Bono : le capitalisme entrepreneurial pour l’Afrique

Le légendaire chanteur du groupe U2 reconnaît que les vrais remèdes à la pauvreté sont « le commerce et le capitalisme entrepreneurial ».

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Bono : le capitalisme entrepreneurial pour l’Afrique

Publié le 16 juillet 2013
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Le légendaire chanteur du groupe U2 reconnaît que les vrais remèdes à la pauvreté sont « le commerce et le capitalisme entrepreneurial ».

Par Emmanuel Martin.
Un article de LibreAfrique.

« Une rockstar qui prêche le capitalisme… Oh la la… Parfois je m’entends et je ne peux pas le croire ! »

Et pourtant… Bono l’a bien dit ! Après avoir prêché et organisé pendant des années l’aide internationale pour tenter de solutionner les problèmes de développement… Aujourd’hui le chanteur du groupe de rock mythique irlandais U2, a, à plusieurs reprises reconnu que les vrais remèdes à la pauvreté sont « le commerce et le capitalisme entrepreneurial ». L’aide ne serait qu’une « solution de dépannage »…

Ce témoignage est important. Il démontre que même les artistes à l’idéologie parfois utopiste et officiellement « anti-matérialiste » peuvent un jour comprendre les mécanismes de l’économie et du développement.

 

Un curieux mépris

À vrai dire, il est curieux que, traditionnellement, les artistes vouent le capitalisme entrepreneurial aux gémonies.

Après tout, ils font partie de ceux qui bénéficient le plus du « capitalisme entrepreneurial ». Leur équipement musical, de leurs guitares électriques à leurs micros, en passant par leurs amplificateurs, tout est le produit du travail de milliers d’entrepreneurs besogneux, évoluant dans un système « capitaliste ». Comme Léo Fender, un des inventeurs de la guitare électrique, dont le célèbre modèle Stratocaster a fait justement le son légendaire de U2, et de tant d’autres groupes et artistes, de Jimi Hendrix à Dire Straits en passant par Eric Clapton ou David Gilmour. Qu’on pense au son typique de la rythmique du zouk ou de la funk music ! Sans le capitalisme entrepreneurial, tous ces artistes et genres n’auraient tout simplement pas pu obtenir leur son et l’inspiration qui vient avec.

Sans le capitalisme entrepreneurial et le business planétaire qu’il permet, ils n’auraient pas pu devenir millionnaires ou milliardaires… et pouvoir ensuite exercer leur charité et partager leurs profits avec les pauvres de la planète pour faire avancer la cause de la lutte contre la misère.

Enfin et surtout, la liberté qui est véhiculée par le capitalisme entrepreneurial, le processus patient de collaboration, d’inspiration, d’innovation, de créativité… est en réalité l’essence même d’une autre activité humaine : l’art lui-même.

À l’aune de cette réflexion, la position des artistes paraît d’une stupéfiante incohérence. Il est heureux que parfois, certains, comme Bono, réalisent leur impasse idéologique.

 

Entrepreneurs africains

La nouvelle profession de foi du célèbre chanteur dans son engagement pour l’Afrique peut donc se résumer ainsi, selon ses propres mots :

« Pour traiter la pauvreté ici et autour de la planète, l’aide sociale et l’aide au développement ne sont que des emplâtres. Le remède, c’est la libre entreprise. »

Mais si la libre entreprise est traditionnelle dans la pratique des Africains, comme en témoignent les millions d’échoppes qui bordent les routes du continent, elle l’est nettement moins dans les cercles du pouvoir politique, constitués par une élite généralement formée au centralisme et à l’étatisme français ou soviétique. Comme en France ou en URSS, la compréhension du lien crucial entre climat des affaires et essor entrepreneurial effleure à peine l’esprit des dirigeants.

Il est vrai que c’est aussi bien souvent le dernier de leur souci, tout occupés qu’ils sont à faire fructifier leurs affaires, en empêchant les autres d’en faire autant. C’est que le capitalisme entrepreneurial africain est étouffé par le « capitalisme de copinage », celui des connexions politiques, des monopoles, des protections, de la corruption et du favoritisme – d’ailleurs trop souvent encouragés par les grandes puissances « amies » qui cherchent à s’attirer les faveurs des potentats locaux pour obtenir telle ou telle concession, tel ou tel marché pour leurs grandes entreprises.

