Comment Obama peut vraiment aider l’Afrique

Barack Obama, en déplacement en Afrique, veut aider le continent noir. Mais a-t-il les bons outils pour le faire ?

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Comment Obama peut vraiment aider l’Afrique

Publié le 1 juillet 2013
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Barack Obama, en déplacement en Afrique, veut aider le continent noir. Mais a-t-il les bons outils pour le faire ?

Par Obadias Ndaba et Joseph Rubagumy.
Un article de Libre Afrique.

Le Président américain Barack Obama est actuellement en visite de 8 jours en Afrique, avec des arrêts prévus dans trois pays: Sénégal, Afrique du Sud et Tanzanie. Les trois pays ont récemment reçu la visite des dirigeants chinois. Coïncidence ou pas, il se développe une concurrence d’influence entre les États-Unis et la Chine en Afrique. L’Afrique est la source de diverses matières premières pour de nombreuses industries, et les Etats-Unis s’inquiètent de leur retard relativement aux progrès de la Chine en Afrique. Le commerce de la Chine avec l’Afrique a été évalué à 200 milliards de dollars en 2012, selon les chiffres officiels chinois. Le commerce entre l’Amérique et l’Afrique était de 95 milliards de dollars en 2011, selon le bureau du Représentant américain au commerce.

Cela a conduit certains experts africains à labelliser la visite d’Obama de tentative de « rattrapage » avec la Chine. Nous savons ce que la Chine veut en Afrique, ce que l’Amérique veut en Afrique, et ce que l’Europe et d’autres veulent en Afrique. Mais, qu’attend l’Afrique de ses partenaires? Personne ne semble se soucier de poser cette question, pas même en Afrique.

La visite d’Obama cette semaine doit aller au-delà grands projets d’aide et de longues leçons sur les « institutions démocratiques » et les « droits de l’homme » dont l’Afrique a pris l’habitude- et parler affaires et ouverture des marchés mondiaux pour un large éventail de produits africains. Il y a de solides raisons pour soutenir que la prospérité économique pourrait bien être le fondement de la démocratie. Et pas l’inverse.

La Policy Directive d’Obama pour l’Afrique sub-saharienne ayant pour but de stimuler la « croissance économique, le commerce et l’investissement » sonne bien en théorie. Mais, dans la pratique elle reste encore énigmatique. Pas étonnant que l’euphorie qui avait suivi son élection en 2008 en Afrique soit retombée. Voici deux façons dont M. Obama pourrait s’engager auprès de l’Afrique, ou plutôt, de commercer avec l’Afrique:

Aider à rendre les marchés mondiaux plus équitables

La Banque mondiale estimait il y a une dizaine d’années qu’un accord pour ouvrir les marchés mondiaux pourrait générer plus de 60 milliards de dollars par an pour les pays en développement, aidant à tirer des millions de gens de l’extrême pauvreté et à mettre fin à la crise alimentaire dans les pays pauvres en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires.L’étude met en évidence le coût de 300 milliards de dollars de subventions aux agriculteurs dans les pays riches, qui équivaudrait à six fois le total de l’aide accordée aux pays en développement. Les statistiques actuelles sont difficiles à trouver, mais ce chiffre doit être plus élevé.

Ces subventions compromettent gravement la capacité de l’Afrique à exporter ses produits pour concourir sur le marché mondial. Dans de nombreux pays membres de l’Organisation decoopération et de développement économiques (OCDE), un club de pays riches, l’agriculture emploie moins de 3% de la population, mais une vache européenne est subventionnée 2,20 dollars par jour, soit plus du double que ce que touchent les 1,2 milliard de pauvres qui survivent avec un dollar par jour…

L’Afrique abrite plus de 1 milliard de personnes dont 70 pour cent gagnent leur revenu du secteur agricole. Alors que le continent dispose d’opportunités de développement importantes,aucune ne touche à l’agriculture, qui contribue pour près de 32 pour cent à son PIB selon la Banque mondiale.

Malgré le cycle de négociations de Doha de l’OMC visant à libéraliser les marchés mondiaux, les pays riches ont continuellement protégé et augmenté les revenus de leurs agriculteurs, audétriment de prix justes qui aideraient grandement à éradiquer l’extrême pauvreté dans les pays les plus pauvres du monde.

