Entrepreneurs : les « starters » et les « constructeurs »

S’il faut des « starters » pour lancer des projets, les « constructeurs » sont ceux qui transforment l’essai.

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Entrepreneurs : les « starters » et les « constructeurs »

Publié le 15 mai 2013
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S’il faut des « starters » pour lancer des projets, les « constructeurs » sont ceux qui transforment l’essai.

Par Pierre Chappaz.

Tariq Krim a écrit un billet dans lequel il aborde la question « Pourquoi Dailymotion et Netvibes n’ont pas eu le destin international qu’elles méritaient ? »

Ce sujet m’intéresse particulièrement. Pour rappel, j’ai été très impliqué dans la mise sur orbite de Netvibes entre 2005 et 2007, en tant que co-CEO. J‘ai aidé à financer la startup, à recruter une équipe commerciale, à faire évoluer le produit. J’ai soutenu le projet avec acharnement.

Pourquoi Dailymotion et Netvibes n’ont-ils pas été des succès mondiaux ?

Pour moi, il y a un ensemble de raisons à cela, la première d’entre elles étant que ces deux services ne sont pas nés aux États-Unis mais dans un pays européen de taille moyenne, la France. Peu de réussites mondiales dans l’Internet sont nées en Europe, même s’il y a une ou deux exceptions comme Skype. On peut aussi s’interroger sur le marché que visaient ces deux services.

Dans le cas de Dailymotion, aucun doute, la vidéo a explosé depuis, et la réussite de Youtube démontre amplement que ce marché est très important. D’ailleurs comme je le rappelais dans mon récent billet, Dailymotion s’en sort assez bien.

Dans celui de Netvibes, c’est moins évident. La plupart des services comparables (« page personnalisable ») ont été arrêtés, je me suis même demandé en rédigeant cet article si celui de Google existait toujours, la réponse est oui, mais qui l’utilise ?

Ensuite, ce qui conditionne le succès des startups, c’est aussi évidemment les hommes.

Tariq a toujours été reconnu pour sa capacité à faire rêver les gens. En 2005, sa vision pour Netvibes m’avait séduit. Mais j’ai aussi découvert sa face cachée, à l’époque il ressentait déjà les choses comme il l’écrit aujourd’hui dans son billet :

Le succès grandissant (et notre inexpérience) a fait que nous nous sommes retrouvés entourés de gens opportunistes et carriéristes qui, plutôt que nous aider à grandir dans notre rôle de CEO, souhaitaient surtout prendre notre place.

Quand j’ai lu ça, je me suis dit qu’il fallait que j’exprime mon point de vue, qui est bien différent.

Certains entrepreneurs sont des « starters« , plutôt que des « constructeurs« . Tariq Krim est un « starter ». Ce sont des gens capables d’une réelle vision, mais il leur est difficile de poursuivre leur rêve à la tête d’une entreprise. Ils se sentent vite dépossédés quand leur équipe essaye de faire coïncider le rêve et la réalité.

Les désaccords avec Tariq portaient essentiellement sur la stratégie de distribution et de monétisation. Son rêve était un business grand public, mais dans la réalité le seul marché était B2B. Début 2007, les investisseurs, bien conscients du problème, m’avaient demandé de prendre seul la direction de Netvibes. J’ai refusé, et préféré partir sur la pointe des pieds en Juin 2007. Un an plus tard, les mêmes investisseurs ont finalement écarté Tariq et nommé Freddy Mini CEO. Freddy, qui était Directeur commercial, doté d’une grande expérience, avait les qualités d’un « constructeur ». L’impossibilité de faire de Netvibes un business grand public étant avérée, Freddy Mini lui a fait prendre avec succès le virage du B2B, et l’a amené progressivement à trouver son marché dans les solutions pour les entreprises. Jusqu’au rachat par Dassault Systèmes début 2012, au sein duquel Netvibes se développe et devient un front-end stratégique.

Le sens de cette histoire, c’est un pivot réussi, qu’il ne faut pas voir avec frustration… mais plutôt avec satisfaction. Certes la startup n’a pas changé le monde, mais elle a trouvé sa voie.


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Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

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