Regardons au-delà de la bulle Bitcoin

Quoi qu’il arrive au Bitcoin, cette expérience grandeur nature est une excellente nouvelle.

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bitcoin (Crédits Duncan Rawlinson, licence Creative Commons)

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Regardons au-delà de la bulle Bitcoin

Publié le 28 novembre 2013
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Hier, le cours du Bitcoin a dépassé les 1000 dollars. Peu nombreux sont ceux qui savent ce qu’est le Bitcoin, encore moins quel est son fonctionnement. Et encore plus infime le nombre de personnes qui comprend la révolution qui se déroule actuellement, presque silencieusement, et qui permet d’affirmer que Bitcoin est une excellente chose.

bitcoin coins and barsAvant d’aller plus loin, faisons un bref rappel : Bitcoin est une monnaie numérique distribuée, répondant à certains impératifs de sécurité et de non centralisation, ainsi qu’à des contraintes propres aux monnaies (fongibilité, réserve de valeur, liquidité, unité de compte, intermédiaire dans les échanges …). Il serait trop long, pour un billet de taille raisonnable, de détailler les principes, tant techniques que cryptographiques, qui assurent une bonne solidité des principes mis en œuvre, mais il suffit de rappeler ce que les détracteurs habituels et les politiciens paniqués n’arrêtent pas de pointer du doigt : la mafia a déjà pas mal investi dans cette monnaie numérique. Oui, des individus qui sont capables de tuer lorsque leurs affaires ne marchent pas bien utilisent donc Bitcoin pour leurs transactions ; on voit mal quelle meilleure preuve de bon fonctionnement on pourrait trouver.

bitcoin mtgox 26.11.2013

En tout cas, avec les sautes d’humeur dans les cours de cette nouvelle monnaie virtuelle (on était à 700$ le 23 novembre, par exemple), la presse spécialisée (informatique et financière, essentiellement) s’en est donnée à cœur joie pour « analyser » le phénomène et fournir de palpitantes explications aux quelques lecteurs mollement intéressés par ces questions. Cela a donné lieu, comme bien souvent lorsqu’on est pressé par le temps, à des articles cocasses d’approximations et d’erreurs grossières d’experts auto-proclamés (entre les « productions massives » de Bitcoin et « l’offre qui va devenir exponentielle », on comprend dans ce cas que l’auteur remplissait des mots-croisés pendant le cours de Bitcoin 101) – a contrario, on pourra lire avec profit l’article de Philippe Herlin sur le même média qui a fait, lui, l’effort de potasser sa matière avant d’écrire.

Bien sûr, le débat sur la folie qui s’empare de certains au point d’acheter le Bitcoin à plusieurs centaines d’euros pièce commence maintenant à envahir la sphère médiatique et publique, ce qui provoque l’irrésistible intervention de personnes dont l’avis se résume, encore une fois, à vouloir faire intervenir le gouvernement parce que, vous comprenez, les adultes responsables qui investissent cette nouvelle monnaie ne sont finalement pas si adultes et pas si responsables et qu’on sait mieux qu’eux ce qui est bon pour eux. Jamais n’aura été aussi bien illustré que les esprits étroits ont toujours très peur de ce qu’ils ne comprennent pas, et que leur réponse atavique à cette peur revient à courir dans les jupons de leur mère, rôle commodément tenu ici par l’État. Ce serait presque drôle si ce n’était autant pathétique et prévisible.

Ceci posé, on est quand même en droit de s’interroger sur la récente hausse du Bitcoin.

bitcoin cap boursiere

À ceux qui s’interrogent et se demandent s’il s’agit d’une bulle, la réponse est oui, assez clairement : une telle montée contient indubitablement une part d’irrationnel, et une quantité importante de personnes qui ne connaissaient pas Bitcoin il y a encore deux mois se trouvent actuellement investi dans l’espoir unique d’un gain majeur, rapide et simple. C’est humain, cela s’est déjà vu et cela se reverra encore. Du reste, certains petits malins s’en sortiront effectivement très bien.

Mais la hausse est aussi ancrée dans d’autres événements plus rationnels qui ont eu lieu récemment. Ainsi, la discussion au Congrès américain au sujet du Bitcoin a permis d’obtenir de la part des autorités (et de la Fed, notamment) une position plutôt bienveillante ; Ben Bernanke, le patron de la Fed, a estimé que ce mode de transaction électronique « peut à long terme être prometteur, en particulier si les innovations permettent de mettre en place des moyens de paiement plus rapides, efficaces et sûrs ».

