Première Guerre mondiale : commémoration risquée pour Hollande

François Hollande se livre à un exercice politique risqué en voulant s’approprier la commémoration de la Première Guerre mondiale.

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Première Guerre mondiale : commémoration risquée pour Hollande

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 9 novembre 2013
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Par le Parisien Libéral

imgscan contrepoints 2013-2350 commémorationIl est toujours très risqué, pour un homme politique, par définition dans l’action et dans le présent, de convoquer l’histoire. Sarkozy en avait fait les frais (rappelez-vous de la lettre de Guy Môquet ou la tentative absolument désastreuse de coller le fardeau de la Shoah sur les épaules de gamins de 9 ou 10 ans). D’un autre côté, quand on est un ancien collaborateur de Mitterrand, il est dangereux de faire comme si l’histoire n’existait pas.

Ainsi, le président de la République a choisi de mettre un accent tout particulier sur la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, tout en traçant des ponts avec la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui.

Ce mélange entre passé lointain, passé récent et présent n’a pas manqué d’attirer les commentaires acerbes de la blogosphère. En effet, comment peut-on arriver à coller les expressions de « Justes qui cachaient des Juifs » ou de « refus du racisme » dans un discours principalement consacré à la Première Guerre mondiale ?

Sans vouloir faire d’anathème ou d’anachronisme, ce n’est pas faire injure à l’Histoire que d’affirmer que la Troisième République, celle qui a lancé la France dans la Première Guerre mondiale, est précisément raciste. Faut-il rappeler ce que l’on lisait sur les Allemands en 1914 ? Le fond germanophobe des Français de l’époque ne doit pas être perçu avec nos lunettes d’aujourd’hui, mais il a été réel et conserve des traces chez certains. Qui plus est, les livres d’histoire et de géographie de la République n’apprenaient-ils pas qu’il existe une inégalité des races ? Les socialistes de l’époque n’ont-ils pas soutenu la colonisation (que les nationalistes ne voulaient pas) ? Hollande a t-il cherché à faire oublier le fait qu’il a réussi à rendre hommage à Jules Ferry, le jour de la Journée nationale de l’abolition de l’esclavage ?

soldatD’autre part, contredisons le président de la République qui a rendu un vibrant hommage au courage du poilu : Hollande se trompe. Le poilu n’avait pas que du courage, il avait avant tout des ordres. Il avait dans son dos les baïonnettes de ses supérieurs, les gradés de l’armée, qui appliquaient les ordres.

Le président Hollande nous dit qu’aujourd’hui, la paix suscite l’indifférence et les séparatismes montent en Europe, ce qui explique pourquoi il faut protéger l’idée et l’idéal européen. Voila un point de vue bien ethnocentrique. Est-ce que Hollande pense aux soldats flamands, qui pensent à tort ou à raison que les officiers wallons les ont enrôlés dans une guerre pour laquelle ils ont payé un prix élevé ? A-t-il en tête le fait que la Bretagne, elle aussi, a payé lourdement la Première Guerre mondiale ?

Pour certains aujourd’hui, le séparatisme, dans le cadre d’une Europe unie, c’est la volonté non pas de se replier, mais de vivre selon ses propres normes tout en rejetant le jacobinisme qui sévit dans certains pays comme la France à coup sûr, et l’Espagne peut-être. Sauf preuve du contraire, la Suisse, la Catalogne, la Bavière, la Flandre ou l’Écosse n’ont jamais lancé de guerres contre quiconque. Par contre, la France ou l’Allemagne ont lancé des guerres d’agressions contre leurs voisins petits et grands.

La mémoire ne divise pas, jamais ? Elle rassemble ? Rien n’est moins sûr, contrairement à ce que pense le président Hollande. Un pays comme la France, qui a encore un peu de mal à regarder la Seconde Guerre mondiale de manière dépassionnée et objective, en sait quelque chose.

Tenez, prenons deux exemples qui concernent directement le président de la République.

Les grands-parents de Hollande ont été exposés à la guerre, aux balles et aux gaz de la Première Guerre mondiale, nous a appris le discours d’hier après-midi. Mais le père de Hollande ? Georges Hollande, médecin d’extrême droite qui soutiendra l’OAS et les ratonnades du pont de Neuilly, le massacre de la station Charonne et le passé du préfet Papon, ce notable poujadiste de Bois-Guillaume, que faisait-il en 1943 (il avait 20 ans) ? Il s’agit d’une question ouverte, sans préjugé. Mais puisque le président de la République tient à nous parler de sa famille, pourquoi n’évoque-t-il pas son père ?

