Fœtus mort à Port Royal : un emballement pour rien ?

Derrière le drame de la perte d’un enfant mort né à la maternité Port Royal se cachent de mauvaises solutions. Quelles sont les bonnes ?

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Fœtus mort à Port Royal : un emballement pour rien ?

Publié le 26 mars 2013
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Suite à la mort d’un bébé in-utero le 1er février dernier à l’hôpital Port Royal à Paris, les critiques vont bon train contre la qualité de la médecine périnatale en France. Une femme enceinte avait été redirigée vers les urgences, la maternité conseillant d’attendre le lendemain pour accoucher. La jeune femme avait finalement accouché d’un enfant mort-né le lendemain.

En particulier, c’est en surfant sur l’événement puis en se fondant sur l’indicateur du taux de mortalité prénatale que les critiques demandent « plus de moyens » pour le secteur. En effet, à environ 10 pour 10 000, le taux de mortalité prénatale est presque deux fois plus élevé que dans des pays économiquement comparables.

Pourtant, comme vient le confirmer l’Académie de médecine dans un communiqué des docteurs Yves Ville, Gilles Crépin et Gérard Bréart, cette comparaison est fortement biaisée car le calcul du taux est très différent en France. Ainsi, selon la définition de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la mortinatalité représente le nombre d’enfants mort-nés après 22 semaines (5 mois) de grossesse et pesant au moins 500g.

Dans l’hexagone cependant, l’indicateur « ne tient compte ni de l’âge gestationnel ni du poids de naissance, ni enfin de la cause du décès ». Une situation qui, selon l’Académie de Médecine tient à deux particularités françaises :

  1. « un changement de l’enregistrement des mort-nés à l’état civil a été promulgué en 2008. Les parents ont le libre choix de faire inscrire ou pas tout enfant, fœtus ou embryon mort-né sur le registre d’état civil, à condition de produire un certificat d’accouchement. Ce certificat ne précise pas l’âge gestationnel, ni le poids à la naissance ; »
  2. « enfin, en France les interruptions de grossesse pour raison médicale sont généralement aussi déclarées au même titre que les autres mort-nés, et elles constituent une proportion importante des enfants nés sans vie. »

Aussi douloureuse soit la perte d’un enfant à la maternité de Port Royal, son instrumentalisation par certains syndicats a quelque chose de profondément choquant. La mort d’un enfant doit-elle servir à appuyer des revendications catégorielles ? Pour l’académie de médecine en tout cas, il s’agit clairement d' »un drame de portée essentiellement personnelle et familiale ».

Plus largement, il est temps de se demander si l’approche purement comptable adoptée par les gouvernements successifs n’est pas la pire qui soit pour la santé en France. À refuser de revoir le périmètre de l’action publique, les politiques condamnent le personnel médical à devoir faire plus avec moins de moyens.

Si les gisements d’économies sont nombreux dans les hôpitaux  il est clair qu’une réflexion globale sur ce que l’État doit et ne doit pas faire serait autrement plus efficace pour réformer vraiment efficacement la santé. En particulier, il est plus que temps de cesser de brider la concurrence dans ce domaine, et de laisser s’exercer le libre choix des patients. Ainsi, la sécurité sociale rembourse, pour le même acte, bien plus à l’hôpital public qu’à une clinique privée ! Pour un accouchement par voie basse et pour un nouveau né bien portant, un hôpital public facture 3054,47 € à l’Assurance maladie quand une clinique affiche un tarif de 2772,77€. 10% de moins. Et, une des premières mesures du gouvernement a été de supprimer la convergence de ces deux tarifs, affichant de façon claire son choix électoraliste en faveur de sa clientèle, au détriment de la justice.

Mais les autres vraies pistes de réforme sont aussi nombreuses :

  • Le statut de la fonction publique est-il un tant soit peu nécessaire pour les salariés des hôpitaux ? Un médecin ou une infirmière doivent-ils être enfermés dans ce statut ou ne devraient-ils pas être plutôt sous contrat privé ?
  • Open data : libérer les données de santé permettrait d’améliorer de façon nette l’efficacité de la santé en France, et de détecter les problèmes précocement.
  • Permettre le libre choix de l’assurance-maladie pour les Français, afin de stimuler l’innovation et l’émulation dans le secteur.

Alors, vraiment, doit-on se contenter d’un « plus de moyen » catégoriel, ou plutôt encourager les vraies réformes qui donneront à la France une médecine de qualité ?

