Renaissance de l’industrie occidentale

Par-delà la stagnation en Europe et aux États-Unis depuis 2008, on peut déjà déceler comment les idées neuves sont en train de restaurer la prééminence de l’industrie occidentale.

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Renaissance de l’industrie occidentale

Publié le 18 septembre 2013
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Par-delà la stagnation en Europe et aux États-Unis depuis 2008, on peut déjà déceler comment les idées neuves sont en train de restaurer la prééminence économique de l’Occident.

Par Guy Sorman.

Dans un tout récent ouvrage paru aux États-Unis, Mass Flourishing, que l’on pourrait traduire par la prospérité de masse, Edmund Phelps, Prix Nobel d’économie, s’interroge sur les origines historiques du développement en Occident et pas ailleurs : vaste question constamment abordée par les économistes sans jamais parvenir à une quelconque unanimité.

Après avoir analysé toutes les raisons possibles, de la nature à la culture en passant par les politiques, Phelps conclut sur le rôle moteur des idées. Les idées neuves seraient seules à la base de ce que Phelps nomme le « dynamisme » économique. Dynamisme est le concept clé de l’œuvre de Phelps : les nations sont dynamiques ou pas ! C’est, selon lui, parce que la civilisation occidentale est propice aux idées qu’elle aurait initié la croissance mondiale, depuis le dix-huitième siècle : toutes les autres sociétés n’ont fait que suivre, plutôt en recopiant qu’en inspirant. À partir du dynamisme passé, peut-on envisager un dynamisme futur ? Oui, si l’on comprend bien et le rôle des idées en économie et les conditions sociales propices à leur germination : en gros, la démocratie, le débat, la liberté d’expression, la concurrence. Dans l’Occident comme laboratoire, naquirent, naissent et naîtront, estime Phelps, les idées scientifiques, techniques, économiques, financières, politiques, managériales qui mènent et mèneront le monde vers toujours plus de prospérité. De fait, on ne voit pas, pour l’instant, que seraient réunies sur d’autres continents les circonstances favorables à l’éclosion d’idées nouvelles. Bien entendu, certaines idées peuvent s’avérer contre-productives, aussi bien dans les champs scientifiques que politiques : il en résulte des accidents de parcours, caractéristiques du capitalisme, mais ces « crises » conjoncturelles n’interdisent pas la croissance à long terme.

Ainsi, par-delà la stagnation en Europe et aux États-Unis depuis 2008, peut-on déjà déceler comment les idées neuves sont en train de restaurer la prééminence économique de l’Occident : à commencer par les États-Unis, le plus créatif des laboratoires occidentaux. On prendra pour exemples la robotisation, la reproduction en trois dimensions (3D) et la fracturation des gaz de schiste, dont on sait qu’ils sont abondants partout dans le monde.

La robotisation et la 3D sont, en ce moment, en train de ramener les coûts de production industrielle en Occident au niveau du salaire d’un ouvrier chinois. Par conséquent, on assiste à une ré-industrialisation accélérée aux États-Unis, certains entreprises – Philips par exemple – constatant que des assemblages d’objets électroniques à la chaîne reviennent, après robotisation, moins cher à la production aux États-Unis qu’en Chine ou au Vietnam. À cette égalisation des coûts salariaux s’ajoutent l’avantage du contrôle de qualité supérieur aux États-Unis à ce qu’il serait dans des pays à bas coût de main-d’œuvre et le bénéfice logistique et commercial de la proximité du marché des consommateurs.

Une autre idée qui contribue à la ré-industrialisation des États-Unis et à une réduction concomitante du chômage, est la baisse du coût de l’énergie, grâce à l’exploitation des gaz de schiste. Depuis dix ans, le coût du gaz pour un consommateur industriel a baissé d’un tiers aux États-Unis et il a augmenté des deux tiers dans l’Union européenne ! Cette divergence stupéfiante, qui retarde la ré-industrialisation de l’Europe, est causée par le refus de certains partis européens ou la pusillanimité idéologique de dirigeants qui s’interdisent d’exploiter nos ressources naturelles et aussi par l’absence de connexion entre les réseaux de distribution. Il n’existe pas une Europe de l’énergie, ce qui permet, entre autres, une domination du marché du gaz par les exportateurs russes.