Deuxième exemple : admettre une différence de traitement entre l’extrême gauche et l’extrême droite, entre le Front national et le Front de gauche. Pourquoi un pays comme la France ne peut pas reconnaître que les communistes ayant été en partie des collabos entre 1939 et 1944, puis des factieux à l’automne 1944, il conviendrait, en toute logique, de les traiter comme le sont les héritiers du pétainisme aujourd’hui ?

Mais revenons à la Première Guerre mondiale. Le président Hollande nous dit : « La République a triomphé, ainsi que la démocratie ». Cela signifie-t-il que le Royaume-Uni et la Belgique ne sont pas dans le camp des vainqueurs de la Première Guerre mondiale ?

En fait, toute cette mise en scène de la prise de hauteur du président de la République risque de tourner au lamentable flop, et tout ça parce que, manifestement, l’Élysée n’a pas pu s’empêcher d’appeler l’histoire à la rescousse de son propre agenda.

C’est vraiment dommage que les socialistes rallument la guerre des mémoires, que ce soit pour 14-18 avec Hollande, ou pour les déportations dans les camps nazis pour Pierre Aidenbaum, le maire socialiste du IIIe arr. C’est ça la France apaisée et rassemblée que Hollande promettait ?

Enfin, pendant que Hollande fait diversion avec 14-18, en lançant, disons-le, de ridicules appels à la mobilisation économique, la machine étatique, elle, progresse : hausse de la taxe sur les billets d’avion, accès aux comptes en banque des chômeurs par l’ANPE, mise en réseau des radars en Europe, voila tout ce qui se passe ces jours-ci….

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  • « D’autre part, contredisons le président de la République qui a rendu un vibrant hommage au courage du poilu : Hollande se trompe. Le poilu n’avait pas que du courage, il avait avant tout des ordres. Il avait dans son dos les baïonnettes de ses supérieurs, les gradés de l’armée, qui appliquaient les ordres. »

    Et une flasque de tord-boyaux avant de partir à l’assaut d’une tranchée à l’arme blanche, sous le pilonnage de l’artillerie lourde. Epoque formidable…

    • « Le poilu n’avait pas que du courage, il avait avant tout des ordres. »

      Et, ajoutera Jean Norton Cru, tous les soldats avaient… peur.

      D’où son travail de témoignage qui avait notamment consisté à traquer, pour les dénoncer, les « légendes de guerre », les outrances héroïques, les exagérations, les artifices.

       » Malheureusement, il y aura aussi ceux qui commettront le sacrilège « de faire avec notre sang et nos angoisses de la matière à littérature. »  »

      http://www.crid1418.org/temoins/2008/02/20/cru-jean-norton-1879-1949/

  • Il semble qu’il n’y ait pas de matière qui soit plus manipulable que l’histoire . De de nos jours, il n’y a rien de plus « clivant » que de parler de faits anciens à cause des mensonges ou des omissions. Et dire que cette commémoration va durer une année comme s’il n’y avait pas d’autres problèmes à résoudre.
    Merci pour ce billet

    • exacte, l’histoire on peut lui faire dire n’importe quoi, comme par exemple que  » les socialistes étaient pour la colonisation sous la troisième république  » .
      ce gouvernement semble bien mal placé pour nous ramener la guerre de 14 – 18, alors que certain de ses membres se sont laissés aller parfoi à une germanophobie d’un autre temps, et que par des mesures économiques borné et a contrario des autres menbres de l’union européenne, il menace la stabilité de l’ensemble du continent.
      non, les problème de 1914 ne sont plus les problème d’aujourd’hui !
      oui, l’etat français était bien aussi mal dirrigé que celui de 2013: j’en veut pour preuve la politique d’offensive à outrance du mois d’aout 1914, qui, en jetant les fantassins français sur les mitrailleuses allemandes en lorraine ( alors que les batailles rangées en mandchourie lors de la guerre russo-japonaise de 1905 avaient démontré que c’était une tactique suicidaire qui conduisait à des boucheries sans nom ) est responsable de la mort de 23000 français en une journée.
      bien sur, les responsable n’ont jamais été inquiètés !

      • « mort de 23000 français en une journée. »

        Les Français savent pertinemment ce que signifie « Verdun », en particulier.
        Pour les Britanniques, « The Somme Day » (1er juillet 1916) restera gravé dans leur mémoire, je pense.

        Le premier jour de l’offensive (1er juillet 1916 : offensive franco-britannique de la Somme), on compte pas moins de 60.000 pertes du côté britannique, dont 20.000 tués.

        On estime à 30 000 le nombre des victimes (tués et blessés) dans les six premières minutes de la bataille.

  • Entièrement d’accord sur le fond. Ce nouveau machin est l’œuvre de spin doctors parfaitement irresponsables qui tentent désespérément de glisser tout ce qui fâche sous le tapis. Le fait que cette idée idiote soit reprise avec enthousiasme par Copé – qui va pouvoir mettre son musée de Meaux sur le devant de la scène – démontre une fois de plus que le terme « faire des économies » n’a pas le même sens chez les politiques que pour le peuple.

