Capital, l’émission qui « dénonce »

Dimanche soir sur M6 était proposée l’émission Capital. Une émission qui n’a pas plu à tout le monde, en particulier à l’une de nos contributrices.

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Capital, l’émission qui « dénonce »

Publié le 19 novembre 2013
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Par Phoebe Ann Moses.

Dimanche soir, j’ai regardé Capital, l’émission qui dénonce. Généralement dans cette émission, il faut choisir son camp, les reportages simplifiant souvent la situation : les riches contre les pauvres, les fraudeurs contre les honnêtes gens, les patrons contre les employés, les méchants contre les gentils. Il y a un petit côté « lutte des classes » très prometteur en termes d’audimat. Il allait y avoir « des révélations » : « Pendant que vous trimez, il y en a qui se la coulent douce » (sic).

L’émission du 17 Novembre  « Impôts : du ras le bol à la fraude » nous épargnait bien des efforts intellectuels, puisqu’il y était question des fraudeurs-riches-méchants, contre les honnêtes-pauvres-gentils. Le reportage dénonçait l’usage de l’argent liquide (et citait comme exemple les commerçants, qui apprécieront !), non traçable par le fisc, et qui permet donc de « tricher ». En caméra cachée, les journalistes se faisaient passer pour de méchants et riches fraudeurs qui voulaient planquer leur argent à Jersey. S’ensuivaient des étapes, minutieusement décrites avec noms des aéroports et horaires des passages. La police n’a qu’à bien se tenir : les journalistes, eux, sont là pour dénoncer qui faisait quoi, où et à quelle heure. C’est ce qu’on appelle le journalisme d’investigation.

Retour sur le plateau où Thomas Sotto interviewe Christian Menanteau, journaliste économique à RTL. Ils avouent tous les deux avoir déjà payé en liquide pour échapper à la TVA. Mais comme c’est le cas « d’un Français sur deux », tout va bien. Petite triche qui ne compte pas. Ils sont comme tout le monde. Équation.

Mais le plus intéressant était à venir : le reportage suivant montrait comment des Français (riches-méchants-fraudeurs) étaient venus s’installer (pardon : « se la couler douce ») à l’île Maurice en quête d’une meilleure qualité de vie. Y était présenté un entrepreneur qui avait tout laissé tomber en métropole pour venir s’établir là où avec son argent, il employait 10 personnes dans son entreprise, 4 personnes à son domicile (cuisinière, femme de ménage, chauffeur, jardinier), avait une maison de 200m2 au bord de l’eau pour le prix d’un 2 pièces en France. Cet homme avait retrouvé du temps libre pour s’occuper de ses enfants, avait monté une nouvelle entreprise, le tout dans un décor de rêve : palmiers, soleil, mer turquoise… et pas de taxe locale, pas d’impôt sur les successions, ni sur la fortune, impôts sur le revenu à 15%. N’est-ce pas le rêve de tout citoyen normalement constitué ? Qui peut dire qu’il serait scandalisé de vivre dans de telles conditions, à moins d’être totalement aigri devant le succès de quelqu’un qui réussit ? Mais non, l’homme est présenté comme un fraudeur. Équation. Vive le journalisme d’investigation.

Mais les équations mathématiques et la grammaire ne sont pas le fort de Thomas Sotto, vu sa méconnaissance des notions de cause et conséquence. Ces Français exilés présentés comme des nantis qui « se la coulent douce » ou qui utilisent de l’argent liquide, c’est un « manque à gagner de 80 millions d’euros, l’équivalent de notre déficit » (c’est aussi l’équivalent du Pont de Tancarville, ou ce que va coûter le report de l’écotaxe, mais ce serait moins efficace pour servir le propos de Capital). Les Français qui sont partis ont créé un manque à gagner pour l’État (d’après lui c’est la cause), donc c’est les autres contribuables qui doivent payer et les impôts augmentent (conséquence). N’est-ce pas plutôt le contraire : l’État prend donc des Français partent. Mais pour éteindre l’esprit critique et allumer la jalousie du téléspectateur, on manipule les faits et on cherche à vous convaincre que c’est vous qui êtes lésés.

