Décroître ou être décru ?

Les décroissants prosélytes sont certains d’atteindre le nirvana en détricotant tranquillement jour après jour l’écheveau du développement industriel. Ont-ils raison ?

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Décroître ou être décru ?

Publié le 16 mai 2013
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Les décroissants prosélytes sont certains d’atteindre le nirvana en détricotant tranquillement jour après jour l’écheveau du développement industriel. Ont-ils raison ?

Par Christian Laurut.

Les fidèles de la religion croissante jouissent d’une sérénité morale plus grande que les agnostiques des lendemains durables et plus grande encore que les zélateurs convaincus de la réduction de la voilure économique.  Pour ces derniers, les paradoxes se mêlent aux confusions et les incertitudes s’additionnent aux contradictions, si l’on excepte bien entendu les plus cyniques qui ont fait de ce thème devenu tendance un véritable fonds de commerce capitaliste.

La décroissance est un terme qui, pourtant, présente l’avantage d’être facilement compréhensible par tout un chacun, dans le sens où il signifie l’antithèse d’un concept archi-rabâché, rebattu, ressassé, seriné et présenté comme la condition « sine qua non » de l’accès au mode de vie idéal de la civilisation post-industrielle. Bref, la décroissance, tout le monde comprend grosso modo ce que cela veut dire, à savoir, la diminution globale du nombre de biens mis en circulation dans le circuit marchand, assorti d’une réduction plus importante, voire une disparition, des biens jugés inutiles, futiles, et superflus. Sur le fond, les gens ne sont pas hostiles à cette vision prospectiviste du devenir de leurs choses, mais dans la réalité immédiate (qui, se renouvelant chaque jour à l’identique, devient en fait une réalité durable), montrent qu’ils ont d’autres chats à fouetter ainsi que l’indique un récent sondage dans lequel 80% des personnes se disent convaincues qu’il faudra bientôt changer de mode de vie, mais seulement 20% se disent prêtes à en changer ! On ne peut donc pas dire qu’en ce qui concerne la configuration de l’avenir, la confiance règne… Mais de là à anticiper quoi que ce soit, il y a un précipice que la pratique du quotidien se charge de combler jour après jour. Reste tout de même 20% des sondés qui affichent une tranquillité paisible en l’avenir et qui croient dur comme le fer (qui va pourtant être épuisé aux environs de 2087) que le progrès technique va perdurer indéfiniment et venir pallier tous les assèchements. Ces derniers ont, en tous cas, le mérite de la cohérence intellectuelle et doivent être considérés avec respect car ils ont su mettre leur comportement en adéquation avec leurs convictions, ce qui est loin d’être le cas pour la plupart de ceux qui pataugent dans le marécage de l’idéologie décroissante.

À cette catégorie remarquable, il convient d’ajouter les « décroissants technocrates » (MM. Jancovici, Grandjean, Hulot & consorts) qui, bien que développant un discours situé aux antipodes de celui des croissants militants, alignent toutefois leur pensée sur leur activité professionnelle en dégageant une source de revenu substantiel d’un concept de résilience qui, habilement conçu et lancé d’un point de vue marketing, trouve un écho favorable auprès du marché, d’autant plus qu’il est adoubé par l’État complice.

Pour ces gens-là, la vie est un long fleuve générateur d’actions renouvelables, peu importe la couleur du business, qu’il soit bleu, blanc, rouge ou vert, pourvu qu’ils en retirent l’ivresse de la partie gauche du compte de résultat. Il nous faut donc les laisser en paix car il est désobligeant de déranger des gens qui travaillent, même si le socle de leur labeur nous disconvient. La tolérance est la première vertu de l’homme libre et responsable, la seconde étant de s’occuper de ses affaires sans se soucier de la cuisine d’autrui.

En réalité, le débat sur la Décroissance peut varier en fonction d’un certain nombre de paramètres qui, s’ils sont changés, retournent les questions en sens inverse. Prenons par exemple le paramètre « pourquoi » : ceux qui pensent que la décroissance doit s’installer parce que la croissance est néfaste à l’homme préconiseront nécessairement des actions inverses de ceux qui pensent qu’elle est inéluctable pour des raisons géologiques. Prenons ensuite le paramètre «  » : ceux qui pensent que la décroissance doit s’installer dans tous les secteurs d’activité préconiseront nécessairement des actions inverses de ceux qui pensent qu’elle ne doit s’appliquer que dans certains domaines. Prenons encore le paramètre « quand » : ceux qui pensent que la décroissance doit s’installer maintenant et tout de suite préconiseront nécessairement des actions inverses de ceux qui pensent qu’il faut profiter du bon temps avant que le ciel ne nous tombe sur la tête, etc., etc.

