Syrie : les œillères françaises

Le débat en France tourne sur la tactique pour agir en Syrie, pas sur l’utilité d’une telle intervention. A tort.

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Syrie : les œillères françaises

Publié le 14 avril 2013
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Le débat en France tourne sur la tactique pour agir en Syrie, pas sur l’utilité d’une telle intervention. À tort.

Par Alex Korbel.

Les œillères du coq français

Si vous voulez avoir la preuve qu’il existe un problème français en matière de politique étrangère, lisez les opinions des décideurs et des analystes de la situation actuelle en Syrie.

Ces opinions diffèrent mais ce qui est frappant, c’est la façon dont le débat tourne autour de questions tactiques.

On échange sur le caractère fiable ou non des renseignements, sur les façons d’améliorer l’efficacité de la présence militaire lors d’une occupation ou sur les manières d’intervenir dans divers endroits du monde sans s’embourber dans de longues et coûteuses opérations.

Bref, le débat se limite à déterminer comment intervenir. La question qui n’est jamais posée est : dans quel but intervenir ?

Dans quel but intervenir ?

Quel est le but exact de l’État français quand il envisage d’intervenir dans un autre pays ? Plus important encore, comment les interventions militaires de l’État contribuent-elles directement à la sécurité et la prospérité des citoyens français qui vont les financer et à ses soldats dont les vies sont en danger ?

En ce qui concerne la Syrie, la combinaison de criminels, seigneurs de guerre, islamistes sunnites ou alaouites qui finira par gouverner ce malheureux pays importe peu. La Syrie a été gouvernée par des personnages peu recommandables depuis plus d’un demi-siècle et la France a réussi à bien s’en sortir malgré cela pendant toutes ces années.

Les intérêts stratégiques de l’État commandent-ils soudain au pays de s’appliquer directement à remodeler le paysage politique syrien ? A-t-on seulement un plan pour y parvenir ?

Même si nous en avions un, il n’existe aucune garantie que le futur gouvernement syrien soit un allié de l’État français, étant donné la situation régionale complexe et la diversité d’opinion des principaux prétendants au pouvoir. Sans oublier le fait que la politique étrangère française passée au Moyen-Orient nous a aliéné beaucoup de personnes dans cette région du monde.

Considérations humanitaires

Bien sûr, on peut justifier une intervention militaire pour des raisons purement humanitaires. Mais si telle était notre préoccupation principale, nous serions déjà en train de faire quelque chose pour aider le million de réfugiés syriens fuyant le conflit.

Même si l’intérêt était humanitaire, nous aurions besoin d’un plan solide et convaincant pour faire cesser la violence en Syrie. Nous aurions aussi besoin d’être sûrs que notre intervention ne ferait pas empirer le conflit. Et nous aurions enfin besoin de convaincre les Français de payer en vies humaines et en argent le sauvetage de vies syriennes. Inutile de dire que d’envoyer des armes supplémentaires en Syrie ne fait pas partie de ces considérations humanitaires.

Rationalisation n’est pas stratégie

La vérité c’est que l’État français n’a ni la vision, ni le leadership ni l’argent pour mener une opération militaire dans un pays aussi complexe que la Syrie. Aujourd’hui, l’armée française donne aux présidents de la République la liberté de mener des guerres par choix ou par caprice, ce qui permet aux conseillers du Prince d’imaginer de nombreuses façons d’utiliser cette puissance. Ces ambitieux trouveront toujours une justification à une intervention militaire parce qu’étant intelligents, ils savent inventer des scénarios suggérant que si nous n’intervenons pas, il se pourrait que quelque chose de malheureux arrive à quelqu’un ou quelque chose dont nous nous soucions.

C’est ce genre de raisonnement qui a fait que nous sommes en Afghanistan depuis plus de 11 ans. Le problème, c’est que cette façon de penser n’est pas une stratégie. Il est plus que temps d’avoir un débat sur la politique étrangère de l’État français.


Article publié initialement sur sur 24hgold.com

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  • Ce qui est pittoresque, c’est que la Syrie, et son gouvernement démocratiquement élu et de coalition est attaquée par des djihadistes d’importation qui ravagent tout le pays, et que l’occident prend fait et cause pour eux !

    J’ai vécu en Syrie, un pays charmant, où la paix régnait entre les communautés, et qui n’avait aucune caractéristique de dictature.

    Tous les pays musulmans de ce genre sont à présent tombés, sont ruinés, en proie à des luttes intestines et à une islamisation galopante.
    Stop ou encore ?

    Visiblement, le jeu plait aux occidentaux, probablement incités par l’Arabie Saoudite et des intérêts divers dont l’attrait fait oublier tout bon sens.