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  • C’est cette même logique qui transpire dans toute la classe mediatico-politique mainstream. Et qui franchement laisse dubitatif quand au niveau de sclérose intellectuelle de nos « élites »… Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes…

  • Je ne partage pas du tout votre opinion.

    Tout d’abord, vous semblez oublier que dans la première partie du programme, ils ont montré des PMI qui sont bien obligées de faire du black, faute duquel elles déposeraient le bilan.

    De même, ils ont montré des citoyens surtaxés, comme ce père de 3 enfants qui, ne bénéficiant plus du crédit d’impôts, a vu augmenter son IR de 500% suite à l’achat de sa nouvelle maison.

    En ce qui concerne les expatriés à l’Île Maurice, vous sous-estimez l’esprit critique du public. L’entrepreneur a dénoncé à plusieurs reprises les faibles marges de manœuvre qu’il avait lorsqu’il résidait en France. Comment le coût du travail pousse le nombre d’effectifs au minimum et comment le taux d’imposition fiscale ne permet pas d’investir autant qu’on le souhaiterait.

    Je regrette, mais vous n’êtes pas objective non plus dans votre analyse.

    • @simon +1

      Dans un média d’opinion la priorité est d’amener, par tous les moyens, de l’eau au moulin , alors l’objectivité…

  • Cela fait longtemps que l’émission Capital offre insidieusement du prêt-à-penser, tout en laissant croire le contraire. Notre époque se caractérise par la mort de l’argumentaire. Plus l’idéologie est forte et plus la logique est faible. La pensée idéologique n’est pas logique.

    De toutes façons, la combinatoire économico-sociale est devenue trop complexe pour des esprits non formés. Et comme l’éducation nationale pré-formate les têtes pour avaler de la purée collectiviste avariée, on peut déjà prédire l’intoxication alimentaire.

    La société française va finir par vomir, attention aux éclaboussures.

  • Lorsqu’une question soulève des opinions violemment contradictoires, on peut assurer qu’elle appartient au cycle de la croyance et non à celui de la connaissance.
    Gustave LE BON
    (la formule cycle de la croyance est intéressante, elle fait ressortir le biais « mode » des croyances.)

    Les légendes restent plus vivantes que l’histoire… mais pour les peuples les chimères sembleront toujours préférables. Même auteur et très pessimiste.

  • Oui, encore une confusion classique des causes et des conséquences … La fraude se développe quand l’Etat intervient trop. Que ce soit par des taxes, des subventions ou un contrôle des prix. ce qu’ils ne comprennent pas c’est que le taux de fraude provient directement du rapport entre les gains du travail et les pertes des politiques publiques. Quand ce rapport devient non négligeable, la tentation devient irrésistible pour les escrocs. Quand le rapport devient substantielle, seul les benêts ne fraudent pas au moins un petit peu. Et quand la fraude devient plus intéressante que le travail, alors le marché noir explose et devient la nouvelle norme comme dans l’ex-URSS ou dans les pays rationnés.

  • Chaque fois qu’un membre du néo-clergé d’état (qu’il soit politicien, journaliste, syndicaliste etc…) prononce « manque à gagner », rappelez-vous qu’il parle d’argent qui n’existe nulle part, et donc ne saurait être capté et dépensé.

  • Eh oui, telle est la méprisable logique de ce pays de m… dans lequel nous sommes nés.

    Peut importe que l’Etat décide de vous prendre 30%, 60%, 75% voire 100% (rappelons que plusieurs centaines de contribuables furent dans ce cas là en 2012) de ce que vous avez honnêtement gagné. A partir du moment où l’Etat a décidé qu’il était dans son bon droit, refuser cette spoliation fait de vous un escroc et un mauvais citoyen.

    Bref, les voleurs officiels ont gagné et ils ne restent plus qu’une solution aux volés : FUIR ! Sans en avoir conscience, dès 1957 Ayn Rand décrivait (dans Atlas Shrugged) la France actuelle et surtout celle à venir.