Cette intéressante inversion du raisonnement imprègne même, et sans doute à leur corps défendant, certains idéologues parmi les plus sympathiques de la cause réductionniste. C’est ainsi que le journal La Décroissance, bréviaire mensuel des bobos en mal de déplétion, s’auto-intitule « le journal de la joie de vivre » et serine à longueur d’articles le slogan fédérateur « moins de biens plus de liens », sans se rendre compte qu’il enfonce des portes ouvertes d’un demi-siècle, car tout le monde sait bien depuis mai 68 qu’aller décroître dans une ferme du Larzac, c’est gagner le droit à la joie de vivre et que remplacer les soirées  TVfilms par des castagnades au feu de bois avec les paysans du coin, c’est « diminuer les biens et augmenter les liens ». Ce journal, ainsi que toute la mouvance déterministe qui l’entoure redécouvre donc l’eau chaude bucolique et le fil à couper le beurre artisanal que bien d’autres utilisent déjà depuis belle lurette. Leurs ritournelles réchauffées sur les méfaits de la société de consommation semblent issues d’une redécouverte tardive de Jean Baudrillard et témoignent du grand nombre d’omnibus précédents qu’ils n’ont pas dû prendre. Car nous n’avons pas attendu M. Ariès qui avait tout juste neuf ans quand les pavés volaient rue Gay Lussac, ni M. Cheynet qui en avait deux, pour nous expliquer comment vivre en marge de la société spectaculaire-marchande, bien que nous leur sachions gré d’y souscrire à retardement. Car notre civilisation industrielle n’est pas si tyrannique que cela avec les âmes bien nées et n’empêche aucun quidam de vivre sans gaspiller ni outre-consommer. De plus, et contrairement à l’axiome de cette catégorie de décroissants, il est manifeste que nombre de citoyens croissants cultivent une savoureuse joie de vivre et qu’ils tissent une multitude de liens, via notamment les réseaux sociaux, malgré leur sale manie de collectionner une foultitude de biens.

Tout comme les écologistes, ces décroissants flirtent dangereusement avec le péché de certitude dans un monde connu pourtant pour être fait du contraire, et gagneraient en vertu à s’appliquer leurs principes en priorité à eux-même (en prouvant notamment leur mode de vie frugal) plutôt que de vouloir l’imposer par force, ou même par un harcèlement persuasif, à des individus qui, non inversement, ne les obligent nullement à croître de concert avec eux.  En un mot ces gens-là aussi, tout comme leurs faux ennemis écologistes, sont tout près de croire qu’ils détiennent la Vérité-Sur-La-Terre et que ce sont les autres qui, comme dirait Sartre, les font vivre dans un enfer.

Les décroissants militants, idéologues, économistes, philosophes ou charlatans mercantiles toutes chapelles et sectes confondues s’accordent toutefois sur un point au moins, celui de conseiller à leur prochain d’économiser les ressources fossiles et minérales, ce qui tend à prouver qu’ils ont des notions à peu près acceptables en géologie, mais une vision particulièrement absconse de la géopolitique. Car pour ce qui concerne l’économie énergétique et métallique, tout dépend selon que vous soyez riche ou misérable, c’est-à-dire, pour le cas qui nous intéresse, selon que vous soyez membre de l’OPEP ou pas. Paradoxalement les pauvres, c’est-à-dire nous les Européens, n’ont pas de raison logique de rationner des denrées qu’ils ne possèdent pas mais peuvent acheter, dans le même temps où ceux qui les possèdent auraient intérêt à les faire durer pour assurer le devenir de leurs petits enfants. En termes clairs, pourquoi un Français économiserait-il le pétrole (pour d’autres raisons que purement budgétaire, comme toute autre denrée par ailleurs) alors que cette attitude ne ferait que libérer des quantités plus grandes pour ses co-terriens ? Un saoudien, par contre aurait tout intérêt à le faire soit afin d’assurer son avenir énergétique pour des centaines d’années, soit pour augmenter sa rente tout en diminuant ses quantités vendues, soit pour les deux raisons cumulées.