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  • Il y a quelques années mon épouse et moi même avons perdu nos filles (jumelles) dans des conditions quasi similaires. Un « problème de planning » a contraint la secrétaire du service obstétrique de l’Hôpital Necker a décaler l’accouchement programmé d’une journée…
    Ce décalage d’une simple journée s’est avéré fatal pour nos deux filles qui sont décédées in utero durant la nuit précédant l’accouchement.
    Le terme normal d’une grossesse multiple est évalué dans toute la France à 38 semaines d’aménorrhée ; Necker avait allègrement dépassé ce délai mais s’est retranché derrière son « prestige » pour évacuer toute faute.

    • Les hôpitaux publics français, merveilleux phares du génie collectiviste français, ne sont par définition jamais responsables de rien, parce qu’ils sont publics.

      Quand un problème médical est médiatisé de temps en temps, il concerne généralement une clinique privée ou un généraliste isolé, pour bien montrer que le privé, c’est le mal absolu. Lorsque ce problème concerne par exception un hôpital public, on insinue immédiatement que la patient est responsable de ce qui lui est arrivé.

      Pendant ce temps, les 100 000 décès annuels liés à l’hospitalisation (les patients décèdent d’une pathologie différente de celle pour laquelle ils sont entrés dans les mouroirs publics) sont consciencieusement passés sous silence.

  • Mais les autres vraies pistes de réforme sont aussi nombreuses :
    « ◾Le statut de la fonction publique est-il un tant soit peu nécessaire pour les salariés des hôpitaux ? Ne devraient-ils pas être plutôt sous contrat privé ? »

    OUI.
    « ◾Open data : libérer les données de santé permettrait d’améliorer de façon nette l’efficacité de la santé en France, et de détecter les problèmes précocement. »

    OUI

    « ◾Permettre le libre choix de l’assurance-maladie pour les Français, afin de stimuler l’innovation et l’émulation dans le secteur. »

    Alors là non !
    Vous critiquez les syndicats qui instrumentalisent le drame de Port-Royal à des fins partisanes; mais vous faites encore pire, en essayant de promouvoir une ideologie dont personne ne veut entendre parler, pour soit-disant améliorer la situation.

    • « de promouvoir une ideologie dont personne ne veut entendre parler »

      Diantre. Personne, vraiment ? Avertissez les sponsors de ce site vite fait.

    • harrisburg: « en essayant de promouvoir une ideologie dont personne ne veut entendre parler »

      Personne ne veut entendre parler de la liberté en France ?

      Dommage pour ton pays. Dans d’autres on aime toujours bien ça et ça marche: Presque pas de dette, faible impôts, assurances sociales en équilibre, excellentes prestations et niveau de vie excellent.

  • « La mort d’un enfant doit-elle servir à appuyer des revendications catégorielles ? »
    &
    « Pour un accouchement par voie basse et pour un nouveau né bien portant, un hôpital public facture 3054,47 € à l’Assurance maladie quand une clinique affiche un tarif de 2772,77€. 10% de moins. »

    Mauvais goût, en effet.

    • Ah oui, comme il y a eu un problème, cela justifie amplement que tous les accouchements soient surtaxés.

      Belle mentalité.

  • Protectionisme de la fonction publique, c’est le retour à la « loi du sol », le remboursement n’étant pas à l’acte, mais à la pureté du choix de la parturiente 🙂
    Acouchement retardé pour cause de convenance du personnel, c’est encore mieux ! Bientôt, on pendra les futures mères par les pieds pour qu’elles ne dérangent pas l’heure de table …
    On comprend mieux pourquoi les maternités belges, surtout proches de la frontière, usinent toujours plus de bébés français ! D’après les mères ayant fait ce choix, la gentilesse, le professionalisme, l’accueil sont incomparables.

  • J’ai perdu moi même un bébé 5 jours avant le terme. Quelques jours auparavant, j’étais à la maternité, pensant accoucher, mais ce n’était pas le moment, mon col était fermé et bb encore haut. Tout allait parfaitement bien, il n’y avait aucune indication à déclencher cet accouchement. Je ne sais pas ce qui est arrivé à ce bébé et à cette Maman, ce que je sais, c’est que la médecine n’est pas une science exacte et que parfois le cœur d’un bb s’arrête in utero sans que rien ne puisse le prévoir ni ne l’empêcher. Dans mon cas il n’y a pas de faute, pas de manque de moyens, de personnel ou d’erreurs de choix. On ne peut pas prévoir l’imprévisible. Mes pensées pour la famille de ce bébé, ce deuil qu’est le deuil périnatal est le chemin de toute une vie.

  • Les commentaires sont fermés.

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