« Criminalité en Suisse – La vérité en face » de Marie-Hélène Miauton

Marie-Hélène Miauton montre, preuves à l’appui, que l’insécurité en Suisse est bien réelle et qu’elle n’est pas le fruit de fantasmes.

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« Criminalité en Suisse – La vérité en face » de Marie-Hélène Miauton

Publié le 3 octobre 2013
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Marie-Hélène Miauton montre, preuves à l’appui, que l’insécurité en Suisse est bien réelle et qu’elle n’est pas le fruit de fantasmes.

Par Francis Richard, depuis la Suisse.

Dans son dernier livre – dédié aux trois femmes victimes récentes de récidivistes, Lucie, Marie et Adeline –, Marie-Hélène Miauton montre, preuves à l’appui, que l’insécurité en Suisse est bien réelle et qu’elle n’est pas le fruit de fantasmes.

Pour sa démonstration, elle s’est en effet servie de sources sérieuses :

  • les Statistiques policières de la criminalité et les Statistiques pénitentiaires, publiées par l’Office fédéral de la statistique ;
  • les Sondages nationaux de victimisation, publiés par l’Institut de criminologie de Lausanne et Zurich (qui tiennent compte de toutes les infractions commises et non pas seulement des infractions dénoncées, dont le nombre diminue en raison de l’inanité de dénoncer) ;
  • de sondages d’opinion sur l’évolution du sentiment d’insécurité de la population, notamment les Rapports sur l’insécurité publiés par l’Académie militaire de l’EPFZ.

Il ressort de ces sources :

  • qu’à une baisse des cambriolages de 1982 à 2011 a succédé une remontée considérable en 2012, en dépit du fait qu’ils sont pourtant de moins en moins dénoncés ;
  • que les brigandages, les menaces, les homicides, aboutis ou tentés, les lésions corporelles, graves ou simples, plus volontiers dénoncés, ont augmenté de manière affolante sur la même période.

C’est cette accumulation d’actes, commis ou tentés, qui alimentent l’exaspération de la population et qui nourrissent son sentiment d’insécurité, qui n’est pas infondé du tout.

Pour faire face à cette situation déplaisante – dont il faudrait, idéalement, ne pas parler –, les effectifs de police cantonaux et communaux sont peu importants en comparaison de ceux de l’Allemagne, de la France ou de l’Italie. De plus ces effectifs restent affectés à la circulation – ça rapporte davantage ! – de préférence à la criminalité : « La stabilisation des délits et des accidents n’amène nullement à un transfert des charges sur la criminalité qui, elle, ne cesse d’augmenter. »

Pour ne rien arranger, les médias s’accordent à donner une image détestable des policiers et édulcorée des criminels et délinquants – d’un côté les flics, de l’autre les jeunes… –, et les juges semblent « depuis quelques temps, donner plus souvent tort aux forces de l’ordre qu’aux malfaiteurs », encore que la plupart des plaintes n’aboutissent pas, parce qu’elles s’avèrent injustifiées…

L’organisation judiciaire helvétique est complexe. Le jargon juridique n’est pas à la portée du pékin moyen. Dans ce contexte, deux réformes, celle du Code pénal en 2007 et celle du Code de procédure civile et pénale fédéral en 2011, ont été inspirées par une doctrine délétère, selon laquelle la protection du prévenu doit l’emporter sur la protection de la société et sur la réparation aux victimes :

  • les courtes peines de prison ont été remplacées par des peines pécuniaires (adaptées « à la capacité financière du prévenu, ce qui équivaut parfois à une valeur insignifiante ») ;
  • plus de garanties ont été accordées aux prévenus et un tribunal des mesures de contrainte a été instauré pouvant contester tous les actes du ministère public (d’où une charge chronophage et paperassière accrue).

À quelle philosophie répondent ces réformes ?

Dans la philosophie des acteurs de la justice, la victime ne vaut pas plus que l’accusé. Peut-être moins dès lors qu’il n’est pas tenu compte de sa situation, de ses angoisses, de ses antécédents ni de ses fragilités au moment de prendre des décisions. Au contraire de ce que l’on fait avec les accusés.

Résultat concret de cette philosophie : « Une personne arrêtée en France a demandé son extradition en Suisse où les peines sont plus clémentes. » (Jean-Marc Widmer, Président de la Fédération suisse des fonctionnaires de police).

Marie-Hélène Miauton ne manie pas la langue de bois à propos de la criminalité étrangère et de Schengen. Qui sont les criminels en Suisse ? Il ne faut pas le dire, mais une grande proportion d’entre eux sont des étrangers. Il ne sert pourtant à rien de faire l’autruche et c’est d’ailleurs injustifiable, moralement parlant :

Le problème actuel n’est pas que nous accueillons trop d’étrangers chez nous mais que nous en accueillons trop qui sont malintentionnés et qui se cachent derrière nos lois sur l’asile pour venir perpétrer ici leurs forfaits.

Et les médias se discréditent en travestissant les faits :

En donnant l’impression de couvrir des criminels, sous prétexte de ne pas stigmatiser des étrangers, les médias ne se rendent ni sympathiques ni professionnels.