Nous voyons donc que, en tenant compte des contingences mondiales, la démarche de « frugalité dans un seul pays » n’est que l’expression actuelle d’une cécité régionaliste, tout comme le « socialisme dans  un seul pays », fut en son temps, une vision déformée de la cause communiste. Il est évident qu’hormis une entente mondiale sur le sujet (par ailleurs complètement inimaginable) toute  démarche partielle de décroissance volontaire ne ferait que libérer de la croissance pour le reste du monde, illustrant ainsi une application planétaire du bon vieux principe des vases communicants.

Ces envahissants appels à l’abstinence, diffèrent largement des innocentes trajectoires hippies en ce sens qu’ils portent en eux le germe détestable de la culpabilisation de l’autre et le ferment redoutable de l’ostracisme du comportement. Ces deux quêtes se situent également aux antipodes anthropologiques l’une de l’autre parce que celle soixante-huitarde ne prenait pas en compte la raréfaction prochaine des ressources terrestres alors que l’actuelle ne pense qu’à ça avec effroi. D’un côté il y avait un mouvement insouciant, tout entier tourné vers un plaisir qui naissait naturellement du rejet du mode de vie consumériste, de l’autre, il y a une mouvance schizophrénique qui s’agite la peur au ventre et tente de se persuader que d’éventuels efforts ingrats lui vaudront la Joie de Vivre, version païenne du Paradis sur Terre, sans en être toutefois totalement convaincu et éprouve donc le besoin de convertir un maximum d’ouailles pour ne pas avoir à faire ce délicat chemin tout seul.

Tout comme les scientifiques bâtisseurs de la croissance durable, les idéologues militants de la décroissance sont obsédés par la maîtrise de leur processus, et tout comme les scientifiques, il se trompent. Jamais dans l’histoire, l’homme n’est parvenu à maîtriser quelque processus que ce soit et n’a jamais réussi qu’à s’adapter à l’évolution des choses, et la plupart  du temps d’ailleurs avec talent, il faut bien le reconnaître. De même que les scientifiques illuminés sont certains de contrôler l’énergie atomique, de dompter l’hydrogène, de venir à bout de la fusion nucléaire, et, pourquoi pas de finir par gérer au quotidien le mouvement perpétuel, les décroissants prosélytes sont certains d’atteindre le nirvana en détricotant tranquillement jour après jour l’écheveau du développement industriel.

Outre que leurs préconisations sont pour la plupart dérisoires : promouvoir le covoiturage, faire durer son électroménager, réduire son forfait de téléphone portable, partir en vacances près de chez soi, manger un peu bio, etc. ce bridage ne semble pas susceptible d’enrayer la machine capitaliste marchande, tant il suscite peu d’écho au sein des populations majoritairement (et naturellement !) tournées vers le « toujours plus ». Cette idéologie de la contrainte sur soi, même pseudo-justifiée par une vision prémonitoire, n’est pas dans la nature humaine qui, inexorablement, est poussée vers  la croissance, telle le brin d’herbe qui jaillit vers le ciel, la fleur qui ouvre son pistil, ou l’oisillon qui s’élance dans les airs.

Ces douces utopies n’ont aucune chance de recueillir la moindre adhésion populaire, alors qu’un simple retard de 24 heures dans l’approvisionnement des stations services d’un pays développé serait de nature, lui, à créer un début de panique générale et un terrain révolutionnaire. Il est évident qu’il faudra attendre la « véritable » crise, c’est-à-dire celle de la déplétion fossile et minérale, et non pas la fausse crise spectaculaire-médiatique dont on nous rebat les oreilles, pour que l’individu de base soit confronté à l’obligation de décroître et, par conséquent de s’adapter à des données externes, ainsi qu’il l’a toujours fait et continuera à le faire. Aussi je m’associe à Jean Laherrère, ingénieur pétrolier membre fondateur de l’ASPO (Association for the Study of the Peak Oil) pour déclarer de façon résolument optimiste : « vivement la crise ! »

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  • « la décroissance, tout le monde comprend grosso modo ce que cela veut dire, à savoir, la diminution globale du nombre de biens mis en circulation dans le circuit marchand, assorti d’une réduction plus importante, voire une disparition, des biens jugés inutiles, futiles, et superflus. »