Bono reconnaît que l’aide internationale ne résoud pas grand-chose. Elle a, dans l’ensemble, échoué pour des questions à la fois d’incitations perverses et de manque de « connaissance » des donateurs et de leur « industrie de l’aide » d’un côté et des récipiendaires, hommes et bureaucraties au pouvoir, de l’autre. De Graham Hancock et ses « nababs de la pauvreté » à William Easterly et son « fardeau de l’homme blanc », la problématique a été assez bien traitée pour comprendre les mécanismes de ce relatif échec.

Quoi qu’il en soit, Bono Vox l’a bien annoncé : « L’entrepreneuriat est la voie la plus sûre vers le développement ».

La voix qui prône la bonne voie…

On peut trouver les différentes déclaration de Bono ici : http://www.inquisitr.com/428836/bono-only-capitalism-can-end-poverty-video/


Sur le web.

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  • Désolé mais les Africains que je connais utilisent « résoudre » au lieu du barbarisme « solutionner »

    • Et ils ont raison. Et nous avons corrigé. Il paraît que solutionner est désormais dans le dictionnaire, et chacun décidera de ce que ça nous dit sur le dictionnaire.

    • Non, ce n’est en rien un barbarisme, cela fait plus de 100 ans que ce mot est utilisé dans la langue française.

      • Vous voudrez bien en informer l’académie française qui semble ignorer ce point…

        • En fait, je me suis trompé : cela fait au moins 2 siècles que le mot est utilisé dans la langue française.

          Quelques exemples :

          1814 (soit 200 ans) : « J’ai cherché aussi à montrer, par quelques exemples, les meilleures façons d’attaquer le problème et les méthodes à employer pour le solutionner. » — (Jean d’Eraines, Le problème des origines et des migrations, 1814)

          1895 : « Par la raison toute simple qu’il y a eu une solution véritable, une solution effective, et que, dans les affaires, ce n’est pas l’idéal qu’il faut viser, c’est l’amélioration, le progrès. Il faut solutionner, selon le mot de Gambetta. J’ai solutionné cette question dans les conditions que je vous ai énumérées. » — (Annales: Documents parlementaires, Volume 46, Chambre des députés, 1895)

          1910 (soit 100 ans) : « Cette statistique ne porte que sur les conflits déclarés et non sur ceux qui ont pu se solutionner à l’amiable, avant la crise de cessation de travail. » — (Émile Pouget, La Confédération Générale du Travail, 1910)

          1929 : « La jetée pleine qui doit briser la lame dans toute sa hauteur présente des difficultés particulières que seule l’étude des circonstances locales permet de solutionner » (Bourde,Trav. publ., 1929)

      • Il faut avoir ses guerres picrocholines comme résoudre/solutionner ou « au jour d’aujourd’hui » comme superpléonasme.

  • Oui, le verbe « solutionner » fait parti de la novlangue libérale.

    • En tout cas, ici, nous luttons contre.

    • cf. le commentaire de Raphaël Marfaux

      1910 (soit 100 ans) : « Cette statistique ne porte que sur les conflits déclarés et non sur ceux qui ont pu se SOLUTIONNER à l’amiable, avant la crise de cessation de travail. » — (Émile Pouget, La Confédération Générale du Travail, 1910)

      Bon, maintenant, tu peux aller te pendre.

  • Résoudre serait une traduction plus heureuse que solutionner (premier paragraphe)

    Sinon les articles de l’association libreafrique m’ont tous beaucoup plus jusqu’à présent, merci et continuez!

  • Ca tombe bien… Bono sera aujourd’hui le Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Et sans doute pourra-t-il parler entrepreneuriat avec François Hollande ?
    Merci à Benj pour ses encouragements.
    Solutionner, résoudre… il y a le choix, c’est ça qui compte.

