clés à molette pour être définissables. »

        Et bien si…

        Vous pouvez toujours penser tout ce que vous voulez, si vous ne matérialisez pas vos idées en mots articulés en langage sur des supports tels, encre + papier, bande magnétique, film celluloide, disque dur, etc… si elles ne se concrétisent même pas sous forme d’ondes propres à être entendues par un organe idoine comme une oreille, alors vos idées et pensées n’existent qu’à l’intérieur de vous même et sont indicibles pour les autres.

        En outre, les définitions ne sont jamais que des simplifications à l’extrême pour les fainéants qui veulent parler de quelque chose avec une économie de mots parce qu’ils croient que leur définition est la bonne et que les autres la partage forcément…

        • « En outre, les définitions ne sont jamais que des simplifications à l’extrême pour les fainéants qui veulent parler de quelque chose avec une économie de mots parce qu’ils croient que leur définition est la bonne et que les autres la partage forcément… »

          Ah, la vache… Fascinant.

        • Les trolls ne valent pas la peine de discuter avec eux… finalement c’est leur donner une importance qu’ils n’ont pas, mettre de l’eau dans leur moulin et nous, nous épuiser pour rien… laissons-les parler dans leur désert…

  • Excellent article. A diviser le monde entre libéraux et anti-libéraux en ignorant la diversité des idées, les libéraux deviennent eux-mêmes des idéologues inaudibles, parce que sourds aux vérités des autres.

  • Bravo, mille fois bravo. Tout penseur qui, pour avoir raison, redéfinit les mots, est un ennemi de la réalité. Et Dieu sait s’ils sont de plus en plus nombreux, les redéfinisses, y compris chez les libéraux ! Parfois même, ils sont carrément orwelliens. « L’altruisme, c’est l’égoïsme », par exemple. « La théorie de la lutte des classes a été inventée par les libéraux ». Etc. Dans un talk-show bidon ou pour draguer, ça peut passer. Mais en philosophie, c’est niet, non, nein, nada, never.

  • « La rupture entre le libéralisme classique et les divers libéralismes modernes (néolibéralisme, libertarianisme, etc.) est beaucoup plus importante que ne le pensent les libéraux… »

    Et plus profonde, et plus violente. C’est une rupture catastrophique. Qui peut avoir la peau du libéralisme.

    C’est bien simple : aujourd’hui, je prends plus de plaisir à discuter avec un trotskiste qu’avec un libertarien. Au moins, avec le trotskiste, je peux chambrer, je me marre, c’est un loser et il le sait. En revanche, le libertarien est une toupie idéologique lancée à pleine vitesse, persuadée que l’avenir lui appartient, naïve comme une pucelle et bornée dans des proportions assourdissantes.

    Le libertarien est un gnostique athée. C’est très dangereux, ces choses-là.

    • Pascal Avot, vous n’avez pas l’impression d’être juste… un publicitaire de la pensée? Vous ne savez pas réfléchir et vous ne savez rien, vous faîtes juste de belles paroles.

      • Marrant, comme le libertarien est prompt à pratiquer, et de manière immédiate, l’attaque ad hominem. C’est une constante. Très intéressante. Très, très intéressante.

        • Vous prêtez aux libertariens des propos qu’ils ne tiennent pas (« l’égoïsme c’est l’altruisme »), ainsi qu’une idéologie religieuse sans aucun rapport avec le libertariannisme; et ce, sans aucune argumentation. Je pointe simplement le fait. Vu que vous êtes incapable de vous en rendre compte je vous laisse. Cette discussion me fera perdre mon temps.

    • Les libertariens ne disent certainement pas que l’avenir leur appartient. Ils disent :

      Laissez nous tranquille. Ne nous agressez pas et nous n’agresserons personne.

      C’est TOUT. La pensée libertarienne tient en une ligne. C’est simple pourtant.