En outre, la hausse explosive du prix du Bitcoin coïncide assez bien avec la montée en puissance de la plateforme BTC China, qui a récemment reçu cinq millions de dollars pour se développer, devenant ainsi la première plateforme d’échange de Bitcoins en Chine … et par voie de conséquence, dans le monde.

bitcoin cours usd

Parallèlement, les autorités allemandes ont aussi choisi de considérer le Bitcoin comme une unité de compte légale, privée mais utilisable pour des opérations de clearing ou de netting interbancaire, par exemple. Manifestement, on n’enseigne pas l’économie de la même façon Outre-Rhin qu’en France …

Enfin, le positionnement de certains fonds d’investissement qui achètent actuellement du Bitcoin ne doit là encore pas grand-chose au hasard ; parallèlement à la montée spectaculaire du Bitcoin, l’or papier (c’est-à-dire les certificats sur des quantités d’or) connaît des turbulences marquées ; plus que probablement, certains comprennent qu’il vaut mieux se délester du papier, détenir du physique autant que possible, et quand ça ne l’est pas, on pourra se reporter sur d’autres actifs… Et pourquoi pas Bitcoin ?

On le comprend : si l’augmentation très rapide (trop, sans doute) du prix du Bitcoin montre toutes les caractéristiques d’une bulle, une partie de cette envolée repose, elle, sur des fondamentaux raisonnables et sur le fait que cette monnaie électronique commence à se faire reconnaître au niveau international.

En effet, même si le Bitcoin, de par sa volatilité, ne peut pas prétendre encore au statut de monnaie (la réserve de valeur est impossible au-delà de quelques heures tant son cours varie), les autres caractéristiques d’une monnaie sont bien présentes. Et le fait que le nombre maximal de Bitcoins disponible ne dépassera jamais 21 millions en fait une expérience monétaire et mathématique très intéressante puisque nous nous trouvons en présence d’une monnaie numérique mais intrinsèquement déflationniste.

Quant à la valeur que peut représenter un Bitcoin, elle est, comme tout objet de transaction commerciale, parfaitement subjective. Mais elle n’est pas nulle : si elle ne réside clairement pas dans la confidentialité des échanges (très relative), elle se situe plutôt dans la caractéristique même du réseau qui supporte cette monnaie. En effet, combien peut valoir un réseau qui permet des transferts de valeur d’un bout à l’autre de planète, dans un temps inférieur à l’heure, à toute heure du jour et de la nuit, qui possède un principe fort de non répudiation, et qui échappe par construction à la falsification, l’inflation et à toute manipulation étatique ? De ce point de vue, même l’or est moins bien placé : plus difficile à déplacer, le paiement en or nécessite toujours un échange physique, alors que Bitcoin s’affranchit de cette contrainte forte ; au contraire du Bitcoin, la pièce d’or est falsifiable (par limage ou par alliage par exemple). Combien une banque qui lancerait un tel système autorisant le versement de n’importe quelle somme en moins d’une heure chrono devrait-elle dépenser pour obtenir le même résultat et le même niveau de garantie ?

bitcoin logoTout ceci posé, il serait imprudent voire naïf de considérer la récente actualité sur Bitcoin comme l’assurance d’un avenir grandiose pour cette monnaie numérique. Personne, à l’heure actuelle, ne peut évidemment garantir que le Bitcoin sera la monnaie de référence dans cinq, dix ou cinquante ans.

Cependant, et c’est à mon avis le point le plus important, Bitcoin apporte ici une preuve de concept essentielle. Cette expérience montre de façon éclatante qu’une monnaie fiat (décrétée par l’État) n’est en rien indispensable pour faire des échanges d’un bout à l’autre de la planète. Autrement dit, Bitcoin est une démonstration flagrante qu’une banque centrale est inutile et rappelle à tous que les monnaies privées sont viables, ne serait-ce que pour permettre des transactions très rapides (on parle d’une dizaine de minutes, typiquement).

En cela, même si Bitcoin devait disparaître à l’avenir, il aura servi un rôle capital en plaçant cette idée simple dans la tête de millions de gens : les États ne sont pas indispensables pour gérer les monnaies, et, au vu de ce qu’ils leur font subir, au vu des alliances nauséabondes entre l’actuel monde bancaire et les puissances publiques, on peut même conclure qu’ils sont plutôt néfastes.