    ———

    L’innovation technologique, qui consiste à faire toujours mieux ou différent avec toujours moins, est le véritable levier de la décroissance relative des biens produits, la décroissance de ce qu’on appelle classiquement l’industrie. Mais l’innovation technologique n’apparaît qu’en situation de liberté et de concurrence. Ainsi, c’est le marché qui est à même de nous indiquer quels biens, jugés inutiles, futiles ou superflus, doivent disparaître, par le jeu de la destruction créatrice. Partout dans le monde, l’industrie est déjà en décroissance relative. Il ne fait aucun doute qu’elle rejoindra tôt ou tard l’agriculture à l’étiage de quelques pourcents du total des richesses produites.

    Tout collectivisme empêche le marché de livrer l’information indispensable à l’innovation, retarde les évolutions indispensables, perturbe l’allocation des ressources disponibles, bride le potentiel d’adaptation des peuples et, pour ces raisons, fonce inexorablement vers son autodestruction. Ainsi les désastres écologiques de l’URSS hier. Ainsi la Chine actuelle, incapable de s’extraire de sa politique stupide d’usine du monde, impuissante à se débarrasser de sa dictature collectiviste sans passer par la case « effondrement catastrophique ». Ainsi la France socialiste actuelle, confite dans sa reproduction stérile d’un Ancien Régime fantasmé, obsédée par son mercantilisme corrompu et ses rentes étatiques, qui creuse sa propre tombe.

    Ce que nous apprennent les bienfaits de l’innovation technologique issue des échanges volontaires, c’est que la croissance réside dans les services rendus et non dans la profusion des biens (exemple des smartphones qui regroupent en un petit appareil divers outils devenus inutiles, pour un coût nettement inférieur). L’économie des services reflète l’essence même du travail des hommes. Rendre service à son prochain, librement, volontairement, est le sens profond de la création de richesses. L’économie du service rendu, l’économie de l’intelligence et du coeur, est proprement infinie et n’a d’autre limite que la volonté humaine. Encore faut-il que cette volonté puisse s’exprimer conformément à la nature humaine, c’est-à-dire librement.

    Ne pas avoir compris la nature du travail humain explique l’erreur permanente des malthusiens, des prophètes de la fainéantise ou de la guerre civile, de leurs héritiers écologistes ou encore de ceux qui se désespèrent de l’arrivée massive des robots dans nos vies. Ne pas avoir compris ces évidences explique les crimes des collectivistes obtus (socialistes nationalistes ou internationalistes), notamment les crises économiques qu’ils provoquent, tout à leur jouissance du malheur qu’ils répandent sur l’humanité.

  • de bonne remarques
    lisez « antifragile » de nassim nicholas taleb.

    le pécher de prévision est vraiement le secre pour devenir fragile, et se planter de façon catastrophique (mais rare, et certaine).

  • Je parie un kWh classique contre une bougie en vraie cire naturelle que la seule annonce de la possibilité d’exploration des gaz (naturels) de schiste, aurait inversé la tendance économique.

    • on va peut être tester une variante cet été à Austin(TX) ou à Colombia(MO),…
      a mon avis quand ca veut pas, ca veut pas…

      si une solution nous permet de sortir de la dépression, elle sera interdite.

      Il faudra qu’on mange des topinembour pour accepter de changer nos habitudes.

  • Très bon article, merci.

    • Bon article. Une remarque cependant: se méfier des prévisions quantitatives sur les matières premières, car elle peuvent amener aux conclusions erronnées. Ici vous citez un épuisement prévisible vers 2087 du minerai de fer. Déjà la précision de date prêterait à sourire; ensuite, le fer est un des éléments les plus répandus dans la croûte terrestre. Tout dépend de sa concentration et de la nature de sa matrice (grès siliceux, calcaire, etc…). Le fer est donc loin d’être épuisable, il reste cependant que son prix risque de monter, car on se tournera vers des gisements moins concentrés. Mais après tout, ma « minette » de Lorraine dépassait rarement les 30%, ce qui n’a pas empêché son succès. A titre d’information, une étude privée menée dans les années 60 concluait à des réserves exploitables titrant au moins 40% de fer dépassant les 10 milliards de tonnes dans le massif Armoricain. Les dernières exploitations dans la région de Chateaubriant ont cessé en 2002, mais il n’est pas dit qu’on n’y revienne pas un jour. L’inconvénient du minerai Armoricain, qu’il soit sédimentaire ou sidérolithique, était la matrice siliceuse nécessitant un fondant calcaire, rare d

      • Il faudra que je bloque cette foutue touche « tab », trop sensible. Si ça continue, je vais revenir aux claviers mécaniques (on en trouve).
        Je disais donc que le calcaire était rare dans le massif Armoricain, mais que la réduction de son minerai pouvait être faite sans si on utilisait la « marche acide » développée par les allemands entre les deux guerres.