    Un jour, si des djihadistes viennent mettre le souk en France, va-ton voir l’Otan les aider et pilonner l’Elysée ?

  • Les témoignages sûrs convergent tous vers une opinion commune: même si le régime était loin d’être parfait, une paix relative régnait, permettant à différentes communautés religieuses de vivre en bonne intelligence. Ce pays, dépourvu, jusqu’à maintenant, de ressources naturelles, avait su développer des industries et du commerce, lui donnant un avantage socio économique certain sur les pays du golfe, donc le gage d’une bonne stabilité pour les décennies à venir qui vont voir les ressources pétrolières s’épuiser, et les revenus du gaz plonger à cause de la concurrence du gaz et de l’huile de schiste qui est en train de rendre l’Amérique du Nord exportatrice.
    Enfin, c’est le verrou de l’Iran, et indirectement du flanc sud de la Russie.
    Pour toutes ces raisons, la Syrie a contre elle les USA, les Pays sunnites pétroliers et gaziers et… Israël dont les plans d’éclatement des nations arabes sont fixé au moins depuis les années 70.
    Pauvres syriens !

    • oui la Syrie va sombrer dans l’insécurité comme l’Irak

    • Lol, la Syrie pas de ressources.. Vu qu’ils ont claqué une bonne partie de leur rente pétrolière pour tenir ces dernières années, oui ils avaient des ressources.

      Une industrie? L’armement et les armes chimiques j’imagine?

      Une paix relative? Al Assad père a tué des dizaines de milliers de personnes donc comme paix on fait mieux.

      Pas d’islamistes? Faudra en parler au Hamas et autres terroristes que la Syrie a aidé à envoyer en Irak.

      Les pays du Golfe ne craignent pas la Syrie d’un point de vue éco mais davantage politique vu que c’est un pays instable comme l’Irak.

      • C’est quand on ne sait pas de quoi on parle qu’on est le plus affirmatif, dirait-on !

        Si « les massacres », voici la réalité
        La bataille de Hama (appelée dans un but politique massacre de Hama) résulte de la répression, par le pouvoir syrien d’Hafez el-Assad, de la rébellion fomentée par les Frères musulmans dans la ville de Hama en février 1982. Si des sources ont estimé entre 7 000 et 35 000 le nombre de victimes1 lors de cette bataille, un rapport officiel initialement secret de la Defense Intelligence Agency (DIA)2, déclassifié en 2013, fait au contraire état de la position défensive contrainte qu’avait dû adopter le régime d’Hafez al-Assad en 1982. Le nombre de morts total y est évalué aux alentours de 2 000 rebelles

        • Sérieux? Ça existe encore les admirateurs du parti Baas?

          Sur les chiffres, ça sert à rien de pinailler. Je doute qu’aucun de nous deux ne détiennent la vérité. Mais la plupart des estimations sont largement au dessus de 2000 morts sans compter les civils.

          http://en.wikipedia.org/wiki/Hama_massacre

          Après si vous estimez que la fin justifie les moyens… Si c’était pour accoucher d’un Etat de droit ou de la démocratie j’aurais compris mais c’est une bonne vieille dictature familiale.

          Mais sinon rien sur le caractère dynastique, le népotisme, la corruption et la dictature syrienne? Rien sur le contrôle de l’économie par l’Etat? L’absence d’Etat de droit ou la militarisation à outrance du régime (plus de 40 Milliards de commande d’arme à la Russie avec une population des plus pauvres 30% et 20% de chômeurs). Le contrôle de l’information, le culte de la personnalité de Assad Père? Non? C’est vrai on préfère parler Iran, KSA, Israël. Bref, restez dans votre rêve. Ce régime ne sera pas éternel.

  • concernant la guerre civile en syrie, et le soutient obstinés et aveugle des occidentaux a la ligne saoudienne et quatariote sur le dossier, il est une personne qui s’en retournerai dans sa tombe, s’il revenait aujourd’hui: thomas edward lauwrence ,  » lauwrence d’arabie « . il avait travaillé et rèvé a une arabie libre et independante, sous la direction de la dinastie achémite, qui aurait été moderniste et pro-occidentale. malheureusement, mème si des souverains achémites ont bien regnés en syrie, a une epoque, et règnent encore en jordanie, c’est le poulain des USA, la dinastie saoudienne, arrièrer et ultraconservatrice, qui s’est imposé dans la peninsule arabique. avec la rente petrolière, cette dernière, ainsi que son alterego , l’emir du quatar, pousse ses pions toujours plus loins, et infuence la plus grande partie du monde arabo-musulman. le plus cocasse, c’est que cela se fait avec la benediction des pays occidentaux, ou plutot, des traitres qui nous tiennent lieu de dirigeants.

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