Rien que pour avoir montré qu’une autre voie est possible, Bitcoin est d’ores et déjà une expérience positive.
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  • C’est drole de voir la foi absolue qu’on des millions de gens en un algorithme qu’ils ne comprennent meme pas! Il suffirait d’une petit faille dans cet algorithme pour que la valeur des Bitcoins tombe a zero … Et ceux qui connaissent un peu la securite informatique savent a quel point un systeme infaillible est rare!

    • C’est drôle de voir la critique absolue envers Bitcoin, de millions de gens qui ne comprennent même pas son fonctionnement ! Casser l’algorithme Bitcoin ne nécessite pas simplement de casse un algorithme mais nécessite de casser une quantité gigantesque d’algorithme dans quelques milliers d’ordinateurs différents…
      La somme de puissance de calcule de l’algorithme Bitcoin est supérieure à la somme des 500 plus gros superordinateurs de la planète.

      http://francebitcoin.com/reseau-bitcoin-superordinateur/
      Donc Bitcoin est démesurément plus sécurisé que le système Bancaire actuel.

      • L’algorithme est le meme dans chaque ordi. La premiere regle en securite informatique, c’est de savoir qu’aucun systeme n’est infaillible.

        Bitcoin est un projet tres interessant, mais baser un systeme financier sur ce genre de systeme comme certain le propose deja pourrait engandrer un cataclysme economique en un clin d’oeil. Vous pouvez etre sur que les meilleurs cryptographes et hackers de la NSA et autre services travaillent d’arrache pieds pour tenter de prendre controle de Bitcoin. Et si ils y arrivent, ils se garderont bien de le dire!

        • « L’algorithme est le meme dans chaque ordi. »

          Oui, preuve supplémentaire de sécurité. Plus l’algo est connu, plus il est sûr.

          ‘La premiere regle en securite informatique, c’est de savoir qu’aucun systeme n’est infaillible. »

          Oui. Pas même le système bancaire.

          Casser bitcoin signifie casser cet algo sur un nombre incalculable de pc au même moment (Ou du moins entre 2 synchros). Çà me parait plutôt solide, à moi.

          « Et si ils y arrivent, ils se garderont bien de le dire! »

          S’ils se gardent de le dire, parfait! Comme ça les cours ne bougeront pas.

        • Vous n’avez pas compris comment fonctionne Bitcoin (la NSA n’a aucun intérêt et n’a pas les moyens effectifs de prendre le contrôle de bitcoin).

          • Mais bien sur.

            « la NSA n’a aucun intérêt et n’a pas les moyens effectifs de prendre le contrôle de bitcoin »

            Pour le premier argument, ca m’a bien fait rire!
            Pour les moyens effectif, il est impossible de quantifier combien de ressource ca peut prendre pour decouvrir une faille de conception d’un algorithme, donc je ne vois pas comment vous pouvez faire de telle affirmation!

            • Pour le premier argument, cf pankkake plus bas qui lui sait de quoi il parle contrairement à vous.
              Et pour les moyens effectifs, c’est consternant de voir que vous n’avez aucune idée des concepts que vous manipulez.

          • Et qu’est-ce que vous voulez qu’ils en fassent du Bitcoin? La NSA regroupe des infos, dans le bitcoin toutes les infos pertinentes sont en clair, c’est même un de ses arguments.

            Craquer le bitcoin n’offre aucun avantage particulier à qui que ce soit. Si vous en voyez un, je suis tout ouïe.

        • Vous n’avez pas compris comment fonctionne le système bancaire actuel. C’est préhistorique si l’on compare au Bitcoin. Par définition le Bitcoin mérite sa valeur rien que pour cet argument technologique: Il est clairement au dessus des autres monnaies (sauf litecoin et autre crypto monnaies mais ça reste encore marginal).
          Si vous ne croyez pas aux monnaies actuelles (dollars, euros), vous avez raison.
          Vous doutez du Bitcoin, c’est légitime. Il reste l’or. Mais, c’est quand même moins pratique que le Bitcoin pour acheter le pain, le journal, etc….ou même une maison (ou un appartement comme récemment).