  • C’est merveilleux, la décroissance ! Pas le moindre chômage, pas le moindre problème. Des gens sains et heureux, qui se ruent dès l’aube dans les champs, pour cultiver quelques patates, un sac sur le dos s’il fait mauvais, rentrent les faire cuire sur le feu dont le bois a été glané par les enfants, et – soyons fous – parfois en s’éclairant par une torche de suif.
    Et comme l’homme doit rêver, Henri IV ré-enchantait le rêve en imaginant qu’une fois par semaine, on puisse ajouter une vieille poule dans le pot au feu.
    Toute notre société turbo libérale nous prive de ces joies simples, en prétendant qu’il faut changer de vêtements plus de deux fois dans une vie, soigner les gens avec autre chose que des herbes, ou avoir d’autres activités commerciales que d’aller à pied vendre un petit panier d’oeufs au marché.

    Il est vrai qu’au Moyen Age, en France l’espérance moyenne de vie était de … 14 ans !

    http://icp.ge.ch/po/cliotexte/sites/Histoire/Moderne/vie.html

  • La motivation profonde des décroissants « militants », c’est avant tout d’agir avant que les contraintes malthusiennes ne poussent les gens à s’ entre-tuer ou à s’entre-dévorer pour survivre. Voila quelles sont les solutions qui ont souvent été mises en oeuvre pour s’adapter aux crises d’approvisionnement en ressources à travers l’histoire. Est-ce si absurde de vouloir faire tous les efforts possibles pour éviter la crise, et le risque d’arriver à ce genre d’extrémités, préférant une transition programmée, un effort sur nous permis par nos capacités d’anticipation ?

    Pour moi, non, ce n’est clairement pas absurde. Et si ça doit m’attirer votre dédain, et celui de toute la clique techno-libertarienne squattant contrepoints, eh bien, soit.

    • FabriceM : « Est-ce si absurde de vouloir faire tous les efforts possibles pour éviter la crise »
      ————————
      Ce qui est absurde, c’est de persister à croire que l’origine, la cause et la solution à la crise s’expliquerait par le malthusianisme alors que c’est une théorie qui s’est révélée invariablement fausse partout et de tout temps.
      Vu tout le mal que le malthusianisme a causé, notamment toutes les guerres de conquêtes passées soit disant pour prévenir les crises, les campagnes de stérilisation de masse, la guerre contre le progrès des khmers verts, etc… des crédules comme toi effectivement, ne méritent que mépris et condamnation. Pour une fois que tu as un éclair de lucidité, ça mérite d’être signalé.

      • miniTAX, toujours à flageller des hommes de paille plus vite que son ombre. Pour ça, rien de neuf sous le soleil.

    • L’argument de la famine due à la surpopulation a été le premier argument de Malthus, à l’époque où la population mondiale était inférieure à 1 milliard. Nous sommes maintenant 7 milliards ce qui prouve qu’il s’était trompé, non dans ses calculs, mais dans sa négation de la créativité et de l’inventivité humaine. Il en est de même des prévisions sur des pénuries à venir en matières premières (pétrole, métaux, etc…) qui nous guettent soi-disant. Pour les hydrocarbures en tous cas, c’est raté 🙂
      Comme disait Mark Twain: « la prévision est un art difficile, surtout quand il s’agit de l’avenir ».

      • Mais personne ne nie que les humains soient créatifs ou inventifs.

        Tout ce que je nie, c’est que la créativité marche sur commande, et que ça justifie de rester impassible devant le gâchis abominable de ressources qu’on constate tous les jours.

        Au passage, Jean Lahèrrère, que l’auteur cite, est précisément de cet avis. Tout comme quelqu’un comme Vaclav Smil, qui engueule les peakistes fondamentalistes tout en dénonçant la consommation délirante de pétrole des américains.

