Les impôts grimpent, la grogne aussi

Pour les coupes claires, vous repasserez. Pour les baisses d’impôts aussi. Et pour une retraite qui tient la route, pareil.

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Les impôts grimpent, la grogne aussi

Publié le 11 mars 2013
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La déception continue de s’étendre dans les rangs socialistes : les lendemains qui changent, ce n’est pas maintenant. En revanche, la pluie d’impôts et de taxes, c’est tout de suite, comme je l’avais déjà noté il y a quelques jours. Seulement voilà : à force de tirer sur la bobinette, la chevillette cherra et les Français diront stop. En attendant ce moment, ils montrent tout de même un peu les crocs.

Oh, rassurez-vous : le citoyen lambda est encore fort loin d’avoir parfaitement intégré les évidences macro-économiques qui poussent à conclure que la pression fiscale, en France, a dépassé les limites depuis un bon moment. Pour l’instant, il est encore au stade où, les fesses endolories à de multiples endroits par le fouettement répété du Trésor Public, son esprit est à la recherche d’un endroit où garer son petit derrière loin des vexations fiscales, afin d’y passer une bonne couche de pommade en attendant les jours meilleurs. Apeuré et confus, le citoyen n’essaye pas, pour le moment, de comprendre pourquoi son arrière-train le fait à ce point souffrir, ses pensées sont entièrement mobilisées à arrêter la souffrance.

Dès lors, il est plus facile de comprendre pourquoi, lors d’une récente enquête, les Français interrogés estiment qu’il vaudrait mieux diminuer le nombre de fonctionnaires plutôt qu’augmenter les impôts pour arriver à boucler un budget que la blagounette de la réduction de déficit ne parvient pas à faire passer sans douleur. Moins de fonctionnaires, c’est moins de personnes à payer, donc moins d’impôts à ponctionner (et plus de surface de cucul épargnée).

moins de fonctionnaires, plutôt que plus d'impots

Mais, comme je le disais, en conclure qu’il a compris, ce serait faire un saut lacantique : on est toujours, pour le moment, dans les mouvements réflexes. D’ailleurs, les politiciens l’ont très bien compris qui annoncent une nouvelle cure d’austérité pour 2014. L’article du Monde, qui relate les états d’âmes du gouvernement face à un budget serré comme un café de Clooney, mérite totalement le label de Pignouferie de Presse. Laissant dès les premiers paragraphes sous-entendre que le laxisme budgétaire gluant dans lequel baigne la France depuis 40 ans serait une forme de « norme de dépenses exigeante », il enchaîne en expliquant qu’Ayrault aurait retrouvé les petits raisins secs qui lui servent de gonade et qu’il avait perdu il y a six mois par assoupissement, et qu’ainsi armé, le chef du gouvernement aurait demandé à faire des économies non pas de 2 milliards d’euros, mais (!) de quatre (!). Stupeur.

60 milliards d'économiesPour rappel, le déficit budgétaire de 2013 sera de toute façon supérieur à 60 milliards d’euros. En toute logique, un « effort » d’économie, en dessous d’une soixantaine de milliards d’euros, n’est donc pas visible. Le rigolo qui passe actuellement pour Premier Ministre et son side-kick comique en charge du budget, Cahuzac, assurent donc le spectacle en s’agitant sur des rabotages de quelques milliards. Pourtant, 60 milliards d’euros, c’est le montant qu’on pourrait économiser tous les ans si l’on nettoyait l’État des masses considérables de polypes cancéreux, de couches de graisses et autres excroissances parasites que forment les commissions, institutions bidons et autres monstres bureaucratiques développés ces 60 dernières années.

