L’Afrique et les médias occidentaux : quel traitement ?

L’Occident pousse l’histoire d’une Afrique dépendante de l’aide internationale, à mille lieues de la réalité.

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L’Afrique et les médias occidentaux : quel traitement ?

Publié le 8 juillet 2013
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L’Occident pousse l’histoire d’une Afrique dépendante de l’aide, mais la réalité du continent montre que les africains gagneraient à profiter de l’échange international.

Par Japheth Omojuwa.
Un article de Libre Afrique.

L’Afrique se retrouve bien souvent dans les nouvelles en Occident seulement quand elle rentre dans la case qui a été créée pour elle ou quand cela correspond à un ordre du jour occidental. Un journaliste britannique chevronné a pu déclarer lors d’un atelier des journalistes à Abuja que l’ont parle du Nigeria dans les médias britanniques seulement quand il s’agit de mauvaises nouvelles. Il n’y aurait donc pas de bonnes nouvelles en provenance du Nigeria ?

Fin juin sur France 24 tout ce qu’on pouvait voir, c’était le « criminel » Uhuru Kenyatta qui échappait au procès à la Haye et la « crise » au Togo. Ces deux nouvelles rentrent dans la case traditionnelle d’un «peuple incapable de bien faire par lui-même sans un coup de main ».

L’Occident pousse l’histoire d’une Afrique dépendante qui continue d’avoir besoin de l’aide, mais la réalité du continent montre que les africains gagneraient à profiter de l’échange international.

À continuer à enfermer l’Afrique dans cette case étriquée de l’aide étrangère, de la pauvreté, des maladies, des dictateurs criminels, de la famine etc., les citoyens de l’hémisphère Nord sont privés de l’expérience réelle de l’Afrique : un continent qui est en passe de changer et d’évoluer comme la dernière frontière du monde en développement. Ils ne sauront pas que le changement déferle sur le continent et que le ce dernier se lève rapidement, au-delà des stéréotypes et des ordres du jour occidentaux.

Aujourd’hui, on trouve des programmes spéciaux sur les principales plates-formes d’information, dédiés au progrès en Afrique par exemple, African Voices (Voix africaines) de CNN et African Dream (Rêve africain) de la BBC, une série sur les entrepreneurs africains à succès.

En dépit de cela, les Kényans ont dû créer #SomeoneTellCNN sur les médias sociaux pour remettre les pendules à l’heure face à un flash d’actualités alarmant sur CNN relativement à une (inexistante) « Violence au Kenya ».

Autre exemple : le documentaire de la BBC Welcome to Lagos (Bienvenue à Lagos) dépeignait une micro-réalité sordide de la vie à Lagos, mais en la présentant comme la norme. Il serait juste d’avoir une suite décrivant une ville qui monte.

Cela dit, généraliser en labellisant quelques plateformes médiatiques « médias occidentaux » est aussi injuste qu’une généralisation de 54 pays en une seule réalité.

Quels reportages pourraient être produits par les journalistes africains eux-mêmes pour que des nouvelles plus positives parviennent en Europe ou aux USA ?

Ce n’est pas tant le reportage lui-même qui compte que le chemin qu’il prend pour arriver en occident. Il existe de nombreux reportages d’Afrique qui reflètent un continent en mouvement, mais la plupart d’entre eux resteront limités à des auditoires africains.

Il y a une population croissante de jeunes en Afrique qui commencent à montrer un intérêt dans la politique et la gouvernance.

De plus en plus de Nigérians retournent au pays parce que, contrairement à avant, leur patrie, dans certains cas, offre bien davantage de promesses que les anciens « verts pâturages » qu’ils cherchaient à l’étranger.

La diaspora africaine a transféré 60 milliards de dollars au continent en 2012. Il doit certainement y avoir une histoire à raconter sur la façon dont ces sommes ont été gagnées. Générer 60 milliards de dollars doit avoir nécessité beaucoup d’activités productives à la diaspora d’un continent soi-disant pauvre, surtout quand il coûte plus cher d’envoyer de l’argent en Afrique que partout ailleurs dans le monde.

40% des Africains vivent dans des centres urbains. Ce chiffre est de 45% en Chine et 30% en Inde. Cela montre qu’une classe moyenne est effectivement en pleine croissance (qui attire les investissements dans les biens de consommation et les biens de plus en plus luxueux).

De plus en plus l’Afrique profite de la culture de l’Afrique. Dans certains pays africains, les films nigérians sont plus populaires que les films hollywoodiens. Ce n’était pas le cas avant.

Les maladies et la pauvreté ne sont plus la norme. Il y a encore de la faim, comme il y a aussi de la prospérité. Il nous faut donc un « histoire » équilibrée qui raconte toute l’expérience de l’Afrique, plutôt qu’une expérience trop déséquilibrée vers la gauche ou vers la droite.

On ne peut vraiment connaître l’Afrique tant qu’on ne l’a pas vue et rencontrée par soi-même. Tant que nous ne verrons pas l’Afrique à travers les yeux des Africains, nous continuerons à subir l’illusion de la vraie Afrique.