Étendre l’AGOA et établir des accords de libre-échange

L’African Growth and Opportunity Act (AGOA), l’initiative de Bill Clinton pour l’Afrique, vient à échéance en Septembre 2015 et devrait être renouvelé. L’Afrique du Sud et le Kenya, font déjà pression sur le gouvernement américain pour son renouvellement. Mais il y a plus important : une nouvelle étape est nécessaire pour entamer des accords commerciaux possibles avec les pays africains, individuellement ou par blocs économiques régionaux.

Depuis 1985, les États-Unis se sont activement engagés dans les accords de libre-échange (ALE) avec des pays de tous les continents du Chili à la Chine, de l’Espagne à Singapour. Les données du représentant au commerce des États-Unis montrent que non seulement les blocs de libre échange permettent aux pays de prospérer et de réduire considérablement la pauvreté extrême, mais aussi que les États-Unis ont gagné de nouveaux marchés pour les produits américains et des produits moins chers pour leurs consommateurs. Par exemple, en 2009 Israël, le premier pays à signer un ALE avec les États-Unis, a vu ses exportations vers les États-Unis générer 18,3 milliards de dollars pour des importations de 9,3 milliards de dollars.

L’ALE établi en 2004 entre Singapour et les États-Unis a généré 37 milliards de dollars en exportations américaines et 15,4 milliards de dollars en importations. Un tel ALE entre deux blocs (USA-Afrique pour faire simple) favoriserait la stabilité politique, la propagation de la valeur de la liberté et de l’état de droit, ainsi que le développement économique. Le PIB actuel de l’Afrique est estimé à 2000 milliards de dollars, à égalité avec le Brésil, et devrait atteindre 29 000 milliards en 2050 – plus que les économies des États-Unis et la zone euro combinées aujourd’hui.

Si Obama est « engagé » pour le développement africain, l’effort doit être dirigé en faveur d’un commerce mondial avec les mêmes règles pour tous et qui nous enrichit tous. Dans ce nouveau monde globalisé, nous sommes confrontés à divers problèmes au-delà des frontières de chaque pays. Les problèmes mondiaux tels que la pauvreté extrême appellent une responsabilité partagée et de l’équité.

Aujourd’hui, le verrouillage du Congrès américain a un impact direct sur les petites villes et villages des pays en développement. Dans ce monde interconnecté, les deux blocs n’ont jamais eu tant besoin l’un de l’autre, et en établissant une zone de libre-échange avec l’Afrique – ou avec les pays africains – les avantages tangibles en résultant sont les plus susceptibles d’aider les Américains et les pauvres dans les pays africains. La suppression des obstacles au commerce – notamment les tarifs douaniers, les quotas et l’entrée simplifiée des produits agricoles africains aux États-Unis – fourniraient aux marchés américains des produits bio bon marché et les exportations américaines vers l’Afrique augmenteraient pour créer des emplois américains.

Donc, si le Président Obama veut aider ces gens qui taperont sur des tamtams en portant d’épaisses tenues traditionnelles lors de journées chaudes et ensoleillées afin que son voyage en Afrique reste mémorable, rendre les marchés mondiaux plus équitables et ouvrir le marché américain aux produits africains serait un pas dans la bonne direction.

Sur le web – Cet article est paru initialement en anglais sur le site du Huffington Post.

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  • Absolument pertinent, pour qui connait l’Afrique, mais peu à la mode.

    Nous sommes noyés par les couinements protectionnistes dans nos pays riches, les africains ne doivent pas se plaindre puisque quelques ONG acheminent quelques breloques ignoblement subventionnées et qui ne profitent qu’à quelques producteur au détriment de leurs voisins, bref, ce que réclame l’article, c’est du fait play commercial, quand les « oxydentaux » en sont encore au trafic de verroterie.

  • Comme si nos amis africains étaient incapables de se débrouiller par eux-mêmes…Laissez-faire laisser passer devrait être à la base de toute politique de développement…Mais on préfère « l’aide fatale »…

  • Les commentaires sont fermés.

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