L’enseignement du regain américain et de la théorie de Phelps pour l’Europe, c’est que le regain de la prospérité, y compris industrielle, est notre avenir possible à la condition de laisser les idées s’épanouir et de favoriser la concurrence entre elles. Quant aux pays dits émergents, on constate – à regret – que leur émergence était due au rattrapage et à l’imitation plus qu’à l’exploitation de leurs propres idées. Les émergents en ce moment deviennent des « immergents » au grand dam des plus pauvres dans ces pays-là. Pour nous Européens, le choix est nôtre : renouer avec « l’imaginarium » ou rejoindre les immergents par frilosité devant l’innovation perpétuelle ?


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  • « la ré-industrialisation des États-Unis et à une réduction concomitante du chômage » : la deuxième affirmation paraît hasardeuse. Sauf information contraire, la baisse du chômage semble pour l’instant alimentée plutôt par la baisse du taux d’activité de la population que par l’indéniable regain d’activité US.

    La capacité de l’Occident d’aligner ses coûts de production sur les coûts chinois montre l’impasse du modèle socialiste chinois (sans parler des joyeux délires de nos édiles). La baisse des coûts et des prix industriels entrent dans une tendance générale de réduction du poids de l’industrie (la production des biens) dans le total de la création de valeur, la valeur spécifique des biens matériels étant en diminution constante par rapport à la valeur de plus en plus prégnante des services immatériels (associés aux biens). L’industrie au sens strict finira probablement à l’étiage moyen de l’agriculture dans les PIB : tout au plus quelques pourcents.

    Cette tendance est constatée partout dans le monde et la dictature socialiste chinoise ne peut y échapper. Si elle ne change pas rapidement de stratégie, l’usine du monde a du souci à se faire. On se souvient que l’immatériel, les idées foisonnantes, l’intelligence humaine, bref la création de valeur, s’accommodent mal de l’absence de liberté et d’état de droit…

    • Le modèle chinois est sans doute mort en tant que composant « usine » d’un mécanisme mondial.

      C’est beaucoup moins évident qu’en interne à la Chine, il y ait un modèle chinois exposé aux risques. Le « modèle chinois » est un mélange de pragmatisme et de planification, de fermeture d’esprit et d’ouverture instantanée aux idées nouvelles, de respect de la hiérarchie et de système D. Plus on le fréquente, moins on le comprend, mais plus on craint son efficacité.
      Si la tromperie et la corruption n’étaient pas aussi irrépressibles chez les Chinois, nous serions écrabouillés. Comme ce sont les choses que les Français copient le mieux sur eux, nous le serons bientôt néanmoins.
      Comme ils sont restés des siècles sans plus rien inventer, nous les sous-estimons. Mais ces dernières années, l’Occident a inventé Facebook, Twitter et Obamacare. Pas de quoi faire face à la révolution des 75% de jeunes Chinois qui veulent devenir entrepreneurs, qui étudient à l’étranger puis reviennent au pays, et veulent s’enrichir parce que Deng a dit à leurs parents « il est glorieux de s’enrichir ! ». La liberté n’est jamais absolue, celle qu’on a en Occident et qui manque en Chine n’est plus la liberté d’entreprendre, d’innover, de réussir, et de jouir des fruits de ses efforts. Pour celle-là, c’est le contraire…

      • Sauf ambiguïté dans mes propos, j’ai bien parlé du régime chinois, pas des Chinois eux-mêmes. L’Etat n’est pas le pays, encore moins la nation ou la population, que ce soit en Chine ou en France.

        Par ailleurs, je ne vois pas en quoi le développement de l’ancien tiers-monde risquerait de nous écrabouiller. L’économie n’est pas un jeu à somme nulle. Nos immenses difficultés sont dues exclusivement à nos choix politico-économiques stupides, pas à nos concurrents.

