La leçon chypriote

En révélant la vraie nature de ceux qui nous gouvernent et qui prétendent agir dans notre intérêt, la crise chypriote nous sert une leçon magistrale que nous devons impérativement retenir.

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La leçon chypriote

Publié le 9 avril 2013
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En révélant la vraie nature de ceux qui nous gouvernent et qui prétendent agir dans notre intérêt, la crise chypriote nous sert une leçon magistrale que nous devons impérativement retenir.

Par Nathalie Elgrably-Lévy.

Le hold-up titanesque dont Chypre est le théâtre a laissé perplexe le monde entier. En un clin d’œil, l’État a pris le contrôle des comptes bancaires et s’est servi. Sans gêne. Sans scrupules. Un dernier clou a alors été planté dans le cercueil de la liberté. L’État de droit est mort. Maintenant, c’est le droit de l’État qui prime.

Récapitulons les faits. Comme Chypre a largement financé Athènes, son système bancaire a subi des pertes de 4,5 milliards d’euros suite à la restructuration de la dette grecque l’an dernier. Pour un pays avec un PIB de 18 milliards d’euros, c’est énorme ! Évidemment, cela ne se serait jamais produit si la Grèce avait vécu selon ses moyens, si ses dirigeants avaient résisté à la folie dépensière, si le gros bon sens économique l’avait emporté sur l’ivresse du pouvoir.

La désinvolture de la classe politique a toutefois un prix. Aujourd’hui, le ministère de la Spoliation a remplacé le ministère des Finances, et les épargnants chypriotes doivent payer pour les dérives politico-économiques grecques.

Certes, Chypre est loin de chez nous. C’est peut-être ce qui explique pourquoi la stupéfaction initiale fait maintenant place à l’indifférence. Pourtant, en révélant la vraie nature de ceux qui nous gouvernent et qui prétendent agir dans notre intérêt, la crise chypriote nous sert une leçon magistrale que nous devons impérativement retenir. Une leçon douloureuse, presque insupportable, mais ô combien véridique : pour les États, la propriété privée n’existe pas. Ils considèrent plutôt que tout leur appartient. Ce que nous croyons posséder peut en réalité être saisi à tout moment, sans préavis ni recours possible.

Naturellement, nous refusons de penser qu’une telle attaque puisse se produire ici. Un vol aussi violent et immoral perpétré par un gouvernement élu, cela n’arrive qu’aux autres, n’est-ce pas ? Détrompez-vous !

Maintenant qu’un précédent a été créé, maintenant que le choc psychologique se dissipe et que la spoliation explicite est institutionnalisée, pourquoi d’autres gouvernements s’en priveraient-ils ?

N’oublions pas que le Québec est étouffé par un déficit important et une dette colossale, et que la multiplication des programmes sociaux, ajoutée à la générosité de l’État envers quelques privilégiés du système, a placé les finances publiques dans une situation insoutenable. Au cours des dernières années, les ministres des Finances semblaient d’ailleurs ne plus savoir à quel saint se vouer pour garnir les coffres de l’État. En septembre dernier, le Parti québécois était même décidé à créer un impôt rétroactif ! Cette semaine, la taxe sur l’essence ainsi que les tarifs d’électricité ont augmenté. Même les boissons gazeuses sont dans la mire du fisc !

Au Québec comme en Europe, les populations se sont laissé séduire par les promesses de l’État-providence. Au fil du temps, elles ont amplifié leurs demandes et les dirigeants, plus intéressés par leur carrière politique que par la santé économique de leur pays, leur ont fait croire l’impossible. Mais tout mensonge finit par être découvert, tout mirage finit par s’évanouir. Aujourd’hui, et plus que jamais, les États, y compris le Québec, ont une soif d’argent intarissable.

Je cherche une raison qui empêcherait Québec d’imiter le gouvernement chypriote, et je n’en trouve aucune. L’un des derniers remparts de la propriété privée a été lézardé : l’épargne n’est plus en sécurité !


Publié initialement dans le Journal de Montréal le 03.04.2013.

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  • L’indifférence, voilà certainement un mot clé de cette affaire, et cette indifférence est largement entretenue.
    Juste deux « détails » ; Il semblerait que notre exposition à la dette Grecque dépasse de beaucoup le montant que vous annoncez d’une part.
    D’autre part il est rêvélé au fur et à mesure de l’enquête que cette exposition a été largement tolérée, voire favorisée par ceux-là même qui étaient censés être les gendarmes des investissements.
    Avec pour résultat la constitution d’une véritable dette odieuse…
    Cela en Europe ?
    Mais à qui profite donc le crime alors ?…

  • Naturellement, nous refusons de penser qu’une telle attaque puisse se produire ici. Un vol aussi violent et immoral perpétré par un gouvernement élu, cela n’arrive qu’aux autres, n’est-ce pas ? Détrompez-vous !

    Cela existe déjà chez nous. Même que ça s’appelle « l’impôt » je crois bien.
    Impôt modulable et présent à chaque instant de notre vie.

  • Eh oui, ce ne sont pas les banques qui présentent un risque systémique mais bien les Etats obèses qui font peser un risque systémique aux populations, aux nations, risque non seulement sur l’épargne mais aussi et surtout sur la vie.

    « Too Big To Fail » n’est pas la bonne formule. Celle qui convient aux politiciens et hauts fonctionnaires des Etats obèses est « TOO BIG TO JAIL ».

  • Cela vient encore se renforcer ces derniers jours suite aux révélations de la presse au sujet des « paradis fiscaux ».On prépare en réalité la grande spoliation des « riches » qui sont forcement des salopards!Ou des traitres apatrides qui en réalité veulent simplement se protéger des abus de certains états qui ne pensent qu’a régenter la vie de leur nationaux en les surveillant de manière totale ( comme du temps des régimes totalitaires et autoritaires de droite et de gauche) puis à décider à leur place comment ils doivent vivre ( le luxe c’est mal vivons tous de manière austère…).En réalité nous sommes dans la droite lignée du mouvement général des libertés individuelles qui a réellement commencé le 11 septembre sous couvert de lutte antiterroriste!C’est à dire à l’état d’exception permanent la fin de la séparation des pouvoirs au profit de l’exécutif et des administrations ( comme en temps de guerre).La prochaine étape est un braquage mondial rendu possible par des lois de type FATCA au niveau mondial puis par la spoliation des propriétaires , toujours avec de bons prétextes!Et après viendra le temps des enlèvements et des procédures pénales d’exceptions ( comme le US military comissons act de 2006).Et après le weimar planétaire en attendant le standard or et argent!Ou alors comme le dit ci bien la dame qui a écrit ce très instructif article : »c’est le droit de l’état qui prime »!En réalité plus aucun frein à la démagogie dépensière des politocards!

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