Se libérer de la nature ou s’y emprisonner ?

Selon une nouvelle étude de l’Institut économique Molinari, les nouvelles technologies, sans être parfaites, peuvent nous être d’un grand secours.

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Se libérer de la nature ou s’y emprisonner ?

Publié le 6 novembre 2013
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Des progrès importants ont été accomplis dans la connaissance du génome humain et dans notre capacité à le manipuler. Toutefois, l’opinion publique se montre réticente lorsque ce savoir est appliqué à l’agriculture. Selon une nouvelle étude de l’Institut économique Molinari, les nouvelles technologies, sans être parfaites, peuvent nous être d’un grand secours.

 

Alors que l’opinion publique se montre plutôt favorable aux progrès médicaux sur le génome humain, ce même savoir est rejeté quand il est appliqué à l’agriculture. L’incohérence est regrettable car nous devons beaucoup aux nouvelles technologies et aux pratiques de gestion agricoles modernes et le coût de l’immobilisme est immense.

Progrès en agronomie : des bienfaits sanitaires, nutritionnels et environnementaux

Aujourd’hui, le citadin moyen n’a plus aucune connaissance du stress que subissent les fruits, les légumes ou les céréales du fait de leur exposition à divers ravageurs (insectes, mauvaises herbes, etc.) ou aux sécheresses, inondations et autres agressions. Un rapport de 2009 a estimé à près de 131 milliards de dollars les pertes agricoles dues à ces ravageurs.

Afin d’améliorer l’agriculture, l’horticulture, la conservation des aliments et la santé publique, la chimie (engrais et pesticides), la biotechnologie (sélection, croisements) et la gestion (rotation des cultures, calendrier et logistiques agricoles) ont fait leur apparition.

  • De 1996 à 2011, les cultures biotechnologiques ont réduit leurs besoins en pesticides d’environ 473 millions de kilogrammes (kg).
  • Leur plus grande productivité a permis d’épargner 108,7 millions d’hectares.
  • Pour la seule année 2011, elles ont permis la non-émission de 23,1 milliards de kg de CO2, soit la circulation de 10,2 millions de véhicules en moins.
  • Les terres épargnées depuis les années 60 équivaudraient à la superficie des États-Unis, du Canada et de la Chine réunis.
  • Amélioration de la qualité des aliments : ananas enrichi en lycopène (antioxydant), manioc à moindre teneur en cyanure, riz enrichi en bêta carotène, etc.

Des luttes illusoires et coûteuses

La grande crainte suscitée par les produits de synthèse est leur potentiel cancérigène. Pourtant comme l’estiment les scientifiques Bruce N. Ames et Lois Swirsky Gold, faire la guerre à d’infimes concentrations de produits cancérigènes est aussi coûteux qu’illusoire.

  • Les plantes produisent naturellement des toxines – qui peuvent être extrêmement dangereuses pour les êtres humains – dans le but de se protéger des prédateurs.
  • Les pesticides naturellement élaborés par les végétaux constituent 99,9% des produits chimiques cancérigènes que nous ingérons quotidiennement.
  • Nous consommons jusqu’à 1500 mg de pesticides naturels alors que les résidus de pesticides de synthèse ne représentent que 0,09 mg par jour et par personne.
  • La teneur en substance à effet cancérigène d’une seule tasse de café est équivalente à la quantité totale de résidus de pesticides ingérés par un individu en un an.

Un immobilisme mortel

Les technophobies actuelles entraînent des coûts et des délais réglementaires croissants.

  • Sur la période 2005-2008, le délai moyen de mise au point et d’autorisation d’un nouveau pesticide a augmenté de 15% par rapport à 1995.
  • Le coût du processus est 11 fois plus élevé qu’entre 1975 et 1980.
  • Entre 2008 et 2012, le coût mondial moyen de commercialisation d’une nouvelle variété génétiquement améliorée s’élevait à 136 millions de dollars, dont 35 millions pour répondre aux contraintes réglementaires.
  • Entre 2011 et 2013, on estime qu’un total de 842 millions de personnes (une personne sur huit) a souffert de sous-alimentation chronique.

