Six jeux vidéos incontournables pour un libertarien

Revue de six jeux ayant un intérêt particulier pour ceux qui apprécient la liberté des esprits comme celle des marchés.

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Six jeux vidéos incontournables pour un libertarien

Publié le 27 janvier 2013
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Revue de six jeux ayant un intérêt particulier pour ceux qui apprécient la liberté des esprits comme celle des marchés.

Par Peter Suderman.

Jusqu’à récemment, la narration populaire était principalement un art à sens unique, du haut vers le bas : les romanciers contaient aux lecteurs comment les personnages pensaient et ressentaient les choses, les dramaturges déterminaient ce qu’ils disaient et les réalisateurs de films soumettaient leurs visions personnelles aux spectateurs captifs. L’histoire que vous voyiez était ainsi l’histoire que quelqu’un d’autre avait imaginé et l’interaction avec le public était limitée au jet de tomates sur la scène, ou au griffonnage des marges d’un cahier. Même les sports populaires étaient au fond passifs : les supporters pouvaient suivre les matchs en détail, mais le jeu et ses résultats étaient déterminés par une petite élite sur le terrain.

Toutefois ces quarante dernières années, les jeux vidéos ont commencé à changer tout cela. Les jeux étaient conçus autour de l’interactivité : les joueurs ont eu ce qu’ils voulaient, pas ce qu’un autre leur donnait. Et comme la puissance technologique ayant rendu les jeux vidéos possibles et allant toujours en augmentant, ceux-ci étant devenus en conséquence de moins en moins chers, et de plus en plus abondants, ces jeux sont de plus en plus axés sur des architectures de choix complexes conçus pour laisser les joueurs construire leur propre histoire. Les concepteurs de jeux conçoivent toujours des univers de jeu, et certains sont plus restreints que d’autres. Mais la tendance actuelle de la conception de jeux se dirige vers une extension du choix des joueurs. Vous êtes au centre de l’expérience, et vous vous l’appropriez. La star du show ce n’est pas un écrivain, un acteur, ou un joueur à l’écran, la star c’est vous.

Il est probablement excessif de dire que les jeux vidéos offrent aux joueurs la même liberté totale qu’a un auteur – après tout, les jeux ont toujours des concepteurs, et les vieilles histoires ne sont pas non plus exactement imposées à leurs lecteurs. Mais la montée des jeux vidéos comme une forme d’art populaire est certainement un signe que les grandes histoires universelles d’hier se sont divisées en une suite de niches narratives, chacune conçue pour servir un intérêt individuel.

Tout ceci donne aux jeux vidéos un intérêt évident aux libertariens qui s’intéressent à la manière dont la combinaison de la technologie, la liberté politique, et l’évolution des attitudes sociales a conduit à une explosion des centres d’intérêt sous-culturels, et des modes alternatifs de divertissement. Dès lors, il n’est pas particulièrement surprenant de trouver qu’un certain nombre de jeux vidéos ont été réalisés avec des idées et des concepts qui résonnent à l’oreille des libertariens – quelquefois de manière positive, quelquefois fois de manière plus critique. Étant donné que l’actuelle génération de consoles entame sa dernière année, il est utile de revenir sur six jeux ayant un intérêt particulier pour ceux qui apprécient la liberté des esprits comme celle des marchés.

1. Fallout 3

Un jeu de rôle post-apocalyptique se déroulant dans un Washington bombardé et futuriste, connu sous le nom de Terres Désolées. Des tribus guerrières sous l’autorité de chefs ambitieux se battent pour le contrôle, les voyous et autres escrocs s’en prennent à vos armes et votre argent systématiquement, des robots super intelligents essaient de reprogrammer la société, et le lieu entier est envahi par des super-mutants. En d’autres mots, c’est un peu comme le Washington actuel que nous connaissons et aimons tous. Fallout 3 est aussi un des jeux les plus complets, ouverts, et sombrement drôles jamais réalisés.

2. Bioshock

Les joueurs se fraient un chemin à travers les ruines d’une cité sous-marine Art Déco présentée comme une sorte d’utopie anarchiste à la sauce science-fiction – où les modifications biologiques sont monnaie courante ; les pillards sont traités comme moins que rien, et la poursuite du désir individuel et l’accomplissement personnel est considérée comme l’objectif le plus noble de la vie. Le méchant du jeu est clairement décrit comme une variation des super-individualistes de Ayn Rand, mais en cours de jeu, il montre qu’il n’est pas juste un mauvais gars. La révélation élève Bioshock de l’hommage satirique et axé sur l’action à la Ayn Rand, en une histoire intelligente sur la perception de la liberté individuelle et de la nature des choix.

3. Red Dead Redemption

L’individualisme anti-gouvernement de ce western au monde ouvert, est si fort qu’il est parfois considéré comme purement et simplement de la propagande libertarienne. Mais ce qu’il offre réellement est une perspective axée sur le personnage : les joueurs entrent dans la peau de John Marston, un ancien hors-la-loi rancunier qui vend ses armes à la fois à l’armée mexicaine et aux agents corrompus du gouvernement des États-Unis – les agents prenant les familles en otage, les forces des deux côtés de la frontières sont cruelles, et Marston, un père de famille réformé, ne veut absolument pas de ça. Au final, les joueurs jouent le rôle du fils de Marston dans le but d’arracher une vengeance différée. Red Dead Redemption est un morceau de bravoure sur le déclin de l’Ouest hors-la-loi, et un regard étonnamment touchant sur les conséquences de la violence.