  • Article fondateur comme la prise de position dont elle parle. Mais là où je ne suis pas d’accord avec vous et tiens à vous préciser certains détails à ce sujet, c’est qu’il y a des milliers d’artistes qui sont pour l’entreprise et le capitalisme, et vos exemples manufacturiers de fabricants d’instruments comme des productions et éditions musicales sont justes et éloquents (même que les artistes de gauche sont eux-mêmes producteurs selon l’adage « le coeur à gauche et le portefeuille à droite »), mais que le artistes justes un peu lucides à ce sujet (ceux qui ne votent pas à gauche) sont éliminés des critères des producteurs (par simples QCM et discussions), car suivant ces critères auto-proclamés du monde artistique artiste = gauche. Donc, tous les artistes ne sont pas de gauche, bien au contraire, mais faire connaître ses opinions (de droite ou plus simplement capitalistiques ou entrepreuneuriales) sont des critères d’exclusion immédiats. Droite veut dire extrême droite, vous comprenez, l’amalgame dans la tête d’un chanteur névrosé de gauche est immédiat (voir Cali qui voulait interdire toute parole de droite sur une chaîne publique). Vous leur répondez Pacte Germano Soviétique = communisme et socialisme (national de préférence) et là vous êtes mort. Vous pouvez pointer au chômage. La CGT, le PS et le PC dominent toutes les opinions de ces métiers, elles y font le tri et la sélection, bien avant les critè-res artistiques, malgré les 17 shoahs au compteur qui ne les gênent pas du tout, car c’est toujours bien porté d’être de gauche. Malgré le fait que Léo Ferré ait dit : « La gauche, l’antichambre du fascisme. » Ce que tout le monde sait, la preuve dans ces métiers, idem à la télévision et à la radio publique française. Avoir des opinions de droite est formellement déconseillé pour y faire carrière. Allez dire à un chanteur gauchiste (95%) qu’il cautionne tous les crimes contre l’humanité du XXè siècle à mettre au bilan du socialisme, du communisme, du maoïsme, non seulement il se fout de votre gueule et appelle tous ses copains pour tuer votre carrière, même si vous avez beaucoup mais beaucoup plus de talent artistique que lui (la première chose qui les gène), non seulement vous n’avez plus de travail et d’amis dans la profession ce qui revient au même in fine, mais en plus il vous faudra changer de métier alors que vous avez suivi cette formation depuis votre jeunesse, alors que souvent ce sale-timbanque gauchiste ne doit sa position et son succès qu’à son copinage idéologique. Voilà la réalité du monde des arts aujourd’hui, dans la musique en particulier. Cela fait longtemps que les critères artistiques purs ont déserté les productions. Cela fait longtemps que les arts de la musique (les autres aussi) sont propriété de la gauche. Une association objective de soviets suprêmes, en fait ! Pour réussir dans la musique : gratter un peu, chanter pas trop mal, avoir sa carte du parti, le dire haut et fort à tout le monde, participer à toutes les manifestations gauchistes bien pensantes et le faire savoir et soutenir le bon candidat à l’Elysée. Si vous donnez votre vote à un homme politique de droite républicaine ou simplement de centre droit et le clamez haut et fort, vous pouvez fermer votre boutique, vous n’aurez plus de travail et personne ne voudra plus se compromettre avec vous. Si vous donnez votre vote à des formations de gauche et d’extrême gauche, des formations qui cautionnent ouvertement donc les crimes contre l’humanité du communisme et du socialisme du XXème siècle, ( 17 shoahs je me permets de le rappeler ), là, vous vous faites des copains, pleins de copains, pleins de petits commissaires politiques qui vous présentent aux huiles et vous adoubent. Vous n’avez que votre talent et vous êtes de droite. Le pouce se renverse vers le bas. Mais attention, depuis que Bono a parlé, icône internationale, les langues vont se délier, ils vont tous devenir capitaliste. Car ce qu’on a oublié aussi, si le chef de meute dit blanc et que c’est dans l’air du temps, « la gauche aimant les entreprises » « comme chacun sait », la meute dit blanc. De vulgaires suiveurs en fait ! «Le vent tourne, donc le business va tourner aussi, il ne faut pas être largué.» Cela va être marrant à voir les réactions des «seulement intéressés par le bruit du tiroir caisse», par exemple les sportifs reconvertis qui se prennent pour des artistes, ceux qui ne raterait en aucun cas une réunion publique charity business car c’est là que ce font les meilleurs plans médias…

  • La chose qui me fait le plus plaisir et qui transparait dans votre article, c’est de voir le nombre de gens qui initialement ont une approche « non-libérale » arrivent finalement après des années de tergiversation à une approche « pro-libérale ». En revanche, je ne vois pas beaucoup de personne « pro-libérale » passer à une réflexion « non-libérale ».

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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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