Mais non, décidément, même ces quatre milliards d’euros sont déjà trop :

« On est à l’os ! Ce n’est pas le train de vie de l’État auquel on touche désormais, c’est aux moyens d’assurer les missions de service public. »

Ah bon ? Vous voulez dire que le service public va, si on continue, être encore plus pourri qu’actuellement ? Mais dites-moi, comment va-t-on procéder pour offrir un service public encore plus mauvais qu’un service inexistant ? Par exemple, comment rendre encore plus inadmissible le traitement scandaleux des renouvellements de papiers dans les préfectures, comme je le relatais dans un billet d’il y a quelques mois ? Comment faire en sorte que la police, qui n’intervient plus dans certaines zones, intervienne encore moins que plus du tout ? Par quel procédé va-t-on empirer encore le délai d’attente aux urgences publiques ? Comment rendre le RSI plus catastrophique ? Etc.

La réalité, c’est que certains services publics pourraient être purement et simplement stoppés sans que personne ne s’en rende compte. Qui pleurera vraiment la suppression du Comité Economique, Social et Environnemental ? Qui sera même au courant de la disparition du Conseil d’analyse de la société, de celui d’orientation pour l’emploi, du Haut Conseil d’intégration, et j’en passe ?

J’aimerais bien que se signalent dans les commentaires ceux qui s’élèveraient contre la disparition des inspecteurs des impôts (ceux qui font les contrôles chez les contribuables), les inspecteurs du travail, ceux de l’URSSAF ou même les douaniers. Oh, bien sûr, on pourra toujours leur trouver quelque utilité, mais en temps d’économies, elle doit être mise en rapport avec son coût, et là, ça fait très mal. Et puis, entre les comités Théodule et les services publics dont le public, justement, adorerait se passer, les économies possibles sont colossales.

Non, décidément, on est encore très très loin de l’os. Pour le moment, on a même pas commencé à chatouiller la couenne. Plus précisément, pour le moment, aucune économie n’est réellement actée puisque la seule action entreprise a été la multiplication des taxes et des ponctions.

Ce qui va devenir particulièrement épineux tant pour le gouvernement que pour les Français eux-mêmes, c’est qu’à cette incroyable incapacité à prendre de vraies mesures d’économies d’Ayrault et sa clique répond parfaitement l’entêtement du peuple pour les solutions qui n’en sont pas.

Si celui qui passe pour le premier ministre actuellement semble absolument hermétique aux notions de coupes claires et massives dans un Etat devenu obèse, le peuple lui-même, confronté aux limitations de plus en plus importantes de son système de retraite refuse toujours aussi obstinément de le remettre à plat : il ne veut pas franchement entendre parler d’un départ retardé et, de façon assez logique, n’accepte plus du tout la moindre modification sur les cotisations payées pour la retraite.

J’écris « assez logiquement », parce que tout le monde a maintenant compris que ces cotisations sont déversées dans un panier percé, et que ceux qui payent actuellement (et de plus en plus) n’ont plus aucun espoir de revoir ces sommes considérables revenir vers eux à un moment dans le futur. En outre, ces mêmes Français commencent à se rendre compte que la multiplication des régimes spéciaux a largement aidé à placer l’ensemble du système de retraites par répartition dans l’écroulement au ralenti dans lequel il se démène actuellement. Et les manipulations grossières de la ministre Marisol Touraine pour camoufler certains des avantages de ces régimes (celui des parlementaires, en l’occurrence) laissent un goût amer à ceux qu’on vient maintenant solliciter pour verser un peu plus au tonneau commun des Danaïdes.

Bref : entre un gouvernement qui refuse de faire des efforts et implémente sa version très particulière de l’austérité, et un peuple dont la grogne monte, on comprend que trouver une solution crédible relève au mieux du parcours du combattant, et au pire, de l’impossibilité complète.

Pourtant, comme le soulignent de récents articles de Contrepoints, des solutions existent et ont été mises en place avec succès (cas du Chili pour la retraite par capitalisation, typiquement, de la Nouvelle-Zélande ou de la Suède pour la cure de minceur de l’Etat). Mais voilà : ces solutions sont, évidemment, d’inspiration fortement libérale. Elles seront donc honnies et méticuleusement rejetées du champ des débats en France.

Moyennant quoi, ce pays est foutu.
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