Le libertarianisme est il une philosophie éthique ou politique ?

Dans un article intitulé « The Political Principle of Liberty », Alexander McCobin, président-fondateur de l’organisation Students for Liberty, aborde la question de la nature du libertarianisme.

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Le libertarianisme est il une philosophie éthique ou politique ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 23 mars 2014
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Par Damien Thellier.

why_liberty
Ce terme est le nom contemporain qui désigne aux États-Unis le libéralisme classique. Nous avons choisi ici de conserver ce néologisme pour en préciser les contours. Je vais donc résumer cet article fort intéressant mais pas encore traduit pour le lecteur français.

Le libertarianisme, nous dit McCobin, n’est pas une philosophie globale qui aurait réponse à tout, qui nous donnerait le sens de l’existence, de la vérité, de l’art et de l’amour. C’est une philosophie sociale et politique qui cherche à expliquer comment les gens devraient se comporter les uns vis-à-vis des autres. C’est une philosophie politique et juridique, non une philosophie éthique. L’éthique nous dit comment mener une vie bonne, conforme au bien. La philosophie politique nous dit comment être justes à l’égard des autres. Elle se préoccupe donc des lois, de leur objet, de leur nature et de leurs limites.

Ainsi, on peut condamner quelqu’un pour sa conduite scandaleuse, immorale ou vulgaire tout en défendant le droit de cette personne à se comporter de cette façon, tant que son comportement ne viole pas les droits d’autrui.

La liberté est donc un principe qui rend possible la coexistence de nombreuses philosophies de la vie et de l’éthique, dans un cadre d’interactions sociales volontaires où personne ne vole personne. Les individus peuvent adopter le libertarianisme en raison de philosophies de la vie ou de valeurs tout à fait divergentes : l’épanouissement humain, l’autonomie, la raison, le bonheur, les préceptes religieux, la sympathie ou l’équité.

Tout comme il peut y avoir plusieurs types de justifications d’un principe, il peut y avoir également des variations entre les libertariens sur les politiques à mener, c’est-à-dire sur la manière d’appliquer le principe de la liberté.

Il y a ainsi des débats ouverts entre libertariens sur de nombreux sujets :

– les brevets et les droits d’auteur (sont-ils des droits de propriété fondés sur la créativité ou des monopoles cachés ?) ;

– la peine de mort pour les meurtriers (est-elle une juste rétribution ou un pouvoir dangereux ?) ;

– l’avortement (y a-t-il deux sujets de droits impliqués, ou seulement un seul ?) ;

– la fiscalité (est-elle purement et simplement du vol, ou des frais à payer pour des services utiles comme la défense ? ) ;

– et même le mariage gay (l’État devrait-il empêcher la discrimination contre les homosexuels, ou devrait-il tout simplement laisser le mariage au marché libre ?).

Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de politiques libertariennes : les lois contre l’assassinat, le viol et l’esclavage sont fondamentales à tout système juridique civilisé. Elles devraient même s’appliquer à tous les gouvernements. Néanmoins, il n’est pas toujours évident de savoir quelles politiques spécifiques sont nécessaires pour faire respecter ces lois générales. Là encore, des gens raisonnables peuvent être en désaccord. Par exemple, la façon dont un gouvernement doit garantir la sécurité contre le terrorisme fait l’objet de débats.

Conclusion

Les libertariens sont des gens issus de toutes les confessions religieuses ou philosophiques, partisans d’une grande variété de modes de vie, d’origines ethniques et de groupes linguistiques divers. Le libertarianisme ne nécessite pas l’unanimité sur tout. La raison pour laquelle une personne défend le principe de la liberté égale pour tous peut varier. Un libertarien peut également être en désaccord avec un autre sur les prescriptions politiques les plus appropriées pour faire appliquer ce principe dans le monde. Mais tous souscrivent au principe commun de la liberté égale pour tous. Tous sont unis pour combattre les lois sur les crimes sans victime, s’opposer à la tyrannie, défendre la liberté du commerce et de l’entreprise, s’opposer à la violence agressive.

