Desproges est mort, François lui survit…

Hommage à Pierre Desproges, disparu il y a exactement 25 ans, le 18 avril 1988.

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Pierre Desproges en 1985 (Crédits : Roland Godefroy, licence GFDL)

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Desproges est mort, François lui survit…

Publié le 18 avril 2013
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Hommage à Pierre Desproges, disparu il y a exactement 25 ans, le 18 avril 1988.

Par Vincent Bénard.

Pierre Desproges en 1985 (Crédits : Roland Godefroy, licence GFDL)Je me fais vieux. Pierre Desproges a disparu il y a exactement 25 ans, le 18 avril 1988, bonne année pour les bordeaux rouges, soit dit en passant. Et alors que je m’étais fendu de longues pitreries pour célébrer la verve enjouée de cet inénarrable phraseur, ceci dit sans contrepèterie, pour les 20èmes et 23èmes anniversaires de sa disparition, je me trouve pour ainsi dire sec et dénué de toute inspiration pour honorer dignement le quart de siècle d’évasion de cet esprit trop tôt disparu, ceci dit sans tenter de noyer le cliché dans un verre d’esprit. Je baisse.

Pourtant, Desproges, malgré ses 74 ans bien tassés, aurait sans aucun doute apprécié notre époque, non qu’il l’eut trouvée plus appétissante que la sienne, mais les pitreries plus ou moins volontaires de nos politiciens, intellectuels et pisse-copie de feuille de chou subventionnées lui auraient sûrement donné matière à arrondir sa retraite d’intermittent du spectacle et d’impénitent du sarcasme, en nous donnant, pardon, en nous vendant du rire à leur dépens, faute de pouvoir rire de leurs dépenses.

Tous les libéraux sont un peu desprogiens : à part la droite, il n’y a rien au monde que  nous méprisons autant que la gauche. Citons le maître :

Ni de gauche ni de droite. Qu’on soit de gauche ou de droite, on est hémiplégique, disait Raymond Aron. Qui était de droite. Je suis un artiste dégagé. Ce qui ne veut pas dire que je ne ressens pas les problèmes de mon époque avec la même acuité de cœur que n’importe quel pourri de gauche ou de droite qui se précipite à la télé chaque fois qu’un drame social lui permet de montrer son émotion à tous les passants. Dégagé oui, indifférent non. Les injustices sociales me révoltent ! Ne changera-ce donc jamais ? Oh lala ! Oh lala !

Un homme qui détestait à ce point les politiciens ne devait guère aimer le constructivisme. Desproges, libéral, conservateur, entre les deux ? Difficile à dire, mais certainement pas très éloigné de nos idées.

Mort trop tôt pour voir tomber le mur de la peur et découvrir que la plupart de ses citations dépassent le quota de caractères autorisés par twitter, Desproges aura tout de même laissé à la postérité quelques textes intemporels. Un petit exemple, extrait du « dictionnaire superflu » :

François: prénom masculin, signifiant littéralement: « mon Dieu, quel imbécile! »; du celte fran (« mon Dieu ») et cois (« quel imbécile »!). En effet, tous les gens qui s’appellent François sont des imbéciles, sauf François Cavanna, l’écrivain, François Chetelt, le philosophe et François Cusey, de chez Citroën, qui a honoré l’auteur de son amitié pendant leur incarcération commune au dix-huitième régiment des Transmissions, à Épinal. Tous les François sont des imbéciles. La preuve en est que, lorsqu’ils croisent un imbécile, certains l’appellent François. Le plus souvent, l’ambition, pour ne pas dire l’arrivisme, des François, est à la mesure de leur imbécillité, bien que je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il y ait deux « l » à l’imbécillité alors qu’imbécile, lui, n’en prend qu’un. Dura lex, mais bon. Quand ils sentent le vent tourner, grâce à leur instinct d’imbécile, les François n’hésitent pas à s’engager dans la résistance en 43, 44, 45, voire, pour les plus sots, 46. Grâce à la longueur de leurs crocs, qui laissent des traces sur les moquettes ministérielles où ils plient l’échine jusqu’à ramper pour obtenir la moindre poussière de pouvoir, les François peuvent espérer se hisser un jour sur le plus élevé des trônes, celui duquel, dans l’ivresse euphorique des cîmes essentielles, l’imbécile oublie enfin qu’il a posé son cul. Alors serein, benoît, chafouin, plus cauteleux que son hermine et plus faux que Loyola, il entraîne paisiblement le royaume à la ruine, en souriant comme un imbécile.

Intemporel, je vous dis.


Sur le web.

Notes:

Hommage de 2008 : Les vacances de Monsieur Cyclopède
Hommage de 2011 : Ou Kilé Pierre Desproges ? Gynécée pas !

Site des ayants droits de Pierre Desproges

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