          Je penche pour une nouvelle monnaie genre litecoin ou autre qui remplacera ou s’ajoutera au Bitcoin. (trop exclusif)
          Qui dit exclusif, dit potentiel spéculatif possible….

          Perso je vais attendre la version « populaire » qui correspond à mon niveau de risque et investissement. Et c’est pas car je ne peux pas m’offrir de Bitcoin que je vais le critiquer. C’est un truc de fou le Bitcoin.

          • La spéculation c’est bien. C’est ce qui tend à stabiliser les cours.

            Vu la volatilité du bitcoin, le potentiel de gain est élevé. L’autre jour je l’ai vu à 300€, j’ai hésité à en prendre. J’aurais fait facile 50% en quelques heures, dommage.

            Mais comme je ne comprend pas encore comment ça monte et comment ça descend, ne pouvant évaluer le risque correctement, je préfère m’abstenir pour le moment.

        • Ces algorithmes ne sont pas utilisés que pour Bitcoin. À l’heure actuelle, un cassage de ces algorithmes résulterait en des dommages financiers bien supérieurs à la capitalisation de Bitcoin.

          Avant de faire des remarques sur la sécurité et balancer des généralités sur les « systèmes infaillibles », il faut bien comprendre de quoi on parle. Les failles sur les algorithmes modernes ne sont que des petites réductions du temps nécessaire à les attaquer, ce qui laisse tout le temps nécessaire pour migrer vers d’autres.
          Il n’y aura jamais de « cataclysme en un clin d’œil » ; quant aux cryptanalystes de la NSA, on est justement encore plus sûrs de leur impuissance depuis les révélations de Snowden.

    • Pas du tout.

      Si BItcoin était faillible, imaginez les sommes en jeu pour celui qui « trouverait » une quelconque « faille ».

      Ce « Aucun-Système-N’est-Infaillible » est une totale légende. J’y répond: « On peut faire un système infaillible ». D’où ça vient ? Du fait que certains dit « systèmes » sont de conception et qu’il est humainement (quasi) impossible de concevoir sans failles.
      Bitcoin lui est suffisamment « simple » pour être infaillible.
      Je me suis penché sur son fonctionnement donc je sais de quoi je parle.

  • Une des questions que je me pose: à qui profite vraiment cette monnaie?

  • Je ne suis pas investit actuellement, mais je trouve l’expérience passionnante.
    Le tout est encore un peu compliqué à mon avis pour que monsieur tout le monde s’y intéresse.
    Le bitcoin est la première étape vers une monnaie mondiale et dématérialisée.

  • Oui, que du positif. Pour moi c’est de loin…. Mais c’est passionant !
    Quid du litecoin ? Qui est à priori encore plus sécurisé.

    Le mieux : robocoin au Canada, c’est top classe.
    Pour moi cela serait le paper wallet…si jamais je pouvais prendre le risque de devenir, ou très riche ou pauvre…mais je ne suis pas joueur. Et puis Golum aime son anneau en or.

    • « Qui est à priori encore plus sécurisé. »

      Absolument pas. Il y a énormément moins de mineurs, le coût d’une attaque est beaucoup moins élevé que celui de Bitcoin.

      http://www.coinometrics.com/bitcoin/brix pour Bitcoin estime a 2.6 milliards de dollars.
      30000 cartes AMD 7950 pour Litecoin, soit environ 15 millions de dollars. Cela peut en réalité être inférieur car on peut louer des machines à la demande, pas des ASICs SHA256.

      • A priori, notez quand même mon incertitude !
        Si vous me dites que vous êtes un pro du Bitcoin, je ne vous croirais pas.
        Je préfère le billet d’h16, qui reste modeste et lucide. Il n’y a aucune certitude en rien concernant le Bitcoin. Vous pouvez argumenter sur des normes, et vous auriez raison. Hélas vous êtes à la fin aussi impuissant que moi à donner une quelconque valeur au Bitcoin. 1€ ou 1 000 000€ c’est kif kif.
        Les voies du Bitcoin sont impénétrables. Soyons humble et saluons le positivisme de H16! C’est que du positif, pas des algorithmes trucs bidules.

        • En l’occurrence, pankkake a raison. L’attaque sur Litecoin est plus facile et moins coûteuse.

          • Bien sur qu’il a raison: d’où l’utilisation de « incertitude » et « vous auriez raison ».