L’innovation scientifique ne prétend pas à la perfection mais cherche à répondre à la question de savoir s’il est possible de créer une situation moins problématique qu’avant. Elle vise seulement à créer des modes d’action meilleurs ou moins nocifs, ce que le principe de précaution écarte en l’absence de toute nuisance potentielle.

Laissons donc le mot de la fin à l’actrice Angelina Jolie qui, au sujet de sa double mastectomie préventive, affirmait : « La vie est pleine de défis. Certains ne doivent pas nous faire peur : ceux que nous sommes capables d’affronter et de maîtriser. »

Intitulée « Se libérer de la nature ou s’y emprisonner ? Coûts et conséquences de l’excès de précaution », l’étude, signée par Hiroko Shimizu, chercheure associée à l’IEM, est disponible sur le site web de l’IEM.

Voir les commentaires (8)

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  • Belle propagande en faveur des pesticides et contre le principe de précaution.
    Bizarre, aucune mention des réussites qu’ont été l’agent orange, le DDT ou le Gaucho…Avec lesquels en effet, l’aliment qui finit dans notre assiette est comestible. Mais à quel prix !

    NB: presque cynique la référence finale à A. Jolie.

  • l’étude de Bruce N. Ames et Lois Swirsky Gold date de 1999
    vous pouvez le retrouver ici => http://www.larecherche.fr/savoirs/autre/neuf-idees-recues-passees-au-crible-science-01-10-1999-88219

    et depuis 2010, le lien est établi entre pesticides et cancer (toujours sur le même site) => http://www.larecherche.fr/evenement/prix-recherche/entre-pesticides-cancer-lien-est-etabli-01-12-2009-81219

    un peu court cet article…

  • Et pourtant, il existe une agriculture capable de nourrir des milliards d’humains, sans pesticides, sans OGM, sans semences hybrides, respectueuse des humains, des sols, des nappes phréatiques, moins gourmande en eau.

    Le progrès dans l’agriculture s’est fait notamment par la mécanisation, c’est une formidable avancée, le reste c’est du pipeau; en fait c’est comme les élections, il y a un choix apparemment limité entre quelques partis qui disent tous la même chose, alors que tout le monde constate que les solutions sont ailleurs, l’agriculture c’est exactement pareil.

    En fait, votre article aborde le problème par le mauvais angle, le progrès et l’innovation ne doivent jamais être bridés, par contre c’est de l’utilisation de ce qui en résulte qu’il est permis de débattre.
    Et puisqu’il faut mettre les pieds dans le plat, en matière agricole, le modèle US est un désastre, économique et sanitaire, qui a concentré entre quelques mains (doigts) un pouvoir destructeur et spoliateur, qu’ils se le gardent donc.

    Nous pourrions également parler des aides financières agricoles, faussement désignées consubstantielles.

    Malheureusement, au rang des déplorables, les écologistes sont passés par la, ils ont détourné le débat à des fins idéologique et politique, le rendant de facto incrédible et marginal, ces gens sont décidément les assassins de notre siècle.
    Leur militantisme a fait émerger un commerce « BIO », belle connerie car, la communication s’est faite sur un mode « anti », ces imbéciles ont ainsi marginalisé des paysans et agriculteurs qui n’en peuvent, ainsi que sclérosé un débat sur l’innovation.

    Vous auriez pu finir avec une citation de Mireille Mathieu, ou Lara Fabian, saurait été plus hexagonal.

    « Nous devons nous y habituer : aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n’y a pas de signalisation » (nan, en fait celle la c’est Hemingway, pas Mireille ni Lara)

    • Patronus,

      Plutôt d’accord avec vous, sauf sur votre excessif « ces gens sont décidément les assassins de notre siècle » je dirais plutôt que maintenant que la notion d’écologie est assimilée dans une très grande proportion par les population civiles et politiques (sauf les libéraux), ils bloquent par leur bêtise la mise marche de véritables processus à finalité réellement écologique.

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