4. Fable III

Fable II proposait un vaste monde ouvert dans lequel tout ou presque était à vendre : les maisons, les marchandises, les magasins – vous les aperceviez, vous pouviez les acheter. Mieux encore, la violence et les autres types d’action dans le jeu modifient les prix locaux, ce qui signifient que le jeu se comportait comme un simple simulateur économique, encourageant des entrepreneurs au sein même du jeu (et non dans la vie réelle !) à acheter au prix bas et à vendre au plus haut. Fable III ajoute de la politique à la recette. Les joueurs ne participent pas seulement dans ce jeu à une économie complexe mais sont en fait nécessaires à la campagne pour devenir roi. Cela signifie faire des promesses pour convaincre les citoyens du jeu. Mais gagner auprès des gens ne signifie pas gagner le jeu. Après avoir acquis le trône, les joueurs doivent soit tenir les promesses – une tâche qui devient habituellement difficile, si ce n’est carrément contradictoire – soit amener le monde du jeu vers une toute nouvelle direction, et risquer ainsi le courroux de citoyens mécontents

5. L.A. Noire
L.A. Noire propose un divertissement inspiré par Hollywood, peu de temps après la seconde guerre mondiale. Et là où beaucoup de jeux dans des mondes ouverts permettent et même encouragent les joueurs à s’adonner au banditisme sans retenue, cette fois, l’objectif est de renforcer l’ordre : les joueurs jouent le rôle d’un sérieux enquêteur de police qui gravit les échelons en résolvant des affaires. L’innovation la plus intrigante du jeu est la possibilité de procéder à des « interrogatoires » de suspects. Le défi est de déterminer, en se basant sur le comportement du suspect, s’il ou elle ment. Mais, à la différence de la plupart des défis des jeux vidéos il n’y a pas d’astuce pour le maîtriser. Au final, c’est un mélange de travail approfondi de détective en amont et d’intuition subconsciente. Et encore, il est facile de se tromper. La nature subjective du jeu met en avant l’incertitude de bien du travail de la police. Quelquefois, même les bons joueurs – ou les policiers – font de grosses erreurs.

6. Deux Ex. Human Revolution

Deus Ex. Human Revolution projette les joueurs dans le rôle d’Adam Jensen, un sombre chef d’une société de biotechnologies spécialisée dans l’augmentation humaine. Situé dans un futur morne et cyberpunk façon William Gibson, le jeu débute au moment où des militants anti-biotechnologies s’infiltrent dans le siège de la société de Jensen à la veille d’une audition parlementaire sur la réglementation des biotechnologies. Jensen repousse les assaillants, mais est blessé et doit être guéri avec des améliorations biologiques. À partir de là, les joueurs doivent découvrir la vérité à propos de l’effraction dans le contexte d’un débat permanent sur la sécurité et l’éthique de l’augmentation humaine. Le contexte du jeu sera familier à tous ceux qui ont suivi de tels débats dans la vie réelle – radicaux anti-science sans compromis, modérés en faveur de la régulation, acteurs politiques intéressés, chefs d’entreprises sournois, et scientifiques apolitiques. L’histoire aux relents de film noir n’a pas de héros, mais elle met subtilement en avant la valeur des modifications biologiques. La clé pour la victoire : améliorer Jensen – et donc vous-même.


Article original titré « 6 Video Games Every Libertarian Should Play » publié sur Reason.com. Traduction : DS pour Contrepoints.

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  • Il y a une faute : dans Deus Ex HR, Adam Jensen est le chef de la sécurité dans une société de biotechnologie et non pas le patron de cette société, comme le laisse entendre l’article.

  • Autant j’adore les jeux Rockstar (dont font partie RDR et LA Noire dans la liste), autant la société est réputée depuis GTA IV pour insuffler dans ses jeux une bonne dose d’anticapitalisme.

  • Bon article.

    Je reste sur Left 4 dead mais il faut bien reconnaitre que le message politique est assez faible. (Plus de munitions pour tous ?)

  • En meme temps, Fallout NV aurait plus sa place que Fallout 3, dans NV il y a clairement une alternative libertarienne que l’on peut suivre des le milieu de l’aventure (a savoir ne rejoindre aucune faction et amener la population à décider de son avenir) alors que dans F3 il n’y a pas d’autre choix que de suivre le pouvoir en place…

  • Yep j’ai joue a tous ces jeux sauf LA noire.pour moi palme d’or a read dead & Fall out question game play. Deus Ex question gameplay est un cran en dessous des autres le titre m’a bien decu alors que le precedent volet etait exceptionnel. bioshock est superbe, l’univers et l’histoire captivants mais c’est un game play lineaire qui ne laisse que peu de liberte meme quand je joue j’aime pas qu’on me dise quoi faire ! Fable 3 si je l’ai trouve mieux que Deus Ex, je m’en suis vite lasse et je ne l’ai pas termine liberte limitee la aussi dans le jeu. Les assassins creed meriteraient d’etre sur la liste tout de meme car splendides, libres, on peut acheter des proprietes et l’objectif est de liberer des territoires de la main d’une societe secrete qui vise a imposer leur ordre politique ….

  • Je rejoins Julien :

    1 – Fallout New Vegas : un des rares jeux qui permet de créer les bases d’une véritable société libertarienne (ou socialiste, ou fasciste). Fallout 3 de son coté ne donne qu’une simple liberté de mouvement : les choix portent rarement à conséquence de manière irreversible.

    2 – Bioshock : Absolument et définitivement !

    3 – Deus Ex HR : très très bon, mais décevant quant à la trame (le personnage principal à toute l’intrigue qui défile devant ses yeux et ne comprend rien à rien).

    Malheureusement, je n’ai joué ni à LA Noire, ni à RDD. En ce moment, je tourne plutôt sur Borderlands 2 et Hotline Miami.

  • aujourd’hui, on pourrait aussi ajouter « papers please »

  • Manque les différents Assassin’s Creed !

  • Les commentaires sont fermés.

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