            Pour moi le: http://fr.wikipedia.org/wiki/Litecoin correspond à l’évolution du Bitcoin pouvant correspondre à mon budget. En gros une version populaire du Bitcoin.

            Si le litecoin se développe (pourquoi pas ?) il a des chances de concurrencer fortement le Bitcoin. Sa valeur va donc augmenter très rapidement passant de 1 à 100 ou 1000. C’est juste une possibilité, mais ça peut rapporter beaucoup. Voilà, voilà.

    • Je ne vois pas ce qui vous empeche d’entrer sur le Bitcoin. Vous pouvez tres bien en acheter un petit peu par exemple 10 BTC pour 10,000$, vous vous fixez un an avant de faire le point et basta.

  • cette monnaie n’étant pas controlee par des instances garantissant la transparence, il me vient instinctivement à l’esprit les deux question suivantes:

    – qu’est ce qui garantie que la limite de 21M sera respectée ?
    – qu’est ce qui garantie que les échanges se font sans fraude ?

    • La limite de 21M se trouve dans l’algorithme lui même.

      • Exact mais incomplet. Oui, la limite est bien dans le code, mais il est toujours possible de changer le code, à condition que les utilisateurs acceptent d’adopter le code modifié
        Changer la discipline de création de bitcoins entraînerait très probablement une bifurcation majeure (hard fork), certains utilisateurs adoptant le nouveau logiciel et d’autres restant fidèles à l’ancien. Le bitcoin 2 entrerait alors en concurrence avec le bitcoin actuel, et les utilisateurs choisiraient l’un ou l’autre selon leurs préférences, ce qui est on ne peut plus normal voire souhaitable L’un des plus de bitcoin est justement de nous faire entrer dans un monde de libre concurrence entre monnaies.

        • « mais il est toujours possible de changer le code, à condition que les utilisateurs… »

          Qui est ce fameux « il » qui propose aux utilisateurs de changer le code ? Combien d’utilisateurs « communs » du bitcoin ont effectivement les compétences pour juger s’il faut accepter ou refuser le nouvel algorithme au lieu de se contenter de le mettre à jour passivement, sans comprendre ? Que deviendra le bitcoin acheté il y a quelques mois si jamais il n’y a pas seulement une « bifurcation majeure » proposée mais soudainement des centaines de milliers, voire autant de « bifurcations » que d’utilisateurs ?

          L’anonymat de l’inventeur du bitcoin, qui est en réalité l’unique émetteur de cette monnaie parce qu’il en possède réellement tous les droits de propriété (les mineurs n’ont qu’une « délégation » d’émission donnée par l’inventeur du bitcoin), est un sujet fondamental. La valeur subjective d’un bien quelconque, monnaie comprise, dépend du degré de confiance qu’on inclut dans l’échange, donc de la réputation des individus qui y participent. Sans confiance, notamment parce qu’un « partenaire » persiste à rester anonyme, pas d’échange volontaire possible !

          Oui, les monnaies doivent être privées, mises en concurrence au sein d’un même territoire, et elles le seront nécessairement tôt ou tard parce que la monnaie n’est pas une fonction régalienne, mais leurs émetteurs ne seront certainement pas anonymes.

          • L’émetteur du bitcoin est parfaitement connu, il n’est pas anonyme, c’est le consensus des mineurs. Il n’y a pas de « délégation d’émission », il y a une mise dans le domaine public, irréversible, de règles qui avantagent ceux qui les adoptent et les conservent. Le système fonctionne parce que tous les changements envisageables doivent être avalisés par une majorité de mineurs et leur feraient tout perdre. Le seul risque est donc de voir une prise de contrôle « politique », dans le but de détruire le système. Depuis la déclaration de la Fed, la régularisation allemande et l’essor de la place chinoise, ce risque est passé de fort à infime, d’où la montée de 100 à 1000, pardon 1100, pardon 1150$.

          • « C’est le consensus des mineurs » : je ne conteste pas cela. Qui décide de la prochaine rédaction de l’algorithme soumise à l’approbation consensuelle des mineurs ? Pour faire un parallèle avec la politique, on sait bien que celui qui a la haute main sur l’ordre du jour contrôle la décision, peu importe les débats ultérieurs. Celui-ci est le véritable « émetteur » de la décision et le consensus n’est que délégué, téléguidé. Par ailleurs, que se passe-t-il si le consensus disparaît, avec des divergences d’opinion en cascade exponentielle ? Enfin, qu’il existe un ou plusieurs anonymes dans le processus de décision est une faille majeure rompant la confiance. Comment faire confiance à quelqu’un qui se dissimule ?

