L’Ukraine met fin à son rapprochement avec l’UE

L’Ukraine renonce à l’intégration européenne et se rapproche de la Russie.

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Ukraine (Crédits : René Le Honzec/Contrepoints.org, licence Creative Commons)

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L’Ukraine met fin à son rapprochement avec l’UE

Publié le 25 novembre 2013
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Par Richard North, depuis le Royaume-Uni.

UE Ukraine flagsCela ne fait pas si longtemps que ça qu’un certain David Cameron prononçait un discours europhile extrêmement polémique. C’était le jour où la Croatie est devenue le 28e État-membre, lors de sa visite de l’ex-république soviétique du Kazakhstan.

S’adressant aux étudiants Kazakh de la capitale Astana, il a affirmé que « la Grande-Bretagne avait toujours soutenu l’élargissement de l’Union européenne », ajoutant que « notre point de vue sur l’UE est qu’elle devrait être une large organisation coopérative de libre-échange et qu’elle devrait s’étendre, comme ce fut le cas, de l’Atlantique à l’Oural ».

L’Oural, naturellement, représente la frontière non-officielle entre l’Europe et l’Asie et la remarque de M. Cameron avait vocation à exprimer sa conviction que l’Ukraine, qui fut autrefois le panier à pain de l’URSS, devrait faire partie de l’UE.

Cependant, cette idée, partagée d’une manière différente par un homme politique allemand d’assez mauvaise réputation, semble pour le moins compromise. Une semaine avant que n’arrive la date à laquelle l’Ukraine devait signer un jalon important dans l’accord d’association avec l’UE, Kiev a décidé de geler tout le processus.

Le texte en était à sa version définitive lorsque le Parlement a décidé de ne pas valider le projet de loi qui devait permettre à Yulia Timoshenko de suivre un traitement médical en Allemagne. Sa libération était en effet une condition sine qua non pour la signature de l’accord d’association.

Deux heures plus tard, le gouvernement ukrainien a annoncé avoir décidé d’interrompre les préparatifs pour la signature de l’accord d’association avec l’UE. Cette déclaration soulignait qu’une décision avait été prise dans la perspective de discussions avec « la Russie et d’autres pays de la Communauté des États indépendants ».

L’Ukraine a déclaré qu’elle proposerait à l’UE la formation d’une « commission tripartie pour traiter de questions complexes ». De plus, Kiev entend « reprendre un dialogue actif avec la Fédération russe, d’autres États de l’Union douanière mais aussi des membres de la Communauté des États indépendants sur la restauration de relations commerciales et économiques dans le but de sauvegarder et renforcer les efforts communs de développement économique ».

Cette déclaration ne dit pas si l’Ukraine envisage de rejoindre l’Union douanière menée par l’ancien maître des républiques soviétiques, la Russie, que l’UE estime incompatible avec le statut d’État associé au bloc occidental.

img004 contrepoints ukraineVisiblement, à la suite de cette déclaration, les officiels européens étaient abasourdis. Au cours d’une conférence de presse quelques minutes après la révélation publique de la position ukrainienne, Linas Linkevičius, ancien ministre de la Lituanie, actuellement à la présidence tournante de l’UE, déclarait que cette annonce était quelque peu ambiguë et que la meilleure option restait pour l’instant « l’attente » d’informations complémentaires.

Pour l’instant, il semble qu’aucune information complémentaire ne soit apparue, ce qui ne semble pas très positif pour « l’empire du mal ».

Au bon vieux temps, les pays faisaient la queue pour rejoindre l’UE. Dorénavant, l’adhésion de la Norvège et l’Islande est exclue définitivement. Celle de la Turquie est très incertaine et les ex-satellites de l’Est s’éloignent petit à petit. La légende dit que si Le Projet1 n’avance pas, il recule. L’idée qu’il se retrouve à court de vapeur dans les steppes de Russie présente une saveur indéniablement ironique.

Cela pourrait bien vouloir dire que le rêve est fini.


Sur le web – Traduction Joëlle/Contrepoints.

  1. En français dans le texte original.
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  • Bravo, l’humour britannique en plus, même si le panier à pain est chez nous le grenier à blé.
    Qu’Albion ne voit aucun autre intérêt dans l’UE que sa zone de libre-échange n’est pas nouveau, auquel cas l’élargissement a sa raison d’être. Mais l’Union s’est affublée de valeurs et fait du chantage pour les imposer à autrui. Mettre en balance un accord de candidature et la libération conditionnelle de Mme Timoshenko, condamnée régulièrement par un tribunal ukrainien (avec les réserves d’usage comme on peut en prendre chez nous d’ailleurs), est une ingérence doublée d’une humiliation volontaire.

    On sait que M. Barroso n’est pas un génie, d’autres diraient pas la moitié d’un con, et qu’il mesure sa gloire au nombre de petits drapeaux posés sur son buffet, mais nous n’avons aucun avantage à intégrer à terme un pays à problèmes, même si ses femmes sont belles, pas plus que nous n’en avons à intégrer aussi la Turquie, la Moldavie, la Transnistrie, l’Arménie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, je vais chercher la loupe pour en trouver d’autres sur mon atlas. Le Haut-Karabagh ! Pétaing, on allait oublier le Haut-Karabagh.
    Qu’ils se démerdent, nous y sommes déjà jusque-là, comme nous le disons en faisant le salut olympique bras tendu ! Cela suffit.

  • Je pense que cette histoire n’est pas encore finie! Ça s’appelle une négociation et beaucoup en Europe semblent l’oublier.

    La Russie vient de marquer un point important, mais la majorité des Ukrainiens veut que leur pays soit tourné vers l’Ouest et non vers l’Est. Yanukovich essaye de jouer sur les deux tableaux et risque de le payer cher.

    La Russie n’a rien de nouveau à proposer à l’Ukraine, l’Europe elle est vue comme un espace stable où les entreprises ukrainiennes ont une chance de se développer dans un marché plutôt libre. Tôt ou tard c’est le choix européen qui s’imposera.

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