    • en chine, les salaires ont augmentés de 30% en 5 ans, l’époque ou l’empire du millieu était l’usine du monde grace à un salaire de base trés inférieur à celui de l’occident est bien fini. de mème, peut on encore parler de gouvernement socialiste en parlant du PCC ? pour moi, c’est un système de parti unique appuyé sur l’armée et sur des affairistes ultralibéraux avec le consentement de la population qui a vu son niveau de vie fortement augmenter depuis 30 ans, une espèce de dictature jacobine qui a cloué le bec à tous ce qui pouvez s’opposer à elle, notement les religions et les syndicats. il y a trés peu d’etat providence, les retraites sont minimes et les solidarités sont encore essentiellement familliale. peut-on parler alors de système socialiste ?
      la chine sans etre parfaite, à de nombreux atouts: contrairement à l’europe, elle représente un système unifié ( pays unique, langue unique, écriture polyvalente ) donc moins sujet au problème de gouvernance, et elle est au coeur de la region la plus dynamique du monde ( l’ouest du pacifique )
      elle peut s’appuyer sur un interland immense ( un peu comme l’allemagne avec les pays de l’est ) pour délocaliser et faire baisser les couts ( regions de l’ouest, asie du sud-est, corée du nord ) et des reserves minières et en terre immenses et peu exploitées en sibérie.
      de plus, dans un monde ou le commerce est roi, les chinois, qui ont un boulier et un tiroir caisse dans la tète, partent avec un avantage certain sur d’autres peuples, sans parler de la diaspora chinoise, présente dans presque tous les pays.
      pour moi, l’amérique n’a cas bien ce tenir.

      au fait, obama n’a pas encore fait peter au levant ?

  • d’aprés mr sorman, l’homme blanc serait intrinsèquement plus intelligent que l’homme noir, ainsi que le jaune ou le gris, qui serait lui, uniquement doué pour inventer des religions de tolèrance !!
    qu’est-ce qu’il ne faut pas lire comme conneries . on croirait entendre gibbon dans le lotus bleu.
    au moyen-age, la civilisation arabo musulmane était en avance sur l’europe, quand à la chine, c’est bien connu qu’avant le décrochage des temps modernes, elle n’avait rien à envier à l’europe en terme d’innovation et d’esprit scientifique.
    l’auteur se fait des illusions sur la prévalence de la démocratie sur les autres systèmes, quand on voit ce que ça donne en france: un peuple de pleurnichard avachis qui ont peur des souris, des microbes et de leur ombre, il ne doit pas etre si parfais que cela.
    a ma connaissance, le japon est le pays qui dépose le plus de brevet par habitant, si la pente actuelle continue, dans 20 ans ce sera la chine.
    c’est le rationnalisme scientifique qui à permit a l’occident de décoller, en d’autre terme, la capacité qu’on eu les ellites à briser le carcan religieux qui interdisait tous ce qui contredisait les évangiles. ce mouvement n’a jamais eu lieu en terre d’islam, d’ou leur retard. en chine la réaction à la pénètration occidentale a d’abord été obscurentiste, d’ou les révoltes moyen-ageuses du 19ième siècle. mais les modernistes l’on emporté, avec l’inévitable erreur communiste. aujourd’hui, débarrassés de ce boulet, on voit bien que c’est cette partie du monde qui est dinamique, et pas l’occident: autour de moi, je ne vois que des gens qui s’accroche à leur privilèges , veulent réapprendre les langues régionales et remettre des calvaires à la croisé des routes. si les français croient que c’est comme cela qu’ils vont résister à la concurence de 2 milliards d’asiatiques, ils se foutent le doigt dans l’oeil !!

  • « C’est, selon lui, parce que la civilisation occidentale est propice aux idées qu’elle aurait initié la croissance mondiale, depuis le dix-huitième siècle : toutes les autres sociétés n’ont fait que suivre, plutôt en recopiant qu’en inspirant. »

    Guy Sorman dit la même chose que Claude Guéant !
    Au bûcher !