            Et contrairement à l’optimisme du billet (que j’aimerais partager), je crains que le bitcoin, s’il devait s’avérer une arnaque d’ampleur, contribue à retarder l’arrivée des vraies monnaies privées, tout en prolongeant la survie des monnaies monopoles étatiques.

          • Qui décide de soumettre une modification ? Personne, ou n’importe qui. Par exemple, on s’est récemment aperçu que dans des conditions particulières un groupe minoritaire pourrait tromper la majorité, on a proposé une modif du programme, à chacun de décider s’il veut l’appliquer et de voir où est son intérêt. Un système qui vote en permanence élimine (ou plutôt rallye) les tentatives séparationnistes. Il n’y a pas de nouvelle rédaction, il y a des améliorations mineures de l’implémentation, que chacun est libre ou non d’accepter, et seules celles qui sont dans l’intérêt d’une majorité survivent, évidemment. Les mineurs votent avec leurs pieds. Chacun propose le résultat de son calcul, le résultat qui est majoritaire est accepté comme n’ayant pu être falsifié.

    • « cette monnaie n’étant pas controlee par des instances garantissant la transparence »

      Tout est open-source, chaque bitcoin contient un historique de transaction très difficile à falsifié (car très fortement redondé). C’est suffisamment transparent pour vous?

      « – qu’est ce qui garantie que la limite de 21M sera respectée ? »

      Par construction. Il est impossible de créer même 1 bitcoin de plus. C’est pour ça que se sera respecté

      « – qu’est ce qui garantie que les échanges se font sans fraude ? »

      Par construction.

      • « – qu’est ce qui garantie que les échanges se font sans fraude ? »

        Et puis aussi, c’est peut-être possible, mais vachement plus dur qu’avec des euros.

  • Ce n’est pas l’algorithme qui pose problème (sauf à ceux qui n’ont pas compris ce qu’est ce « calcul »), c’est la volatilité et le temps de validation d’une transaction: environ 50$ en février (si, si!) et 1000 en novembre: difficile de construire une économie sur de telles bases.

    • Exactement !
      Par contre si j’avais acheté mi octobre à 150€ comme je voulais le faire….je dirais que je suis trop malin. Je ne l’ai pas fait (c’est long et pénible d’ouvrir des wallet et des comptes en banques en Allemagne ou aux USA). La bulle va probablement exploser…..mais quand !?
      C’est comme à la belle époque de la bourse. Un jour pauvre, un jour riche….et puis pauvre !

    • C’est volatile maintenant. Rien n’indique que ça le sera toujours (du contraire, même).

  • Sur la décision que l’Allemagne a pris en août de considérer le bitcoin comme une monnaie privée, je vois une volonté de régulariser le bitcoin, afin de pouvoir le taxer.
    Les commerces à Berlin qui acceptent cette monnaie sont de plus en plus nombreux. Le quartier « hipster » de Kreuzberg a la densité la plus élevée au monde d’entreprises qui acceptent des bitcoins.
    J’ignore si le gouvernement allemand arrivera à faire payer les taxes sur ces transactions, mais c’est sûr que c’est son intérêt principal.

    http://motherboard.vice.com/read/can-germany-really-tax-bitcoin

  • Pourquoi cette ruée sur Bitcoin? Parce que les états sont depuis toujours des prédateurs pour l’activité économique, et que ce système leur échappe, pour l’instant…

  • Pour moi, c’est la valeur des monnaies étatiques contre le bitcoin qui était devenue une bulle, qui est en train d’exploser. Bien sûr ça ne se terminera pas sans turbulences, mais chaque jour le risque que ça retombe à 0 diminue. Heureusement, d’ailleurs, parce que je crois au contraire de H16 que si le bitcoin ne vaut plus rien un jour, alors toutes les monnaies numériques cryptographiques seront discréditées une bonne fois pour toutes.