        A force de cotoyer des minitax et des cavaignac, on finit par oublier que la pensée nuancée, ça existe.

        • « le gâchis abominable de ressources » ; « la consommation délirante » : notions éminemment subjectives. Ce qui est un gâchis pour les uns est jugé très utile par d’autres. Eh oui, posséder une pensée nuancée n’est pas donné à tout le monde.

          • L’affirmation « la consommation de pétrole des USA est délirante » n’est pas moins objective que la proposition « le taux de dépense publique de la France est délirant ». Si vous êtes capable de formuler la seconde proposition, il n’y a aucune raison que vous soyez incapable de formuler la première, après avoir jeté un coup d’oeil ici http://www.vaclavsmil.com/publications/

          • Bonjour FabriceM
            « le taux de dépense publique de la France est délirant »
            Ca dépend pour qui. Pour les hommes politiques la dépense publique n’est jamais délirante, c’est leur pouvoir.

          • Non, mille fois non ! Ces deux sujets sont absolument incomparables.

            La consommation de pétrole est volontaire, résulte de choix individuels autonomes. La dépense publique est contrainte, violente, forcée, est une négation de la liberté, la négation de l’humanité. Dès lors, votre opinion sur la consommation d’autrui est forcément subjective. Le constat de l’excès de dépense publique est en soi objectif, indiscutable, hors tout débat. La dépense publique est objectivement et nécessairement excessive puisque elle se fonde sur un crime : le vol.

            Pour résumer, votre expression sur ces sujets est économiquement et moralement illégitime parce qu’elle est collectiviste. De même que l’anticommunisme primaire était la seule attitude possible pour l’honnête homme du temps de la gloriole soviétique, l’anti-constructivisme primaire est le seul état normal pour tout honnête citoyen, correctement éduqué, réellement humaniste, c’est-à-dire épris de vérité et de morale.

          • Nous y voila.

            « La dépense publique est objectivement et nécessairement excessive puisque elle se fonde sur un crime : le vol. »

            Cette phrase n’a pas plus de sens que la fameuse sentence de proudhon « la propriété, c’est le vol ». Pour parler de vol, il faut admettre la notion de propriété. Or, une propriété est une possession reconnue et protégée par une communauté organisée. La notion de propriété est une fiction tant qu’une communauté organisée ne se charge pas de la faire exister. En dehors du régime de la communauté, ce qui existe, ce sont des possessions, des objets sur lesquels j’ai temporairement le contrôle via la force physique.

            Dans la réalité, il ne sera jamais possible que des « organismes privés de défense » coexistent sur une même portion de territoire. La défense de la propriété privée sur une portion donnée de territoire sera toujours le fait d’un monopole. De fait, s’installer et rester quelque part, c’est consentir aux inévitables prélèvements qui permettent de faire fonctionner les structures définissant et protégeant la propriété sur ce territoire.

            Un impot ne peut être considéré comme un prélèvement forcé (un vol, dans votre terminologie) que si la structure qui prélève l’impot vous contraint à rester sous son emprise (en vous pourchassant ou en vous empêchant de partir), ce qui définit les états totalitaires comme l’URSS, l’allemagne nazi, la corée du nord, etc.

            Et dans le cas où quelqu’un prend les armes pour abattre les structures en place, il devient l’agent ou le cotisant d’un proto-Etat, et la musique continue.

            Comme l’a dit une personne assez connue ici bas, « L’axiomatose propriétariste, c’est une sale maladie ». Je ne compte pas vous en guérir, mais si au moins vous pouviez signaler que vous en êtes atteint via une petite signature, ça permettrait surement de contenir l’infection.

          • @FabriceM
            « La notion de propriété est une fiction tant qu’une communauté organisée ne se charge pas de la faire exister »
            Vous me faites peur, mon corps ne m’appartient pas si l’état veux prélever un rein pour le leader maximo c’est normal, si l’état veux que je donne ma vie à la collectivité, c’est bien.

            Vous vous rendez compte de se que vous écrivez.

          • « Nous y voila. » Non, FabriceM, vous n’y êtes pas du tout.