Sur le web.

Le livre d’où est extrait cet article d’Alexander McCobin, Why liberty , est une introduction générale et multidisciplinaire à la puissance transformatrice de la liberté pour l’individu comme pour la société. Il traite de la liberté non seulement d’un point de vue politique, mais aussi au travers du prisme de la culture, de l’entrepreneuriat, de la santé, de l’art, de la technologie et de la philosophie.

Table des matières du livre :

1.Why Be Libertarian, by Tom Palmer

2.There Ought NOT to Be a Law, by John Stossel

3.Libertarianism as Radical Centrism, by Clark Ruper

4.The History and Structure of Libertarian Thought, by Tom Palmer

5.“The Times, They Are A-Changin’”: Libertarianism as Abolitionism, by JamesPadilioni, Jr.

6.The Political Principle of Liberty, by Alexander McCobin

7.No Liberty, No Art: No Art, No Liberty, by Sarah Skwire

8.The Humble Case for Liberty, by Aaron Ross Powell

9.Africa’s Promise of Liberty, by Olumayowa Okediran

10.The Tangled Dynamics of State Interventionism: The Case of Health Care, by Sloane Frost

11.How Do You Know? Knowledge and the Presumption of Liberty, by Lode Cossaerand Maarten Wegge

12.The Origins of State and Government, by Tom Palmer

Télécharger le livre en anglais

Télécharger le 1er chapitre : Why be libertarian?

 

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  • Le « libertarianisme » est apparemment une philosophie inspirée largement de M. Rothbard, et qui aurait donc ses racines principales dans le libéralisme. J’ignore même si Rothbard s’en est vraiment jamais démarqué explicitement ?

    Pourtant en général il s’agit pour ce que j’en connais, davantage de philosophies « sociales » que politiques. A l’opposé certes du « socialisme », mais sur un plan nettement plus technique. Il n’est même pas certain qu’une pensée libérale ne trouverait pas quelques actions à mener au sein d’un gouvernement socialiste au nom simplement d’une vue consensuelle de l’idéal « démocratie »…
    On peut rêver ?

  • Il faut distinguer les libertariens autoritaires et les libertariens anarchistes. La pensée de Rothbard et de Mises est un libertariannisme définitivement anarchiste.

    Les anarcho-libertariens désirent un réforme du système économique par l’abolition des banques centrales et des monnaies fiduciaires et par une politique étrangère de non-agression. Ceci refonderait l’économie sur la monnaie rep…résentative, la coopérativ…e privée et solidaire, l’entreprise moyenne et familliale, l’économie locale et affaiblirait énormément les grands pouvoir financiers et internationaux accumulées par la violence et la coercition passée.

    Les libertariens-autoritares, eux, désirent livrer les marchés aux mains de ceux qui ont historiquement accumulé un capital illégitime grâce aux conivences avec l’État et au détournement du pouvoir de coercition: des fortunes construites sur la guerre, l’agression internationale et la manipulation de marchés. Il s’agit d’une suite logique du capitalisme de connivences qui se solde par une mainmise autoritaire de certains acteurs spécifiques sur les marchés.

    L’industrie pétrolière est le meilleur exemple de confusion gauche-droite: l’industrie la plus subventionnée et supportée militairement au monde (avec l’argent des contribuables), en particulier par des gouvernements soit-disant de « droite ». Pourtant, les opérations secrètes, la manipulation politique et les gouvernements fantoches relèvent définitivement d’une gauche interventionniste autoritaire!

    Qu’est-ce qu’un marché libre pour un citoyen libre-entrepreneur ordinaire en compétition avec un individu qui dans le passé a empoché des profits exagérés sur un marché débalancé en bénéficiant de l’aide d’un État complaisant qui dilapide l’argent public? – Une illusion.

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