    Les commentaires dubitatifs que j’ai vus sont de deux ordres, techniques et montrant que les auteurs ne maîtrisent pas la cryptographie et la nature du bitcoin, ou relevant de l’acte de foi et affirmant que seul un état peut garantir une monnaie. J’aurais « aimé » en voir sur la possibilité de voir apparaître des intermédiaires qui dénaturent le système, en raison notamment de la lourdeur croissante de la gestion personnelle de son porte-monnaie (12 Go la blockchain, ça commence à faire), ou de l’acceptabilité dans des pays émergents ou en voie de développement (quand le réseau, voire l’électricité, coupent à tout instant, comment faire ses transactions ?).

    Le bitcoin est en train de s’imposer comme l’internet l’a fait il y a 20 ans, suivant le même type de mécanisme. Si ça plante, on ne saura jamais ce qu’on aura manqué, mais sinon, dans dix ans, on pensera nos échanges d’une façon dont on n’a même pas idée aujourd’hui.

    • La blockchain fait 24 Go. Mais ces problèmes ne sont que techniques et pas très graves.

      • Non, la blockchain fait 11.6go : https://blockchain.info/fr/charts/blocks-size
        Mais peu importe, la taille importe peu car l’algorithme de stockage repose sur un arbre de Merkle donc ça ne pose, a priori, pas de problème, même si le volume des transactions explose.
        http://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_Merkle
        Merci néanmoins pour cet excellent article !

        • Quand je me suis synchronisé la première fois, il a fallu attendre que je sois rentré de vacances vu que la clé 3G, pour télécharger la blockchain, non merci, et ensuite plus de 12 heures avec mon accès fibre optique. On me parle aujourd’hui de 40 heures. Là ça fait 10 jours que je ne me suis pas synchronisé, il me faut suffisamment pour rattraper pour que je ne puisse pas faire une transaction impromptue. Ca n’est pas le stockage qui coince, c’est la bande passante et la disponibilité pour être à jour.

          • Dans ce cas la il faut utiliser un prestaire de portefeuille numérique (Type MTGOX / Bitcoin-central) et transférer ses bitcoins sur un portefeuille@home pour être tranquille, les plates-formes étant quelquefois hackées périoquement vue les sommes engagées…

            Attention, ne pas se méprendre, une place de marché hackée concerne un problème de sécurité local, en aucun cas le protocole Bitcoin n’a été atteint pour le moment… il est donc plus sûr de stocker un portefeuille bitcoin chez soi, c’est la logique : que chacun soit sa propre banque centrale. Actuellement ce sont les sociétés d’intermédiation qui posent problème, quoique la sécurité se renforce : adresses bitcoin périssables au bout de 15 jours, double authentification, etc.

  • Bravo pour cet article.

  • Il semblerait, selon le dernier numéro de Pour la Science, que le (ou les) créateurs de bitcoin se soit réservé la propriété de 10% des bitcoins! Si c’est vrai cela paraîtra rapidement difficilement acceptable et justifiera l’intervention étatique aux yeux des populations égalitaristes.

    • « les créateurs de bitcoin » , c’est le réseau. Tous ceux qui ont cru en Bitcoin depuis sa création en 2009 ont effectivement accumulé plus que les petits malins qui arrivent maintenant. La belle affaire ! C’est comme les premiers arrivés dans n’importe quelle techno. Les premiers arrivés font les plus solides profits (ou les pertes les plus retentissantes).

      Quant à l’intervention étatique, ceci est très rigolo mais c’est justement la beauté du truc … Il ne pourra y avoir d’intervention étatique. Concrètement, l’état ferait quoi ?

      • Par exemple, l’Etat pourrait interdire toute transaction avec bitcoin sur le territoire français avec des peines de 10 ans de prison ferme et 1.000.000 € d’amende.

        • Et 100.000 € de récompense pour toute délateur à prendre sur les biens du contrevenant me semblerait être aussi une possibilité.

        • Et il fait comment concrètement pour choper les gens ?

          • Déjà la loi en dissuadera au moins 99% de l’utiliser créant ainsi autant de frustrés prêts à dénoncer les contrevenants. Quelques exemples bien médiatisés feront le reste. Délation, perquisition, condamnation, médiatisation.

            • Vous voulez dire comme les lois sur la contrefaçon qui sont tout sauf tendre en France ?
              Ah oui, le piratage a disparu à la suite des délations et des médiatisation des peines de prison appliquées.