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  • merci a l »équipe de contrepoint de relever le niveau des médias grâce a ce type d’article qui donne une bien meilleure vision du monde.

    j’en aie marre aussi qu’a chaque fois que l’on me parle de l’Afrique on me présente l’écolo du coin qui s’oppose a l’ouverture d’une mine ou encore que le journaliste de France 5 se REJOUISSE que l’on aie exproprier 10 000 paysans Kenya pour laisser repousser la foret.

  • L’idéologie africaine et maghrébine est profondément communiste. Une fois en France ils votent massivement à gauche. Et il n’est pas rare d’entendre un africain vous dire « les blancs ils on toujours de l’argent, même quand ils disent le contraire ».

    Il faut donc couper les aides pour les aider.

  • La presse a deux types de reportages sur l’Afrique :

    – ceux réalisés dans leurs confortables bureaux européens, se fondant sur un fait ou l’autre, pour construire une image sans aucun rapport avec la réalité ;

    – les « grands reporters » que j’ai vus à l’oeuvre : ils obtiennent un budget, débarquent dans un hôtel avec clim et piscine et soupirent d’aise. Le lendemain, ils mettent à tout hasard une tenue genre DaKtary, se font prendre en 4 x 4 (mieux pour les photos) font un petit tour en ville en ne s’intéressant qu’au lépreux : plus c’est moche, plus ils aiment (photos) . Sieste et piscine …

    Encore un glass avec un opposant déblatéreur dont on pourra toujours enjoliver les propos, et hop, c’est dans la boite !

    C’est sur les « témoignages » de ces clowns que l’Occident construit ses certitudes …

  • Je suis désolé de le dire Madame Langlois et surtout que comparaison n’est pas raison …J’ai beaucoup de respect pour le travail que vous faites en tant que journaliste. Cependant ce que vous écrivez ici sur l’ébola semble être un son de cloche différent de ce que vos collègues dans le media de façons générales disent ou font croire sur le monde en générale et l’Afrique en particulier. La force des médias n’est pas à sous-estimer. Ce sont les médias qui donnent le pouls de la situation partout dans le monde (le troisième pouvoir comme on aime bien le dire). Ce que les médias disent est repris comme vérité d’évangile. Dieu seul sait comment les médias dits occidentaux traitent les nouvelles du continent africain. On ne parle que de ce qui ne va pas en enfermant ce beau continent dans une case étriquée de l’aide étrangère, de la pauvreté, des maladies, des dictateurs criminels, de la famine etc. la liste négative est longue. Et pourtant il y a de bons coups en Afrique, les citoyens de l’hémisphère nord sont privés de l’expérience réelle de l’Afrique. Tous les indicateurs démontrent que le continent est en pleine essor. Il y a une pléthore de bonnes nouvelles qui passent volontairement sous silence comme si on voulait que l’Afrique soit un continent condamné (à mort? Ou à tort?). Si la misère et la sécurité disparaissaient de moitié aujourd’hui, l’Afrique serait presqu’un ‘paradis sur terre’ au-delà des stéréotypes et des ordres du jour occidentaux. J’y aie vécu et je sais de quoi je parle. Comment peut-on généraliser et cela de façon injuste, la réalité de 54 pays en une seule réalité? Selon Japhet Omojuwa dans son article ‘Libre Afrque’, ‘’40% des Africains vivent dans des centres urbains. Ce chiffre est de 45% en Chine et 30% en Inde. Cela montre qu’une classe moyenne est effectivement en pleine croissance (qui attire les investissements dans les biens de consommation et les services). De plus en plus l’Afrique profite de la culture de l’Afrique. Dans certains pays africains, les films nigérians sont plus populaires que les films hollywoodiens. Ce n’était pas le cas avant. Les maladies et la pauvreté ne sont plus la norme. Il y a encore de la faim, comme il y a aussi de la prospérité. Il nous faut donc une « histoire » équilibrée qui raconte toute l’expérience de l’Afrique, plutôt qu’une expérience trop déséquilibrée vers la gauche ou vers la droite.’’ En conclusion je vous dirai que c’est vrai que les premiers responsables de la psychose que créée ébola ce sont les médias mais il n’y a rien de surprenant quand on lit les lignes au-dessus…Ce n’est que la suite logique de ce qui se fait depuis des années. À quand le changement de regard sur l’Afrique ? Cette Afrique dont on a besoin pour nos cellulaires, ordinateurs, voitures, télévisions etc. Mais que l’on humilie une fois qu’on servit, un peu comme un mouchoir qui ne sert plus à rien et qu’on jette à la poubelle après l’avoir souillé avec nos fluides ou liquides corporelles…
    Vivement, que le regard sur l’Afrique change et vous en tant que médias avez une grande part de responsabilité dans ce changement.
    L’Afrique réussira tôt ou tard. Je reste optimiste.
    Merci.

    Kapy

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