La France déshonorée ?

Comment donc expliquer l’indulgence de l’Union européenne et des marchés financiers pour leur fille prodigue, la France ?

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La France déshonorée ?

Publié le 23 avril 2014
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Par Philippe Robert.

deshonneurIl est assez bluffant de constater que la France parvient régulièrement à placer ses obligations assimilables du Trésor (OAT) à moins de 2% à 10 ans et, désormais, à un taux inférieur à 3% à 30 ans.

On peut donc légitimement se demander sous quelle bonne étoile la France, pourtant au centre de mille épreuves qu’elle se sera infligée à elle-même au fil du temps, parvient ainsi à poursuivre sa route à l’aveugle vers des lendemains pourtant riches en impasses.

En ce qui me concerne, j’y vois plutôt la main de moins en moins invisible de Berlin tirant en sous-main, via Francfort, les ficelles de la Commission européenne le tout placé sous l’œil attentif mais encore bienveillant du FMI de Mme Lagarde à Washington.

Si la France est bien à l’origine de l’UE telle qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire assez éloignée de la vision originelle de ses concepteurs, elle en est aussi la seconde économie après l’Allemagne et se pique même de gouverner l’Europe sur un pied d’égalité avec Berlin.

C’est donc l’honneur de la France associée à l’Allemagne puis aux 26 autres États membres qui est en jeu avec le risque majeur, si nous ne nous réformons pas drastiquement comme d’autres l’ont déjà fait avant nous, de passer pour des jean-foutre invétérés.

Ainsi, le plan de 50 milliards d’euros de François Hollande mis en place par Manuel Valls est manifestement un ersatz dont les modalités, visant à atteindre des cibles mineures, font déjà pousser des cris d’orfraie à la classe politique et aux syndicats outrés.

La France a la chance d’être incontournable en Europe et c’est là, selon moi, que se trouve la raison principale de la mansuétude des marchés. Mais se faire porter à bout de bras par les petits camarades européens n’en est pas moins odieux : halte à la flibuste !

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  • Cette situation est éminemment fragile. Faut-il faire baisser l’euro, ainsi que le réclament certains idéologues ? La BCE n’a même pas besoin d’imprimer son flouze de monopoly ! La simple menace de défaut de l’Obèse français sera un puissant levier pour orienter les marchés à la baisse (à la hausse, pour les taux), ce qui ne manquera pas de favoriser les exportations allemandes.

  • « La France a la chance d’être incontournable en Europe et c’est là, selon moi, que se trouve la raison principale de la mansuétude des marchés. »

    La question est : jusqu’à quand ? à un moment donné, si la France continue sur le chemin « emprunté », le clash sera inévitable, Madâme Lagarde ou pas. Ce qui les retient de sanctionner la France est la peur justifiée que ce soit l’effondrement de l’Union européenne qui s’ensuive.

    Quant au déshonneur, il est consommé : signer des accords pour les bafouer ensuite allègrement montre la valeur de la parole donnée. Cela fait partie des valeurs de la République si j’ai bien compris.

    • Jusqu’à ce que l’épargne serve à éponger la dette, ensuite seulement, les marchés montreront les dents, et ces rats de politocards viendront nous dire, en guise de contre-feu, que c’est de la faute de l’ultra-libéralisme et des vilains marchés capitalistes.

      • C’est plutôt le surnombre ahurissant de fonctionnaires qui « pompe » notre économie et ce de façon protéiforme, rusée, indirecte, sournoise, déviée, à travers les incroyables labyrinthes de l’État qui les protège envers et contre tous, officines diverses, comités de copains, associations de défense des opprimés de toutes sortes (rouges, noirs, blancs, vert, bleus) et puis les ex-futures-re-nationalisées EDF, RNUR, FT-Orange, SNCF, RATP, ex-Charbonnages de France (3 milliards de dettes) etc… etc…

  • Le remède à la déconfiture financière française tient dans la fonte drastique des effectifs de la fonction publique et dérivées, hors hier nous apprenons que ceux-ci ont encore augmenté de 0,3% au lieu de diminuer de 1,8% comme il le faudrait (hormis secteurs régaliens, cela va sans dire)

  • Bonsoir,

    « La France a la chance d’être incontournable en Europe et c’est là, selon moi, que se trouve la raison principale de la mansuétude des marchés. » La France est paradoxalement forte par là où elle est particulièrement faible. Elle est, par la nullité de son personnel politique, l’homme vraiment malade de l’UE mais vu son histoire et son poids économique, il est délicat de la laisser tomber, les conséquence seraient trop néfastes pour ses partenaires. Maintenant, combien de temps le fragile équilibre va-t-il tenir? Pour le moment, les taux d’emprunts restent anormalement faibles. J’en connais plus d’un qui doit prier, tout agnostique ou athée qu’il puisse être, pour que ces taux restent en l’état. Un peu comme a été une très bonne surprise cet hiver exceptionnellement doux car imaginez un peu ce qui se serait passé si nous avions connu une bonne période de froid d’une durée d’un mois.

  • La France est incontournable comme le sont nos politiciens ; par le pouvoir de nuisance qu’ils ont en eux…

  • Apparemment il y a de l’ argent à gagner en Fr puisque l’ acheteur de sfr qui est altice/numéricable a emprunté à des taux élevés jusqu’ à 8% j’ ai du mal à comprendre…. pour l’ instant seulement…..

  • Non, la France n’est pas incontournable, passe depuis longtemps pour le jean-foutre de l’UE, et vous n’imaginez pas l’effet qu’elle fait à l’étranger !

    La blague dans les couloirs de Bruxelles, c’est le souhait généralisé de voir élire Marine Le Pen, qu’elle fasse quitter l’UE à la France,et qu’on en soit débarrassés 🙂

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