    Sur la forme, la grande réforme de l’orthographe est en marche. On peut désormais écrire Miterand avec un seul R : http://www.lunion.presse.fr/region/mitterrand-cherchez-la-faute-ia3b24n246711

    (J’ai aussi retiré un T. Après tout, il faut faire des économies)

  • La première guerre mondiale marque surtout le début de la mise en œuvre des idéologies insensées, exigeant le sacrifice des individus aux chimères collectivistes dont nous ne sommes toujours pas sortis un siècle plus tard.

    • l’impôt du sang est décrété par la révolution française… tous les maux commencent là !

      •  » l’impot du sang est décrèté par la révolution française  »

        les morts de la guerre de succession d’espagne à la fin du reigne de louis 14, ont été aussi morts que ceux des guerres révolutionnaires.
        au 17ième, on s’entretuait pour sa religion, au 18ième pour son prince ou sa solde et sous la révolution, pour la nation. il n’y a que ça qui changeait.

  • Vu le niveau des conseillers « com » du pouvoir qui font sous eux depuis le début du quinquennat, on a tout à craindre d’une commémoration interminable qu’il faudra nourrir en continu de « nouveautés ».
    Associé au désastre de popularité, tout fera bois de chaudière pour déjà passer l’hiver.
    Août 14, ouverture de la Grande Boucherie. On va fêter ça, finalement !

  • Ces commémorations ont déjà ceci d’extraordinaire qu’elles commencent avec 10 mois d’avance, sans doute par que le le Présigland craint de ne plus être là en aout prochain, et qu’il veut se ruer sur les micros avant les prochaines élections.

    Notre belle jeunesse doit retenir l’essentiel : la Grosse Bertha était sans doute une maitresse du Kaiser, les belges auraient dû protéger la France, mais on préféré glander chez eux, dans des tranchées et faire des erreurs d’éclusage qui ont inondé tout le coin, l’Armée ne fournissait pas de rasoirs, et c’est pour cela qu’on a appelé les soldats des poilus, Verdun, c’est la première tentative de fragmentation des gaz de schistes, c’est moche et on n’en veut plus, et ce sont les merveilleux africains qui nous ont sauvés.

  • C’est surtout le moment de commémorer ce que des élites complètement aveugle et incompétente sont capable de faire comme dégât.

    • Pour changer un peu, sait-on que l’indice de notre production industrielle en 1938 était encore inférieur à celui de 1913 ? On mesure l’impéritie des pouvoirs belligérants.

  • ça c’ est le bilan du socialisme: beaucoup de guerre et de boucherie pour l’ idéal collectif. Trop forme d’ enrober ce bilan dans la guimauve républicaine et démocratique.
    Salopard.

  • Et n’oublions pas que l’horrible Vacher de Lapouge, tout socialiste qu’il était, a largement inspiré un dénommé Adolphe de par ses théories racistes. Les socialos semblent être amnésiques sur ce point….

  • Ordres ou pas, peur ou pas, tord boyaux ou pas, il s’ agit bien de courage. Pensez-vous que cela soit nègligeable que de supporter ce que les poilus ont supporté.
    Vous confondez courage et héroïsme. Seuls les héros avérés peuvent porter de tels jugements dépréciatifs.

  • d’aprés l’historien anglais Fromkin,  » le dernier été de l’europe  » , les responsables de la première guerre mondiale sont clairement les membres du haut etat-major allemand: ils ont poussé l’autriche à l’intransigeance pour déclencher une guerre préventive contre les russes. l’empire russe connaissait une forte croissance économique depuis 20 ans, ce qui effrayait l’allemagne, qui considèrait que 10 ans plus tard, il serait impossible de les battre.
    la stratégie était de casser les reins de l’armée française en 6 semaines, afin de pouvoir se retourner contre la russie avant qu’elle n’est eu le temps d’acheminer toutes ses troupes à l’ouest.

    or: l’etat major allemand c’est trompé sur tous les plans:
    la russie n’était pas si puissante que cela, le système était vermoulu, comme la suite du conflit va le montrer.
    la france était beaucoup plus forte, et le plan allemand va échouer: alors qu’ils pensaient en finir en 6 semaines, 4 ans aprés, le travail n’était pas fini.
    grace au developpemnt recent des chemins de fer, la russie mobilisa et achemina facilement ses troupes pour porter l’offensive en prusse orientale dés les première semaines du conflit: ils furent sévèrement battu à la bataille de tannenberg, aprés quoi il ne cessèrent de reculer.

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