  • J’avais cru comprendre que c’était 80 milliards et non 80 millions…..

  •  » donc c’est les autres contribuables qui doivent payer et les impots augmentent  »

    je plains le dernier qui va rester quand les autres seront tous partis !!

  • J’ai aussi été très partagé sur ce reportage, d’un côté quelques points positifs, de l’autre des contre-vérités telles que le sempiternel « manque à gagner que les honnêtes gens payent », oubliant que déjà la plupart du black ne se fait qu’à la marge, et qu’ensuite c’est cette marge qui permet in fine de maintenir l’activité principale en vie… Bref en gros s’il cette soupape n’était plus possible, c’est simple l’activité s’arrêterait… manque à gagner ?

  • ….. vous regardez une emission de « collabos de presse » orientee par le gouvernement…..

    Ne vous etonnez pas de diner devant la cuvette des toilettes !

  • Il y a 15 ans c’etait une émission encore potable mais depuis le début des années 2000 c’est une catastrophe…Comme beaucoup de soit disant émissions d’investigations…

  • Concernant le « manque à gagner » de l’état qui entrainerait mécaniquement un report de la charge fiscale aux autres citoyens, on entend souvent ce genre de formulation absolument extraordinaire.
    C’est comme si l’état se donnait seul le droit de décider de la hauteur de ses besoins incompressibles et pouvait en prélever le coût quels qu’en soient les moyens, les conditions et les conséquences. C’est exactement le contraire qui devrait se produire : le train de vie de l’état et les politiques de redistribution devraient être dimensionnés en fonction de la richesse du pays et de sa part taxable avec pour limite le respect de l’effort des contributeurs et la sauvegarde de la compétitivité des entreprises. Si les rentrées fiscales sont amoindries par une certaine évasion, ce n’est pas aux autres contribuables d’en assumer les conséquences mais à l’état de faire avec ce qu’il a et de se poser les bonnes questions quant aux causes de cette évasion. Seulement l’état refuse de se réformer et voudrait continuer à vivre sur un train devenu depuis longtemps incompatible avec la richesse du pays au mépris des citoyens et des corps sociaux dont certains réagissent avec les moyens à leur disposition pour se protéger de confiscations insupportables destinées à des dépenses pour une grande part opaques et hautement contestables.

    De même, on parle de « cadeaux » aux entreprises – cadeaux piégés puisque Fillon, CICE et CIR peuvent se révéler des bombes à retardement mais admettons – alors qu’en fait de cadeaux on vous confisque juste un peu moins le fruit de votre travail : « D’habitude je te prends 1000 et tu n’as rien à dire mais aujourd’hui je ne te prends que 900. Ne me remercie pas, c’est cadeau ». Extraordinaire encore une fois.

  • « Mais je suis profondément convaincu que tout système régulier, permanent, administratif, dont le but sera de pourvoir aux besoins du pauvre, fera naître plus de misères qu’il n’en peut guérir, dépravera la population qu’il veut secourir et consoler, réduira avec le temps les riches à n’être que les fermiers des pauvres, tarira les sources de l’épargne, arrêtera l’accumulation des capitaux, comprimera l’essor du commerce, engourdira l’activité et l’industrie humaines et finira par amener une révolution violente dans l’État, lorsque le nombre de ceux qui reçoivent l’aumône sera devenu presque aussi grand que le nombre de ceux qui la donnent, et que l’indigent ne pouvant plus tirer des riches appauvris de quoi pourvoir à ses besoins trouvera plus facile de les dépouiller tout à coup de leurs biens que de demander leurs secours. »

    Alexis de Tocqueville, “Mémoire sur le paupérisme.” (1835), p. 29

  • « manque à gagner »

    Celui qui dit cela estime qu’il est en droit de disposer du fruit du travail des autres. Les autres sont donc des inférieurs. On comprend mieux ainsi pourquoi les chiasseux de la presse sont majortairement socialistes et font d’excellents collabos.