À propos de l’espace Schengen, Marie-Hélène met dans la balance ses avantages et ses inconvénients, mais se demande, en définitive, si ces derniers ne l’emportent pas sur les premiers puisque cet espace « ne fonctionne correctement qu’en période de beau temps »… Elle cite d’ailleurs le Rapport sur la criminalité de 2012 d’Eurostat : « La suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’UE a considérablement facilité la libre circulation des citoyens européens, mais elle a pu permettre également aux criminels d’opérer plus facilement… » Et elle se félicite que les gardes-frontière procèdent accessoirement à des contrôles de type policier puisque ces contrôles ont permis un nombre croissant d’arrestations entre 2011 et 2012 alors que leur effectif restait le même…

Elle revient en détail sur les rôles de la prison qui peuvent « être synthétisés en quatre verbes : punir, protéger, décourager et amender ». Or, après la réforme de 2007, les peines infligées en cas d’infraction au Code pénal sont en très grande majorité des peines pécuniaires avec sursis, « c’est-à-dire aucune peine du tout ». À ceux qui déplorent que la durée des peines ait augmenté, Marie-Hélène Miauton répond : « Évidemment, puisque les sursis et peines pécuniaires ont remplacé les peines courtes, il ne reste plus que les peines longues dans la statistique ! » À propos des peines, elle observe : « Ce n’est pas la sévérité de la sanction qui dissuade les contrevenants, mais la certitude d’être punis. » Pour qu’elle soit efficace, il faut que la sanction responsabilise le prisonnier : « Notre société déresponsabilise au contraire en cherchant en permanence à excuser. »

Et les responsabilités du laxisme actuel, générateur d’insécurité, incombent à ceux qui travaillent au respect des lois (police et magistrature), à ceux qui les édictent (les politiques) et à ceux qui influencent ces derniers (les théoriciens de la justice), à ceux qui les appliquent (les exécutifs cantonaux), à ceux qui font métier de la bien-pensance (les associations de défense et de soutien aux prisonniers, aux sans-papiers, aux demandeurs d’asile, aux Roms…). Tous ces responsables font peu de cas des victimes…

Dans ce livre courageux, qui devrait ouvrir les yeux à ceux qui refusent de regarder la vérité en face, Marie-Hélène Miauton ne se contente pas de constater et d’expliquer quand, comment et pourquoi on en est arrivé là ; elle propose des solutions applicables, qui découlent de ses constats et de ses explications. Ce n’est pas le chapitre le moins intéressant…

Dans sa conclusion elle écrit :

À dire que le crime est une invention de la société, que l’homme est bon mais que la prison le pervertit, et qu’il faut substituer la probation à la punition, l’indulgence confine à la complaisance.

Elle met donc en garde. Cette complaisance devient de plus en plus intolérable aux yeux de la population qui pourrait fort bien, faute d’être entendue par tous les responsables, se laisser séduire par ceux qui voudraient revenir en arrière, rétablir la peine de mort ou instaurer la détention à perpétuité sans aucune remise en liberté possible.

Est-ce vraiment ce que l’on souhaite ?

— Marie-Hélène Miauton, Criminalité en Suisse – La vérité en face, Favre, 216 pages.


Première publication sur Lesobservateurs.ch.

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  • « Ce n’est pas la sévérité de la sanction qui dissuade les contrevenants, mais la certitude d’être punis. » Oui.

  • 1.Il faut absolument avoir une certitude dans la sanction.Donc des peines indicatives minimales pour chaque type de délits comme au R-U.Et motivation obligatoire du choix de la peine par le tribunal.
    2.Faire des prisons des lieux de discipline et de correction afin tout faire pour que le coupable reviennent dans le droit chemin.
    3.Obliger les condamnés à travailler ou a payer pécuniairement le cout de leur conduite ( frais procédure , d’incarcération,indemnisation des victimes)
    4.Prévoir des centres de rééducation pour les jeunes délinquants ou criminels ou ils purgerait leur peine comme en Chine et au Japon.
    5.Donner comme rôle à la police de surveiller de près les délinquants ayant purgé leur peine comme au Viet-Nam.
    6.ré -instaurer la peine de déportation pour les criminels les plus dangereux.

    Ou on prend ces mesures de toutes urgence pour résoudre ce gravissime problème de délinquance ou de criminalité ;Ou les extrémistes et les démagogues en profiterons pour faire adopter leur solutions cruelles et avilissantes…Cela me terrifie rien que d’y penser!

    • c’est qui qui définit la notion de délinquance ?

      Nuire financièrement à l’ETAT, c’est de la délinquance et la sanction ? la peine de mort civile ? Un fraudeur qui planque ses sous dans un PARADIS FISCAL, c’est un criminel dangereux ?

  • « se laisser séduire par ceux qui voudraient revenir en arrière, rétablir la peine de mort ou instaurer la détention à perpétuité sans aucune remise en liberté possible.
    Est-ce vraiment ce que l’on souhaite ? »

    Oui.

  • Mais que les suisses virent les francais qui ne respectent pqs leurs lois, au moins ces gens seraient partis quand j’arriverai.

  • Les commentaires sont fermés.

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