              Oh. Wait…

          • Il légaliserait le bitcoin, il obligerait (ou mieux il dissuaderait) le commerces a donner les coordonnées du compte de l’entreprise et il pourraient ainsi vérifier si l’entreprise en question déclare la totalité des entrées fiscales avec des contrôles sur place.

            Je pense que c’est ce que l’Allemagne veut faire. Rien n’empêche, bien évidemment, d’avoir un deuxième ou un troisième wallet. Mais si le gouvernement arrive a constater qu’à l’instant T il devait y avoir une transaction sur le compte du magasin X et cette dernière n’a pas eu lieu, alors on peut détecter la fraude fiscale.

            Non seulement, on pourrait identifier les clients aussi.

            • Le propre de l’imagination de plusieurs millions de personnes décidées à échapper à l’Etat est qu’elle est bien plus fertile que l’imagination d’aigrefins destinés à les attraper.
              Je ne me fais aucun souci pour les solutions techniques de contournement d’une telle situation (j’en vois plusieurs).

          • « L’imagination de plusieurs millions de personnes décidées à échapper à l’Etat » nous a amenès là où on en est. Pas mieux.

      • « toute transaction avec bitcoin sur le territoire français »: oui mais par nature, le Bitcoin n’a pas de territoire: c’est une transaction virtuelle qui se déroule sur un réseau auquel les intervenants sont connectés; et puis il est on ne peut plus facile aujourd’hui d’opérer sans adresse IP repérable spécifiquement (notamment avec un navigateur Tor) donc inassignable à « résidence ».
        Seule une entente de tous les pays du monde reliés à Internet pourrait juguler le Bitcoin. Or, il restera toujours un petit îlot de résistance, ne serait-ce que pour profiter de l’aubaine…

        • Toute transaction est réalisée par un individu non dématérialisé dont les pieds reposent sur le sol d’un territoire national doté d’une loi et d’un Etat.

          • J’ai bien peur que ce soit Mucius qui ait raison.
            Contre la fraude ordinaire, le système bitcoin est déjà largement mieux protégé que n’importe quel autre système de paiement et peut l’être encore mieux si nécessaire. Pas de souci de ce côté là.
            En revanche, il suffirait qu’un gouvernement décrète que l’utilisation du bitcoin est illégale et que la police peut perquisitionner les wallets pour empêcher de fait l’utilisation de bitcoin dans sa juridiction. Il faut espérer que dans un Etat de droit, le Parlement ne laisserait pas passer des lois aussi liberticides

          • Et comment la police pourrait-elle perquisitionner les wallets ? C’est pas qu’un peu dur, mais avec un exercice mnémotechnique adapté, on peut garder sa clé privée dans sa mémoire et avaler le papier. Ont-ils droit à la torture ?

          • La populace (les électeurs UMP PS FG etc…) verra d’un très bon oeil que des petits malins qui veulent déstabiliser la monnaie européenne soient sévèrement châtiés notamment parce que ladite populace au faible QI est trop con pour comprendre si peu que ce soit au mécanisme bitcoin.

            Quant à retrouver les utilisateurs de bitcoin, il est facile de repérer des trames réseau qui les trahiront en les mettant sur écoute enregistrée discrètement (RG ou autre officine) ou officiellement avec un mandat d’un juge. A mon avis un jeu d’enfant pour tout état ne s’embarrassant pas de scrupules comme tout état.

            Il faut arrêter de rêver : à mon humble avis, bitcoin ne présente aucun danger pour la racaille étatique. Surtout ne pas sous-estimer la puissance et les moyens des « serviteurs »dudit Etat qui tiennent, il faut bien le dire, le haut du pavé jusqu’à ce jour et aussi demain sans doute.

          • Repérer les trames réseau contenant une adresse bitcoin ? Combien de moyens à mobiliser, pour quel résultat ? Et ensuite ? Aller condamner quelqu’un, en supposant qu’on puisse démontrer qu’il a viré 0.01 bitcoin à une adresse non-identifiable, selon le chef d’accusation d’avoir voulu déstabiliser l’euro ? Et le mec qui offre un petit beurre à son voisin dans l’autobus, vous allez aussi l’envoyer devant les tribunaux pour usage d’une monnaie illégale à fins de subornation ?

        • Comment tu utilises tes BTC?

          Il faut bien que tu les dépenses pour acheter des trucs que tu fais livrer… via Tor?

  • nouvelle monnaie virtuelle, ce n’est pas une monnaie virtuelle putain !

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