  • Les personnes intelligentes auront retenu les bienfaits d’une flat tax a 15%
    pour le développement et l’emploi. C’est certainement ce que notre 1°sinistre
    va nous proposer comme réforme. Demain le changement!!

  • « En caméra cachée… »

    Comme c’est intéressant ces gens qui dénoncent des fraudes tout en fraudant eux mêmes en usant de caméras cachées…

    • et surtout, n’allez pas manger dans les restaurants asiatiques, c’est trés sale, et ils emploient des travailleurs au noir qu’ils ne déclarent pas…

  • Je ne supporte pas ce journaliste thomas sotto, qui devrait s’appeler thomas TOUTOU! Le jour où il a reçu melenchon dans son émission: et que je te passe de la pommade, pas de questions virulentes ou rentre-dedans, juste le dos abaissé et le passage de pommade, pour sa pub anti-droite!
    Je ne regarde plus Capital depuis que thomas toutou a repris les reines, plus de panache ni de vrai reportages construits, travaillés, limite seulement de la délation et « du constat ».

  • deux remarques
    l’utilisation des cameras cachees
    vont ils chez anne sinclair voir son train de vie et le montrer?chez sapin et ses fausse declarations sur sonisf relevees par le journal l expansion? NON
    donc on remarque que ce sont donc « des baceux »
    enfin les tricheurs sont à proscrire mais quand on voit que on remplit les caisses percées de l etat pour entretenir la maitresse du roi hollande etdes amis les receveurs AME (800millions) etc etc c est cela qui revolte

  • Il faut se faire une raison, les médias ne sont plus qu’une grossière courroie de transmissions du pouvoir socialiste. La nouvelle grille de France inter est à ce titre digne de la pravda et bourré jusqu’à la gueule d »Emissions à la gloire des réforme gouvernementale (théorie des genre, féminisme, écologie…). De la propagande comme ou plus belle heure du bolchevisme…

  • Bien tourné. Et en 1940, les français partis rejoindre les FAFL par exemple, c’ était quoi? Ah oui, des traitres…CQFD.

  • Ce qui m’a surtout surpris en regardant cette émission, ce n’est pas tant le parti pris (on est habitué avec les médias français), mais l’indigence du niveau d’analyse des journalistes.

    Que des exemple caricaturaux :
    – Mémé qui voit ses impôts exploser (ah oui mais en fait, bon, y avait une niche fiscale, y a pu, tiens dans le dentier)
    – Papa qui voit ses impôts augmenter (ah oui mais en fait, bon, il déduisait un max jusque là d’intérêts d’emprunts, il peut plus, ça fait mal et il se demande si in fine il a pas vu un peu gros pour sa baraque)
    – L’exilé fiscal comme les socialistes se l’imaginent, un planqué qui se la coule douce au soleil
    – La variante de l’exilé fiscal comme les socialistes se l’imaginent, un gripsou qui planque ses mallettes de liquide à Jersey
    – le brave commerçant qui fait passer du liquide hors de sa compta (et les vilaines entreprises Kapitalistes qui lui vendent des méchantes caisses enregistreuses qui permettent de le faire)
    – le brave patron qui fait du black pour payer les heures sup de ses salariés
    – le conducteur de taxi parisien (rien sur le lobby et la réglementation étatique de la profession of course) qui double son salaire (1300 à 2600 quand même) en piquant allègrement dans la caisse, et qui s’achète des fringues avec

    Bref, le degré 0 du journalisme, mais avec Sotto aux commandes, on ne pouvait guère espérer beaucoup plus.
    Absolument aucune analyse sur les causes, les conséquences, la complexité du système, les injustices, les niches fiscales improductives, un comparatif de ce qui se fait ailleurs, aucune mise en perspective, juste de la caricature.

    Ce genre d’émissions ne fait que confirmer la médiocrité des journalistes français.

  • Les valeurs de la république, c’est d’organiser un mega camp de concentration, où on appauvrit les riches sans enrichir les pauvres.

    Ceux qui ont une autre vision du bonheur vont le chercher ailleurs, s’ils sont courageux.

    Les autres restent assis sur le fumier et pleurnichent.

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