    À la question « pourquoi », je propose ceci: L’humilité en matière de certitudes. En avoir le moins possible, mais les bonnes.

    Moins on a de certitudes, plus on est libre d’esprit, plus on est pragmatique.
    Mais il y a un redoutable paradoxe: On ne se protège pas de l’excès de certitudes par le relativisme (=négation de toute certitude), bien au contraire.

    C’est ainsi que nous sommes toujours plus entravés par le dogmatisme socialiste, issu d’une morale puérile (égalitarisme, faux droits…), non pas malgré mais à cause de son relativisme intransigeant.

    Pour réunir des conditions optimales, il faut donc des certitudes solides circonscrites à la morale au sens occidental (chrétien), et la certitude inébranlable que rien d’autre n’est certain.

    Telles ont été les conditions de l’exception occidentale.
    C’est ce qui a (relativement) désarmé obscurantistes, envieux, rapaces et parasites.
    Il faut rétablir les conditions qui prévalaient alors, car ils ont depuis pris le pouvoir.

  • « frilosité devant l’innovation » est un terme faible, en particulier en France, ou le « principe de précaution » a été inscrit (par la droite) dans la constitution. L’émergence d’idées nouvelles n’est possible que dans un environnement où l’entreprise est considérée comme le moteur du développement technologique, lui-même passage obligé de tout réel progrès dans le mieux vivre. Il en est ainsi depuis l’aube de l’humanité et tout a commencé avec la maitrise du feu. Mais pour beaucoup, aujourd’hui, le travail et la libre entreprise ont une consonance très négative. Les médias français ne présentent en permanence que les aspects les plus négatifs de ces derniers. L’école consacre une place démesurée aux luttes ouvrières et aux méfaits du capitalisme, auxquels s’ajoutent maintenant les méfaits du développement économiques sur l’environnement et le climat. la France et l’Europe s’enfoncent inexorablement vers le déclin en réinventant un passé idéalisé par le filtre d’une écologie gauchisante et institutionnalisée.

  • Ne nous trompons pas, les « idées » n’ont aucune valeur sans leur mise en oeuvre !

    Par exemple, la population africaine est globalement bien plus ingénieuse que la nôtre, mais ce qui lui manque, c’est de se structurer en vue de buts communs, soutenus par des capitaux. Le génie reste individuel.

    Notre aventure industrielle a démarré aux siècles des ingénieurs, qui ont relevé des défis extraordinaires, en Europe et ailleurs, dans des conditions parfois extrêmes, et soutenus par des « fortunes » qui y croyaient. Les Etats, à l’époque, se contentaient de tenir le magasin national, sans interférer.

    Puis est venue l’aire des commerciaux. Partant du principe que tout pouvait se fabriquer, la difficulté était de vendre. Là ont commencé les problèmes de prix de revient, des fournitures à meilleurs coûts, à une nécessaire et fructueuse mondialisation, qui profite aussi bien à nos consommateurs qu’au développement des pays fournisseurs.

    Et là, les Etats sont hélas sortis de leurs officines pour intervenir dans tout ! Taxer bien entendu, réguler, multiplier des normes protectionnistes, sophistiquer le système jusqu’à l’irrespirable, se précipiter pour soutenir les canards boiteux en concurrençant en toute déloyauté les entreprises qui s’en sortaient encore.

    Comme dans Tintin chez les Soviet, nos industries ne sont plus que des façades, les choses sérieuses se passant ailleurs. Le pire, c’est que les services à leur tour ne peuvent atteindre une certaine échelle qu’en sortant de leurs frontières, et se résumeront sans doute bientôt à une vague disstribution de lait ou de journaux.

    • « la population africaine est globalement bien plus ingénieuse que la nôtre » : bof ! L’expérience montre que la proportion de personnes intelligentes (et par conséquent d’abrutis) est remarquablement homogène autour de la planète. Ce qui différencie les pays est la propension de certains d’entre eux à laisser les attardés mentaux prendre le pouvoir (ici, toute allusion à la France n’est évidemment pas fortuite).

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