            Indubitablement, la dépense publique (sans autre précision) est fondée sur un vol, une contrainte, donc objectivement illégitime en soi. Affirmer le contraire, c’est tordre le sens des mots. C’est un mensonge. Pourquoi avoir autant de mal à assumer cette évidence qui crève les yeux ? Pourquoi persister à prétendre qu’on paye volontairement les impôts, alors qu’on vous crie sur tous les tons qu’on n’en veut pas, qu’on les paye sous la contrainte ? Combien de pauvres, de chômeurs, d’exilés, de suicidés faudra-t-il avant que le mensonge social-démocrate ne soit avoué, sincèrement regretté (Flanby à genou, se flagellant) et définitivement rejeté ?

            Si on s’assure effectivement de l’adhésion volontaire de ceux qui doivent financer l’Etat, alors la dépense publique devient légitime : il n’y a plus ni vol ni mensonge. Un régime démocratique (notamment socialiste) fondé sur un suffrage simplement universel et majoritaire ne permet pas de s’assurer de l’adhésion volontaire de chacun. La dépense publique en social-démocratie est tout aussi criminelle, illégitime, qu’en régime totalitaire. Niant la nature humaine, les institutions immorales fondées sur le vol et le mensonge ne survivent jamais très longtemps. Pour les mêmes raisons ayant entraîné tous les totalitarismes à leur perte, la social-démocratie telle que nous la connaissons aujourd’hui est condamnée à s’effondrer en totalitarisme, en crise économique ou en guerre civile.

            La clé du problème est moins la nature démocratique du régime (nécessaire mais insuffisante) que les modalités de l’expression suffrage et la taille de l’Etat. S’il convient de réduire et maintenir l’Etat au strict minimum régalien indispensable, c’est bien pour favoriser l’adhésion volontaire de chacun. L’Etat minimal régalien n’a aucune finalité sinon la stricte défense des droits naturels humains, vie, liberté et propriété privée, pour laquelle ses adhérents volontaires le missionnent. Rien d’autre ! Il ne prétend pas rendre les gens heureux ou malheureux, riches ou pauvres, toutes choses du ressort de chaque membre de la société, libre de s’associer selon sa convenance au sein du cadre minimaliste régalien pour atteindre ses buts particuliers.

        • « Gachis abominable de ressources », rien que ca.
          Et qu’est-ce que vous appelez gachis d’ailleurs? Marcel qui fait un demarrage en trombe au feu rouge au volant de sa Renault sport? Une mis en perspective pour vous: c’est grace a Marcel qu’il y a en parallele des ambulances qui peuvent rouler a un cout acceptable pour la communaute.
          Quand vous aurez compris cela, vous comprendrez aussi pourquoi votre propos n’a non seulement aucun sens mais n’est strictement pas applicable sans mettre en place un systeme totalitaire controlant absolument tout.

    • lisez antifragile de nassim nicholas taleb.

      si on bloque par la planification tout les risques envisagés, on se fait emporter par le premier imprévu.

      quand aux risque de famines et co, dans un monde en transition démographique induite par l’enrichissement, avec plus de terres cultivables que nécessaire (tantq qu’on cultive pas avec une technologie moyenâgeuse) c’est un mythé récurent…

      certains disent que c’est la réponse des riches a la peur de voir les pauvres enrichis les envahir, et qu’ils désinforment les classes moyennes pour qu’ils aient peur des pauvres.

      pour réduire les risques malthusiens, l’impact RCA, la meilleur solution à ce jour est de monter le niveau de vie des pays riches, ce qui baissera leur population, puis augmentera leur efficacité énergétique, et permettra de monter les prix de l’énergie, poussant a des gains d’efficacité supplémentaire sans massacre.
      Faire de l’écologie chez les pauvres c’est un génocide. Chez les riches c’est un cout gérable, un confort abordable, comme l’humanisme.
      Les droits de l’home c’est un luxe.

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Les aliments génétiquement modifiés, également connus sous le nom d'organismes génétiquement modifiés (OGM), existent depuis l'aube de l'agriculture. Depuis près de 30 000 ans, l'Homme a modifié génétiquement les plantes et les animaux, d'abord par inadvertance, puis par le biais d'une méthode de sélection primitive.

Presque tous les produits alimentaires et animaux que nous considérons comme naturels et historiquement inchangés seraient méconnaissables dans leurs formes préhistoriques originelles.

Soyons clairs : la consommatio... Poursuivre la lecture

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