      De grâce lisez Ayn Rand avant de critiquer la pensée Objectiviste ou alors argumentez un minimum sinon effectivement c’est que des paroles, du style, du vide.

      PS : [naïve comme une pucelle et bornée] = sexisme

      • « lisez Ayn Rand »

        Je l’ai lue, sans quoi je n’en dirais pas tant de mal !

        « PS : [naïve comme une pucelle et bornée] = sexisme »

        Effectivement, c’est très PS, comme remarque.

        • Si vous l’avez lu sans le moindre discernement, sans réflexion et sans reconnaître un argument d’un exemple, comme vous le faites avec les articles de ce site, ça compte pas.

          De toute façon, cela ne vous dispense pas d’argumenter.

          Et en effet, les libertariens ont une certaine pensée, qui est très différente de celle que vous leur prêtez.

    • « Le libertarien est un gnostique athée… »

      Il y a les religions du livre comme il y a les idéologies du livre et le libéralisme que vous évoquez en fait parti.

      Illustration par adèle :

      « De grâce lisez Ayn Rand … »

      • Ah. On se sent moins seul, d’un coup. Merci.

        Oui, ils ne se rendent pas compte que leur « lisez Ayn Rand » est une formule magique. Ils n’imaginent pas une seconde qu’on puisse la lire et la trouver inintéressante. La lire, c’est forcément être convaincu.

        Born again libéralisme.

  • Il y a un morceau qui a sauté au copié-collé depuis word je ne sais pas pourquoi:

    A la place de : « Qu’en déduit-on? Dans une stratégie de maximisation de la valeur sélective conforme à la théorie Darwinienne, le comportement altruiste sera produit si C(z) 0 »

    Il faut lire:

    « Qu’en déduit-on? Dans une stratégie de maximisation de la valeur sélective conforme à la théorie Darwinienne, le comportement altruiste sera produit si C(z) 0 »

  • Bon, apparemment le site accepte pas la formule et il écrit un 0 à la place. Je le mets en mots:

    C’est « si C(z) est plus petit que dR(w) fois G(zw) ».

  • Il y a aussi « 1/ » qu’il faut corriger, tout le monde aura compris que c’est 1/4.

  • Je suis impressionnée, bon à partir de « mon conseil coco… » Nous aurions pu nous en passer, mais sinon c’est un beau résumé, très intéressant .
    Sans parler d’un gène pr, et sans avoir été lire des études scientifique sur le sujet, je dirais qu il y a une configuration cérébrale qui se transmet génétiquement et qui est maximisée ou non par l’environnement familiale.
    J’ai une amie qui souhaite faire un mémoire sur les personnalités borderline et nous nous sommes dit que ce serait bien qu’elle bosse sur la transmission génétique!

    • Mathilde, « je dirais qu il y a une configuration cérébrale qui se transmet génétiquement et qui est maximisée ou non par l’environnement familiale. »

      J’en suis intimement convaincu sans avoir les arguments scientifiques, mais il semble que ces théories évoluent très vite en ce moment dans les milieux scientifiques et que beaucoup de tabous sautent.

      Ma théorie est que nous ne sommes que l’incarnation et donc le pantin de nos gênes qui ne recherchent que leur survie.
      Ainsi peut-on expliquer les exemples de Libertarien en colère.

      • Je suis d’accord sauf sur le « pantin de nos gène ». Mon domaine d’étude n’est pas des plus scientifique mais l’idée d’une transmission génétique s’impose de plus en plus. Les « gènes » donne un terrain favorisant pour les comportements/pensées/émotion/personnalité/ maladie… Ensuite l’environnement leur permet de s’exprimer/ ou non et modifie la manière dont ils s’expriment.
        Une piste que je souhaite explorer 😉

        • Mathilde, Certes « Pantin de nos gènes » peut sembler humiliant pour l’homme avec sa conscience et sa raison, mais les plantes et les animaux le sont bien et nous le restons (animal) pour une part, surtout pour notre survie !

  • Les commentaires sont fermés.

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